La Bible en ses Traditions

Jacques 3,1–18

Byz V TR Nes
S

Qu'il n'y ait pas un tres grand nombre de maîtres, mes frères

sachant que nous recevrons

Vvous recevrez un jugement plus grand.

...

En beaucoup de points en effet nous trébuchons tous.

Si quelqu’un ne trébuche pas en parole, c’est un homme accompli

capable de tenir aussi tout le corps en bride.

...

Regardez !

V NesOr si nous mettons un mors dans la bouche des chevaux pour qu'ils nous obéissent

Vnous en faire obéir

c'est aussi tout leur corps que nous conduisons.

Vfaisons tourner.

...

Voici aussi les vaisseaux, alors qu'ils sont si grands

Vgrands et poussés par des vents forts

ils sont conduits

Vtournés par un très petit gouvernail là où l'impulsion de celui qui dirige le veut.

Vl'aura voulu.

...

De même, la langue

est

Vest vraiment un petit membre et elle s'enorgueillit de grandes choses.

Voici combien un petit feu peut embraser une si grande forêt.

Nescombien un tel feu peut embraser une telle forêt.

Vcombien un feu peut embraser une grande forêt.

...

5 La langue est comme un feu ! Pr 16,27 ; 26,18-21 ; Si 28,22

La langue aussi est un feu, un monde d’iniquité.

Ainsi la langue

V NesLa langue est placée parmi nos membres

elle qui tache tout le corps

et enflamme le cours de notre vie, ayant été aussi enflammée

Vayant été enflammée par la géhenne.

...

6 L’impureté vient du coeur Mt 15,18

De fait toutes les espèces de quadrupèdes, d’oiseaux, de reptiles et d'animaux marins

Vet autres reptiles

sont domptées et ont été domptées par la nature humaine.

...

La langue en revanche, nul parmi les hommes ne pourrait la dompter

c’est un mal agité

Byz TRirrépressible

Vsans repos

elle est pleine d’un venin mortifère.

...

8 Une langue de vipère Ps 140,4

En elle nous bénissons le Dieu

V NesSeigneur et Père

et en elle nous maudissons les hommes qui ont été faits à l’image de Dieu.

...

10 De la même bouche sortent bénédiction et malédiction.

Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi.

10 ...

11 Est-ce qu'une source, de la même ouverture, fait jaillir une eau et douce et amère ?

11 ...

Byz V TR
S
Nes

12 Est-ce qu'un figuier, mes frères, pourrait produire des olives, ou une vigne des figues ?

Ainsi aucune source

Vune [source] salée ne peut pas non plus produire de l’eau douce. 

12 Ou est-ce qu'un figuier, mes frères, peut produire des olives, ou une vigne des figues ? 

Ainsi des eaux salées ne peuvent pas être rendues douces.

12 Est-ce qu'un figuier, mes frères, peut produire des olives, ou une vigne des figues ?

Une eau salée [ne peut pas] non plus produire du doux.

Byz V TR Nes
S

13 Qui est sage et instruit parmi vous ?

Qu'il montre d'un bon mode de vie son œuvre dans la douceur de sagesse.

13 ...

14 Mais si vous avez un zèle amer et des disputes en vos cœurs,

n'en tirez pas gloire et ne soyez pas menteurs contre la vérité.

14 ...

15 Pareille sagesse ne vient pas d’en haut

mais elle est terrestre, charnelle, diabolique.

15 ...

16 En effet, là où se trouvent zèle et dispute, là se trouvent l'instabilité et toute œuvre mauvaise.

16 ...

17 En revanche la sagesse qui est d’en haut

premièrement est pure

Vpudique

ensuite pacifique, modeste, traitable

pleine de miséricorde et de bons fruits

impartiale et sincère.

Nesimpartiale, sincère.

Vne jugeant pas, sans hypocrisie.

17 ...

18 Le fruit de justice en revanche est semé dans la paix pour ceux qui font la paix.

18 ...

