Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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14 Et il me fit avancer à
Vpar la porte d'entrée de la maison de YHWH
Vdu Seigneur qui regardait l'aquilon
et voici, que les femmes y étaient
Vdes femmes assises y pleuraient Thammuz
VAdonis
14 ...
14 Adonis (V) Inculturation et génie de Jérôme : interpretatio romana Dans la Vulgate, la présence de personnages issus de la mythologie gréco-romaine tels qu’Adonis (Ez 8,14), Priape (1R 15,13 ; 2Ch 15,16) et Mercure (Pr 26,8) est remarquable. Ces figures ne sont pas issues du texte hébreu traduit par Jérôme, mais constituent des choix de traduction s’inscrivant dans ce qu'on a coutume d’appeler l’« interpretatio romana ». Cette pratique consiste à assimiler des divinités étrangères à celles de Rome, associant par exemple des dieux grecs à leurs équivalents romains (Zeus à Jupiter, Héra à Junon, Poséidon à Neptune, etc.).
Suivant ce principe, Jérôme traduit l’hébreu « hattammûz » (Milieux de vie Ez 8,14) par « Adonis ». Quant au nom « Adonis » (désignant l’amant mortel d’Aphrodite et de Perséphone, considéré comme l’idéal de la beauté masculine dans l’Antiquité), Jérôme l’emploie afin d’être compris par ses contemporains de culture gréco-romaine. Ce faisant, il indique que les Syriens honoraient Hattummouz d’un culte semblable à celui des Grecs pour Adonis.
Il existait du temps de Jérôme un bois sacré d’Adonis dans les environs de Bethléem. Nous le savons grâce à sa correspondance, dans une déploration insérée dans une lettre au prêtre Paulin :
Cas inversé d'inculturation romaine : dans le sourire dentu de l'animal mythique, la maladresse du mosaïste « britannique » contemporain de Jérôme traduit naïvement quelque chose de la rapacité impériale.