La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 4,7

M V
G S

Tu es toute belle, mon amie, et nulle tache en toi !

7 pas de tache Ep 5,27 ; 2P 3,14

Réception

Liturgie

7 Tota pulchra es

Alleluia "Tota pulchra es"

Alleluia - Tota pulchra es

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 4,7

Philosophie

1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

Arts visuels

7s Interprétation mariale

Biblia Pauperum

Albrecht Pfister (1420-ca. 1466) , impr. et éd., Biblia pauperum (Bible des pauvres), (gravures sur bois et texte imprimé avec des caractères mobiles, 1462-1463), 18 folios, Bamberg, Allemagne,

Bibliothèque d’État de Bavière→ : Rar.4, © CC BY-NC-SA 4.0

 Ct 4,7-8 ; Is 45,7 ; Si 17,11 ; Jb 29,20 ; 1R 1,15-21 ; Est 2,16-17 

Panneau central : Marie est couronnée par son Fils dans la gloire du Ciel. La légende dit : Virgo coronata fruitur jam luce parata (La Vierge couronnée jouit désormais de la lumière préparée [de toute éternité].)

À sa gauche, Salomon (Ct 4,7-8) dialogue avec Isaïe (Is 45,7) ; à sa droite, ben Sira (V—Si 17,11) avec ... Job (Jb 29,20) ! 

En-dessous, à gauche : la reine Bethsabée intercède auprès du roi David pour qu'il désigne Salomon pour successeur (1R 1,15-21). L'imagier souligne le fait que Marie est la mère sans péché du nouveau Salomon.

En-dessous, à droite : Assuérus choisit Esther et l'introduit dans la chambre du roi de préférence à toutes les femmes (Est 2,16-17). De même, poursuit le texte, Marie accède au roi des Cieux, son époux et le fils unique du Père céleste... 

Musique

1,4.7.15 ; 2,8.16 ; 4,1–7.10 ; 5,8 ; 8,6 Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), Niets dan liefde (Oratorio du printemps op.23), 2011

Marie de Roy (sopr), Aldo Platteau (bar), Ensemble Sturm und Klang (dir. Thomas van Haeperen)

© Kris Oelbrandt→, Ct 1,4.7.15.2,8.16.4,1-7.10.5,8.8,6 Mc 14,22 Mt 26,26 Lc 22,19 1Co 13,7s

Composition

Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.

Liturgie

7 Vous êtes toute belle, Marie - Antienne

« Tota pulchra es Maria »

Traditionnel, Antienne - Tota pulchra es Maria

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 4,7

Antienne chantée pour l'Office de l'Immaculée Conception, le 8 décembre.

Paroles

Vous êtes toute belle, Marie, et la tache originelle n'est pas en vous.

7 Texte : fête mariale La liturgie applique le v. à l'Immaculée Conception de Marie : c'est la première antienne de l'office des Vêpres.