Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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33 C’est dans l'humiliation que son jugement a été enlevé.
Sa génération, qui la racontera ?
Car sa vie a été retranchée de la terre. »
33 ...
34 Répondant, l’eunuque dit à Philippe :
— Je te prie, de qui le prophète dit-il cela ?
Est-ce de lui-même
Vlui ou de quelque autre ?
34 ...
35 Alors Philippe ayant ouvert la bouche
et commencé par ce passage lui annonça la bonne nouvelle de Jésus.
35 ...
36 Et comme ils allaient sur la route ils arrivèrent à un point d’eau
et l’eunuque dit :
— Voici de l’eau ! qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ?
36 ...
37 ...
37 + Philippe dit : — Si tu crois de tout ton cœur, c'est permis ! Et lui répondit en disant : — Je crois que le fils de Dieu, c'est Jésus Christ.
38 Et il ordonna d’arrêter le char ;
alors, tous deux, Philippe et l’eunuque
descendirent dans l’eau,
et il le baptisa.
38 ...
39 Mais quand ils furent remontés de l’eau l’Esprit du Seigneur enleva Philippe
et l’eunuque ne le vit plus
car il poursuivait sa route en se réjouissant.
39 ...
37 + (V) Verset non retenu L'édition →considère ce verset comme une addition postérieure à l'époque de Jérôme.
38 Baptême en coup de vent
Théodore Chassériau, à la fois disciple d'
et de , reste dans l'ombre de ses maîtres. Né à Saint-Domingue, il ne se départira jamais d'une fascination pour l'exotisme. Son baptême de l'eunuque qui orne la chapelle des fonts baptismaux de l'église Saint-Roch en porte la trace. L'œuvre, centrée sur le ministre de la reine d'Ethiopie entré dans l'eau baptismale, est une croisée des chemins. Le puissant serviteur, encore paré de bijoux et d'étoffes luxueuses, meurtri dans son corps, accède grâce à l'apôtre Philippe à la dignité et à la liberté. Le baptême le délivre et lui ouvre le ciel alors que Philippe, lui imposant les mains, porte son regard vers un ange. La vie nouvelle de l'eunuque s'annonce devant lui, suivant le cours de la rivière qui s'élance hors du tableau. En retrait, le faste d'un cortège évoque une cour royale, affolée et impuissante devant la force de la conversion, tandis que le nouveau baptisé plonge son regard dans le nôtre.Ce n'est pas l'œuvre la plus passionnante de Chassériau mais dans ce passage de Philippe se tient une partie de ce qui trouble nos existences (enfin, peut-être, ou pas) : la voie droite et directe dont il faut se détourner, la perplexité devant l'étranger et l'étrangeté, l'entrée dans l'espace et l'esprit de l'autre pour cheminer ensemble ; l'intelligence raffinée et si directe de l'eunuque : « Comment le pourrais-je si quelqu'un ne me guide ? » ; « voici de l'eau, qu'est-ce qui m'empêche d'être baptisé ? » ; l'accord que trouvent les deux hommes que tout sépare y compris sans doute un reste d'incompréhension qu'une force supérieure à eux se chargera d'élucider plus tard ; Philippe, qui a transmis et disparaît comme il est apparu ; la sérénité heureuse du ministre qui poursuit sa route... (Cf. Th. J.)
La photographie capture le reflet d'un vitrail de l'église Saint-Roch représentant le Christ crucifié en face d'un panneau pédago-religioso-culturel entièrement plastifié reproduisant l'œuvre de Chassériau. L'abondance et la permanence des panneaux de tous genres dans les églises mériterait un essai critique... Mais la signifiance d'un tel reflet peut-elle modérer nos ironies ?