La Bible en ses Traditions

Isaïe 15,1–2

M V
G S

Charge « Moab » :

VFardeau de Moab :

—  Parce que pendant la nuit Ar Moab

VAr a été dévastée, elle est anéantie

VMoab s'est tu

parce que pendant la nuit Qir-Moab

Vle mur a été dévastée, elle est anéantie

Vdévasté, Moab s'est tu

...

M V
G
S

Dibon lui aussi est monté au temple, sur les hauteurs, pour une lamentation

sur Nebo et Madaba,

VNabo et Médaba, Moab se lamente

Vlamentera

sur toutes ses têtes, la calvitie, toute barbe est

Vsera rasée.

Pleurez sur vous-mêmes, car Dibôn est détruite : vous y aviez votre autel, montez y pleurer,

lamentez-vous sur Nebo de Moab, sur toutes ces têtes rasées, tous ces bras coupés.

...

Réception

Arts visuels

1–9 Prédication de la fin de l'exil

Peinture hollandaise

Maarten van Heemskerck (1498-1574), Le Prophète Isaïe prédisant le retour d'exil, (ca. 1560-1565)

Musée Frans Hals ou musée du Siècle d'Or, Pays-Bas

 © Domaine public→

Contexte

Repères historiques et géographiques

Texte

Vocabulaire

13,1 ; 15,1 ; 17,1 ; 19,1 ; 21,1.13 ; 22,1 ; 23,1 ; 30,6 Charge Polysemie: Une parole avec du poids qui peut lever

Lexicologie

Très souvent traduit par « oracle », le substantif massā’ vient de la racine ns’ « porter » ou « lever ».

Lexicographie et sémantique

Comme l'indiquent ses usages en Jr 23,33-34.36.38 ; 2R 9,25, le substantif retient l’ambiguïté du verbe : seul le contexte d'une occurrence donnée de massā’ permet de comprendre s'il réfère quelque chose qui (se) lève ou, au contraire, qui pèse.

Hors du contexte prophétique 

Le terme massā’ dénote 

  • une action :  « levée du visage » = favoritisme (2Ch 19,7) ; « levée de l’âme » = joie (Ez 24,25) ;

plus souvent : une chose à porter

En contexte prophétique : usage technique 

Le terme apparaît dans un usage singulier, comme une espèce de titre ou de rubrique, dans la littérature prophétique. 

  • Une fois, en Ez 12,10, massā’ se réfère à un acte prophétique, il ne signifie donc pas seulement une générique « énonciation » (de la phrase « lever la voix »).
  • 24 fois le nom introduit un ensemble de paroles prophétiques (le plus souvent en Is; Na 1,1; Ha 1,1; Za 9,1 ; 12,1 ; Ml 1,1). 
  • Le terme hébreu massā’ n'est généralement pas à l'état construit, et les massorètes le séparent nettement du terme qui le suit par un accent disjonctif : aussi est-il abusif de traduire ce dernier comme un complément déterminatifs du premier (par exemple : « oracle contre x », ou « oracle sur y »).

Le symbole linguistique massā’ semble réactiver alors ses connotations étymologiques : les thèmes les plus fréquents des paroles qu'il introduit sont la violence et le jugement. Le terme semble ainsi signaler que  le message qui le suit a de l'importance et de la gravité : du poids. Peut-être aussi, inversement,  que l'écoute qui en sera faite, la mise en pratique de ses injonctions a la capacité de (re)lever ceux à qui il s'adresse.

Choix des traductions compréhension des versions traditionnelles

  • M :  La Bible en ses traditions traduit ces occurrences de massā’s avec un léger étoffement par : « [Paroles à] charge ». Charge évoquant en français aussi bien un registre de violence (une charge de cavalerie) qu'un registre judiciaire (un dossier à charge). 
  • G traduit par horasis (« vision, apparence »).
  • V traduit par onus (« poids, fardeau ; peine, entrave ; obligation, lien ; taxe, tribut ; embryon ; selles, excréments »). Le littéralisme produit un effet saisissant, car le terme n'a jamais eu un tel emploi avant le latin biblique, aussi La Bible en ses traditions le traduit-elle par : « fardeau ».