La Bible en ses Traditions

Isaïe 38,1–5

M V
G S

En ces jours-là, Ézéchias fut malade jusqu'à la mort.

Isaïe fils d’Amos, le prophète, vint à lui et lui dit :

— Ainsi parle YHWH :

Vle Seigneur :  

Commande à

VMets en ordre ta maison car tu vas mourir - toi ! -, et tu ne vivras pas.

...

Ézéchias tourna son visage contre le mur, pria YHWH

Vle Seigneur

...

et dit : — ô YHWH, daigne te souvenir

VJe t'en supplie, Seigneur, souviens-toi, je t'en prie,  que

Vcomment j’ai marché devant toi dans la vérité et d'un coeur intègre

et que j’ai fait ce qui est bien à tes yeux !

Et Ézéchias pleura d'abondantes larmes.

...

Et  la parole de YHWH fut adressée

V le verbe du Seigneur advint à Isaïe, disant :

...

— Va et dis à Ézéchias :

— Ainsi parle YHWH,

Vle Seigneur, le Dieu de David, ton père :

— J’ai entendu ta prière, j’ai vu tes larmes

voici, j’ajouterai à tes jours quinze années.

...

Réception

Musique

1 Mets en ordre ta maison car tu vas mourir et tu ne vivras pas Un memento mori de Jean-Sébastien Bach : son Actus Tragicus (BWV 106) Isaïe annonce à Ézéchias au nom de Dieu qu'il va mourir. La sentence tombe comme un couperet : « Mets en ordre ta maison car tu vas mourir et tu ne vivras pas ». Le roi entend prononcer pour lui par le prophète ce terrible cran d'arrêt mis à la vie humaine, le décrêt de châtiment irrévocable attaché à la consommation du fruit de l'arbre défendu : « Tu mourras de mort (môt tāmût) » (Gn 2,17). 

Cette parole joue un rôle-clé dans la cantate de Jean-Sébastien Bach nommée Actus Tragicus (BWV 106). Au mouvement 2c, le chœur chante : « Bestelle dein Haus, denn du wirst sterben und nicht lebendig bleiben », qui est exactement l'oracle de Dieu qu'Isaïe dit à Ézéchias en Is 38,1. Cette cantate est l'une des premières de Bach, composée à Mühlhausen entre septembre 1707 et juin 1708, alors qu'il était âgé d'à peine vingt-deux ans.

Johann Sebastian Bach (1685-1750), Cantate Gottes Zeit..., dite 'Actus Tragicus' - BWV 106,  1707-1708,

Enregistré le 16 mai 2015, Oostkerk, Middelburg, Pays-Bas .  Jos Van Veldhoven dir. ; Netherlands Bach Society : Dorothee Mields, soprano ; Alex Potter, alto ; Charles Daniels, tenor ; Tobias Berndt, basse) — Plus d'informations sur BWV 106 et cette production ici→ 

© Licence YouTube standard, Gn 2,17 ; Is 38,1 ; Lc 2,29-32 ; Lc 23,43 ; Ap 22,20

Sommaire (Texte et traduction complets de la cantate ici→)

0:00 Sonatine — 2:42 Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit (Chœur) — 4:49 Ach, Herr, Lehre uns bedenken (Arioso) — 7:06 Bestelle dein Haus (Aria) — 8:11 Es ist der alte Bund (Chœur et arioso) — 12:00 In deine Hände (Aria) — 14:19 Heute wirst du mit mir im Paradies sein (Arioso) — 17:55 Glorie, Lob, Ehr und Herrlichkeit (Chœur).

Un memento mori vétéro- et néo-testamentaire

Elle comprend deux parties : la première envisage la mort du point de vue de l'Ancien Testament ; la seconde, du point de vue du Nouveau. La séparation de l'ancienne et de la nouvelle alliance détermine la structure symétrique de la cantate.

  • La première partie expose l'ancienne alliance (Es ist der Alte Bund) : la mort est inévitable, l'Homme doit mourir (Mensch, du mußt sterben), au temps choisi par Dieu (zur rechten Zeit, wenn er will). L'Homme doit s'y préparer. C'est ici que la sentence d'Is 38,1 résonne avec force, comme expression caractéristique de l'antique conception de la mort : « — Mets en ordre ta maison car tu vas mourir et tu ne vivras pas » (Bestelle dein Haus, denn du wirst sterben und nicht lebendig bleiben). Cette première partie s'achève sur un appel au Messie, pris en Ap 22,20 : « — Oui, viens, Seigneur Jésus, viens ! » (Ja, komm, Herr Jesu, komm !).
  • La seconde partie expose la « nouvelle alliance ». L'exemple de la mort du Christ en croix  « — Je remets mon esprit entre tes mains » (In deine Hände befehl ich meinen Geist) - est offerte à l'homme sauvé (Du hast mich erlöset). Désormais, la mort de l'homme mène à sa résurrection au Paradis : « — Aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Heute wirst du mit mir in Paradies sein Lc 23,43). Ainsi envisagée en Jésus-Christ, la mort peut être acceptée avec paix et joie et l'homme peut faire siennes les paroles du vieillard Siméon : « — Dans la paix et dans la joie je m'en vais » (Mit Fried und Freud ich fahr dahin Lc 2,29-32).