La Bible en ses Traditions

Psaumes 39,1–13

M
G S
V

Au maître de chant, à Idithun. Chant de David.

...

POUR LA FIN. À IDITHUN. CANTIQUE DE DAVID.

J'ai dit : Je garderai ma route

de peur de pécher par la langue 

je mettrai un frein à ma bouche

tant que le méchant sera devant moi. 

...

J'ai dit : — Je garderai mes voies

afin de ne pas faillir par ma langue

je mis une sentinelle à ma bouche

alors que le pécheur plaidait contre moi

je suis resté muet, en silence 

je me suis tu, privé de [tout] bien

et ma douleur s’est exacerbée

...

je me suis tu, je me suis humilié et j'ai gardé le silence sur les bonnes choses

et ma douleur s'est renouvelée

mon cœur s’est embrasé au-dedans de moi 

dans mes réflexions un feu s’est allumé

et la parole est venue sur ma langue.

...

mon cœur s’est échauffé au-dedans de moi

et dans ma méditation un feu s'est embrasé 

Fais-moi connaître ma fin, YHWH,

quelle est la mesure de mes jours

que je sache combien je suis éphémère.

...

Une parole m'est venue sur la langue : 

— Fais-moi connaître ma fin, Seigneur

et quel est le nombre de mes jours

que je sache combien peu il m'en reste.

Vois, mes jours, tu les fis de quelques palmes

et ma vie est comme un rien devant toi

Oui, tout homme qui se dresse n’est qu’un souffle

- Séla.

...

Vois, mes jours tu les fis faciles à mesurer

et ma substance comme un rien devant toi

oui, tout homme vivant n'est qu'entière vanité !

DIAPSALMA

M V
G
S

Oui, l’homme chemine

Vpasse comme une image

oui,

Vmais c’est en vain qu’il s’agite 

il entasse

Vamasse des trésors et il ignore qui recueillera

Và qui il les entassera.

 Assurément c'est en image que chemine l'homme

— pourtant, c'est en vain qu'il se trouble

il thésaurise et ne sait pas pour qui il rassemble ces [biens].

...

M
G S
V

Maintenant, que puis-je attendre, Seigneur ?

Mon espérance est en toi.

...

Et maintenant quelle est mon attente ? N'est-ce pas le Seigneur ?

Mes biens sont en toi.

De toutes mes iniquités délivre-moi

 ne fais pas de moi l’opprobre de l’insensé.

...

De toutes mes iniquités arrache-moi

tu as fait de moi l'opprobre de l'insensé.

10 Je me tais, je n’ouvre pas la bouche

car c’est toi qui agis.

10 ...

10 Je me suis tu ÷ et : je n'ai pas ouvert la bouche puisque c'est toi qui as agi

11 Éloigne de moi tes coups 

sous la rigueur de ta main je me consume 

11 ...

11 Écarte de moi tes coups 

12 Quand tu corriges l’homme, en châtiant la faute

tu détruis, comme la mite, ce qu’il a de précieux.

Oui, tout homme n’est qu’un souffle.

- Séla.

12 ...

12 Sous la force de ta main j'ai défailli 

par des réprimandes à cause de son iniquité tu as corrigé l'homme 

et tu as putréfié son âme comme l'araignée

Oui, c'est en vain ÷ que s'inquiète : tout homme 

DIAPSALMA

13 Écoute ma prière, YHWH

prête l’oreille à mon cri

ne sois pas sourd à mes larmes 

Car je suis un étranger chez toi

un hôte comme tous mes pères

13 ...

13 Écoute ma prière, Seigneur

et ma supplication

ne sois pas sourd à mes larmes

Ne garde pas le silence puisque je suis un étranger auprès de toi et un voyageur

comme tous mes pères

Réception

Tradition chrétienne

7 c'est en image que chemine l'homme (G) Importance d'une discipline des images intérieures Origène lit très littéralement la formulation du psaume en grec et l'amplifie : rien de ce qui vient impressionner l'âme n'est sans conséquence.

  • Origène Hom. Ps "Donc, tout ce que nous faisons, à toute heure et à tout moment, façonne quelque image (imaginem aliquam deformat). C'est pourquoi nous devons scruter nos actions une à une, et nous examiner nous-mêmes : par cet acte ou cette parole, est-il peint (depingitur) en notre âme une image céleste ou une image terrestre ? […] Donc qu'à présent chacun de vous s'examine avec soin, qu'il scrute les zones secrètes (arcana) de son cœur et qu'il recherche avec attention quelles images il y porte. […] Qui aura pitié de toi, quand du plus profond de la chambre de ton cœur, on mettra au jour l'image du tyran ? […] Si tu ne les a pas rejetées au plus vite de ta maison, si tu n'as pas ôté et gratté de tes sentiments toute la teinte de cette peinture détestable, et si tu n'as pas effacé la trace de cette couleur empoisonnée, ces images elles-mêmes te feront périr." (p. 380-382) Philosophie

Arts visuels

1–14 Vanité du monde, silence et brûlure du soupir : la Madeleine pénitente Peinture française du 17e s

Georges de La Tour a peint quatre versions de la « Madeleine pénitente ». Chaste silence de la méditation et clair-obscur mimant le passage progressif des ténèbres à la lumière, ou le renoncement aux vaines lumières de ce monde, ces compositions invitent à la conversion intérieure.

