La Bible en ses Traditions

Genèse 1,1

M S Sam
G V

Au commencement Dieu créa les cieux et la terre.

VICI COMMENCE LE LIVRE « BRESHIT »

VC'EST-À-DIRE : GENÈSE

Au principe, Dieu créa le ciel et la terre.

1,1–2,3 Deux récits de la création 2,4-25

Réception

Tradition chrétienne

1 Spéculations anciennes sur un/le « fils » à l’origine de tout ? Le curieux témoignage des ratures à la première ligne du Targoum Neofiti (1er-4e s. ap. J.-C. ?) Une spéculation sur un/le « fils » à l’origine de tout, réputée juive (cf. Philon d’Alexandrie Conf. 63) est appliquée au Christ en :

Tg. Neof. sur Gn 1,1 surcharge le premier v. de Gn, témoignant d’une intense réflexion sur ce qu’il en fut au commencement :

Targoum Neofiti, (Manuscrit sur parchemin, 1501-1517), folio 1 r.

Neofiti.1 Biblia. Vetus Testamentum. Pentateuchus [Ebraico]→, 450 folios, Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, © Biblioteca Apostolica Vaticana

Après Bᵉrēšît, le ms ajoute :

  • mlqdm’in bḥkmh br’a dîyyy (w)škll ... (= mileqadmin behokhmah bera’ diADONAÏ (we)seklal ...).

Targoum Neofiti (manuscrit sur parchemin, 1501-1517), Folio 1r, lignes 1-2

 Biblioteca Apostolica, Vatican © Biblioteca Apostolica Vaticana→

Cela peut se traduire :

  • «  Depuis le / Au commencement, avec /dans sagesse, créa -du Seigneur (et) acheva ... »

Les trois derniers mots du premier stique (bḥôkmt’a br’a yyy : dans la sagesse créa le Seigneur) semblent une surcharge explicative redondante, témoignant p.ê. de l’embarras causé par le texte originaire. De fait, le premier stique présente l’anomalie d’un complément du nom après un verbe (br’a dîyy : « -duSeigneur créa »). Faut-il penser que les mss portaient à l’origine br’a memra di-Adonaï : « la parole du-Seigneur créa ») mais que le memra fut omis pour éviter les interprétations chrétiennes ?

La trace d’un grattage du waw [« et / mais »] au début du deuxième stique (avant škll) suggère plutôt qu’on avait lu bara non comme un verbe (« créa ») mais comme un nom (bar : « fils ») à l’état emphatique (bar-’a : « le fils »),

  • ... bara’ diADONAÏ seklal... , soit : « le fils du Seigneur acheva »,

ce qui donnerait le sens suivant :

  • « Au commencement avec sagesse le fils du Seigneur confectionna | et paracheva le ciel et la terre. »

Il est difficile de rien conclure à partir d'un ms du début du 16e s. (qui pourrait aussi faire écho à des spéculations venues de la kabbale chrétienne), mais ces lignes sont en tout cas passionnantes, car elles ne sont pas sans antécédents chez les Pères de l’Église, qui appliquèrent eux aussi au Christ une spéculation réputée juive ur le « principe » ou la « tête » à l’origine de tout :

Autres réalités originaires ou protoctistes

Outre ces thèmes fondamentaux, une spéculation juive sur les principes présents à Dieu, premiers créés par lui au moment de la Création (les «→Protoctistes) a fleuri dès les époques de composition des Écritures. Le (nom du) messie figure régulièrement dans les listes qu’en donne la tradition rabbinique (→Préexistence du Messie ?).

Musique

1,1–2,7 La Création

20e s.

Aaron Copland,  In the Beginning (CD, 2015), 1947

 James Morrow (dir.), Susanne Mentzer (mezzo-soprano), University of Texas Chamber Singers

American Classics, Naxos, © License YouTube Standard→, © NaxosofAmerica

Composition

Cette œuvre représente l'histoire de la création, chantée a cappella, c'est-à-dire sans accompagnement instrumental. Aaron Copland la composa suite à une commande pour un Symposium sur la critique musicale à l'Université de Harvard. Chaque partie du texte est exprimée de manière appropriée au fur et à mesure que la musique se déroule avec une originalité sonore propre à Copland.