La Bible en ses Traditions

Matthieu 5,34–37

Byz V S TR Nes

34 Moi, je vous dis de ne pas jurer du tout

ni « par le ciel », parce que c'est le trône de Dieu

35 ni « par la terre », parce que c'est le marchepied

Vl'escabeau de ses pieds

ni « par Jérusalem », parce que c'est la ville du grand Roi

36 ni « par ta tête » tu jureras

parce que tu ne peux pas rendre un seul cheveu blanc ou noir ;

37 au contraire, que votre parole soit : OUI ? OUI ! , Set : NON ? NON ! 

ce qui est plus long vient du mauvais.

Réception

Musique

37 que votre parole soit : OUI ? OUI !, NON ? NON ! Un écho dans la musique pop ? Le Let It Be des Beatles. 

20e s.

Une célèbre chanson du célèbre groupe britannique, morceau initialement très intime, a rapidement été considérée par beaucoup comme l'équivalent d'un gospel, un hymne à la Vierge Marie.

The Beatles (texte : Paul McCartney),  Let It Be (Remastered 2009), Paul McCartney : piano, chant – George Harrison : guitare électrique, chœurs – Ringo Starr : batterie, Apple Records, 1970,

© Licence YouTube standard→ Jn 19,27

Composition

Lorsque la frénésie de la Beatlemania commençait à s'estomper et que les relations au sein du groupe se détérioraient, annonçant une fin imminente, Paul McCartney fit un rêve marquant : sa mère Mary, décédée depuis une douzaine d'années, lui apparut. Dans ce rêve, elle lui offrit la consolation d'une rencontre inattendue et lui transmit ces paroles apaisantes : Let it be – « qu'il en soit ainsi », « ainsi soit-il », amen – ou, plus simplement « lâche prise », « accepte que ce qui est, est ». Et le cœur troublé du jeune homme retrouva la paix.  

Ce fut le dernier grand succès du groupe, qui, sans le prévoir, produisit une œuvre résonnant comme un écho à l'un des préceptes les plus célèbres de Jésus : « — Que votre parole soit oui, oui ; non, non » (Mt 5,37), peut-être en rétroversion araméenne : « Dis ce qui est est, ce qui n'est pas n'est pas » (cf. Eric Edelmann, Jésus parlait araméen, Paris : Les éditions du Relié, 2000, 206-209). En ce sens, Let it be exprime une invitation à l’acceptation complète de la réalité.

Traduction française
  • Quand je me trouve dans la tourmente — Mère Marie vient à moi — Avec des paroles pleines de sagesse : — Lâche prise, accepte les choses comme elles sont. ——— Et dans mes heures sombres — Elle se tient là, bien en face de moi — Et me dit des paroles pleines de sagesse : — Lâche prise  ——— Murmure des paroles pleines de sagesse : — Lâche prise, accepte ce qui est ——— Et quand les gens aux cœurs brisés de notre monde tomberont d'accord — Il y aura une réponse, ainsi soit-il — Car bien s'ils puissent être divisés, il leur sera toujours possible de voir — Qu’il y aura une réponse, ainsi soit-il ——— Et quand la nuit est impénétrable, — Il y a toujours une lumière qui m'éclaire — Qui m'éclaire jusqu'au lendemain : — Lâche prise, accepte ce qui est ——— Je me réveille au son d’une musique, — Mère Marie vient à moi — Avec des paroles pleines de sagesse : — accepte les choses comme elles sont. ——— Lâche prise ; accepte ce qui est ; accepte les choses comme elles sont ; ainsi soit-il ; amen. (trad. F. Waille). 
D'une mère sur la terre à l'autre, au Ciel ?

Sans en avoir conscience, les Beatles ont laissé un héritage musical transcendant les frontières de la pop et abordant indirectement la figure de la Vierge, incitant les auditeurs à tourner leur regard vers la Reine du ciel. Le choix de McCartney d’employer l’expression « Mother Mary », sans utiliser de possessif, ouvre cette figure à une interprétation universelle, et facilite l’association avec Marie. Comme souvent avec les grandes œuvres, celle-ci échappe à son auteur et acquiert un caractère universel, abordant des thèmes qui semblent dépasser les intentions initiales.

L'association entre la figure maternelle et la souffrance rappelle également, à une autre échelle, les paroles adressées par Jésus à Jean depuis la croix : « Voici ta mère » (Jn 19,27). Cependant, la chanson s'achève sur un passage des ténèbres vers la lumière, un thème central dans la Bible, d'Isaïe à la Résurrection. La mélodie de Let it be, évoquant pour McCartney l’aube d’un jour nouveau, semble ainsi renvoyer à cette symbolique de renaissance et de paix.

Ces dynamiques, exprimées de manière simple mais puissante dans cette chanson, trouvent un écho dans les paroles du frère Roger : « Avec Marie (…) attendre dans la paix des nuits […] comme aux heures des plus grands combats intérieurs, attendre que fleurissent nos déserts » (Frère. Roger de Taizé, mère Teresa de Calcutta, Marie, mère de réconciliation, Les Presses de Taizé / Le Centurion, 1989, 24).