La Bible en ses Traditions

Psaumes 38,0 ; 1,1–2,12

M V
G S

VICI COMMENCE LE LIVRE DES PSAUMES ÉMENDÉ SELON LA SEPTANTE

Heureux l'homme qui ne va pas au

Vne partit pas pour le  conseil des impies

qui ne se tient pas dans la voie des pécheurs

Vni dans la voie des pécheurs ne se tint  

et qui ne s’assied pas dans la compagnie des moqueurs,

Vni sur la chaire de la peste ne s'assit

... 

M
G S
V

mais qui a son plaisir dans la loi de Yhwh

et qui la médite jour et nuit.

... 

mais dans la Loi du Seigneur est sa volonté,

dans sa Loi il méditera jour et nuit !

Il est comme un arbre planté près des cours d'eaux 

qui donne  son fruit en son temps

et dont le feuillage ne se flétrit pas :

tout ce qu’il fait réussit.

...  

Il sera comme le bois

qu'on a planté près d'un cours d'eau 

qui portera son fruit en son temps

et sa feuille ne pendille pas.

Il n’en est pas ainsi des impies

 ils sont comme la paille que le vent emporte.

...

Ils ne seront pas comme ça, les impies ÷pas comme ça:

mais comme la poussière que projette le vent ÷à la face de la terre:

M S
G
V

Ainsi

SCar ceci : les méchants ne se relèveront pas au jugement

ni les pécheurs au rassemblement

Sà l'assemblée des justes

C’est pourquoi les impies ne se relèveront pas au jugement

ni les pécheurs au conseil des justes 

ainsi les impies ne ressusciteront pas au jugement

ni les pécheurs au conseil des justes 

M V
G S

car YHWH connaît

Vpuisque le Seigneur a reconnu la voie des justes

et le chemin pécheurs mène à la ruine.

Vla route des impies s'en est allée.      

...

6 Perte des impies Ps 112,10

2,1  VPSAUME DE DAVID

Pourquoi des nations s’agitent-elles

Vhennirent-elles

et des peuples méditent-ils de vains projets ?

Vméditèrent-ils l'inanité ?

... 

2,2 Les rois de la terre se soulèvent

Vse tinrent en arrêt 

et les princes tiennent conseil ensemble

Vconvergèrent au même point   

contre YHWH

V le Seigneur  et contre son Oint :

Vchrist :

VDIAPSALMA

... 

2,3 — Rompons leurs liens

et balançons leurs entraves loin de nous !

...

2,4 Celui qui est assis

Vhabite dans les cieux sourit

V s'en gaussera

le Seigneur  se moque d'eux

Vles raillera ; 

...   

2,5 alors il leur parlera dans sa colère

et dans sa fureur les épouvantera :

...  

M
G S
V

2,6 Et moi, j’ai établi mon roi

sur Sion, ma montagne sainte. 

... 

— Et moi qui ai été constitué roi par lui 

sur Sion sa montagne sainte,

publiant son précepte :

2,7 Je publierai le décret : YHWH m’a dit :

— Tu es mon Fils

je t’ai engendré aujourd’hui.

...  

— Le Seigneur m’a dit : — Tu es mon fils

moi, aujourd'hui, je t'ai engendré.

M V
G S

2,8 Demande

VDemande-moi  et je te donnerai les nations pour héritage

pour domaine les extrémités de la terre :

...  

M
G S
V

2,9 tu les briseras avec un sceptre de fer

comme vase de potier tu les mettras en pièces. 

... 

tu les régiras d'une verge de fer 

comme vase de potier les fracasseras !

M V
G S

2,10 Et maintenant, rois, comprenez

instruisez-vous, juges de

Vvous qui jugez la terre :

10 ...

2,11 servez YHWH

Vle Seigneur  avec crainte

exultez Vpour lui  avec tremblement

11 ...

M
G S
V

2,12 Baisez le Fils

de peur qu’il ne s’irrite

et que vous périssiez en chemin

Car bientôt s’allumerait sa colère 

heureux tous ceux qui s'abritent en lui.

12 ...

12 prenez la discipline !

Que le Seigneur n'aille se mettre en colère et que vous disparaissiez loin de la voie juste

13. quand se sera enflammée (tout bientôt !) sa colère.

Heureux tous ceux qui ont confiance en lui !

