La Bible en ses Traditions

Isaïe 58,4–6

M V
G S

Voici [pourquoi] : c’est en vous disputant et vous querellant

Vpour les litiges et les contentieux que vous jeûnez,

jusqu’à frapper du poing méchamment !

Vet frappez du poing durement !

Vous ne jeûnez pas en ce jour

VCessez de jeûner comme vous l'avez fait jusqu'à ce jour

de manière à faire écouter votre voix 

Vpour que votre voix soit entendue en haut !

...

Doit-il être comme cela, le jeûne que j'ai choisiV :

le jour où l’homme humilie son âme ?

Vhumilier son âme pendant un jour

Courber

Vcourber la tête comme un jonc

Vun cerceau

se coucher sur le sac et la cendre

est-ce là ce que tu appelles un « jeûne », un « jour agréable à YHWH » ?

Vau Seigneur » ? 

...

M V
G
S

Le jeûne que j'ai choisi ne consiste-t-il pas Vplutôt en ceci :

détacher

Vdissous les liens de l'impiétéV !

délier les nœuds du joug

Vdélie les fardeaux écrasants !

renvoyer

Vrenvoie libres ceux qui sont abattusV !

briser toute espèce de joug ?

Vdécharge de toute redevance !

Je n'ai pas choisi un tel jeûne, dit le Seigneur, mais romps tous les liens avec l'injustice,

dénoue les pièges des contrats violents,

renvoie ceux que tu as opprimés à la liberté et déchire tout document injuste. 

...

Réception

Tradition juive

3ss Recherche de la proximité divine 

  •  Levinas L'Au-delà « [...] un texte, celui d'Isaïe LVIII, dont le caractère, significatif pour le judaïsme, est souligné par sa place centrale dans la liturgie de la journée du Kippour qui est le sommet de l'année liturgique juive [...] la proximité recherchée n'est pas compatible avec la pure et simple continuation de la vie économique, avec tous les mouvements conflictuels qui l'accompagnent, brutalité, haines, domination, perfidies » (19).

Histoire des traductions

4

  • Levinas L'Au-delà « Oui, vous jeûnez pour fomenter querelles et dissensions, pour frapper d'un poing brutal ; vous ne jeûnez point à l'heure présente pour que votre voix soit entendue là-haut » (19).

5

  • Levinas L'Au-delà « Est-ce là un jeûne qui peut m'être agréable ? Est-ce là un jour où l'homme se mortifie lui-même ? Courber la tête comme un roseau, se coucher sur la cilice et la cendre, est-ce là ce que tu appelles un jeûne, un jour bienvenu de l'Éternel ? » (19).

6

  •  Levinas L'Au-delà « Mais voici le jeûne que j'aime : c'est de rompre les chaînes de l'injustice, de délier les liens de tous les jougs, de renvoyer libres ceux qu'on opprime, de briser enfin toute servitude » (19).

Philosophie

1–14 Relation à Dieu, relation avec l'autre homme

  • Levinas Nations « [...] des hommes "déjà raffinés" spirituellement qui veulent voir le visage de Dieu et jouir de sa proximité ne verront sa face que lorsqu'ils auront affranchi leurs esclaves, et nourrri ceux qui ont faim » (190).
  • Levinas De Dieu « Le mouvement même qui mène à autrui mène à Dieu. [...] l'épiphanie divine est attendue toujours à partir de la rencontre de l'autre homme abordé comme tu à partir de l'éthique. Faut-il rappeler des textes comme le chapitre 58 d'Isaïe? » (227).

6s Faire œuvre de justice, expression de l'amour envers Dieu et son prochain

Faire preuve de justice, condition de la proximité avec Dieu

  • Levinas Liberté « La justice rendue à l'autre, mon prochain, me donne de Dieu une proximité indépassable. Elle est aussi intime que la prière et la liturgie qui sans la justice ne sont rien. Dieu ne peut rien recevoir des mains qui ont fait violence. Le pieux, c'est le juste. Justice est le terme que le judaïsme préfère à des termes plus évocateurs de sentiment. Car l'amour lui-même demande la justice et ma relation avec le prochain ne saurait rester extérieure aux rapports que ce prochain entretient avec des tiers. Le tiers est aussi mon prochain » (38).

Le prochain reconnu dans la nudité et la misère

  •  Levinas L'Au-delà « Transformation de la socialité même de la société ! Mais, comme si cette formule avait encore quelque chose d'impersonnel, comme si une solution que nous appellerions 'bureaucratique' la menaçait avec le retournement en son contraire de la finalité originelle de cette éthique, le prophète y ajoute ce qui ne se peut que dans un rapport personnel avec autrui [...]. Admirable finale où autrui est reconnu non pas dans la grâce de son visage mais dans la nudité et la misère de sa chair ! » (19-20).