Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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2 MQuant à Saül Mil demeurait à l’extrêmité de Gibéa
VGabaa
sous le grenadier qui était à Migrôn
GMagdôn
VMagron
et le peuple qui était
Gil y avait avec lui M Vétait d'environ six cents hommes.
2 ...
3 Et Ahiyya
GAchia
VAhias, fils d’’Ăḥiṭûb
GAchitôb
VAhitob, frère d’Ikabod
VIcabod, fils de Phinées
VFinéès
fils
Vqui était né d’Éli
VHéli, prêtre de YHWH
Vdu Seigneur à Silo, portait l’éphod.
Mais le peuple ne savait pas que Jonathan s’en était allé.
3 ...
4 Et entre les passages par lesquels Jonathan cherchait à passer vers le poste des Philistins
il y avait une dent de rocher d’un côté
et une dent de rocher de l’autre côté :
le nom de l'une Boses et le nom de l’autre Séné.
4 Et au milieu de la traversée, là où Jonathan cherchait à traverser vers le dispositif des étrangers
il y avait un éperon rocheux d'un côté et un éperon rocheux de l'autre :
le premier avait nom Bazes et l'autre avait nom Senna.
4 Dans les passages entre lesquels Jonathan cherchait à s'infiltrer vers le poste des Philistins
il y avait des roches saillantes des deux côtés
un peu comme des dents en pierre acérées de part et d'autre :
le nom de l'une « Bosès » et le nom de l’autre « Séné ».
5 L’une des dents se dresse
VUn rocher s'avançait vers le nord vis-à-vis de Mikmas
VMacmas
et l’autre du côté du midi vis-à-vis de Gibéa
VGabaa.
5 Le premier chemin, au nord, menait à Machemas
et l'autre chemin, au sud, menait à Gibéa.
5 ...
6 Et Jonathan dit au jeune homme qui portait ses armes :
— Viens et traversons jusqu'au poste
Gvers Messad de ces incirconcis !
Peut-être YHWH
G Vle Seigneur agira-t-il pour nous
car rien n’empêche YHWH
Grien ne retient le Seigneur
Vil n'est pas difficile au Seigneur de sauver soit par un grand nombre soit par un petit nombre ?
6 ...
7 Et celui qui portait ses armes lui dit :
— Fais tout ce qui est dans
Vplaît à ton cœur
va où tu désires, me voici
Vje serai avec toi selon ton cœur
Vpartout où tu voudras.
7 Et celui qui portait ses armes lui dit :
— Fais tout ce vers quoi ton cœur incline.
Me voici avec toi : comme est ton cœur est mon cœur.
7 ...
8 Et Jonathan dit : — Voici, nous traversons vers ces hommes
et Valors que nous nous montrerons à
Gdéboulerons vers eux
8 ...
9 s’ils nous parlent ainsi : « — Restez en silence
GRestez à l'écart
VNe bougez pas jusqu’à ce que nous venions à vous »
Gvous informions »
Vmontions à vous »
nous resterons à notre place et nous ne monterons pas vers
Gcontre eux ;
9 ...
10 mais s’ils disent ceci
Mainsi : « — Montez vers nous »
nous monterons car YHWH
Vle Seigneur les aura livrés entre nos mains.
Tel sera pour nous le signe.
10 ...
11 Ils se montrèrent
Gentrèrent Mdonc l'un et l'autre au poste des Philistins
Gdans Messab des étrangers
et les Philistins dirent
Gétrangers disent :
— Voici les Hébreux qui sortent des trous Glà où ils s’étaient cachés.
11 ...
12 Et les hommes du poste parlèrent
Gde Messab répondirent à Jonathan et à celui qui portait ses armes
et dirent
Gdisent : — Montez vers nous et nous vous ferons savoir quelque chose.
Et Jonathan dit à celui qui portait ses armes :
— Monte après moi
Montons, suis-moi,
car YHWH
Vle Seigneur les a livrés dans la main
Gaux mains d'Israël.
12 ...
13 Et Jonathan monta Ven grimpant avec ses mains et avec ses pieds
et celui qui portait ses armes derrière lui.
Et ils
Vainsi les uns tombaient devant Jonathan
et celui qui portait ses armes Mles tuait Vles autres en le suivant.
13 Et Jonathan monta sur ses mains et sur ses pieds
et celui qui portait ses armes derrière lui.
Et ils regardèrent le visage de Jonathan et il les frappa
et celui qui portait ses armes poursuivait derrière lui.
13 ...
14 Ce fut le premier massacre par lequel Jonathan et celui qui portait ses armes frappèrent :
presque vingt hommes sur la moitié d'un arpent de terre
Vqu'une paire de bœufs a l'habitude de labourer en un jour.
