La Bible en ses Traditions

Apocalypse 6,12–14

Byz V S TR Nes

12 Et je vis quand il eut ouvert le sixième sceau

qu’il se fit un grand tremblement de terre

et le soleil devint noir comme un sac de crin

la lune entière 

TRla lune parut comme du sang

13 et les étoiles du ciel tombèrent vers

Vsur la terre

comme les figues non encore mûres tombent d’un figuier secoué par un gros vent.

Vle figuier projette ses figues encore pas mûres lorsqu'il est secoué par un grand vent. 

14 Et le ciel se retira comme un livre qu’on roule

et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leur place.

Réception

Cinéma

1,1–22,21 Allusions à l'Apocalypse

  • Ingmar Bergman, Det sjunde inseglet [« le septième sceau »] (1957).
  • Vincente Minnelli, The Four Horsemen of the Apocalypse (1961).
  • Andrei Tarkovski, Offret [« le sacrifice »] (1985).
  • Peter Jackson, The Lord of the Rings (en particulier le 3e film, 2003).

Musique

6,1–7,17

17e s.

Marc-Antoine Charpentier (1643-1704), Motet pour une longue offrande, H.434: Pluet super peccatores, 1698

La Chapelle Royale, Philippe Herreweghe (dir.)

© Licence YouTube Standard→, Ap 6,1-7,17 Ps 11,6s

Composition

Le titre du Motet pour l’Offertoire de la Messe Rouge que Charpentier a rebaptisé par la suite Motet pour une longue offrande (vraisemblablement à cause d’une autre exécution) se réfère aux cérémonies annuelles qui accompagnaient la rentrée du Parlement de Paris à la mi-novembre. A cette occasion, une messe était célébrée à laquelle les magistrats assistaient vêtus de leur robe d’écarlate, d’où le nom donné à l’office. Il s’agit d’une des dernières œuvres que Charpentier composa alors qu’il se trouvait maître de musique des enfants de la Sainte-Chapelle, voisine du Parlement. Il avait été nommé à cet important poste le 18 juin 1698, les dignitaires du lieu ayant estimé “qu’il compose et possède la musique en perfection” ; il y mourra le matin du 24 février 1704 “sur les sept heures”.

Paroles

Pluet super peccatores laqueos; ignis et sulphur, et spiritus procellarum, pars calicis eorum. Quoniam justus Dominus, et justitias dilexit: aequitatem vidit vultus ejus.

Il fera pleuvoir sur les pécheurs des pièges du feu et du soufre et un souffle de tempête sera la part de leur coupe. Car juste est le Seigneur et il a aimé les actes de justices, sa face a vu la droiture.

Arts visuels

12–17 les étoiles du ciel tombèrent sur la terre Le 6e sceau : enluminé ou enjolivé ?

Enluminure du 8e s.

Beatus de Liébana (ca. 730-798), Commentaire sur l'Apocalypse (ca. 784), manuscrit, folio 116r

Bibliothèque Nationale de France, Paris (France) © Domaine Public→ 

C'est surtout l'ouverture du sixième sceau que l'on retrouve ici. L'ensemble est moins effrayant que dans le texte, avec une mention spéciale au beau ciel bleu roulé « comme un livre », à la lune plutôt changée en fleur qu'en « sang », au soleil plutôt éclipsé que devenu « noir comme un sac de crin » et aux étoiles qui forment comme un tapis de fleurs, elles qui sont dites tomber « comme le figuier projette ses figues non encore mûres lorsqu'il est secoué par le vent ».

12–16 ; 20,12–15 ; 22,7–10.18s comme un livre qu'on roule + le livre de la vie + ces choses ... Le livre plus solide que le monde L'apocalypticien compare volontiers le monde à un livre : →Apocalyptique (littérature —), 6.

Ici, il évoque la fragilité du cosmos ; à la fin du livre, qui coïncide avec celle du cosmos, tout laisse place à des livres (Ap 20,12-15) et le livre se termine comme il a commencé avec une insistante thématisation de l’écrit et livre eux-mêmes : Procédés littéraires Ap 6,12–16 ; 20,12–15 ; 22,7–10.18s

Si les savants ont peine à entrer dans le langage du cosmos, les artistes, eux, le connaissent bien. Plusieurs peintres ont été sensibles à cette inscription du livre et du paysage l’un dans l’autre. (Cf. Poussin, Arts visuels Ap 1,11 ; 12,1 ; 15,1 ; 19,13).

Sur cette petite peinture méconnue de Botticelli, par exemple, le livre que Jean est en train d’écrire et les rochers sur lesquels il s’appuie ne ressemblent-ils pas à des tomes sur une étagère dérangée ?

Sandro Botticelli (1445-1510), Saint Jean à Patmos (tempera sur panneau de bois, ca. 1490 -1492), 21 x 269 cm (prédelle entière), partie inférieure d'une prédelle

Galleria degli Uffizi, Florence (Italie) © Domaine public→

Et ne nous font-ils pas porter un regard nouveau sur les rochers volcaniques de Zouloufi, au nord de Patmos ?

Νικολίτσα Τσίτσικα, Zouloufi (photographie numérique, 2013), laves solidifiées

 Patmos (Grèce) © Domaine public→