Texte biblique

1,3a arbre De l’arbre de vie à l’arbre de la croix

Bois et/ou arbre

Selon son sens premier en hébreu ‘ēç signifie « bois », matière de l’arbre. De même xulon en grec et lignum en latin. Mais tandis que ‘ēç est pratiquement le seul substantif pour désigner un arbre, le grec et le latin ont en plus un terme plus spécifique, respectivement dendron (30 fois AT, 25 fois NT) et arbor (38 fois AT, 31 fois NT).

Arbre de vie

Concentrons-nous sur l'expression « arbre de vie », une spécification que la tradition juive et chrétienne s'est permise dans la relecture du v.3a. Comparaison des versions Ps 2,3a ; Tradition chrétienne Ps 2,3a

Ancien Testament
  • Dans le récit des origines ‘ēç ḥayyîm est symbole de la plus-que-vie qui est l'apanage de Dieu seul et que lui seul peut gratuitement donner si l'homme ne cherche pas à se l'arroger par ses seules forces (Gn 2,9 ; 3,22.24). G et V traduisent uniformément par xulon tês zôês / lignum vitae
  • Dans la littérature sapientielle par contre l'expression devient une métaphore anthropologique de l'intelligence, de la récompense du juste, du désir comblé et de la parole qui guérit (Pr 3,18 ; 11,30 ; 13,12 ; 15,4). G traduit par dendron zôês sans article, sauf dans le premier texte (xulon zôês), et V toujours par lignum vitae.
  • Dans les apocryphes de la Septante, on compte deux occurrences supplémentaires : xulon zôês (4 Macc. 18,16 citant nommément un proverbe de Salomon : « le Seigneur est un arbre de vie pour ceux qui font sa volonté ») ; xula tês zôês (Ps. Sal. 14,3 « le paradis du Seigneur, les arbres de la vie, ce sont ses dévots »). 
Nouveau Testament

Les quatre occurrences de xulon zôês se trouvent toutes dans l'Apocalypse, en lien avec l'image du paradis et de la Jérusalem céleste (Ap 2,7 ; 22,2.14.19). Au volet tragique des temps primordiaux (Urzeit ; cf. Gn 2,9 ; 3,22.24) correspond par antithèse le volet radieux de l'au-delà du temps (Endzeit) où le drame initial est définitivement dénoué. 

La croix arbre de vie

De l'arbre de vie du mythe primordial au bois/arbre (xulon) de la croix du drame évangélique, il n'y a qu'un pas, vite franchi dans l'interprétation chrétienne de notre psaume (Tradition chrétienne Ps 2,3a). Cette transposition théologique devenait obvie à la lumière de quelques textes de l'AT qui parlent de pendaison sur un bois (kremannumi epi xulou ; Gn 40,19 ; Dt 21,22-23 ; Jos 8,24 ; 10,26 ; Est 5,14 ; 6,4 ; 7,10 ; 8,7 ; voire 1 Esd. 6,31). Trois textes du NT reprennent telle quelle l'expression verbale pour l'appliquer à la crucifixion de Jésus (Ac 5,30 ; 10,39 ; Ga 3,13). Tout cela permet de tisser des relations intertextuelles associant l’arbre de vie symbolique à l’arbre réel de la croix. 

Réception

Musique

2,1–12 Pourquoi les nations s'agitent-elles?

19e s.

Felix Mendelssohn (1809-1847), Drei Psalmen, Warum toben die Heiden (Psalm 2), 1843

Philippe Herreweghe (dir.), Ensemble Vocal de La Chapelle Royale, Collegium Vocale de Gand

© License YouTube Standard→, Ps 2,1-12

Paroles

Warum toben die Heiden, und die Leute reden so vergeblich? — Die Könige im Lande lehnen sich auf, und die HERREN ratschlagen miteinander wider den HERRN und seinen Gesalbten : — Lasset uns zerreißen ihre Bande und von uns werfen ihre Seile !Aber der im Himmel wohnet, lachet ihrer, und der HERR spottet ihrer.Er wird einst mit ihnen reden in seinem Zorn, und mit seinem Grimm wird er sie schrecken.Aber ich habe meinen König eingesetzt auf meinem heiligen Berg Zion.Ich will von einer solchen Weise predigen, daß der HERR zu mir gesagt hat: Du bist mein Sohn, heute hab ich dich gezeuget.Heische von mir, so will ich dir die Heiden zum Erbe geben und der Welt Ende zum Eigentum.Du sollst sie mit einem eisernen Zepter zerschlagen; wie Töpfe sollst du sie zerschmeißen.So laßt euch nun weisen, ihr Könige, und laßt euch züchtigen, ihr Richter auf Erden !Dienet dem HERRN mit Furcht und freuet euch mit Zittern !Küsset den Sohn, daß er nicht zürne und ihr umkommet auf dem Wege ; denn sein Zorn wird bald anbrennen. Aber wohl allen, die auf ihn trauen! (Ps 2,1-12)

18e s.