14 Et ce fut le premier coup que frappèrent Jonathan et celui qui portait ses armes :
environ vingt hommes
avec des projectiles et des cailloux de la plaine.
14 ...
15 Et l’épouvante
Vl’étonnement fut dans le camp, dans la campagne
Và travers les champs
et tout le peuple du
Vde leur poste et l’armée de destruction
Vqui allaient pour piller
furent frappés de stupeur et la terre fut troublée :
et ce fut une terreur
Vil arriva comme un prodige de Dieu.
15 Et ce fut l'épouvante dans le camp et dans la campagne
et tout le peuple, ceux qui était à Messab et ceux qui détruisaient furent épouvantés et ils ne voulaient pas agir
et le pays fut saisi d'effroi
et ce fut une épouvante qui venait du Seigneur.
15 ...
8,1–31,13 Saül, héros d'opéra
Georg Friedrich Haendel, né à Halle en 1685, mort à Londres en 1759, montra très tôt des dons exceptionnels pour la musique. Organiste de la cathédrale de sa ville natale, il part pour Hambourg en 1703, où l'on joue ses premiers opéras en 1705. En 1710, il s'installe à Londres où il impose l'opéra italien à un public qui en ignorait presque tout. En 1719, il est nommé directeur de l'Académie Royale de Musique. Trois ans plus tard, il est naturalisé anglais.
Le théâtre a été au centre des activités de Haendel tout au long de sa vie. Des 39 opéras qui nous sont parvenus, tous, sauf trois, furent composés pour Londres. Destinés à un public aristocratique, ils conservent beaucoup des caractéristiques des opéras de cour de l'époque, en particulier l'utilisation de chanteurs virtuoses. Tous appartiennent à la tradition de l'opera seria ; l'œuvre est construite sur le récitatif et l'aria, les rôles masculins principaux sont confiés à des castrats, l'emploi des ensembles et des chœurs est restreint. La plupart des intrigues sont construites sur des thèmes classiques ou historiques, certaines font appel au fantastique et au merveilleux (Alcina, Orlando). Parmi les plus célèbres, citons : Tamerlano, Rodelinda, Orlando, Ariodante, Xerse. Vers la fin de sa vie, Haendel reporta une partie de son génie dramatique sur l'oratorio (Samson, Jephta, le Messie) ; il put s'y libérer de l'emprise de l'aria da capo et proposer une écriture vocale nouvelle.
Charles Jennens (1700-1773) était un riche propriétaire, musicien amateur et homme de lettres qui soutenait la « cause » haendélienne depuis le début. On suppose que c’est en 1735 qu’il soumit au compositeur le livret de Saül. Mais le moment était mal choisi, Haendel n’ayant pas encore renoncé à ses ambitions italiennes, et le livret atterrit probablement dans un tiroir. Il n’en sortit qu’en 1738, après l’échec d’une souscription lancée par Heidegger pour une nouvelle saison d’opéra. Le 23 juillet, Haendel mettait sur papier les premières notes de Saül dont il acheva la première mouture en août. Il interrompit la composition entre le 9 et le 20 septembre et termina l’œuvre – après une révision profonde, surtout de la dernière partie – le 27 septembre. Trois jours plus tard, il en était déjà à esquisser Israël en Egypte…
A 53 ans, il ouvrait une nouvelle époque de sa vie. Saül allait être produit au King’s Theatre, loué à Heidegger, selon le schéma déjà utilisé en 1736, dans le cadre d’une saison construite autour d’œuvres anglaises données en concert. Saül inaugura la série le 16 janvier 1739 et fut donné quatre fois. Le succès ne fait aucun doute, comme le démontrent de nombreux témoignages. Le rôle de David, écrit initialement la mezzo-soprano Marchesini fut repris par un Mr. Russell, probablement un ténor qui dut le transposer ; lors des reprises – cinq à Londres, entre 1740 et 1754, et une, triomphale, à Dublin en 1742 – le rôle traversa tous les registres, depuis sopranos jusqu’aux basses, en passant par le castrat Andreoni pour qui on le traduisit en italien ; à Dublin on le confia naturellement à Mrs Susannah Cibber, premier alto du Messie, et tragédienne de génie. Comme la plupart des drames bibliques de Haendel, Saül ne disparut jamais du répertoire, tant en anglais qu’en traduction allemande, faisant souvent l’objet de productions théâtrales.
Inspiré par un livret admirablement construit, dans lequel Jennens parvient à resserrer les épisodes du Premier livre de Samuel, et à en extraire l’essence des conflits humains (il y ajoute celui de Merab, judicieusement emprunté à un autre écrivain), Haendel produit un drame d’une grandeur et d’une force exceptionnelles, littéralement inédites dans la musique de son siècle. La tragédie progresse à grands pas, ignorant l’unité de lieu et de temps, toute entière vouée à l’exaltation des passions humaines et aux leçons profondes qu’il faut tirer du spectacle de leur périlleux empire.
