La Bible en ses Traditions

Psaumes 89,1–6

M
G S
V

Cantique d’Ethan l’Ezrahite.

...

DE L'INTELLIGENCE D'ÉTHAN L'EZRAHITE.

1 Attribution à un indigène Ps 88,1

Les bontés de YHWH à jamais je les chanterai

de génération et en génération je ferai connaître en ma bouche ta fidélité.

...

Les miséricordes du Seigneur je les chanterai pour l'éternité

de génération en génération j'annoncerai ta vérité par ma bouche

Car tu as dit : — La bonté est bâtie pour toujours !

(dans les cieux tu as établi ta fidélité)

...

maintenant que tu as dit : — Pour l'éternité miséricorde sera édifiée

dans les cieux (ta vérité sera constituée ※en eux: !)

J’ai contracté alliance avec mon élu

j’ai juré à David, mon serviteur :

...

j'ai contracté alliance avec mes élus,

juré à David mon esclave : 

4s La promesse faite à David 2S 7,8-16

pour toujours j'établirai ta descendance

et je bâtirai de génération en génération ton trône !

Séla.

....

— C'est pour l'éternité que je constituerai ta semence,

et j'établirai ton siège de génération en génération !

DIAPSALMA

Les cieux célèbrent tes merveilles, YHWH

et ta fidélité dans l’assemblée des saints.

...

Les cieux confesseront tes merveilles, Seigneur

(en fait : ta vérité, dans l'église des saints)

Réception

Liturgie

2 Tu nous as rachetés par ton sang - Introït

« Redemisti nos »

Traditionnel, Introït - Redemisti nos

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, (enregistrement en direct)

© Abbaye du Barroux→, Ap 5,9s Ps 89,2

Chant d'entrée pour la Messe de la fête du Précieux Sang.

6 Les cieux célèbrent tes merveilles

Alleluia « Confitebuntur »

Traditionnel, Alleluia - Confitebuntur caeli

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 89,6

Graduel « Confitebuntur cæli »

Traditionnel, Graduel - Confitebuntur cæli

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 89,6.2

Graduel chanté le 9 juin pour la fêtes des saints Prime et Félicien.

Offertoire « Confitebuntur »

Traditionnel, Offertoire - Confitebuntur

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 89,6

4 J'ai fait une alliance - Alleluia

« Disposui testamentum » Alleluia

Traditionnel, Alleluia « Disposui testamentum »

Dom Jean Claire, Choeur des Moines de l'Abbaye de Solesmes, (Apôtres et Martyrs)

© Abbaye de Solesmes→, Ps 88,4

Composition

Dans l'ancienne Alliance, les promesses de Dieu envers le peuple élu envers ses chefs, annonçaient de loin les réalisations des temps évangéliques. Le psaume messianique 89 (88) qui chante tout cela a été appliqué à la transmission de la foi sous la loi nouvelle. La mélodie est l'un des timbres classiques, qui prête l'écrin de ses deux phrases symétriques au parallélisme biblique.

Paroles

Disposui testamentum electis meis, iuravi David servo meo.

Avec mon élu, j'ai fait une alliance, je l'ai juré à David, mon serviteur.

Texte

Vocabulaire

6a confesseront (V) confitebuntur Ou : loueront. Pour les sens de confiteor voir Vocabulaire Ps 118,1.19.21.28.29.

Réception

Comparaison des versions

3 V—IUXTA HEBR.

  • Car tu as dit : — La miséricorde éternelle sera bâtie | les cieux tu les établiras et ta vérité [sera] en eux.

4 V—IUXTA HEBR.

  • — J’ai conclu PERCUSSI un pacte FOEDUS avec mon élu, j’ai juré à David, mon serviteur :

1 V— IUXTA HEBR.

  • DE L'INSTRUCTION D'ÉTHAN L'ESRAHITE.

5 V—IUXTA HEBR.

  • — Jusque dans l'éternité je rendrai stable ta descendance | et je bâtirai ton trône en génération et génération. | TOUJOURS.

Littérature

2 miséricordes (V) FRANÇAIS BIBLIQUE  Des œuvres, pas seulement un sentiment En français, le nom miséricorde désigne :

  • ou bien un sentiment de bonté généreuse et de compassion,
  • ou bien le petit appui-fesse ajouté par les ébénistes aux stalles dans lesquelles moines ou moniales passent des heures à chanter l'office divin, qui leur permet d'être debout tout en ... faisant miséricorde à leurs dos et à leurs jambes. (CNRTL→).

