La Bible en ses Traditions

Sagesse 15,1–19

G V
S

Mais toi, ô notre Dieu, tu es bon et vrai

patient et gouvernant tout avec miséricorde.

...

Lors même que nous péchons, nous sommes à toi

connaissant ta puissance

mais nous ne pécherons pas, sachant

Vet si nous ne péchons pas, nous savons que nous sommes comptés parmi les tiens.

...

Te connaître est la justice parfaite

et savoir Vta justice et ta force est la racine de l’immortalité.

...

G
V
S

Car ni l’invention humaine d’un art mauvais ne nous a égarés

ni le travail infructueux d’un peintre

représentation barbouillée de diverses couleurs

Car ni l’invention humaine d’un art mauvais ne nous a égarés

ni l'ombre de la peinture, travail sans fruit

représentation sculptée de diverses couleurs

...

G V
S

dont l’aspect excite la concupiscence de l’insensé

et lui fait désirer la représentation inanimée d’une image morte.

...

G
V
S

Amants du mal et dignes de telles espérances

ceux qui les fabriquent, ceux qui les aiment, ceux qui les adorent.

Les amants du mal sont dignes d'avoir espérance en de tels [objets]

ceux qui les fabriquent, ceux qui les aiment, ceux qui les adorent.

...

En effet, le potier qui pétrit laborieusement la terre molle

façonne chacun pour notre usage

et de la même argile il a modelé les ustensiles domestiques des travaux purs

et les ustensiles contraires, tous pareillement

quel est l'emploi de chacun d’eux

c’est le potier qui est juge.

En effet, le potier qui pétrit laborieusement la terre molle

façonne chacun des ustensiles pour notre usage

et de la même argile il modèle les ustensiles qui sont purs dans l'usage

et pareillement les ustensiles qui leur sont contraires

quel est l'emploi de ces ustensiles

c’est le potier qui est juge.

...

Et, par un mauvais travail, il façonne de la même argile un dieu vain

lui qui né de terre depuis peu

retourne bientôt d’où il a été tiré

quand on lui demandera de restituer son âme.

Et, par un travail, il façonne de la même argile un dieu vain

lui qui avait été fait de terre depuis peu

et retourne bientôt d’où il a été tiré

quand on lui demandera de restituer l'âme qu'il avait.

...

G V
S

Pourtant il n'a cure de ce qu'il s’épuise

ni de ce qu'il a une vie

Vque sa vie est courte

mais il rivalise avec ceux qui travaillent l’or et l’argent

il imite ceux qui travaillent l’airain

et met sa gloire à exécuter des faux

Vchoses inutiles.

...

10 Son cœur est de la cendre

son espérance est plus vile que la terre

Vune terre inutile

et sa vie est plus vile que l’argile.

10 ...

11 Parce qu'il méconnaît celui qui l’a fait

qui lui a inspiré une âme active

Vqui agit

et a mis en lui

Vlui a insufflé un souffle vital.

11 ...

G
V
S

12 Ils pensent que notre vie est un amusement

et l'existence une foire lucrative

car il faut, disent-ils, acquérir par tous les moyens, même le mal.

12 Ils pensent que notre vie est un amusement

et la conduite de vie disposée pour le profit

et qu'il faut acquérir par tous les moyens, même le mal.

12 ...

G V
S

13 Car celui-là, plus que tous, sait qu'il pèche

lui qui, de la matière terreuse, façonne des objets fragiles et des idoles.

13 ...

14 Mais ils sont tous Gtrès insensés et plus malheureux que l’âme d’un petit enfant

les ennemis de ton peuple qui l'ont dominé

Vet ceux qui le dominent.

14 ...

15 Parce qu'ils ont aussi considéré comme des dieux toutes les idoles des nations

qui n'ont pas usage de leurs yeux

Vdont la vue des yeux n'est pas pour voir

ni leurs narines pour respirer l’air

ni leurs oreilles pour entendre

ni les doigts de leurs mains pour toucher

et dont les pieds sont incapables de marcher.

15 ...

16 Car c’est un homme qui les a faites

et c’est celui à qui on a prêté le souffle qui les a façonnées.

Il n’est pas d’homme qui puisse façonner un dieu semblable à lui

16 ...