Georges de La Tour (1593-1652), La Madeleine à la flamme filante, (1638-1640), 117 x 92,

Los Angeles County Museum of Art, Los Angeles © Wikicommons→

Georges de La Tour (1593-1652), La Madeleine au miroir, ou Madeleine Fabius (huile sur toile, 1635-1640), 113 x 92, 7

National Gallery of Art, Washington © Wikicommons→

Madeleine se regarde, mais par un jeu de miroir dont La Tour est coutumier, le spectateur ne voit que le reflet du crâne : efficace memento mori

Georges de La Tour, La Madeleine aux deux flammes, (huile sur toile, vers 1640), 133 x 102 cm

Metropolitan Museum of Art, New-York

© Domaine Public→

Marie-Madeleine se tient assise devant une table sur laquelle repose un cierge, dont la flamme effilée se reflète dans un miroir au cadre orné de motifs. Le collier de perles placé sous le miroir et les bijoux qui gisent à ses pieds, abandonnés dans l'ombre symbolisent la vanité des plaisirs et de la vie légère à laquelle elle a renoncé. Câlé entre ses genoux et ses mains repose un crâne, élément classique du genre pictural de la vanité. La bougie déjà bien entamée et la flamme vacillante, qu'un souffle peut faire mourir, évoquent la fragilité et l'évanescence de la vie humaine. On entend alors de façon nouvelle les mots de saint Jacques : « Vous êtes une vapeur qui paraît un instant et s'évanouit ensuite » (Jc 4,14). Le regard de la pénitente, dont le visage pénétré et baigné de lumière est tourné de trois quarts, plonge au-dessus du miroir vers un rideau d'ombre, nous invitant nous aussi à contempler des réalités d'un autre ordre. La finesse des plis, le blanc lumineux de la chemise, ainsi que la délicatesse des mains jointes en prière sont remarquables.

Georges de la Tour (1593-1652), La Madeleine à la veilleuse, (huile sur toile, ca. 1640-1645), 128 × 94 cm,

Musée du Louvre, Paris © Wikicommons→

Comparaison des versions

2 V—IUXTA HEBR. 

  • J'ai dit : — Je garderai mes voies de peur de pécher par ma langue | je garderai ma bouche en silence tant que l'impie est contre moi.

3 V—IUXTA HEBR. 

  • je suis resté muet en silence, je me suis tu sur une bonne chose | et ma douleur se troubla

4 V—IUXTA HEBR. 

  • Mon coeur s'est embrasé au milieu de moi | dans ma méditation un feu m'enflamma

6 V—IUXTA HEBR. 

  • Vois, mes jours tu les fils de courte durée | et ma vie est comme un rien devant toi | tout homme en effet qui se dresse est entièrement vanité TOUJOURS.

7 V—IUXTA HEBR. 

  • Autant c'est en image que marche l'homme | autant c'est en vain qu'il se trouble | il amasse et ignore à qui il les remettra.

8 V—IUXTA HEBR. 

  • Maintenant donc, que puis-je attendre, Seigneur ? Tu es mon attente.

10 V—IUXTA HEBR. 

  • Je me suis tu, je n'ouvrirai pas la bouche parce que c'est toi qui as agi.

11 V—IUXTA HEBR. 

  • Enlève de moi tes coups

13 V—IUXTA HEBR. 

  • Écoute ma prière, Seigneur, et exauce mon cri | ne sois pas sourd à mes larmes | parce que je suis étranger chez toi | un voyageur comme tous mes pères.

5 V—IUXTA HEBR. 

  • Une parole m'est venu sur la langue : | — Montre-moi, Seigneur, ma fin | et quelle est la mesure de mes jours | que je sache combien peu il m'en reste.

9 V—IUXTA HEBR. 

  • De toutes mes iniquités délivre-moi | ne fais pas de moi un opprobre pour le sot.

12 V—IUXTA HEBR. 

  • Sous la violence de ta main je me suis consumé | par des réprimandes tu as corrigé l'homme pour son iniquité | et tu as détruit comme la teigne ses désirs | Oui, tout homme n'est que vanité TOUJOURS.