La Bible en ses Traditions

Isaïe 53,12

M V
G S

12 Voilà pourquoi je lui octroierai une part parmi les

Vdes multitudes et avec les puissants, il s'octroiera un butin :

Vil distribuera les dépouilles des puissants :

parce qu’il a dénudé

Vlivré son âme Mjusqu'à la mort

qu’il a été compté parmi les pécheurs

Vscélérats

qu'ila porté lui-même la faute des multitudes et qu'il a intercédé

Vprié pour les pécheurs.

12 ...

Réception

Tradition juive

1–12 Le serviteur souffrant : la figure du peuple juif La tradition juive voit dans le serviteur décrit par Isaïe le peuple élu. Les rabbins considèrent qu'en traversant l’histoire, le peuple élu devra subir la persécution, il sera laissé comme mort mais sa postérité sera assurée par Dieu.

Cette prophétie est donc à la fois comme :

  • une relecture du passé du peuple élu qui fut déporté à Babylone après la destruction de Jérusalem en 586 av. J.-C.
  • l’annonce faite par Dieu des persécutions que subira le peuple juif. Cette annonce n’est pas dénuée d’espérance puisque, malgré les persécutions, subsiste une promesse de postérité.

À travers cette lecture, les rabbins magnifient la fidélité de Dieu au travers des épreuves. C’est une lecture dite corporative, qui se distingue d’une lecture individuelle.

Arts visuels

1–12 Du Serviteur souffrant au Christ : Isaïe comme cinquième évangéliste ?  

Première Renaissance, école de Mantoue

Les Pères de l'Église perçoivent une ressemblance frappante entre cette description du serviteur souffrant qui voit ses jours prolongés après son passage au sépulcre, et les récits de la souffrance de Jésus, transpercé sur la croix, mis au tombeau et ressuscité.

Andrea Mantegna (ca. 1431-1506), La Lamentation sur le Christ mort, (tempera sur toile, 1470-1474), 66 x 81 cm

Reg. Cron. 352, Pinacothèque de Brera, Milan

 © Domaine public→

Cette Déploration du Christ montre celui-ci mort, allongé, et trois pleureuses, à savoir sa mère, Marie de Nazareth, Marie-Madeleine, et l'apôtre Jean. Le cadrage resserré sur le Christ met en exergue les principaux stigmates de sa Passion.

Illustrateur du 19e s. 

Schnorr von Carolsfeld, Julius, 1794-1872, (gravure sur bois, 1860), Oracles messianiques, h. 35 cm, illustration

in Schnorr von Carolsfeld Julius  et Merz Heinrich (1816-1893), Die Bibel in Bildern. 240 Darstellungen, erfunden und auf Holz gezeichnet [1852-1860], Leipzig : Georg Wigand, 1860

Getty Research Institute, © Public Domain→

L'image concentre la vocation d'Isaïe, la vision de la Madone à l'enfant et celle du Christ avec sa croix victorieuse de Satan en une seule illustration des oracles messianiques et des chants du Serviteur.

Propositions de lecture

40,1–55,13 Le « livre de la consolation d’Israël » L'incipit de ce chapitre et le thème des premiers versets inspire le titre souvent donné à cette deuxième partie du livre d'Isaïe : Is 40-55. En contraste avec les oracles pleins de menace d'Is 1-39, c'est la consolation qui est ici annoncée, par le  prophète anonyme de la fin de l'Exil qu'on appelle le « Deuxième Isaïe ».

Texte

Genres littéraires

52,13–53,12 Chants du Serviteur

Identification

C'est à l'exégète luthérien Bernhard Duhm, Das Buch Jesaia (Gottingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 1892) que semble due l'identification de quatre fragments isaïens comme « chants du serviteur ». 

Certains y ajoutent le fragment Is 61,1–3 bien que le terme de « serviteur » n'y apparaisse pas.  

Thématique

Un énigmatique « serviteur de YHWH » (עבד יהוה, 'eḇeḏ YHWH) y apparaît, Dieu l'appelle à diriger les nations, mais celles-ci le maltraitent terriblement, avant qu'il ne soit finalement récompensé.