Georg Friedrich Händel (1685-1759), Messiah, Why Do the Nations (air), 1741

Teddy Tahu Rhodes (bariton), Orchestra of the Antipodes, Antony Walker (dir.)

© License YouTube Standard→, Ps 2,1-2

Paroles

Why do the nations so furiously rage together, and why do the people imagine a vain thing? The kings of the earth rise up, and the rulers take counsel together against the Lord, and against His anointed. (Ps 2,1-2)

18e s.

Georg Friedrich Händel (1685-1759), Messiah, n.42 Let us break their bonds asunder, 1741

John Eliot Gardiner (dir.), Monteverdi Choir and English Baroque Soloists

© License YouTube Standard→, Ps 2,3

Paroles

Let us break their bonds asunder, and cast away their yokes from us. (Ps 2,3)

18e s.

Georg Friedrich Händel (1685-1759), The Messiah, airs "He that dwelleth in heaven"; "Thou shalt break them", 1741

C. Hogwood (dir.), Paul Elliott (ténor), Academy of Ancient Music

© License YouTube Standard→, Ps 2,4.9

Paroles

He that dwelleth in Heav'n shall laugh them to scorn; The Lord shall have them in derision. (Ps 2,4)

Thou shalt break them with a rod of iron; thou shalt dash them in pieces like a potter's vessel. (Ps 2,9)

Composition

Le Messie (Messiah, HWV 56) est un oratorio de Händel des plus populaires, avec ses suites Water Music (Musique sur l'eau) et Music for the Royal Fireworks (Musique pour les feux d'artifice royaux). Messiah est désormais considéré comme le chef-d'œuvre du genre oratorio. L'œuvre est écrite pour orchestre et chœur, avec cinq solistes (soprano, mezzo-soprano, contralto, ténor et basse), elle comprend une ouverture, une sinfonia pastorale et 51 récitatifs, airs et chœurs.

16e s.

Thomas Tallis (1505-1585), "Why Fumeth in sight", 1567

© License YouTube Standard→, Ps 2,1s

Paroles

1. Why fumeth in fight : the Gentils spite, In fury raging stout ? Why taketh in hond : the people fond, Uayne thinges to bring about ? 2. The kinges arise : the lordes deuise, in counsayles mett therto, agaynst the Lord, with false accord, against his Christ they go. (Ps 2,1s)

Compositeur

Thomas Tallis est un compositeur et organiste anglais de la Renaissance. 

2,9 "When Jesus Our Lord"

19e s.

Felix Mendelssohn (1809-1847), Christus Op.97, "When Jesus Our Lord", 1846-47

Matthias Beckert (dir.), Anna Nesyba (soprano), Monteverdichor Würzburg Thüringer Symphoniker Saalfeld-Rudolstadt

© License YouTube Standard, Mt 2,1s Nb 24,17 Ps 2,9

Tradition chrétienne

1,1abc Heureux l'homme qui ne s'en est pas allé dans le conseil des impies (V) Inscription médiévale Le Psautier est le livre biblique le plus connu dans sa diversité dans les inscriptions du Moyen Âge occidental, avec 142 versets différents. Appris par cœur dans les écoles, récités dans la liturgie des Heures de l’office divin et les chants de l’ordinaire à la messe, les psaumes sont présents dans les matériaux durs tout autant que dans les manuscrits et les mémoires. Le Musée d’Évreux conserve une brique provenant de l’abbaye de Pénal (Eure) et portant inscrit le v.1 du Ps 1 (CIFM 22,148) :

Anonyme, Brique inscrite (gravure sur brique, 7e-8e s.), abbaye de Pénal (Eure)

