Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Le séjour de l'homme sur terre n'est-il pas un combat ? ses jours comme ceux d'un journalier ?
1 ...
1 La vie de l'homme sur terre est un service militaire et ses jours sont comme ceux du mercenaire :
2 Comme l’esclave soupire après l’ombre comme le journalier attend son salaire
2 ...
2 comme l’esclave soupire après l’ombre et comme le mercenaire attend la fin de son service
3 ainsi j’ai en partage des mois de néant on m'a accordé des nuits de souffrance
3 ...
3 ainsi, moi aussi j’ai en partage des mois de néant, je ne compte plus mes nuits de peine !
4 Si je me couche je dis : — Quand me lèverai-je ?
À quand le soir ? Je suis rassasié d’angoisses jusqu’à l'aube.
4 ..
4 Si je dors, je dis : — Quand me lèverai-je ?
Mais de nouveau j'attends le soir et je suis rassasié de douleurs jusqu'aux ténèbres ;
5 Ma chair se couvre de vers et d’une croûte terreuse
ma peau se gerce et coule
5 ..
5 ma chair est couverte de moisissure et d'une sale poussière
ma peau est desséchée et contractée ;
6 Mes jours glissent plus vite que la navette ils se terminent faute de fil
6 ...
6 mes jours s'en vont plus vite que n'est coupé le fil du tisserand et les voici consumés, il n'y a plus aucun espoir !
7 Souviens-toi que ma vie n'est qu'un souffle, mon œil ne reviendra pas pour voir le bonheur.
7 ...
8 L’œil qui me voit ne me regardera plus
tes yeux seront sur moi mais je ne serai plus
8 ...
8 Je ne serai plus vu d'aucun regard humain :
tes yeux sur moi, je ne subsisterai pas !
9 Le nuage se dissipe et passe ainsi, celui qui descend au shéol n'en remontera pas ;
9 ...
9 Comme le nuage se dissipe et passe, ainsi celui qui sera descendu aux enfers n'en remontera pas ;
10 il ne retournera plus dans sa maison, son lieu ne le reconnaîtra plus.
10 ...
11 c’est pourquoi je ne retiendrai pas ma bouche
je parlerai dans l’angoisse de mon esprit
je me plaindrai dans l’amertume de mon âme :
11 ..
11 c’est pourquoi moi non plus, je ne retiendrai pas ma bouche
je parlerai dans l’angoisse de mon esprit
je palabrerai avec l’amertume de mon âme :
12 — Suis-je la mer ou un monstre marin pour que tu poses une barrière autour de moi ?
Vm'entoures d'une prison ?
12 ...
13 Quand je dis : — Mon lit me soulagera ma couche portera ma plainte
13 ...
13 Si je dis : — Mon lit me consolera, je me lèverai en parlant avec moi-même sur ma couche.
14 Tu m’effraies par des songes, tu m’épouvantes par des visions Vd'horreur.
14 ...
15 Mon âme choisit la pendaison et mes os la mort
15 ...
15 C'est pourquoi mon âme choisit la pendaison et mes os la mort.
16 Je méprise je ne vivrai pas pour l'éternité.
Arrête avec moi, mes jours sont vains !
16 ...
16 Je desespère de vivre davantage ;
épargne-moi car mes jours ne sont rien !
17 Qu’est-ce que l’homme pour que tu l'estimes
Vle magnifies et
Vou que tu y mettes ton cœur ?
Vdisposes ton cœur contre lui ?
17 ...
18 Que tu le visites chaque matin et que tu l'examines à chaque instant ?
18 ...
18 Tu le visites à l'aube et aussitôt tu te mets à l'éprouver...
19 Quand cesseras-tu d'être sur moi et me laisseras-tu avaler ma salive ?
19 ...
19 Jusqu'à quand ne m'épargneras-tu pas et ne me laisseras-tu pas avaler ma salive ?
20 J’ai péché ? que te fais-je gardien des hommes ?
Pourquoi m'as-tu pris pour cible ? Je suis pour moi une charge...
