La Bible en ses Traditions

Isaïe 30,6–7

M G
V
S

Oracle des bêtes du Négéb :

à travers une contrée de détresse et d’angoisse, d’où sortent le lion et la lionne

Gle lionceau

la vipère et le dragon volant

ils portent leurs richesses sur le dos des ânes

et leurs trésors sur la bosse des chameaux

à un peuple qui ne sert à rien.

Gne leur apportera aucune aide, si ce n'est honte et opprobre. 

Fardeau des bêtes de somme du sud :

dans une terre de tribulation et d'angoisse, la lionne et le lion 

en sortent, la vipère et le basilic volant,

portant leurs richesses à dos de juments

et sur la bosse des chameaux leurs trésors

vers un peuple qui ne pourra leur servir en rien !

...

M G
S
V

Le secours de l’Égypte sera vanité et néant

c’est pourquoi je la nomme

Gfais-leur savoir que leur appel au secours s'appelle « Néant ».

« la superbe qui reste assise ». 

...

L’Égyptien, en effet, apportera son aide en vain et en pure perte,

ce qui me fait crier :

— C'est pur orgueil : repos !

Texte

Vocabulaire

13,1 ; 15,1 ; 17,1 ; 19,1 ; 21,1.13 ; 22,1 ; 23,1 ; 30,6 Charge Polysemie: Une parole avec du poids qui peut lever

Lexicologie

Très souvent traduit par « oracle », le substantif massā’ vient de la racine ns’ « porter » ou « lever ».

Lexicographie et sémantique

Comme l'indiquent ses usages en Jr 23,33-34.36.38 ; 2R 9,25, le substantif retient l’ambiguïté du verbe : seul le contexte d'une occurrence donnée de massā’ permet de comprendre s'il réfère quelque chose qui (se) lève ou, au contraire, qui pèse.

Hors du contexte prophétique 

Le terme massā’ dénote 

  • une action :  « levée du visage » = favoritisme (2Ch 19,7) ; « levée de l’âme » = joie (Ez 24,25) ;

plus souvent : une chose à porter

En contexte prophétique : usage technique 

Le terme apparaît dans un usage singulier, comme une espèce de titre ou de rubrique, dans la littérature prophétique. 

  • Une fois, en Ez 12,10, massā’ se réfère à un acte prophétique, il ne signifie donc pas seulement une générique « énonciation » (de la phrase « lever la voix »).
  • 24 fois le nom introduit un ensemble de paroles prophétiques (le plus souvent en Is; Na 1,1; Ha 1,1; Za 9,1 ; 12,1 ; Ml 1,1). 
  • Le terme hébreu massā’ n'est généralement pas à l'état construit, et les massorètes le séparent nettement du terme qui le suit par un accent disjonctif : aussi est-il abusif de traduire ce dernier comme un complément déterminatifs du premier (par exemple : « oracle contre x », ou « oracle sur y »).

Le symbole linguistique massā’ semble réactiver alors ses connotations étymologiques : les thèmes les plus fréquents des paroles qu'il introduit sont la violence et le jugement. Le terme semble ainsi signaler que  le message qui le suit a de l'importance et de la gravité : du poids. Peut-être aussi, inversement,  que l'écoute qui en sera faite, la mise en pratique de ses injonctions a la capacité de (re)lever ceux à qui il s'adresse.

Choix des traductions compréhension des versions traditionnelles

  • M :  La Bible en ses traditions traduit ces occurrences de massā’s avec un léger étoffement par : « [Paroles à] charge ». Charge évoquant en français aussi bien un registre de violence (une charge de cavalerie) qu'un registre judiciaire (un dossier à charge). 
  • G traduit par horasis (« vision, apparence »).
  • V traduit par onus (« poids, fardeau ; peine, entrave ; obligation, lien ; taxe, tribut ; embryon ; selles, excréments »). Le littéralisme produit un effet saisissant, car le terme n'a jamais eu un tel emploi avant le latin biblique, aussi La Bible en ses traditions le traduit-elle par : « fardeau ».