La Bible en ses Traditions

Psaumes 91,15–16

M
G S
V

15 Il m’invoquera et je l’exaucerai 

je serai avec lui dans la détresse

Je le délivrerai et le glorifierai.

15 ...

15 il clamera vers moi et je l'exaucerai

je suis avec lui dans la tribulation

je l'en arracherai et le glorifierai

1–16 Dieu sauve de l’angoisse Jb 5,19-22 15 “Il m’appelle et je lui réponds” Jr 33,3 “Je suis près de lui” Is 43,2
Crampon

16 Je le rassasierai de longs jours, et je lui ferai voir mon salut. »

16 De longs jours pour l’homme fidèle Dt 6,2 ; Jb 5,26 ; Ps 21,5 ; Pr 3,2 ; 10,27

Réception

Liturgie

1–16 LITURGIE JUIVE (rite séphardi) Ce psaume est chanté dans les Zemirot du samedi matin et des fêtes. Il est également inclus dans les parties conclusives de l'office du samedi soir après Ps 90,13-17 (sauf quand il y a une fête solennelle dans la semaine suivanteà et dans le service funèbre.

Arts visuels

1–16 Sainte Thérèse et les anges du Seigneur

20e s.

  • « Je ne veux plus que tu converses avec les hommes, mais avec les anges ». 

George Desvallières (1861-1950), Sainte Thérèse d’Avila et les anges, (Huile et essence sur papier, ca. 1929), 80 x 62 cm

Collection particulière, Paris, consulté sur internet→, © SEBERT.

En 1927, le projet d’illustration de sainte Thérèse d’Avila de Louis Bertrand (CR 1991) est envisagé et l’artiste compose et expose alors un cycle sur la sainte mystique. Ce grand panneau, dont on ne connait pas de petit format, représente l’illustration de la sentence mystique : « Tu ne parleras plus qu’aux anges », (Garreau, 1942, p. 145).

Louis Bertrand précise la phrase du Christ entendue par la sainte carmélite : « Je ne veux plus que tu converses avec les hommes, mais avec les anges », parole qui effraie tout d’abord la carmélite avant la grande consolation qui l’envahit quand elle avoue : « Jamais plus je n’ai pu me fixer en amitié, ni avoir consolation, ni amour particulier, si ce n’est avec des personnes qui de toute certitude pour moi, ont elles-mêmes l’amour de Dieu et sont zélées pour le servir... » (Bertrand, p. 171-172).

Le peintre, imprégné de la lecture de ce livre depuis qu’il songe à son illustration, compose, dans un camaïeu de lumière, sous les traits de sœur Marie de la Grâce, sa fille Sabine, clarisse, cet émerveillement de la carmélite au milieu des anges qui conversent avec elle. Une reproduction de la scène illustre l’article écrit par le père Couturier en fin d’année 1933, en hommage à son maître, publié dans L’Artisan Liturgique.

Liturgie

1–7.11–16 Qui habite dans le secret du Très-Haut Trait

« Qui habitat »

Traditionnel, Trait - Qui habitat

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 91,1-7.11-16

15s.1 Il m'invoquera Introït

« Invocabit me »

Traditionnel, Introït - Invocabit me

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 91,15s.1

Musique

1–16 Reste avec moi, Dieu mon abri

19e s.

Henry Francis Lyte (1793-1847), Abide With Me, 1861

Stephen Cleobury (dir.), King's College Choir, Cambridge

© Licence YouTube standard→, Lc 24,29  1Co 15,55  Ps 91,1-16

Paroles

1. Abide with me; fast falls the eventide; the darkness deepens; Lord, with me abide. When other helpers fail and comforts flee, Help of the helpless, O abide with me. 2. Swift to its close ebbs out life's little day; earth's joys grow dim; its glories pass away; change and decay in all around I see; O thou who changest not, abide with me. 3. I need thy presence every passing hour. What but thy grace can foil the tempter's power? Who, like thyself, my guide and stay can be? Through cloud and sunshine, Lord, abide with me. 4. I fear no foe, with thee at hand to bless; ills have no weight, and tears not bitterness. Where is death's sting? Where, grave, thy victory? I triumph still, if thou abide with me. 5. Hold thou thy cross before my closing eyes; shine through the gloom and point me to the skies. Heaven's morning breaks, and earth's vain shadows flee; in life, in death, O Lord, abide with me.

Reste avec moi, le soir tombe vite ; l'obscurité s'épaissit ; Seigneur, reste avec moi. Quand nos autres aides s'évanouissent et que le réconfort nous fuit, Secours de ceux qui sont sans secours, oh reste avec moi. Le petit jour de la vie reflue rapidement vers sa fin ; les joies de la terre deviennent ternes, ses gloires passent. Je vois le changement et la dégradation dans tout ce qui m'entoure. Ô toi qui ne changes pas, reste avec moi. J'ai besoin de ta présence à chaque heure qui passe. Qu'est-ce qui peut contrecarrer le pouvoir du tentateur, si ce n'est ta grâce ? Qui, autant que toi, peut être mon guide et mon abri ? À travers les nuages et le soleil, Seigneur, reste avec moi. Je ne crains aucun ennemi, avec toi près de moi pour me bénir ; les mauvais n'ont aucun poids, et les larmes aucune amertume. Où est l'aiguillon de la mort ? Où est, tombeau, ta victoire ? Je triomphe encore, si tu restes avec moi. Tiens ta croix devant ems yeux qui se ferment ; brille à travers l'obscurité, et montre-moi le ciel. Le matin du paradis se lève, et les ombres vaines de la terre s'enfuient. Dans la vie, dans la mort, ô Seigneur, reste avec moi.