20 ...
20 J’ai péché. Que pourrais-je te faire, ô gardien des hommes ?
Pourquoi m'as-tu constitué dans l'opposition à toi et suis-je créé comme une charge pour moi-même ?
21 Pourquoi ne pardonnes-tu pas ma transgression et ne passes-tu pas sur ma faute ?
Voici, maintenant je me couche sur la poussière, tu me chercheras et je ne serai plus.
21 ..
21 Que n'enlèves-tu mon péché, et pourquoi n'éloignes-tu pas mon iniquité ?
Voici, je vais m'endormir dans la poussière et si tu me cherches au matin, je ne subsisterai pas.
8,1 Bildad le Shouite
VBaldad le Suïte répondit et dit :
1 ...
8,2 — Jusques à quand discoureras-tu ainsi ? Les paroles de ta bouche sont un vent puissant.
Vimpétueux.
2 ...
8,3 Dieu fausse-t-il le droit ? Ou Shaddaï fausse-t-il la justice ?
3 ...
3 Dieu ferait-t-il tomber le jugement ? Et le Tout-Puissant fausserait-il ce qui est juste ?
8,4 Si tes fils ont péché contre lui, il les a livrés aux mains de leur péché
Viniquité.
4 ...
8,5 Si toi tu cherches Dieu et tu implores Shaddaï
5 ...
5 Mais toi, si à l'aube tu t'es tourné vers Dieu et tu as supplié le Tout-Puissant,
8,6 si tu es pur et droit, certainement
Vaussitôt il veillera sur toi et rendra Vpaisible la demeure de ta justice
6 ...
8,7 Ven sorte que tes débuts ne seront que peu de chose et Vque ton avenir sera très abondant.
7 ...
8,8 Interroge donc les générations passées fonde-toi sur l’expérience de leurs pères
8 ...
8 Interroge donc les générations passées, explore avec soin la mémoire des pères
8,9 car nous sommes d’hier et nous ne savons rien nos jours sur la terre sont comme une ombre
9 ...
9 car nous sommes d’hier et nous ignorons que nos jours sur la terre sont comme une ombre.
8,10 n'est-ce pas eux qui t'instruiront et te parleront et de leur cœur sortiront des paroles
10 ...
10 Eux-mêmes t'instruiront et te parleront, et de leur cœur ils profèreront des paroles.
8,11 Le papyrus pousse-t-il sans marais ? Le roseau croît-il sans eau ?
11 ...
11 Le jonc pourrait-il vivre sans humidité ou le carex croît-il sans eau ?
8,12 Alors qu'il est encore tendre, sans qu’on le coupe il sèche avant toute herbe
12 ...
12 Alors qu'il est encore en fleur, sans qu’une main ne le coupe il sèche avant toute herbe.
8,13 Telles sont les voies de tous ceux qui oublient Dieu, l'espoir de l’impie
Vl'hypocrite périra.
13 ...
8,14 Sa confiance sera brisée son assurance est une toile d’araignée
14 ...
14 Sa folie ne lui plaira pas, sa confiance sera comme une toile d'araignée.
8,15 Il s’appuiera sur sa maison et elle ne tiendra pas
il s’y tiendra
Vla soutiendra et elle ne résistera pas.
15 ...
8,16 Il sera vigoureux en plein soleil il étendra ses rameaux sur son jardin
16 ...
16 Il apparaît humide avant que vienne le soleil, il étend ses rameaux dans son jardin
8,17 sur un tas ses racines s’entrelacent, il voit une maison de pierres.
17 sur un assemblage de pierres il dormira
Vtas de rochers ses racines seront serrées et parmi les cailloux
Vpierres il vivra
Vsera retenu.
17 ...
8,18 Si on l’arrache de son lieu celui-ci le renie : — Je ne t’ai pas vu.
Vconnu.
18 ...
8,19 Telle est la joie de son chemin : Vqu'à leur tour, de la poussière, d'autres germeront.
19 ...
