La Bible en ses Traditions

Apocalypse 6,12–14

Byz V S TR Nes

12 Et je vis quand il eut ouvert le sixième sceau

qu’il se fit un grand tremblement de terre

et le soleil devint noir comme un sac de crin

la lune entière 

TRla lune parut comme du sang

13 et les étoiles du ciel tombèrent vers

Vsur la terre

comme les figues non encore mûres tombent d’un figuier secoué par un gros vent.

Vle figuier projette ses figues encore pas mûres lorsqu'il est secoué par un grand vent. 

14 Et le ciel se retira comme un livre qu’on roule

et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leur place.

Réception

Cinéma

1,1–22,21 Allusions à l'Apocalypse

  • Ingmar Bergman, Det sjunde inseglet [« le septième sceau »] (1957).
  • Vincente Minnelli, The Four Horsemen of the Apocalypse (1961).
  • Andrei Tarkovski, Offret [« le sacrifice »] (1985).
  • Peter Jackson, The Lord of the Rings (en particulier le 3e film, 2003).

Arts visuels

12–17 les étoiles du ciel tombèrent sur la terre Le 6e sceau : enluminé ou enjolivé ?

Enluminure du 8e s.

Beatus de Liébana (ca. 730-798), Commentaire sur l'Apocalypse (ca. 784), manuscrit, folio 116r

Bibliothèque Nationale de France, Paris (France) © Domaine Public→ 

C'est surtout l'ouverture du sixième sceau que l'on retrouve ici. L'ensemble est moins effrayant que dans le texte, avec une mention spéciale au beau ciel bleu roulé « comme un livre », à la lune plutôt changée en fleur qu'en « sang », au soleil plutôt éclipsé que devenu « noir comme un sac de crin » et aux étoiles qui forment comme un tapis de fleurs, elles qui sont dites tomber « comme le figuier projette ses figues non encore mûres lorsqu'il est secoué par le vent ».

Texte

Procédés littéraires

12–16 ; 20,12–15 ; 22,7–10.18s livres MOTIF Le livre plus solide que le monde Dans Ap le livre, fruit concret de l'écriture (Procédés littéraires Ap 1,3), et le monde sont sans cesse mis en regard :

  • Avant la première situation du Voyant dans l’espace, le livre commence (Ap 1,1-8) par une très forte thématisation de l’écrit et livre eux-mêmes. 
  • Dès l'ouverture du sixième sceau, en Ap 6,12-17 : la fragilité du cosmos se dit comme les pages d’un livre qu’on peut arracher. 
  • À la fin du livre, qui dit précisément la fin du monde, le ciel et la terre s’enfuient et laissent place à des livres (Ap 20,12-15) auxquels le monde, y compris Mort et Hadès, obéissent.   
  • Le livre se termine — comme il a commencé — dans l’écrit et le livre eux-mêmes, à conserver absolument intègres et à divulguer le plus possible : Ap 22,7.10.18-19

Tout se passe comme si le texte et le livre eux-mêmes constituaient, en fait, le pôle de stabilité véritable qui permet de traverser l’épreuve de l’espace et du temps de la première création dans laquelle le lecteur est encore plongé …

Divers designers contemporains, aidés de l'IA, créent des images qui donnent à voir quelque chose de ce dialogue entre livre et monde, analogue aux relations du Logos et du cosmos. En voici deux exemple ; ce n'est peut-être pas un hasard qu'ils proviennent de pays à majorités musulmanes, quand on pense à l'importance du livre en islam.

Sait Toksoz, Nature voyage paysage ciel, (image numérique, 2018), Pixabay→ 

© Licence Pixabay→  

Chez ce designer turc, le monde du livre et le livre du monde (lui-même plat comme une page ?) communiquent, par l'intermédiaire de l'eau, sur fond de ciel.

Ahmad Mamdoh, Photo Manipulation Art Design, (image numérique, 2018) © D.R. Mamdoh→

Sur fond de ciel aussi, le designer égyptien contemporain rêve le monde dans le livre comme le locus amœnus qu'est un port de plaisance et une réserve inépuisable d'eau qui fait déborder la vie : du livre au monde, de l'artiste à son spectateur.