La Bible en ses Traditions

Daniel 7,9–12

M V
G S

Je regardais jusqu’à ce que des trônes furent

Veurent été placés

et que l'ancien des jours s’assit :

son vêtement était blanc comme neige

et la chevelure

Vles cheveux de sa tête était pure

Vétaient comme une toison ;

Vune laine pure ;

son trône était des flammes de feu,

ses roues, un feu ardent ;

...

10 un fleuve de feu

Venflammé coulait et

Vet impétueux sortait de devant lui

Vsa face

mille milliers le servaient

et une myriade

Vdix mille de myriades

Vcentaines de milliers se tenaient devant

Vse tenaient près de lui...

Le tribunal siégeait et des livres furent ouverts.

10 ...

11 Je regardais alors, à cause du bruit des grandes choses

Vdu timbre des paroles grandioses que la

Vcette corne vociférait

je regardais, jusqu’à ce que

Vet je vis que                               la bête fût

Vavait été tuée, et Vque son corps détruit

Vpérissait et livré

Vqu'il était livré à l'embrasement du feu.

Vpour être consumé par le feu ;

11 ...

12 Et le reste des bêtes, on faisait passer leur domination

Vdes autres bêtes aussi, la puissance avait été ôtée

et la durée

Vdes temps de vie leur était

Vfurent donnée jusqu'à

Vassignés pour  un temps et une saison

Vun temps.

12 ...

Réception

Arts visuels

9 blanc c'est blanc Comment ne pas penser, devant tant de blancheur, si éblouissante même pour les traducteurs anciens (Comparaison des versions Dn 7,9), à un célèbre tableau ? 

Kazimir Malevich (1879-1935), Composition suprématiste : carré blanc sur fond blanc, (huile sur toile, 1918), 79.4 × 79.4 cm

Museum of Modern Art, New York (États-Unis)

Public Domain © Wikicommons→ 

Premier monochrome de la peinture contemporaine, le tableau de Malévitch est aussi l'un des plus célèbres. Malevitch a utilisé deux pigments blancs différents, le carré en blanc froid se détache sur le fond en blanc chaud.

Une expérience psycho-spirituelle ?

Le « suprématisme » artistique affirme la suprématie du sentiment pur dans l’équivalent visuel de la forme pure, dégagée de toute signification rationnelle ou irrationnelle. L’idéal recherché est un tableau ne renvoyant à aucune autre réalité que la sienne propre. L’artiste limite son lexique à des formes épousant la bidimensionnalité du médium. Le carré (forme préférée de Malevitch en tant que « scientifique » et non naturelle, basique, universelle), le cercle et la croix sont récurrents. Malevitch affirme vouloir capter une dimension qui fusionne et transcende le temps et l'espace, un univers infini en blanc, dans laquelle les formes évoluent librement : au spectateur de visualiser les formes, leurs positions multiples dans toutes les dimensions de l’œuvre.

Une expérience « sublime » ?

L’étymologie et le sens de l’adjectif latin sublimis demeurent énigmatiques. On peut le dériver de sub + limis/us ou limen.

  • Sub ne désigne pas seulement en latin un rapport d'infériorité, de voisinage ou de soumission : il marque un déplacement vers le haut et est rattaché à super, comme en grec hupo [ὑπό] à huper [ὑπέρ].
  • Limis (ou limus), « oblique, de travers ». L’adjectif qualifie le regard indirect et porté à la dérobée (tel celui de l'Athéna qui louche), ou bien un mouvement d'élévation non orthogonal au sol.
  • Limen, « limite, seuil ». Festus : le « sublime » vient du seuil supérieur, parce qu'il est au-dessus de nous. Serait ainsi désignée une expérience de dépassement « par en dessous », un moment et « surliminal » et subliminal, à la fois en-deçà et au-delà d’un seuil donné.

En faisant faire à l’Occidental l’expérience de la différence entre blanc et blanc, Malévich invite à un moment sublime : tout en restant dans le blanc, on dépasse le blanc.