Musée d’Évreux © CIFM

  • Texte : Beatus vir qui non habit in consilio inpiorum (sic ; comp. V : Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum). Il est suivi de la signature de l’artisan : Avitus ego scripsi (« moi, Avit, j’ai écrit »).
  • Si la datation exacte n’est pas assurée (entre la fin de l’époque mérovingienne et le début de la période carolingienne (2e moitié du 8e s. selon certains paléographes), l’inscription est originale à plusieurs titres : c'est la seule du corpus français à citer ce v. en entier et de façon aussi littérale ; ce sont surtout l’écriture et la mise en page du texte qui étonnent : l’utilisation de la minuscule et le grand B majuscule, telle une lettrine, rappellent davantage les manuscrits que la pratique épigraphique. La brique a-t-elle servi de brouillon avant de copier le psaume sur parchemin ? Ou, au contraire, est-elle la copie rapide d’une page enluminée ?

Comparaison des versions

1,1 V—IUXTA HEBR.

  • Heureux l’homme qui n'est pas allé  au conseil des impies | qui ne s'est pas tenu  dans la voie des pécheurs |et qui ne s’assied pas sur la chaire des moqueurs,

1,4 V—IUXTA HEBR.

  • Il n’en est pas ainsi des impies | ils sont comme la poussière que le vent emporte.

2,1 V— IUXTA HEBR.

  • Pourquoi les nations s’agiteront-elles | et les peuples méditeront-ils de vains projets ?

2,2 V— IUXTA HEBR.

  • les rois de la terre se lèveront | et les princes délibéreront ensemble | contre le Seigneur  et contre son christ :

2,6 V— IUXTA HEBR.

  • mais moi, j’ai commencé à établir mon roi | sur Sion, sa montagne sainte | j'annoncerai le décret de Dieu :

2,9 V— IUXTA HEBR.

  • Tu les feras paître avec une verge de fer | comme vase de potier tu les fracasseras.

2,12 V— IUXTA HEBR.

  • Adorez [-le] avec pureté | de peur que peut-être il ne s'irrite | et que vous périssiez hors du chemin

Arts visuels

1,1–6 L'homme juste et l'arbre. L'homme juste est comparé à un arbre dans ce psaume. Cette comparaison a été diversement interprétée dans les arts visuels.

... à l'ombre de l'arbre ? 

Peinture d'histoire, 19e s.

Georges Rouget (1783-1869), Saint Louis rendant justice sous le chêne de Vincennes, huile sur toile, 1826, 320 x 260 cm

Château de Versailles

Domaine public © Wikicommons→

Le chêne suffit ici à traduire la vertu du roi Louis IX : le corps du monarque prolonge visuellement le tronc de l'arbre. Le peintre souligne ainsi la vertu affermie du roi, gage d'une justice droite.

... l'arbre lui-même !

L'homme juste a aussi été représenté sous la forme d'un arbre : le comparé et le comparant ne forment plus qu'un !

Peinture contemporaine

Le peintre Roberto Mangú a lu Mc 8,24 et le rapprochement ne lui a pas échappé, pour un résultat saisissant :

Roberto Mangú Quesada (1948-), Grand Vivant, huile sur toile, 2019, 180 x 130 cm

Coll. de l'artiste, D.R. R.M.→ © BEST a.i.s.b.l., Ps 1 ; Mc 8,24

« Heureux l’Homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants... il est comme un arbre planté à la rupture des eaux ». Ps 1 « J’aperçois les hommes, mais j’en vois comme des arbres et qui marchent » (Mc 8,24)

  • « 'Ainsi l’Homme est-il cet arbre puissant aux deux sources de vie. Celui aussi dont témoigne le jeune aveugle guéri par le Christ dans les évangiles, et qui s’écrie : « Je vois un homme, il est comme un arbre qui marche' (A de Souzenelle). « Le monde n’est plus à posséder, il est la réalité splendide dans laquelle l’homme est admis à être vivant et à coopérer à la création avec tout ce qui vit » Éloi Leclerc. Ce titre, emprunté à François Cheng qui dans son livre Assise, Une Rencontre Inattendue évoque spirituellement sa rencontre avec François d’Assise. François Cheng explique ce grand écho du Cantique des créatures : 'Il lui suffit de dire frère Soleil ou sœur Eau, et subitement le rapport entre l’homme et la nature se révèle autre, confiant et fraternel. Du coup, l’univers prend une autre coloration, et l’homme une autre dignité.' » (R.M.Q., 2022)

1,3 L'arbre. Un motif judéo-chrétien de portée universelle.