8,20 Ainsi Dieu ne rejettera pas le pur
Vun homme simple, il ne prendra pas la main des malfaiteurs
20 ...
8,21 jusqu'à ce qu'il remplisse ta bouche de rires et tes lèvres de cris de joie.
21 ...
8,22 Tes ennemis seront couverts de honte et la tente des méchants ne sera plus
22 ...
22 Ceux qui te haïssent seront couverts de confusion et la tente des impies ne subsistera pas.
9,1 Job répondit et
VEt répondant, Job dit :
1 ...
9,2 — Vraiment je sais qu'il en est ainsi, comment donc un homme serait-il juste avec Dieu ?
2 ...
2 — Vraiment je sais qu'il en est ainsi et que l'homme ne peut être justifié comparé à Dieu.
9,3 S’il lui plaisait de contester
Vveut disputer avec lui, il ne lui répondrait pas à une chose sur mille
Vpourra répondre une chose sur mille.
3 ...
9,4 Cœur sage et grande force :
qui lui résisterait et serait en paix ?
4 ...
4 Il est sage de coeur et puissant de force : qui lui a résisté et a eu la paix ?
9,5 Il déplace les montagnes et elles ne le savent pas, elles qu'il renverse dans sa colère
5 ...
5 C'est lui qui a déplacé des montagnes, et ceux qu'il a renversé dans sa fureur ne s'en sont pas aperçus.
9,6 lui qui secoue la terre sur sa base, et ses colonnes sont ébranlées
6 ...
6 C'est lui qui ébranle la terre sur sa base, et dont ses colonnes sont renversées.
9,7 lui qui commande au soleil et il ne se lève pas ; quant aux étoiles, il les scelle
7 ...
7 C'est lui qui commande au soleil et il ne se lève pas, et qui renferme les étoiles comme sous un sceau.
9,8 Lui seul étend les cieux, il marche sur les hauteurs de la mer.
8 ...
8 C'est lui seul qui étend les cieux et qui marche sur les flots de la mer.
9,9 Il a créé la Grande Ourse, Orion, les Pléiades et la chambre du sud
9 ...
9 C'est lui qui a fait Arcturus, Orion, les Hyades et les intérieures du midi.
9,10 Il fait des prodiges sans mesure des merveilles sans nombre.
10 ...
10 C'est lui qui a fait de grandes choses, incompréhensibles et merveilleuses qui sont sans nombre.
9,11 Voici, il passe près de moi et je ne le vois pas il s'en va et je ne le comprends pas
11 ...
11 S'il venait à moi, je ne le verrais pas, s'il s'en allait, je ne m'en apercevrais pas.
9,12 S’il saisit, qui le fera rendre ? Qui lui dira : — Que fais-tu ?
12 ...
12 Si subitement il interrogeait, qui lui répondrait ? Qui peut lui dire : — Pourquoi agis-tu ainsi ?
9,13 Dieu sa colère ne revient pas sous lui s'inclinent les appuis de Rahav
13 ...
13 Dieu dont personne ne peut résister à la colère et sous lequel se courbent ceux qui portent l'orbe,
9,14 moi alors je lui répondrais ? je choisirais des paroles avec lui ?
14 ...
14 combien grand suis-je donc, moi, que j'aille lui répondre et parler avec lui avec mes propres mots ?
9,15 lui à qui même si j'étais juste je ne répondrais pas je chercherai la faveur de mon juge ?
15 ...
15 Quand j'aurais en moi quelque justice, je ne répondrais pas, mais j'implorerais mon juge
9,16 Si j'appelle et qu'il me répond je ne croirai pas qu'il ait écouté ma voix.
16 ...
16 et s'il me prêtait l'oreille lorsque je l'invoquerais, je ne crois pas qu'il écouterait ma voix !
9,17 Lui qui me brise
Vbrisera dans la tempête
Vun tourbillon et multiplie gratuitement
Vmultipliera sans raison mes blessures
17 ...