Saul : basse ; David : ténor ; Jonathan : ténor ; Michal : soprano ; Merab : soprano ; Grand’Prêtre : ténor ; Sorcière d’Endor : alto ; Samuel : basse ; Doeg : ténor ; Amalekite : ?
Une ouverture en quatre mouvements et un grand tableau triomphal – l’Epinicion – à la gloire de David, vainqueur de Goliath – plantent le décor (How excellent ! – an infant raised – Along the monster – The youth inspired). Michal, la fille de Saül que David aimera, annonce l’arrivée du « divin adolescent » (Oh, godlike youth). Celui-ci entre en scène tenant la tête ensanglantée de Goliath. Saül l’invite à rester auprès de lui, en lui proposant d’épouser sa fille. David accepte les faveurs, mais refuse l’éloge : Dieu est seul responsable de ses victoires (O King, your favours). Jonathan, fils de Saül, est émerveillé par tant de vertu, alors que Merab, sa sœur, s’en offense (What abject thoughts). Mais Jonathan n’a cure de la basse extraction de David (Birth and fortune). Saül offre à David la main de Merab qui la rejette avec mépris (My soul rejects), à l’étonnement de sa sœur, Michal (See, with what a scornful air). Le temps passe (Sinfonia). Le carillon annonce le retour des deux guerriers, Saül et David, mais les louanges maladroites du peuple (Welcome, welcome) dressent le Roi contre son jeune vassal. La fureur de Saül (With rage I shall burst) n’a semble-t-il étonné personne : sa fille Michal confirme qu’il s’agit d’une vieille maladie (Fell rage and black despair), et que seule la lyre de David peut apaiser les souffrances du Roi ; hélas, la thérapie semble avoir perdu toute efficacité.
Les paroles de David (O Lord, whose mercies) restent sans effet sur Saül qui lance son javelot sur le chanteur (A serpent in my bosom warmed). L’ayant raté, il ordonne à Jonathan de le poursuivre et le tuer. Merab condamne son père fantasque (Capricious man), alors que Jonathan proteste (Oh, filial pietry ! – No, cruel father). Le chœur prie Dieu de préserver David de la fureur meurtrière de Saül (Preserve him) ;
Le chœur déplore la fatale jalousie qui s’est emparée du cœur de Saül (Envy ! eldest born of hell). Jonathan jure son amitié à David (But sooner Jonathan stream) qui aime Michal (Such Haughty beauties). Jonathan tente à nouveau de calmer son père (Sin not, o king) qui feint une guérison (As great Jehovah) à la plus grande joie de Jonathan (From cities stormed) ; Saül accepte de donner Michal à David, en espérant le faire tuer par ses ennemis. Michal et David échangent leur vœux (duo : Of fairest of ten thousand fair), et le peuple approuve leur union (Is there a man). Le temps passe à nouveau (Sinfonia) Saül n’est pas guéri : il a de nouveau lancé son javelot sur David. Michal sauve le jeune homme in extremis (duo : At persecution I can laugh) lorsqu’un messager du roi vient le chercher avec des intentions évidentes. Michal ne tremble pas (No, let the guilty tremble), tandis que David est parvenu à gagner le cœur de sa belle-sœur Merab, horrifiée par la cruauté de Saül (Author of peace). (Sinfonia). Saül ne pouvant atteindre David, lève la main sur son propre fils Jonathan. Le chœur réagit avec horreur et crainte (O fatal consequence). Ouvert et clos par une fresque chorale, le IIe acte a mené la tragédie à son point culminant.
Saül visite la grotte de la Sorcière d’Endor, et sollicite l’oracle (accompagnato : Wretch that I am). La Sorcière invoque l’esprit du prophète Samuel (infernal spirits). De sa bouche, Saül reçoit l’impitoyable verdict : il sera tué avec son fils Jonathan. (Sinfonia). Après la bataille, un Amalécite en informe David. (Marche funèbre). En symétrie avec la cérémonie triomphale du début, la tragédie s’achève sur un tableau funèbre auquel participent David, Michal, Merab et le Grand prêtre, hommage idéalisé au roi défunt et à son fils (Mourn Israel – From This unhappy day – Brave Jonathan – Eagles were not so swift – In Sweetest harmony – O fatal day – Gird on thy sword).
Bibliographie : Piotr ; Programme Opéra national de Paris, Jules César, saison 2010-2011, p.19.
Mille et un opéras (Les Indispensables de la musique), Paris: Fayard, 2004