La Bible en ses Traditions

Isaïe 13,22

M V
G
S

22 les chacals

Vhiboux y répondront parmi ses veuves

Vlà dans ses temples

et les chiens sauvages

Vsirènes dans les temples

Vles palais de volupté.

MSon temps est près d'arriver, ses jours ne se prolongeront pas.  

22 Et les onocentaures habiteront là-bas

et les hérissons feront des petits dans leurs maisons

cela viendra vite et ne tardera pas.

22 ...

Réception

Arts visuels

1–22 sera comme Sodome et Gomorrhe que Dieu a détruites

Bible illustrée

Gustave Doré (1832-1883), Vision d'Isaïe de la Destruction de Babylone, (gravure sur bois, 1866), illustration de la → Bible de Tours

Wikimedia Commons→, © Domaine public

Musique

46,1–47,15 ; 13,1–22 Ouverture de Nabucco

19e s.

Giuseppe Verdi (1813-1901), Nabucco - Ouverture, 1842

Orchestre Symphonique de Radio Berlin

© License YouTube Standard→, 2Ch 36,1–23

Nabucco est un opéra en 4 actes qui évoque l'épisode biblique de l'esclavage des juifs à Babylone. L'Ouverture du premier acte introduit la prière des Hébreux au Seigneur pour leur venir en aide face aux troupes babyloniennes. Cet extrait contient la mélodie particulièrement célèbre du "Va pensiero" chanté par le choeur de la troisième partie.

Littérature

22 sirènes  (V) Inculturation et génie de Jérôme : Interpretatio romana Jérôme emploie le terme de « sirène » à deux reprises dans la Vulgate. La première fois, dans sa préface au Livre de Josué, où, reprenant l'image des chants des sirènes de l'Odyssée d'Homère, il s'exhorte à continuer l'exégèse des Prophètes et à s'élever au-dessus des critiques. Le terme de « sirène » apparaît une seconde fois dans Is13,22 : « les hiboux y répondront là, dans ses temples, et les sirènes dans les palais de volupté ».

Le commentaire de Jérôme sur Isaïe nous renseigne sur le sens du mot « sirène » et sur son origine. Il apparait clairement que Jérôme l'a trouvé dans les versions grecques de la Bible, notamment dans la Septante et chez Théodotion. La sirène (Σειρήν) traduit alors l'hébreu « thennim » lequel, selon Jérôme, est considéré comme un démon, un monstre ou un dragon doté d'une crête et capable de voler.

Ailleurs dans son commentaire, Jérôme note le décalage entre les appellations hébraïques et celles des versions grecques, en particulier celle de Théodotion :

  • Le nom des géants, dont le mot hébreu est geborim, c'est-à-dire les puissants, a été traduit par la Septante et la Théodotion selon les similitudes des fables des païens, de même qu'elles désignent aussi les Sirènes, les Titans, Arcturus, Hyades et Orion, qui sont appelés différemment par les Hébreux.Jérôme Comm. Isa.p. 226.

Il est intéressant de noter que certains des termes grecs désignant des personnages surnaturels ont été conservés dans la Vulgate de Jérôme. Mais Jérôme ne s'est pas arrêté là, il examine attentivement chaque traduction, comme en témoignent ses commentaires et ses choix.

Par exemple, au sujet du verset Is 13,22, concernant « thannim » en hébreu, il préfère la traduction d'Aquila, de Symmaque et de Théodotion à celle de la Septante :

  • Et là où les Septante disent : Les hérissons feront leur repaire dans leurs maisons, et où l'hébreu emploie thannim, Aquila, Symmaque et Théodotion ont traduit sirènes, désignant soit des bêtes, soit des démons, selon l'erreur des païens, qui chantent d'une voix douce et trompent les hommes, qui ne peuvent passer à travers le naufrage de ce monde sans se boucher les oreilles.Jérôme Comm. Isa. p.235

Anonyme, Louve romaine avec Romulus et Remus, (mosaïque, 300-400 ap. J.-C.), ca 95 x 95 cm, découverte à Aldborough (North Yorkshire)

Musée municipal de Leeds, Royaume Uni © CC SA 2.0→

Figure inversée d'inculturation romaine : dans le sourire dentu de l'animal mythique, la maladresse du mosaïste « britannique » contemporain de Jérôme traduit naïvement quelque chose de la rapacité impériale.