Pour ne pas alourdir la traduction et surtout pour conserver les variations du même terme au singulier et au pluriel, on emploie le terme par métonymie pour désigner les œuvres et les réalisations  inspirées par la miséricorde :

  • Henri Bremond, Histoire littérarie du sentiment religieux, t.4, 1920 : «... Dieu... disposait tellement toutes choses pour mon bien et pour mon édification, que je ne pouvais assez admirer la grandeur de ses miséricordes » (248). 
  • Thérèse de Lisieux Manuscrits autobiographiques  : Manuscrit A Folio 86 Recto.(En caractères Gothiques dessinés par Thérèse): JE CHANTERAI ETERNELLEMENT LES MISÉRICORDES DU SEIGNEUR ! (Ps 89,2)(Ici le dessin des armoiries : Colorié par Thérèse)(Et... en bas de page, en Gothique dessiné...) JOURS DE GRÂCES, ACCORDES PAR LE SEIGNEUR, A SA PETITE EPOUSE, etc. 

Drapeau de la francophonie→© Domaine public

 

 

Arts visuels

6–9 cieux + fils de Dieu + conseil des saints + Vertus (V) :  Allusion au conseil divin ?  Bien attesté dans les panthéons archaïques (sumérien, akkadien, babylonien, égyptien, babylonien, cananéen, israélite, celtique, grec, romain et nordique), le rassemblement des êtres célestes autour du Dieu dominant a laissé des traces dans l'Écriture, ne fût-ce que dans les elohim énigmatiques du Ps 82,1.6, et plus encore dans la hiérachie céleste des anges mise en place au fil des livres, de l'Ancien au Nouveau testament.

Fidelis Schabet (1813–1874), La création des anges, Plafond intérieur, caisson juste en avant de l'orgue

Stiftskirche Saint-Jacques le Majeur, Hechingen (Allemagne)

photo : Ralf Roletschek © Domaine public→,

Au conseil divin qui apparaît ici, les « fils de Dieu » sont assimilés aux anges, dont la Tradition a identifié la hiérarchie 

Hiérarchie angélique environnant le trône divin 

12e s. : des derniers aux premiers

Anonyme, Vision de la hiérarchie angélique, (détrempe sur parchemin, fin 12e s.), enluminure, dans Hildegard von Bingen, Sci vias [Domini], 1, vision 6, Codex géant de Rupertsberger, Handschrift Nr.1, f.1-135., fol. 38r.

Hochschul- und Landesbibliothek RheinMain, Wiesbaden (Allemagne) © Domaine public→ 

La miniature présente en 9 cercles concentriques les 9 chœurs des « anges » (c’est-à-dire des créatures spirituelles envoyés par Dieu comme médiatrices entre lui et la création), réunis en une parfaite unité (« Einheit »), autour du centre blanc symbolisant l’irreprésentable simplicité (perfection et pureté) divine (dans l’iconographie postérieure, on montrera le chef du Christ).

2 cercles extérieurs

montrent Anges et Archanges, symbolisant l’aide surnaturelle apportée au corps et à l’âme humains :

  • Hildegarde de Bingen Scivias  ad loc. « Je vis dans les hauteurs des mystères célestes deux armées d'esprits d'en-haut, resplendissant d'une clarté admirable et qui dans la première légion avaient comme des ailes sur leurs poitrines ; leurs faces étaient semblables à celles des hommes, et leur visage humain apparaissait comme à travers une eau pure. Et ceux qui étaient dans l'autre légion, avaient aussi comme des ailes sur leurs poitrines ; et leurs faces étaient comme celles des hommes, et dans elles l'image du Fils de l'homme resplendissait comme dans un miroir. Mais dans les uns comme dans les autres, je ne pus discerner une autre forme. » « Mais que ces légions (Anges et Archanges) forment une couronne autour de cinq autres légions, cela signifie que le corps et l’âme de l’homme enserrent dans le réseau de leurs facultés, les cinq sens de l’homme purifiés par les cinq blessures de mon Fils ».
5 cercles intermédiaires

figurent les 5 légions d’anges (Vertus, les Puissances, les Principautés, les Dominations et les Trônes). Ces 5 légions soutiennent les 5 sens de l’homme : les Vertus aident aux bonnes œuvres, les Puissances à la clarté resplendissante, les Principautés qui sont les Princes des hommes dans le siècle, les Dominations casquées, les Trônes qui n’ont pas forme humaine, mais qui symbolisent la divinité s’abaissant vers l’humanité.