Un symbole universel

L'abre constitue un motif universel dans les arts visuels. Motif central ou secondaire dans les compositions artistiques, les arbres apparaissent dès les premiers versets de la Genèse (Gn 1,29). Parmi ces eux, se trouve l'arbre de vie, auquel les traditions juive et chrétienne ont rattaché l'arbre du v.3a (Comparaison des versions Ps 1,3a ; Tradition chrétienne Ps 1,3a).

L’arbre du paradis originel des Écritures, dont les fruits devaient assurer l'immortalité, peut aussi se rapprocher de l’arbre mythologique décoratif présent dans les croyances de nombreux peuples, depuis l'époque préhistorique en Mésopotamie et dans l'Antiquité, entre autres en Égypte, en Grèce, en Babylonie, en Perse et en Inde, avec des symboliques variées. Au Moyen-Orient, l’arbre de vie symbolise l’immortalité ; en Chine et en Inde, le centre de l’univers. Dans le Bouddhisme, il est nommé « le Bodhi » : Bouddha a eu l’éveil sous cet arbre, lieu de ses enseignements premiers. 

Dans l'art chrétien médiéval, ces symbolismes naturels ne sont pas oubliés :

Maître des Carmina Burana (Alpes du Sud), Arbres en abondance, enluminure (pigments en détrempe sur parchemin, ca. 1230), 25 x 17 cm

Bibliothèque d'État de Bavière, Munich — Clm 4660

Domaine public © Wikicommons→ 

Le manuscrit Carmina Burana compile 318 chants profanes latins (quelques-uns sont en moyen-haut allemand) en 112 feuillets et contient aussi deux pièces sur la Nativité et sur la Passion. Il s'agit ici de l'une des huit illustrations apparaissant à la fin de chaque groupe de chants de thème similaire.

Jusque dans l'art islamique, il symbolise la renaissance éternelle de la nature et la fugacité de la condition humaine.

Anonyme, Arbre de vie, (mosaïque, ca 724-743), Sol, salle d'audience des bains du palais de Hisham (8e s.)

Khirbat al-Mafjar, Jéricho (Palestine)

Domaine public © G.N.U.→

Ce pommier ombrageant des gazelles paissant tranquillement à gauche et chassées par un lion à droite, pourrait symboliser l'existence humaine oscillant entre répit et danger.

Au 20e s. encore, il inspire de grands plasticiens. L'un des plus célèbres « arbres de vie » du siècle passé est celui de Klimt :

Gustav Klimt (1862–1918), L'arbre de vie, triptyque (1909 ; ici : étude préparatoire ; fresque ultime : palais Stoclet, Bruxelles)

Musée des Arts Appliqués, MAK, Vienne (Autriche)

Domaine public © Wikicommons→ 

Les trois parties du triptyque sont intitulées : L’Attente, L’Arbre de Vie et L’Accomplissement. L'œuvre achevée n'est pas publique : elle a été réalisée à fresque par l'atelier de la Wiener Werkstätte, chargé de la réalisation de la décoration du Palais Stoclet du nom du belge Adolphe Stoclet, commanditaire de Klimt.

L’arbre de vie est un sujet extrêmement ancien. On trouve deux arbres dans le Jardin d’Eden : l’Arbre de vie et l’Arbre de la Connaissance, actant principal du péché originel. L’Arbre de Klimt concentre le cycle de la vie : les feuilles d'automne et les bourgeons de printemps, l'ensemble du cosmos (oiseau et fleurs), le monde sous-terrain des racines, le monde humain du tronc et le monde céleste des branches. Il est structuré en 7 branches (symboles des caractères et humeurs humains) démultipliées en ramifications finissant en spirales (suggérant la répétition cyclique de la vie). Les deux panneaux qui l'encadrent présentent à gauche une danseuse, « L’attente » et à droite « L’accomplissement » avec un couple d’amoureux rappelant le tableau du Baiser du même artiste.

Un symbole chrétien : du bois à la croix

Dans le christianisme, les deux arbres du paradis, l’arbre de la connaissance du bien et du mal et l’arbre de l’immortalité, sont des types du Messie crucifié : l’arbre de la croix est le lieu où la mort est devenue le début de la vie. La typologie de la croix comme arbre culmine au 13e s. dans le traité de Bonaventure, Lignum.

Dans les arts visuels, cette analogie se déploie dans le motif des « crucifix ramifiés » : la croix-Arbre de Vie devient tronc feuillu à branches, fruits et nœuds.

