La Bible en ses Traditions

Luc 7,37–38

Byz V S TR Nes

37 Et voici une femme, qui dans la ville était une pécheresse

et qui, ayant su qu’il est

Vlorsqu'elle sut qu'il était à table dans la maison du pharisien

VPharisien, après avoir apporté

Vapporta un vase d'albâtre plein de parfum, 

Byz S TR Nes
V

38 et se tenant en arrière, à ses pieds, tout en pleurant, 

elle se mit à lui arroser les pieds de ses larmes

et des cheveux de sa tête elle [les] essuyait  

et couvrait de baisers ses pieds et [les] oignait de myrrhe. 

38  et, se tenant en arrière, à ses pieds, 

se mit à arroser de larmes ses pieds 

et avec les cheveux de sa tête elle les essuyait  

et couvrait de baisers ses pieds et les oignait de parfum. 

Réception

Arts visuels

36–50 La pécheresse repentante selon la Biblia Pauperum Située entre la planche Résurrection de Lazare (Arts visuels Jn 11) et la planche du début de la Passion : l'Entrée de Jésus à Jérusalem (Arts visuels Lc 7,19), celle-ci illustre avant tout la pénitence et le pardon. 

Anonyme (continuant Albrecht Pfister), « Repentir de David après sa faute, La pécheresse repentante, Faute et repentir de Marie et Aaron », (impression xylographique, 1460s, Pays-Bas ou Rhin inférieur), 27,5 x 20,5 cm,

Planche N, f.12v de Biblia pauperum seu historiæ Veteris et Novi Testamenti, Bibliothèque nationale de France→,

© Domaine public→

Lectures
  • à g. On lit au deuxième Livre des Rois, au chapitre 12, que le prophète Nathan avait été envoyé à David afin de l'admonester ; mais le roi David lui-même, mû par le repentir, obtint de Dieu la miséricorde. David repentant désigne en fait Marie Madeleine repentante qui obtint le pardon de tous ses péchés (cf. 2S 12,1-13).
  • à dr. On lit au livre des Nombres, au chapitre 12, que Marie, la sœur de Moïse et d'Aaron devint lépreuse à cause de sa faute et fut guérie de son impureté par Moïse. Moïse signifiait de fait le Christ qui purifia Marie Madeleine de toutes les impuretés de ses péchés comme il l'atteste lui-même en Luc en disant : « Tes péchés te sont remis, etc. » (cf. Nb 12).
Prophètes
  • à g. Ezéchiel : « Quelle que soit l'heure où l'homme gémisse [de ses fautes] on ne se souviendra plus d'aucune de ses iniquités. » (Ez 18,22).
  • à dr. David : « Un coeur contrit et humilié, tu ne [le] mépriseras pas, ô Dieu. » (Ps 50,19).

Triptyque central et distiques afférents

Panneau central
  • La pécheresse repentante (Lc 7)
  • Distique central : « La source de la bonté acquitte celle-ci de [ses] péchés ».
Panneau gauche
  • Repentir de David après sa faute (2S 12)
  • Distique gauche : « Touché par la parole de Nathan | le roi réforme sa conduite mauvaise ».
Panneau droit
  • Faute et repentir de Marie et Aaron (Nb 12)
  • Distique droit : « Celle-ci touchée par la lèpre | une fois ramenée (au bien) par la peine, redevient pure ».

Prophètes inférieurs

  • à g. Zacharie : « Revenez à moi et je reviendrai à vous ! » (Za 1,3).
  • à dr. David : « Nul n'est semblable à toi parmi les dieux, ô Seigneur » (2S 7,22).

Commentaire : La pécheresse repentante selon la Biblia Pauperum

L'image centrale fait écho à deux épisodes d'onction : l'onction à Béthanie (Jn 12,1-8) où Marie, sœur de Marthe et de Lazare, oint les pieds du Seigneur avec du parfum et l'onction dans la maison de Simon le lépreux par une femme dont on ignore le nom (Mt 26,6-13) [→Histoire de la dévotion à Marie de Magdala]. Le motif de l'image centrale est celui de la repentance et du pardon, dont les deux images afférentes sont les types : couché sur le ventre, David fait pénitence (image de gauche), tandis que Marie agenouillée, supplie Moïse d'intercéder (image de droite).

Détails remarquables
  • Dans l'image de gauche, deux épisodes de la même histoire sont représentés verticalement : en haut, David apparaît comme roi, en bas, comme pénitent. L'enceinte où il est reclus souligne sa pénitence et son humiliation, contrastant avec son allure royale. Il se distingue de Nathan et du roi, tant par son niveau que par sa posture. L'escalier dominant la scène pourrait symboliser les douze degrés d'humilité ou d'orgueil décrits par saint Bernard de Clairvaux dans Les degrés de l'humilité et de l'orgueil→.
  • En se pointant lui-même, Nathan invite le roi à reconnaître sa propre culpabilité, l'imagier synthétise ainsi la parabole de la brebis par Nathan.
  • Sur l'image de droite, sous son manteau, Moïse, renfroigné, semble tenir ses mains repliées sur les anches, l'air blasé. Quant aux mains levées de Marie suppliante, elles sont alignées avec celles d'Aaron ainsi qu'avec l'arbre au-dessus d'eux, marquant ainsi la séparation entre les pécheurs et l'intercesseur. De même, dans l'image centrale, la table sépare la pécheresse de Jésus, tout comme l'espace clôt, profond comme un présoir, dans lequel David se morfond, est bien séparé de l'espace de la vie sociale à l'étage.
  • Compte tenu du décor d'arrière-plan, nous pourrions croire que les images du centre et de gauche se déroulent dans deux chambres différentes de la même bâtisse. En effet, les fenêtres grillagées et la toiture rappellent une même enceinte. L'imagier médiéval suggère-t-il ainsi, à travers une forme de continuité spaciale, la continuité de la proposition de salut à travers l'histoire sainte ?
  • Concernant l'image centrale, la disposition des couteaux sur la table et les trétaux non alignés avec les carreaux, mais disposés en diagonale, semblent pointer en direction de la pécheresse, personnage central de la scène. Par ailleurs, Jésus benie la femme qui tient dans sa main gauche ses cheveux.