La Bible en ses Traditions

Ézéchiel 2,6

M V
G S

Toi, fils d’homme, ne va donc pas les craindre

et ne crains pas

Vni redouter leurs paroles

Vdiscours

parce que des chardons et des épines

Vdes incrédules et des subversifs sont avec toi et c'est avec des scorpions que tu habites : 

leurs paroles, ne les crains pas et leurs visages, ne t'en effraie pas 

car ils sont

Vcar c’est une maison de rébellion !

Vexaspérante ! 

...

Texte

Procédés littéraires

6 des incrédules et des subversifs sont avec toi (V) INCULTURATION Allusion à la littérature classique ? Le fier grammaticus disciple de Donat qu’est Jérôme, semble ne pas résister au plaisir de nouer des liens entre le texte qu’il compose par sa traduction, et des passages de la grande littérature latine. L’elocutio (choix des mots) de Ez 2,6 semble ici faire écho à l’historien Tacite et son œuvre les Annales :

  • Le texte massorétique propose : סָרָבִים וְסַלּוֹנִים אוֹתָךְ
  • Jérôme traduit : « des incrédules et des subversifs sont avec toi (increduli et subversores sunt tecum)
  • On trouve chez Tacite : « Alors Pompée, consul pour la troisième fois, fut choisi pour réformer les mœurs et ses remèdes furent pires que ne l’étaient les fautes : à la fois auteur et destructeur de ses propres lois (legum suarum auctor idem ac subversor), il perdit par les armes ce qu’il voulait soutenir par les armes. (Tacite Ann.  III, 28)

Dans son Commentaire sur Ézéchiel, Jérôme précise ce qu'il entend par « subversores » : « Ils feront cela parce qu'ils sont incrédules et méprisent les commandements de Dieu. » (Hoc autem facient, quia increduli sunt et Dei imperia contemnentes) (Jérôme Comm. Ez.). Le sens de « mépriser » (contemnere) doit être compris non pas comme la négligence ou le dédain des commandements, mais comme leur renversement, voire leur destruction. C'est dans ce sens très précis que Tacite l'emploie également, lorsqu'il rappelle que Pompée détruisait les décrets qu'il avait lui-même édictés. Cette façon de s’exprimer n’est pas habituelle. Nous pouvons donc supposer que Jérôme a repris le mot de Tacite.

Anonyme, Femme tenant des instruments d'écriture (tablette de cire et stylet), (fresque, 1er s. apr. J.-C.), diam. 37,5 cm

Villa di Giulia Felice, Pompéi, Italie, Musée archéologique national de Naples, photo : Carole Raddato © CC-BY-SA-2.0→

 Parfois identifiée comme la célèbre poétesse Sapho, cette femme portant, songeuse, son stylet à ses lèvres — comme en quête du juste mot à écrire sur sa tablette de cire—, n'est-elle pas un beau symbole de la quête d'inspiration des auteurs antiques ?