  • Hildegarde de Bingen Scivias  ad loc. « ceux qui étaient dans la première de ces cinq légions, avaient comme des apparences d'hommes, resplendissantes de clarté, des épaules jusqu'en bas. Ceux qui étaient dans la seconde (légion) étaient si éblouissantes de lumière, que je ne pouvais les regarder. Ceux qui étaient dans la troisième apparurent comme de marbre blanc, et leurs têtes étaient semblables à celles des hommes, desquelles émanaient des rayons ardents ; et, des épaules en bas, ils étaient environnés comme d'une épaisse nuée. Ceux qui étaient dans la quatrième légion, avaient la face humaine et des pieds d'hommes ; ils portaient sur leurs têtes des casques, et étaient revêtus de tuniques de marbre. Ceux enfin qui étaient dans la cinquième légion, ne montraient en soi aucune forme humaine ; mais étaient empourprés comme l'aurore. Et je ne voyais en eux aucune autre forme. Et ces légions formaient comme une couronne, autour des deux autres légions. »
2 cercles intérieurs

Incandescents, Chérubins et Séraphins, figurent le rayonnement double de l’Amour, pour Dieu et pour le prochain. Les Chérubins, remplis d’yeux et d’ailes, figurent la science et la sagesse divines. Les yeux sont le symbole de la connaissance divine. Les séraphins, dont le nom signifie « le brûlant », sont les plus proches du rayonnement divin. Ils ont six ailes : deux pour voler, deux pour se voiler la face devant l’Eternel, deux pour se couvrir les pieds, afin d’adoucir le feu d’amour qui les dévore :

  • Hildegarde de Bingen Scivias ad loc. « Ceux qui étaient dans la première de ces deux légions apparaissaient tout remplis d'yeux et d'ailes, et dans chaque oeil était un miroir ; et dans chaque miroir une face d'homme ; et ils élevaient leurs ailes à une suprême hauteur. Et ceux qui étaient dans la seconde légion brûlaient comme le feu ; et ils avaient une multitude d'ailes, où, comme dans un miroir, on voyait tous les ordres illustres de l'institution ecclésiastique. Mais je ne vis, ni dans les uns, ni dans les autres, aucune autre forme. Et toutes ces légions faisaient retentir, de leurs voix merveilleuses en de multiples harmonies, les louanges de celui qui opère des merveilles dans les âmes bienheureuses ; et elles glorifiaient Dieu magnifiquement. »
15e s. : des premiers aux derniers

maître du missel de Troyes, Hiérarchie angélique (tempera sur parchemin, ca 1460), enluminure de Nicolas de Lyre, Postilles sur l’Ancien et le Nouveau Testament Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 11972, fol. 1r

Collectif OMCI-INHA/Marjolaine Massé « Hiérarchie angélique » in Ontologie du christianisme médiéval en images→,(16.05.2022) © CC-BY-SA-4.0

 Gn 3,34 ; Is 6,1-2.6 ; Ez 1,4-14; Col 1,16 Ap 5,1-7.11

Présentation du manuscrit

Les Postilles de Nicolas de Lyre sont des commentaires de la Bible. Ce manuscrit a été enluminé par le maître du missel de Troyes vers 1460. Le Paradis est représenté au centre de la page sous la forme conventionnelle d’un jardin peuplé d’animaux dans lequel se trouvent Adam, Ève et les quatre fleuves. Cette vision paradisiaque est entourée d’une série de cercles concentriques représentant le ciel et l’univers. Au-dessus, dans la sphère du divin, sont disposés les neuf chœurs angéliques, dominés par Dieu le Père, sortant de l’image et esquissant un geste de bénédiction. 

L'image

La représentation de l'univers comme somme de toutes les choses, représentée par une série de sphères au centre desquelles se trouve la Terre entourée d'eau, correspond à la tradition aristotélicienne. La place des anges dans l'image est conforme à leur rôle d'instruments du pouvoir divin : le grec aggelos  signifie « messager ». « Vicaires » de Dieu, ils sont envoyés en mission et participent à la Révélation du Verbe aussi bien dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament. La source de la hiérarchie angélique dans les images médiévales se trouve essentiellement dans l’œuvre du Pseudo-Denys l'Aéropagite Hiérarchie céleste., qui décrit les neuf chœurs angéliques divisés en trois degrés. Dans cette image les chœurs des anges forment une assemblée. Ils sont peu différenciés, mais leur disposition en rangs permet de rendre compte de la hiérarchie.

  • Seule la triade supérieure se distingue par ses couleurs. Au plus près de Dieu se trouvent les Séraphins en rouge, les Chérubins en bleu (soutenant le trône divin), ainsi que les Trônes en brun.
  • Puis viennent les Dominations, tenant des insignes royaux, ici des sceptres fleurdelisés, les Vertus, faiseurs de miracles ici représentés en prière, et les Puissances, instruments du châtiment divin, tenant des verges.
  • Viennent enfin les Principautés, les Archanges et les Anges.

Tous participent de la diffusion de la lumière en tant qu'instrument du pouvoir divin. Plus ils sont proches de Dieu, plus ils sont représentés de manière abstraite ; plus ils s'en éloignent, plus ils sont incarnés, et donc proches des hommes. On observe aussi un parallèle entre la structure chromatique des chœurs et celle du cosmos. Cette image montre l'organisation du pouvoir divin, et insiste sur son ordonnancement rigoureux. Elle met en avant les principes d'ordre et de cohésion au sein de l'univers chrétien, servant à l'expression de l'autorité divine en dehors de toute temporalité.