Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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23 ...
23 Et il y avait un grand dragon et les Babyloniens le vénéraient.
23 ÷ Et le roi dit à Daniel : — Voici que maintenant tu ne peux pas dire que celui-ci n'est pas un dieu vivant ? Adore-le donc.
24 ...
24 Et le roi dit à Daniel : — Tu ne peux pas dire que celui-ci n'est pas un dieu vivant. Adore-le donc.
24 ÷ Et Daniel dit : — J’adore le Seigneur mon Dieu parce que lui est le Dieu vivant.
25 ...
25 Et Daniel dit : — J'adore le Seigneur mon Dieu parce que c'est lui le Dieu vivant.
Mais toi, ô roi, donne-moi la permission et je tuerai le dragon sans glaive ni bâton.
25 ÷ Mais toi, ô roi, donne-moi le pouvoir et je tuerai le dragon sans glaive ni bâton
et le roi dit : — Je te le donne.
26 ...
26 Et le roi dit : — Je te la donne.
26 ÷ Daniel prit donc de la poix et de la graisse et des poils
et les fit cuire ensemble et en fit des masses
et il les jeta dans la gueule du dragon et le dragon creva.
Et il dit : — Voilà ce que vous vénériez.
27 ...
27 Et Daniel prit de la poix et de la graisse et des poils
et il fit bouillir le tout ensemble et en fit des gâteaux
et il les mit dans la gueule du dragon et les ayant mangés le dragon creva.
Et il dit : — Voyez ce que vous vénériez.
27 ÷ Et lorsque les Babyloniens l’apprirent, ils furent extrêmement indignés et s'étant rassemblés contre le roi ils dirent :
— Le roi est devenu juif
il a détruit Bel, tué le dragon et massacré les prêtres.
1–27 Deux représentations de Daniel devant l'idole Bel L'épisode de Daniel et les prètres de Bel a suscité l'intérêt des plus grands artistes
Daniel, en retrait dans l'ombre, dévoile peu à peu au roi Cyrus sa crédulité. Voit-on là le premier passage, où le roi, montrant les récipients vides de son sceptre, demande à Daniel : « Bel ne te semble-t-il pas être un dieu vivant ? Ne vois-tu pas tout ce qu’il mange et boit chaque jour ? » (Dn 14,5) ou bien le retour dans le temple après la nuit qui est ici représenté ? La signature de
, comme tracée dans la cendre déposée sur le sol sous la table d'offrandes pour exposer la tromperie des prêtres de Bel, et le visage effrayé de ces derniers à l’arrière-plan laissent supposer qu’il s’agit plutôt de la fin de l’épisode.Au centre de la gravure, surplombant ses adversaires, Daniel dénonce l'idole Bel. Son regard orienté vers le haut indique qu'il s'adresse à une autorité, vraisemblablement le roi. Ses mains dirigées vers Bel évoquent le moment où Daniel dit au souverain que son idole est incapable de manger, qu'elle n'est faite que d'argile et d'airain. Gustave Doré a probablement représenté l'instant où, après que Daniel ait dénoncé la tromperie, le roi prend la parole et s'exclame : « — Si vous ne me dites pas qui est celui qui mange ces nourritures, vous mourrez ! ». En arrière-plan, des prêtres inquiets pointent du doigt Bel, tandis que d'autres, en second plan, dénoncent Daniel. Au premier plan, certains prêtres sont abattus. Peut-être se doutent-ils de leur funeste destin.
26 Variations médiévales sur Daniel tuant le dragon Cette scène maintes fois représentée dans l'iconographie médiévale, apparaît aussi bien dans les bibles elles-mêmes que dans la littérature des « miroirs ».
C'est morcelé, en pièces, que le dragon est présenté dans cette Bible en images. Il n'est pas empoisonné, mais bel et bien découpé en morceaux. Dans la vignette supérieure, on aperçoit Daniel, un bâton de marche à la main, écouter le roi.
Les deux cases sont encadrées par deux inscriptions qui reprennent les versets Dn 14,26-27 de la Vulgate en latin médiéval abrégé : « Tulit [ergo] daniel pice[m] [et] adipe[m] [et] pilof [et] cox[it] parit[er] fec[it]q[ue] maffas» et « [et] dedit i[n] of drachom [et] dirupt[us] e[st] dracho [et] dix[it] ecce que colebaf.».
Voici une gravure colorée, précédée d'une légende, écrite en français moyen : « Comment Daniel detruit Bel et le dragon au quatorzième chapitre de Daniel. »
Revêtu d'une tunique rouge bordeaux et d'une ceinture, ce Daniel du Bas Moyen Âge s'empresse de jeter dans la gueule du dragon une masse en forme de pierre.
En arrière-plan, le prophète semble s'être procuré les ingrédients chez le diable. Serait-ce une licence artistique ?
Dans cette miniature, comme dans les paragraphes qui l'encadrent, un rapprochement est fait entre Daniel empoisonnant le dragon et le diable qui tente Jésus en Mt 4,1-11. En effet, le diable à l'arrière-plan qui concocte la mixture est le même qui a tenté le Christ. Ce parallèle est attesté par la description du jeûne de Jésus qui flanque cette image :
Le diable représente le lien qui unit Daniel et Jésus : le premier met à mort les idoles gloutonnes, tandis que le second congédie la tentation par la faim : « Daniel qui détruit les dieux gloutons signifie Jésus-Christ qui confondit le diable qui le tenta de gloutonnerie ».
La typologie biblique était fréquente au Moyen Âge en général et dans la littérature du miroir en particulier. On retrouve ce même rapprochement dans le Speculum humanae salvationis tchèque.