La Bible en ses Traditions

Daniel 14,1–5

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G
V

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Et le roi Astyage fut réuni à ses pères

et Cyrus le Perse reçut son royaume.

÷ Et Daniel était un convive du roi et il était honoré plus que tous ses amis.

...

Et Daniel était un compagnion du roi et il était plus honoré que tous ses amis.

÷ Il y avait aussi chez les Babyloniens une idole du nom de Bel, pour laquelle on dépensait chaque jour douze artabes de fleur de farine et quarante brebis

et six amphores de vin.

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Il y avait chez les Babyloniens une idole du nom de Bel

et chaque jour étaient dépensées pour elle douze artabes de fleur de farine et quarante brebis

et six amphores de vin.

÷ Le roi aussi la vénérait et il allait chaque jour l’adorer 

mais Daniel adorait son Dieu

et le roi lui dit : — Pourquoi n'adores-tu pas Bel ?

...

Et le roi la vénérait et il allait chaque jour l'adorer

mais Daniel adorait son Dieu.

÷ Et répondant il lui dit :

— Parce que je ne vénère pas des idoles faites de main d’homme mais le Dieu vivant

qui a créé le ciel et la terre et a pouvoir sur toute chair.

...

Et le roi lui dit : — Pourquoi n'adores-tu pas Bel?

Et il dit : — Parce que je vénère pas des idoles faites de main d'homme mais le Dieu vivant

qui a créé le ciel et la terre et qui a puissance sur toute chair.

÷ Et le roi lui dit :

— Bel ne te semble-t-il pas être un dieu vivant ?

Ne vois-tu pas tout ce qu’il mange et boit chaque jour ?

Réception

Arts visuels

1–27 Deux représentations de Daniel devant l'idole Bel L'épisode de Daniel et les prètres de Bel a suscité l'intérêt des plus grands artistes

17e s.

Rembrandt Harmenszoon van Rijn dit Rembrandt (1606-1669), Daniel et Cyrus devant l'idole Bel, (huile sur panneau, 1633), 23,5 x 30,2 cm,

Musée J. Paul Gett, Los Angeles CA (États-Unis) © Domaine public→

Daniel, en retrait dans l'ombre, dévoile peu à peu au roi Cyrus sa crédulité. Voit-on là le premier passage, où le roi, montrant les récipients vides de son sceptre, demande à Daniel : « Bel ne te semble-t-il pas être un dieu vivant ? Ne vois-tu pas tout ce qu’il mange et boit chaque jour ? » (Dn 14,5) ou bien le retour dans le temple après la nuit qui est ici représenté ? La signature de Rembrandt, comme tracée dans la cendre déposée sur le sol sous la table d'offrandes pour exposer la tromperie des prêtres de Bel, et le visage effrayé de ces derniers à l’arrière-plan laissent supposer qu’il s’agit plutôt de la fin de l’épisode.

19e s.

Gustave Doré (1832-1883), Daniel confond les prêtres de Bel (gravure sur bois, 1866)

in → Bible de Tours © Domaine public→

Au centre de la gravure, surplombant ses adversaires, Daniel dénonce l'idole Bel. Son regard orienté vers le haut indique qu'il s'adresse à une autorité, vraisemblablement le roi. Ses mains dirigées vers Bel évoquent le moment où Daniel dit au souverain que son idole est incapable de manger, qu'elle n'est faite que d'argile et d'airain. Gustave Doré a probablement représenté l'instant où, après que Daniel ait dénoncé la tromperie, le roi prend la parole et s'exclame : « — Si vous ne me dites pas qui est celui qui mange ces nourritures, vous mourrez ! ». En arrière-plan, des prêtres inquiets pointent du doigt Bel, tandis que d'autres, en second plan, dénoncent Daniel. Au premier plan, certains prêtres sont abattus. Peut-être se doutent-ils de leur funeste destin. 

5 Ne vois-tu pas tout ce qu’il mange et boit chaque jour ? Bel, l'idole tournée en ridicule

15e s.

Anonyme (France du sud-est), Daniel, Bel et le dragon sacré des Babyloniens (encres et pigments sur parchemin, ca.1470-1480), 40,8 cm x 28 cm,

dans Speculum humanae salvationis, f. 013v, n°0089, Bibliothèque Municipale→ Marseille,

© CC Initiales→

 Cette miniature est tirée du Miroir du salut humain, un traité théologique qui reprend le principe de la typologie biblique, c'est-à-dire la confrontation de scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament. En effet, celle-ci jouxte la tentation de Jésus dans le désert.

Elle représente le prophète Daniel accompagné de Bel et du dragon. Ce qui saute aux yeux, c'est la représentation caricaturale de l'idole. Bel apparaît en culotte, doté d'un corps grand mais frêle, tenant dans la main gauche une coupelle et dans la main droite un cuissot. Cette image contraste avec l'image que le roi de Perse se fait de lui. Cette représentation est d'autant plus surprenante qu'elle donne à une statue d'airain et d'argile l'apparence anthropomorphe. 

À droite, le prophète Daniel se distingue avec son chapeau en forme conique et ses larges rebords. Ce type de couvre-chef est souvent associé aux figures d'alchimistes, de sages ou de magiciens dans l'art médiéval. Il ressemble également à la coiffe juive médiévale.