G
V
S

17 étant mortel il produit de ses mains iniques une œuvre morte

car il vaut mieux que ce qu’il adore

parmi eux il a vécu, mais eux jamais eue.

17 en effet, comme il est mortel, il produit de ses mains iniques une œuvre morte

car il vaut mieux que ceux qu’il adore

parce que, puisqu'il est mortel, il a vécu, mais eux jamais. 

17 ...

G V
S

18 Ils adorent les animaux les plus odieux

car, jugés d’après la stupidité

Vcomparés à eux stupidement, ils sont pires que les autres.

18 ...

G
V
S

19 Il n’y a rien de bon en eux qui les fasse désirer comme à la vue d’autres animaux

ils échappent à la louange de Dieu et à sa bénédiction.

19 Mais à leur vue, l'on ne peut rien apercevoir de bon de ces animaux

ils échappent à la louange de Dieu et à sa bénédiction.

19 ...

Contexte

Milieux de vie

14,1–15,19 RELIGION Idoles dans la Mésopotamie ancienne

Chalcolithique

Anonyme, idole aux yeux (sculpture sur albâtre de gypse, ca. 3700–3500 av. J.-C., Uruk moyen : idole ? offrande ?) 6.5 x 4.2 x 0.6 cm, Tell Brak, Syrie

Met Fifth Avenue, Gallery 402

Public Domain © Metropolitan Museum→, New York

Des milliers de figurines de ce type, connu sous le nom d'« idole aux yeux », en pierre avec des yeux incisés, ont été découvertes à Tell Brak, dans un bâtiment qui s'appelle maintenant le Temple de l'œil. Elles y ont probablement été dédiées comme offrandes. Beaucoup sont incisées avec plusieurs jeux d'yeux, d'autres avec des bijoux, et d'autres encore avec des représentations d'enfants — des yeux et un corps plus petits gravés sur le corps de la plus grande idole.

Ces grands yeux témoigneraient de l'attention portée aux dieux dans une grande partie de l'art mésopotamien et cependant « elles ont des yeux et ne voient pas... » (Ps 115,5-6). 

L'identification de ces figures reste l'objet de débats : certains archéologues voient dans de telles statuettes non des objets rituels mais... des poids étalonnés ou des poids de métiers à tisser, voire des chenets qui auraient été disposés autour d'un foyer. 

Domaine akkadien

Anonyme, Stèle de victoire de Narâm-Sin, roi d'Akkad (calcaire gréseux, ca. 2350-2000 av. J.-C.), 200 x 105 cm

Musée du Louvre→, département des antiquités orientales

© CC BY-SA 3.0 FR→

Le roi Narâm-Sin, victorieux, représenté au sommet de la stèle, en héros deux fois plus grand que les autres humains, coiffé d'une tiare à corne : peut-être ici pour la première fois dans l'art, un homme est élevé au statut divin ? Cette stèle nous ferait ainsi assister presque en direct à la « naissance » de l'idololâtrie visuelle d'un être humain.

L'histoire de l'art reconnaît également dans cette stèle le premier exemple connu de l’introduction du paysage : une montagne dans le monde, des arbres et des disques mi-étoiles/mi-soleil qui sont peut-être une représentation des dieux.

Domaine paléo-babylonien

La plaque Burney, appelée aussi La Reine de la Nuit, est un relief en terre cuite daté de la période paléo-babylonienne (sous le règne du roi Hammurabi).

Anonyme, Reine de la nuit (terre cuite, découverte à Babylone, ca.1800-1750 av. J.-C.), 49,5 x 37 x 4,8 cm

British Museum→, Londres

© CC BY 2.5→

Une femme nue portant une coiffe à cornes tient un bâton et un anneau de justice. Il s'agit peut-être de la déesse Ishtar, de la déesse Ereshkigal ou de la démone Lilith. Les orbites aujourd'hui vides étaient sans doute garnies de pierres semi-précieuses ou de verreries imitant la transparence des yeux : même alors, elle eut « des yeux et ne vit pas » (Ps 115,5-6)

Les chromatismes reconstitués suggèrent le pouvoir de fascination qu'exerçaient de telles figures :

Anonyme, Reine de la nuit (terre cuite), 49,5 x 37 x 4,8 cm

British Museum→, Londres

© CC BY-SA 2.0 FR→