Le motif est à la fois protologique et eschatologique, renvoyant à la fois à la Genèse et à l'Apocalypse, à l'Éden et au Golgotha, à Ève et à Marie, à Adam et au Christ, nouvel Adam.

Un exemple d'enluminure typologique

Berthold Furtmeyr (ca. 1446-1501), Arbre de vie flanqué de Marie et d'Ève (au centre), pigments en détrempe sur parchemin, 1478-1489

Enluminure du Salzburger Missale, Bayerische Staatsbibliothek Clm 15708-15712

Public Domain © Wikicommons→.

L'arbre de vie scinde le médaillon en deux espaces symétriques. À droite, Ève prend du fruit de l'arbre et le donne à un homme derrière elle ; la Mort l'accompagne au second plan. Au-dessus d'elle, le feuillage de l'arbre supporte le crâne d'Adam. La Chute d'Ève, et par elle, de l'Humanité, conduit à la mort. À gauche, Marie fait face à Ève et offre une hostie à un homme derrière elle. Le Christ en croix surplombe sa mère, dans les feuilles de l'arbre. Cette partie du médaillon met en évidence les correspondances typologiques entre le Christ et Adam ainsi qu'entre Marie et Ève. L'arbre est ainsi porteur de vie et de mort.

Vincenti dabo edero de ligno vite : une inscription médiévale

Un médaillon émaillé avec une représentation de l'arbre de vie conjugue à la fois une citation du Ps 24,10 et d'Ap 2,7 confortant les lectures typologiques entre l'Ancien et le Nouveau testament. 

Inscription sur le pourtour : « Universæ viæ Domini, misericordia et veritas » (Ps 24,10), dans le phylactère : « qui vicerit dabo illi edere de ligno vitæ » (Ap 2,7). Conservé dans le Trésor de la Collégiale de Notre-Dame de Huy, le médaillon qui pourrait avoir fait partie d’un triptyque. Voir Stavelot Triptych 1980,28 n°6.

Anonyme, art mosan, Arbre de Vie, médaillon émaillé, vers 1160

Trésor de la collégiale Notre-Dame, Huy (Belgique)

© Traumrune→ CC BY 3.0→

Un symbole juif

La tradition mystique juive (Kabbale) elle-même déploie sa méditation de l’unipluralité divine sous forme d'un Arbre de Vie, l’« arbre séphirotique » :

Anonyme, Arbre de vie séfirotique, (gravure sur bois)

page de titre in Gikatilla (Yosef Ben Abraham) Portae lucis (trad. latine par Paul Ricius de sections de Shaarei Ora, Mantoue, 1ère éd. impr. 1561) Augsburg, Johann Miller, 1516

Musée de l'Embassy of the Free Mind, Amsterdam, Pays-Bas — photo : Sander Petrus © CC BY-SA 4.0→

Tradition kabbalistique, L'arbre de vie avec les nom des dix sephiroth

© Domaine public→ 

Les séphiroth sont les dix puissances créatrices émanées de l'énergie du Créateur et faisant rayonner le Sans-fin (En Sof) dans le monde fini. En voici une traduction possible : 

Ben Siesta, Arbre de vie de la kabbale avec les noms des séphiroths traduits en français (image numérique, 2019)

© CC BY-SA 4.0→ 

Dans l’architecture sacrée, tant juive que chrétienne, le motif de l'arbre de vie apparaît fréquemment, diversement stylisé.

2,2 Les rois de la terre. En contrepoint des rois païens rebelles à Dieu, les rois mages adorateurs du Messie.

Ravenne, 6e s.

Anonyme, Adoration des mages, (mosaïque, 6e s.), mur gauche de la nef, Saint-Apollinaire-le-Neuf, Ravenne

Domaine public © Wikicommons→

2,1–12 Accomplissement des Écritures.