18 Le fruit de justice et de paix Ph 1,11 ; He 12,11 Les artisans de paix Mt 5,9

Réception

Philosophie

2 langue garder sa langue en bride La convergence entre l’éthique du comportement et l’éthique de l’expression transparait dans plusieurs maximes des sages comme chez Chilon, l’inventeur du célèbre apophtegme « rien de trop » (μηδὲν ἄγαν). 

  • DIOGENE LAËRCE, Vies et Doctrines des philosophes illustres, 1,3 (68-70) « Chilon de Lacédémone, fils de Damagète, a laissé deux cents vers élégiaques. Il disait que la prévoyance de l’avenir, appuyée sur le raisonnement, est pour l’homme la vertu par excellence. On rapporte aussi qu’ayant demandé à Ésope ce que faisait Jupiter, il en reçut cette réponse : « Il abaisse les grands et élève les petits ». On lui demandait à lui-même ce qui distingue l’homme instruit de l’ignorant : « Les bonnes espérances, » dit-il. À cette question : Quelles sont les choses les plus difficiles ? il répondit : « Taire un secret, bien employer son temps, supporter une injustice ». On lui doit encore ces préceptes : « Retenez votre langue […]— Ne parlez mal de personne […]— Ne dites pas de mal des morts […]— Ne riez pas des malheureux — Êtes- vous puissant? soyez bienveillant, afin qu’on ait pour vous plus de respect que de crainte […] — Que la langue chez vous ne devance pas la pensée — Domptez la colère […] — Ne désirez pas l’impossible […]— Ne gesticulez pas en parlant : c’est le propre d’un insensé. — Obéissez aux lois. — Menez une vie paisible ».
  • EURIPIDE « Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence ».

  • Zénon de Cittium « La nature nous a donné deux oreilles et une langue afin que nous écoutions le double de ce que nous disons ».

 

2 Langue L’ontologie du silence Pour Simone Weil, l’herméneutique réceptive et contemplative du silence de l’Être dévoile le silence comme un mode authentique de la parole.

 S. WEIL. Poèmes, 

« La porte est devant nous ; que nous sert-il de vouloir ?

Il vaut mieux aller abandonnant l’espérance.

Nous n’entrerons jamais. Nous sommes las de la voir.

La porte en s’ouvrant laissa passer tant de silence

Que ni les vergers ne sont parus ni nulle fleur ;

Seul l’espace immense où sont le vide et la lumière

Fut soudain présent de part en part, combla le cœur

Et lava les yeux presque aveugles sous la poussière. », p. 36

Arts visuels

1–12 Si quelqu'un ne trébuche pas en parole La langue, « fléau sans repos » Giotto et Bellini offrent une illustration saisissante des ravages d'une langue indomptée que saint Jacques détaille dans sa lettre.

Fresque du 14e s.

Giotto di Bondone (1267-1337), Invidia (ca. 1305-1306)

chapelle des Scrovegni, mur sud, tiers inférieur, Padoue (Italie) © Domaine public→

L'envie est représentée sous les traits d'une vieille femme laide marchant à tâtons dans un berceau de flammes. Cherchant une proie de sa main droite crispée, elle tient fermement une bourse à sa main gauche. De sa bouche jaillit un serpent tordu en arrière, comme pour lui crever les yeux : la médisance se retourne toujours contre son auteur ... La queue du serpent entoure les grandes oreilles de la figure. Ouvertes aux vilenies de tout poil, elles rappellent celles des diablotins. L'envie et la médisance sont intimement liées.

Peinture du 15e s.

Bernard l'ermite

Giovanni Bellini (ca. 1425/1433-1516), Le Mensonge (huile sur panneau de bois, 1490), 32 x 22 cm 

Gallerie dell'Accademia, Venise (Italie) © Domaine public→

Un homme — le menteur ? — tient dans ses bras un immense coquillage dont jaillit un homme nu. À la fois coupable et victime, ce dernier est aux prises avec un serpent qui l'enlace. Le mensonge échappe à son auteur, impossible à contrôler et à rattraper, et frappe ici un innocent pèlerin. Le piédestal sur lequel il se tient porte le nom du peintre. 

Pour une fois, le mensonge n'est pas représenté sous les traits d'une femme !