9,18 il ne me laisse pas reprendre mon souffle mais il me rassasie d'amertume :
18 ...
18 il ne concède pas à mon esprit de se reposer et il me remplit d'amertumes.
9,19 par la force ? Voici le puissant.
Par la justice ? Qui m'assignera ?
19 ...
19 Si on en appelle à la force il est le plus fort.
Si on en appelle à l'équité du juge personne n'oserait se dire témoin en ma faveur.
9,20 Si je suis juste ma bouche me condamnera
je suis pur il me déclarera coupable
20 ...
20 Si je voulais me justifier, ma propre bouche me condamnerait ;
si je voulais me montrer innocent, il me prouverait méchant.
9,21 Je suis pur ? Mon âme ne le sait pas je méprise ma vie.
21 ...
21 Quand bien même je serais simple, mon âme l'ignorerait et j'aurais du dégoût pour ma vie.
9,22 Elle est une, c'est pourquoi je dirai ; le pur et le méchant, lui il les achève
22 ...
22 Je dis une seule chose ; lui consume et l'innocent et l'impie.
9,23 Si un fléau tuait soudain ! Il se moque de la détresse des innocents.
23 ...
23 S'il flagelle, qu'il tue d'un coup et qu'il ne rie des peines de l'innocent.
9,24 La terre est livrée à la main d'un méchant
Vimpie, il couvre la face de ses juges.
Si ce n’est pas lui, qui est-ce donc ?
24 ...
9,25 Mes jours ont coulé
Vété plus vite
Vrapides qu'un coureur, ils ont fui et n'ont pas vu le bonheur,
25 ...
9,26 ils sont passés avec
Vcomme des barques de jonc
Vnavires portant des fruits, comme l’aigle qui fond sur sa proie.
26 ...
9,27 Si je dis : — Que j'oublie ma plainte que j'abandonne mon visage et que je sourie
27 ...
27 Si je disais : — Je ne parlerai plus ainsi, je change ma face et je me tords de douleur,
9,28 je m'effraie de toutes mes douleurs je sais que tu ne m'acquitteras pas.
28 ...
28 je crains toutes mes œuvres sachant que tu n'épargnerais pas le coupable.
9,29 Moi, je suis mauvais, pourquoi donc me fatiguerais-je en vain ?
29 ...
29 Si après tout je suis purement et simplement un impie, pourquoi aurais-je travaillé en vain ?
9,30 Si je me lavais dans l'eau de la neige et nettoyais mes paumes avec du savon
30 ...
30 Si j'étais propre comme l'eau de la neige et que mes mains brillaient comme étant les plus pures,
9,31 alors tu me plongerais dans un puits,
Vles ordures et mes vêtements me feraient horreur.
31 ...
9,32 car il n’est pas un homme comme moi pour que je lui réponde pour que nous allions ensemble en justice
32 ...
32 Car je n'aurai pas à répondre à un homme qui serait semblable à moi et qui pourrait être entendu avec moi en jugement à égalité.
9,33 Il n’y a pas entre nous d’arbitre qui pose sa main sur nous deux
33 ...
33 Il n’y a personne qui puisse inculper l'un et l'autre et poser sa main sur les deux.
9,34 Qu’il retire son bâton de dessus moi,
Vde moi sa verge, et que sa terreur ne me tourmente plus.
34 ...
9,35 je parlerai et ne le craindrai pas car je ne suis pas ainsi avec moi
35 ...
35 je parlerai et ne le craindrai pas ; car, effrayé, je ne peux répondre.
