La Bible en ses Traditions

Isaïe 21,1–2

M V
G
S

Charge « désert de la mer » :

VFardeau du désert de la mer :

comme les tourbillons dans le Néguev traversent depuis le désert,

Vdepuis l'Afrique viennent du désert, il vient d’une terre redoutable.

Vision du désert :

comme une tempête qui traverse le désert,

qui surgit du désert, terrifiante est la vision.

...

M G V
S

Une vision terrible m’a été annoncée :

le traître trahit

Vcelui qui est incrédule agit infidèlement

et le dévastateur dévaste.

Vcelui qui dépeuple dévaste.

Monte, Elam ! Assiège, Mède !

GLes Élamites sont sur moi, les chefs Perses arrivent à ma hauteur.

Je fais cesser tous ses gémissements.

GDésormais je gémirai et me consolerai seul. 

...

Réception

Musique

1–9 Elle est tombée, Babylone

20e s.

Bob Dylan (1941-), All Along the Watchtower, 1967

John Wesley Harding

© Licence YouTube standard→, Is 21,1-9

Paroles

There must be some kind of way outta here / Said the joker to the thief / There's too much confusion / I can't get no relief  / Business men, they drink my wine / Plowman dig my earth / None were level on the mind / Nobody up at his word / Hey, hey / No reason to get excited / The thief he kindly spoke / There are many here among us / Who feel that life is but a joke / But, uh, but you and I, we've been through that / And this is not our fate / So let us stop talkin' falsely now / The hour's getting late, hey /All along the watchtower / Princes kept the view / While all the women came and went / Barefoot servants, too / Outside in the cold distance / A wildcat did growl / Two riders were approaching / And the wind began to howl

Composition

Cette chanson de Bob Dylan est inspirée de la mystérieuse vision d'Isaïe du « désert de la mer ». Son album a été décrit comme le premier album de « rock biblique ». Écrit lors de la convalescence de Bob Dylan après son accident de moto, ce titre a été repris par Jimi Hendrix dans son album "Electric Ladyland" en 1968.

Texte

Vocabulaire

13,1 ; 15,1 ; 17,1 ; 19,1 ; 21,1.13 ; 22,1 ; 23,1 ; 30,6 Charge Polysemie: Une parole avec du poids qui peut lever

Lexicologie

Très souvent traduit par « oracle », le substantif massā’ vient de la racine ns’ « porter » ou « lever ».

Lexicographie et sémantique

Comme l'indiquent ses usages en Jr 23,33-34.36.38 ; 2R 9,25, le substantif retient l’ambiguïté du verbe : seul le contexte d'une occurrence donnée de massā’ permet de comprendre s'il réfère quelque chose qui (se) lève ou, au contraire, qui pèse.

Hors du contexte prophétique 

Le terme massā’ dénote 

  • une action :  « levée du visage » = favoritisme (2Ch 19,7) ; « levée de l’âme » = joie (Ez 24,25) ;

plus souvent : une chose à porter

En contexte prophétique : usage technique 

Le terme apparaît dans un usage singulier, comme une espèce de titre ou de rubrique, dans la littérature prophétique. 

  • Une fois, en Ez 12,10, massā’ se réfère à un acte prophétique, il ne signifie donc pas seulement une générique « énonciation » (de la phrase « lever la voix »).
  • 24 fois le nom introduit un ensemble de paroles prophétiques (le plus souvent en Is; Na 1,1; Ha 1,1; Za 9,1 ; 12,1 ; Ml 1,1). 
  • Le terme hébreu massā’ n'est généralement pas à l'état construit, et les massorètes le séparent nettement du terme qui le suit par un accent disjonctif : aussi est-il abusif de traduire ce dernier comme un complément déterminatifs du premier (par exemple : « oracle contre x », ou « oracle sur y »).

Le symbole linguistique massā’ semble réactiver alors ses connotations étymologiques : les thèmes les plus fréquents des paroles qu'il introduit sont la violence et le jugement. Le terme semble ainsi signaler que  le message qui le suit a de l'importance et de la gravité : du poids. Peut-être aussi, inversement,  que l'écoute qui en sera faite, la mise en pratique de ses injonctions a la capacité de (re)lever ceux à qui il s'adresse.

Choix des traductions compréhension des versions traditionnelles

  • M :  La Bible en ses traditions traduit ces occurrences de massā’s avec un léger étoffement par : « [Paroles à] charge ». Charge évoquant en français aussi bien un registre de violence (une charge de cavalerie) qu'un registre judiciaire (un dossier à charge). 
  • G traduit par horasis (« vision, apparence »).
  • V traduit par onus (« poids, fardeau ; peine, entrave ; obligation, lien ; taxe, tribut ; embryon ; selles, excréments »). Le littéralisme produit un effet saisissant, car le terme n'a jamais eu un tel emploi avant le latin biblique, aussi La Bible en ses traditions le traduit-elle par : « fardeau ».

Réception

Arts visuels

1 Comme les tourbillons Typhon

Céramique à figures noires

6e s. av. JC
Grèce

Typhon est considéré dans la mythologie grecque comme le Titan des vents forts et des tempêtes et comme un ouragan destructeur.

Anonyme, Zeus dardant sa foudre sur Typhon, (céramique à figures noires, 540-530 av. JC), h. 46 cm

hydrie chalcidienne, Inv. 596, Grèce

Staatliche Antikensammlungen, Munich, Allemagne, © Domaine public→

Cette scène se situe sur le côté B de l'hydrie : Zeus lance son éclair sur Typhon.

Les inscriptions de noms sont écrites dans l'alphabet d'Eubée (utilisé dans la cité de Chalcis).