Set comme d'abondantes [averses pour l']irrigation de
Sdes gouttes qui descendent sur la terre
6 GEt il descendra comme la pluie sur la toison
et comme des gouttes d'eau qui s'écoulent lentement
Vstillations distillant sur la terre...
Réception
Arts visuels
1–19Bénédiction du nouveau roi : la succession de David
17e s.
Comparaison des versions
6V—IUXTA HEBR.
il descendra comme la pluie sur une toison | comme les gouttes d'eau couvrant la terre de rosée.
Arts visuels
6la pluie sur la toisonEmbrayeur typologique : une allusion à Gédéon ? Cet étonnant détail, propre aux versions grecque et latine, semble bien faire référence intertextuelle à l'épisode étrange du signe accordé par Dieu à Gédéon en Jg 6,36-40. De fait, les imagiers médiévaux chrétiens n'ont pas manqué de relier ce verset du psaume avec la venue du fils de David ultime, véritable roi de la paix qu'est Jésus-Christ.
Registre supérieur
Lectures
à g. On lit dans la Genèse, au chapitre 3, que le Seigneur dit au serpent: « Tu ramperas sur ton ventre! » et plus loin, au même endroit, on lit à propos du serpent et de la femme: « Celle-ci t'écrasera la tête et toi, tu l'atteindras au talon!» C'est bien cela qui s'est accompli lors de l'Annonciation de la Bienheureuse et glorieuse Vierge Marie. (Gn 3)
à dr. On lit au livre jes Juges, au chapitre 6, que Gédéon demanda un signe de victoire par un bain de rosée sur la toison qui figurait la glorieuse Vierge Marie qui concevait sans corruption par infusion de l'Esprit Saint (Jg 6).
Prophètes
à g. Isaïe : « Voici que la Vierge concevra et elle enfantera un fils » (Is 7,14).
à dr. David : « Le Seigneur descendra comme la pluie sur la toison » (Ps 71,6).
Triptyque central et distiques afférents
Panneau central
L'Annonciation : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1,28) ; « Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait [selon sa parole] » (Lc 1,38).
Distique central : « La Vierge est saluée : elle devient enceinte, pourtant inépousée. »
Panneau gauche
La première femme succombe à la séduction du serpent (Gn 3) : « Le Seigneur est avec toi, [ô toi] le plus vaillant des hommes ! » (Jg 6,12).
Distique gauche : « La vipère perd sa puissance | quand la jeune fille sans peine enfante. »
Distique droit : « La toison ruisselle de rosée | sec le sol est demeuré. »
Prophètes inférieurs
à g. Ézéchiel : « Cette porte sera fermée et on ne l'ouvrira pas » (Ez 44,2).
à dr. Jérémie : « Le Seigneur a créé du nouveau sur la terre : une femme entourera un homme » (Jr 31,22).
Commentaire
Gédéon et le signe de la toison selon la Biblia Pauperum
Les trois scènes représentent des messages provenant de Dieu et de ses anges. L'Annonciation est encadrée par Ève et le serpent, à gauche, et le miracle de Gédéon, à droite. Dans une typologie narrative, la scène d'Ève représente la Chute, tandis que l’Annonciation préfigure le Salut. Dans une analogie typologique, la toison de Gédéon symbolise la conception virginale de Jésus par Marie. La rosée qui descend sur la toison annonce l'action de l'Esprit Saint. De la même manière que Dieu imprègne la toison miraculeusement, la Vierge Marie fut enceinte de la rosée divine.
Dans l'une des homélies consacrées aux gloires de la Vierge mère, Bernard de Clairvaux a décrit ce rapprochement ainsi :
Bernard de Clairvaux, Homélie sur les gloires de la Vierge mère→, Seconde Homélie « Que signifie la toison de Gédéon (Jg 6,37) ? Elle est détachée de la peau de l’agneau, mais la peau elle-même demeure intacte, elle est étendue sur le sable, et tantôt c’est elle, tantôt c’est le sable qui reçoit toute la rosée du Ciel ; qu’est-ce autre chose que la chair qui naquit de la Vierge sans porter atteinte à sa virginité ? N’est-ce pas dans son sein que descendit la plénitude de la divinité, quand les Cieux la laissèrent descendre comme une rosée sur la terre ? C’est de cette plénitude que nous avons tous reçu, et sans elle nous ne serions tous qu’une terre aride. Au fait de Gédéon semble se rapporter assez bien aussi cette parole du Prophète : "Il descendra comme la pluie sur une toison" (Ps 72,6), car ce qui suit : "et comme l’eau qui tombe goutte à goutte sur la terre", parait désigner la même chose que le sable de Gédéon qui fut trouvé tout humide de rosée. »
Un tout petit Jésus sur le toboggan du Verbe ?
Il ne faut pas manquer le naïf détail d'un petit Jésus, porteur de la Croix, descendant comme sur un toboggan le long des rayons qui tombent de la bouche de Dieu dans sa nuée, en plein centre de la planche. Souvent représenté au Moyen Âge (cf. le très beau détail du Triptyque de l'Annonciation de Barthélémy d'Eyck présenté en Arts visuels Lc 1,4–38), cet « homoncule » illustre une doctrine selon laquelle le Christ n'aurait pas été conçu in utero, mais serait entré tout formé dans le sein de Marie. Cette vieille croyance, dépendante d'une savante négociation entre motifs antiques, médecine et théologie médiévales, fut plus tard condamnée par le concile de Trente, qui finit par interdire les représentations du Christ en homoncule.