7,6 mes jours s'en vont plus vite que n'est coupé le fil du tisserand et les voici consumés Tissage et tressage symboles de la condition humaine Éclose non seulement dans les cours, mais aussi dans les ateliers des artisans, la sagesse biblique détecte dans les travaux manuels de nombreux symbolismes existentiels profonds. Elle est sensible en particulier à ceux qui émergent des activités de fil et d’aiguilles, où doivent s’allier patience et dextérité, du côté de l’artisan, et où la solidité de l’étoffe doit triompher de la fragilité du fil, du côté de la toile. En résultent de beaux symboles, depuis l’image du Dieu tisserand, jusqu’à celle de la condition humaine, alternance de bonheurs et de malheurs où l’homme se sent filé, tressé, brodé, ou usé, troué, stoppé, reprisé, ravaudé, raccomodé…
La plasticienne contemporaine Nicole Dufour renouvelle cette méditation. Elle explore les virtualités symboliques du tissage dans des sortes de gammes visuelles où se voit le temps, la patience et l’habileté du filage, le temps et la complication du tissage, les stoppages, reprisages ou ravaudages comme autant de symboles des (més-)aventures de la chair.
7,14 tu m'effraies par des songes Job effrayé
Les Illustrations du Livre de Job est un livre d'artiste de
, publié en 1826, composé d'une série de vingt-deux gravures en taille-douce, qui illustrent le Livre de Job. Cette série, éditée à 315 exemplaires, est complétée par deux séries d’aquarelles préparatoires sur le même sujet (en 1805-1806 et en 1821), et par plusieurs autres œuvres. Considérée comme une des plus hautes réalisations de dans le domaine du livre d'art et l'un des chefs-d'œuvre de la gravure, cette série a été aussi un des rares succès commercial et critique pour7,20s Pourquoi m'as-tu mis contre toi ? Job au désespoir
9,23 il ne rie des peines de l'innocent Réflexions concernant l'amour de Dieu et le malheur Ce verset est repris par la philosophe Simone dans son essai « L’amour de Dieu et le malheur », figurant dans le recueil Pensées sans ordre concernant l’amour de Dieu, (Espoir), Paris : Gallimard, 1962. À cause de ce verset, elle n’hésite pas à considérer Job comme un archétype du malheur : à l’image du Christ, il éprouve de la façon la plus profonde l’absence même de Dieu.
La philosophe commence par une distinction entre malheur et souffrance. Si la souffrance ne laisse pas de trace de son passage, le malheur « s’empare de l’âme et la marque, jusqu’au fond, d’une marque qui n’appartient qu’à lui, la marque de l’esclavage » (→, 85). Irréductible, le malheur frappe l’âme durablement et déracine la vie de celui qui en est affecté. C’est dans les profondeurs du malheur que se manifeste l’absence de Dieu. Cette expérience d'abandon, de solitude et de désarroi est celle-là même qui : « a contraint le Christ à supplier d’être épargné, à chercher des consolations auprès des hommes, à se croire abandonné de son Père » ( Pensées→, 88). Pensées
Dans les tréfonds du malheur, l’homme éprouve le néant, la vacuité, l’inanité qui tarit l’amour :
Dans le gouffre du malheur, se creuse la distance entre l’homme et Dieu :
Paradoxalement, cette distance incommensurable peut être source d’une infinie détresse tout comme d’un amour infini :
La distance d’avec Dieu, proportionnelle au malheur, peut se résorber grâce à l’amour de Dieu, le seul qui sauve. En ce monde déterministe, régi par des mécanismes aveugles, où les horreurs sont comme les plis imprimés aux vagues par la pesanteur et les criminels comme des tuiles que le vent détache et qui tombent au hasard (image que Weil reprend à
), l’auteur avance l’amour, non comme une affectation ou un sentiment mais comme volonté :Dans le malheur l’homme perd pied. Transpercé, il est cloué, l’âme perforée en son centre. Il subit, endure, pâtit, n’a aucune prise : « Il se débat comme un papillon qu’on épingle vivant sur un album. Mais il peut à travers l’horreur continuer à vouloir aimer » (ibid.).
Le seul soulagement possible est la Croix :
En effet, la croix du Christ éclaire le malheur. Dans le silence de Dieu, en son absence même, un visage apparait, le visage de l’amour : « Le vrai malheur, une seule chose permet d’y consentir, c’est la contemplation de la Croix du Christ. Il n’y a rien d’autre. Cela suffit. » (→, 125) Pensées