Gravure classique

Goeree, Willem (1635-1711), texte, Cranach L. , Hans Brosamerill, Meister der Jacobsleiteret artistes aux monogrammes AW and MS, ill. (?), Accomplissement des Écritures, (gravure sur bois), h. 36 cm, illustration dans Goeree, Willem (1635-1711), Voor-bereidselen tot de bybelsche wysheid, en gebruik der heilige en kirklijke historien: uit de alder-oudste gedenkkenissen der Hebreen, Chaldeen, Babyloniers, Egiptenaars, Syriers, Grieken en Romeinen... Door een liefhebber der Joodische oudheden, Amsterdam, 1690, vol.1 p. 412

© Domaine public — numérisation : Pitts Theology Library→ , Candler School of Theology, Emory University,  

Sur une stèle que Moïse invite à lire de son index pointé, sont gravés les versets de prophéties accomplies dans le Nouveau Testament. En haut, Moïse tournant le dos à une idole brisée contemple les rois mages apportant leurs présents à l'Enfant. Les citations mises en exergue aux pieds du groupe inférieur sont : Gn 3 ; Ps 2 ; Is 2 ; Jos 11 ; Is 11; Is 46; Ps 110.

Liturgie

1,3 Comme le bois Offertoire pour la Saint-Benoît

« Tamquam lignum » Offertoire

Traditionnel, Offertoire - Tamquam lignum

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 1,3

Offertoire chanté pour la fête de saint Benoît le 11 juillet.

2,7 Le Seigneur m'a dit : tu es mon fils Chant grégorien : la voix du Père à son Fils pendant la messe de Noêl  Ce passage du Ps 2 est repris deux fois pendant la messe de la nuit de Noël.

Introït « Dominus dixit »

TraditionnelIntroït - Dominus dixit

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 2,7.1 

Paroles

Dominus dixit ad me : Filius meus es tu; ego hodie genui te.

Le Seigneur m'a dit : Tu es mon Fils ; moi aujourd'hui je t'ai engendré.

Alleluia « Dominus dixit »

Traditionnel, Alleluia - Dominus dixit

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, (enregistrement live)

© Abbaye du Barroux→, Ps 2,7

Alléluia chanté pour la Messe de la nuit de Noël.

2,1s Pourquoi les nations TYPOLOGIE Chant grégorien des Ténèbres du Golgotha : rassemblement des méchants contre le Christ en sa passion

 1er Nocturne : Antienne et Ps 2 Astiterunt reges terrae

Traditionnel, Samedi saint, 1° Nocturne : Antienne et Psaume 2 "astiterunt",

(CD, 2005) Dom Jean Claire, dir., Choeur des moines de l'abbaye de Solesmes

© Abbaye de Solesmes, 2018, Ps 2

La méditation se concentre sur la haine du monde pour le Christ. Ceux qui sont forts en vertu de la puissance terrestre complotent ensemble contre lui, le rejetant ainsi que Dieu le Père qui l'a envoyé. Partout les nations rugissent contre Dieu, car l'homme est désireux d'embrasser les incohérences du monde au lieu de son vrai Sauveur.

3° Nocturne: Répons "Astiterunt"

Traditionnel, Samedi Saint, 3° Nocturne: Répons "Astiterunt"

(CD, 2005) Dom Jean Claire, Choeur des moines de l'abbaye de Solesmes

© Abbaye de Solesmes→Ps 2 

Astiterunt Reges est le seizième répons pour la Semaine Sainte. Cette méditation se concentre sur la haine du monde pour Notre-Seigneur. Ceux qui sont forts dans la puissance terrestre complotent ensemble contre le Christ, le rejetant et Dieu le Père, qui l'a envoyé. Partout les nations rugissent contre Dieu, car l'homme est désireux d'embrasser les incohérences du monde au lieu de son vrai Sauveur. Par exception en cet office du Samedi Saint, ce répons n’a trait qu’aux complots des méchants ; la mélodie y emprunte leur violence. Tout est fort, dans un mouvement décidé, sans grandes nuances, sur les formules ordinaires du 8e mode, sans que rien soit spécialement mis en relief.

2,8 Demande-moi Chant grégorien : la voix du Père à son Fils pendant la messe du Christ-Roi 

Offertoire « Postula a me »

Traditionnel, Offertoire - Postula a me

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 2,8

Offertoire chanté pour la fête du Christ-Roi.

2,11s servez le Seigneur  Chant grégorien : invitation à la fidélité après la communion

Communion « Servite Domino »

Traditionnel, Communion - Servite Domino

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 2,11s

Paroles

Servite Domino in timore, et exsultate ei cum tremore : apprehendite disciplinam, ne pereatis de via iusta.

Servez le Seigneur dans la crainte : et tressaillez de d’allégresse pour lui, avec tremblement : embrassez son enseignement, de peur que vous ne périssiez hors de la voie juste.