Composition

Abide with Me est une hymne chrétienne écrite par l'anglican Henry Francis Lyte en 1847, et le plus souvent chantée sur la musique d'Eventide par William Henry Monk composée en 1861. Lyte a écrit le poème sur son lit de mort, gravement atteint par la tuberculose ; il mourut trois semaines après avoir achevé son chant. L'hymne est utilisée pour des cérémonies religieuses et militaires dans tout le Commonwealth, et par des supporters, notamment dans la Coupe d'Angleterre de football et la Coupe d'Angleterre de rugby à XIII. Elle figure également dans de nombreux films et cérémonies officielles telles que la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'été de 2012. Il existe une version française écrite par Jacques-François « Francis » Chaponnière en 1881.

Histoire des traductions

15b je serai avec lui dans la détresse

Philosophie

15 Validité de la prière pour soi

Pour la gloire de l'Histoire d'Israël

  • Levinas Nations « La vraie prière n'est [...] jamais pour soi, jamais pour ses besoins [Tradition juive Pr 15,8]. Rabbin Haïm l'affirme explicitement. Instituée par les hommes de la Grande Synagogue comme remplaçant les sacrifices quotidiens du temple détruit ou éloigné, comment les aurait-on mêlés aux demandes humaines ? Les sacrifices quotidiens du temple n'étaient-ils pas de quotidiens holocaustes ? La chair offerte ainsi au temple ne devait-elle pas se consumer entièrement sans rien laisser à l'offrant ? Concernant le particulier, peut-il parler de ses besoins égoïstes en priant et compromettre ainsi le pur dés-inter-essement de l'holocauste ? Peut-on d'ailleurs demander en priant l'adoucissement de nos souffrances humaines ? Les souffrances ne signifient-elles pas expiation des péchés ? "Pas de souffrance sans faute", dit le traité b. Šabb. 55a. [...] Mais le Talmud lui-même n'a-t-il pas recommandé de joindre, aux prières qui glorifient l'Éternel, des supplications pour ses épreuves personnelles ? Cela ne serait admis que pour les épreuves qui nous frappent à travers la détresse de tout Israël, à partir du danger qui menace le peuple de la Révélation, persécuté et honni. Israël n'est-il pas la manifestation même, parmi les hommes, de la gloire et du message divins ? N'est-il pas le porteur et le sujet de l'Histoire sainte ? Et la persécution d'Israël n'est-elle pas la profanation du Très-Haut ? Peut-on ne pas invoquer Son Nom, quand Son Nom est abaissé ? Mon moi n'est pas une raison suffisante pour ma prière. C'est pour la gloire de l'Histoire sainte et de sa vérité que la supplication est autorisée pour moi-même, sans ravaler le rapport à Dieu à un souci pour moi-même » (148-149).

Pour la souffrance de Dieu qui souffre

  • Levinas Nations « La souffrance humaine de l'individu serait-elle condamnée au silence ? L'autorisation talmudique de prier pour soi exclut-elle absolument les demandes du moi malheureux ? Prier pour son propre malheur ne serait jamais, d'après rabbi Haïm de Volozine, l'ultime intention d'une pieuse prière, de la prière du juste. La finalité de toute prière reste le besoin que le Très-Haut a de la prière des justes pour faire exister, pour sanctifier et pour rehausser les mondes [Tradition juive Pr 15,8]. Mais, dans la mesure où la souffrance de chacun est déjà la grande souffrance de Dieu qui souffre pour lui, pour cette souffrance qui, "mienne", est déjà sienne, divine, le moi qui souffre peut prier et, dès lors, il peut prier pour soi : il prie pour soi-même en vue de faire cesser la souffrance de Dieu qui souffre dans la souffrance du moi [Philosophie Is 63,9]. Le moi n'a pas à prier pour sa propre souffrance : Dieu, avant toute demande est déjà avec le moi. Ne dit-pas : "(Ps 91,15b)" ? » (149).

Comparaison des versions

15 V—IUXTA HEBR.

  • il m'invoquera et je l'exaucerai | avec lui je serai dans la tribulation je le délivrerai et le glorifierai.

16 V—IUXTA HEBR.

  • D'une longue suite de jours je l'emplirai | et je lui montrerai mon salut.

Texte

Vocabulaire

15c V—IUXTA G  Le verbe eripio signifie d'abord « tirer brusquement hors, mettre dehors, faire sortir, arracher, retirer, emporter » et par suite « ôter, ravir, enlever, arracher de force » enfin « délivrer de, affranchir, etc. ».