La Bible en ses Traditions

Isaïe 63,17–64,11

M V
G
S

17 Pourquoi, ô YHWH,

VSeigneur, nous as-tu fait errer loin de tes voies

as-tu endurci notre cœur loin de ta crainte ?

Vpour que nous n'ayons plus crainte de toi ?

Reviens, à cause de tes serviteurs, tribus de ton héritage !

17 Pourquoi nous as-tu égarés, Seigneur, loin de ton chemin ? Pourquoi as-tu endurci nos cœurs au point que nous n'avons plus peur de toi ?

Reviens pour tes serviteurs et pour des tribus de ton héritage,

17 ...

M V
G S

18 En peu

Vun rien de temps, ils ont pris possession du peuple de ta sainteté. Nos

Vde ton peuple saint, nos ennemisV ;

Mils ont foulé aux pieds ton sanctuaire.

18 ...

M S
G
V

19 Nous sommes devenus depuis longtemps ceux sur qui tu ne gouvernes pas, ceux sur qui ton nom n'est pas appelé.

19 Nous sommes devenus ce que nous étions au commencement, lorsque tu ne nous gouvernais pas, et que ton nom n'était pas invoqué pour nous. Si tu ouvrais le ciel,

19 Nous sommes redevenus comme au commencement, lorsque tu ne nous gouvernais pas et que ton nom n'était pas invoqué sur nous.

M V
G
S

64,1  

Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais !

devant toi

Vta face les montagnes seraient ébranlées :

Vs'écouleraient :

comme un feu qui embrase le bois sec, comme un feu qui fait bouillonner l'eau

Và l'embrasement d'un feu, elles se liquéfieraient, les eaux brûleraient par ton feu

pour faire connaître ton nom à

Vque ton nom soit connu de tes adversaires. Devant

V et que devant ta face, les nations seront

Vsoient bouleverséesV.

comme la cire se consume devant le feu, et le feu consumera vos ennemis.

Et le nom du Seigneur sera connu chez vos ennemis, les nations seront troublées devant ta face. 

...

64,2 choses terrifiantes que nous n'attendrons pas quand tu les accompliras...

VLorsque tu feras des merveilles, nous ne tiendrons pas...

Tu es descendu ! Les montagnes ont été bouleversées

Vse sont écoulées devant toi !

Lorsque tu feras des choses illustres

un tremblement de peur de toi s'emparera des montagnes.

...

64,3  Depuis l'origine,

Vle siècle, nul n'a écouté, nul n'a entendu

nul œil n’a vu un Dieu autre que toi agir pour qui espère en lui.

Vhormis toi, ô Dieu, ce que tu as préparé pour ceux qui espèrent en toi.

Depuis l'éternité nous n'avons pas entendu,

nos yeux n'ont pas vu de dieu sinon toi et tes oeuvres que tu feras pour ceux qui attendent ta pitié.

...

M V
G S

64,4 Tu es venu au-devant de celui qui était joyeux et pratiquait la justice, dans tes voies. Ils garderont mémoire de toi.

Te voici : tu étais en colère, nous avons péché contre tes voies depuis l'origine.

V. En tes voies, nous avons toujours été. Serons-nous sauvés ?

...

M V
G
S

64,5  Nous sommes tous devenus comme l'Impur

toutes nos justices sont comme un linge de menstruations

Vmenstruation

tous nous sommes tombés comme une feuille et nos iniquités comme le vent nous emporteront.

Vont emportés.

Et nous étions tous devenus comme des hommes impurs : toute notre justice comme un linge d'une femme qui est assise de côté.

Et nous sommes tombés comme des feuilles à cause de nos violations de la loi, ainsi le vent nous emportera.

...

M V
G S

64,6 Il n’y a personne qui invoque ton nom, qui se lève pour s’attacher

Vet se tienne à toi

Mcar tu nous as caché ton visage et tu nous as disous

Vbrisés dans la main de notre iniquité.

...

64,7 Et maintenant, YHWH,

VSeigneur tu es notre père et nous, de l’argile

 c'est toi qui nous façonnes, nous sommes tous l'ouvrage

Vtoi, notre sculpteur et nous tous, des œuvres  de tes mains.

...

64,8 Ne t'irrite pas à l’extrême, YHWH,

V trop, Seigneur, et ne te souviens pas à jamais de l’iniquité

voici, regarde donc : ton peuple, c'est nous tous !

 

M
G
V S

64,9 Les villes de ton Saint sont devenues un désert, Sion

est devenue un désert, Jérusalem une désolation

Ta ville sainte est devenue déserte, Sion comme un désert, Jérusalem, une malédiction

La ville de ton Saint est devenue déserte : Sion

déserte, Jérusalem est devenue

désolée

M V
G
S

64,10  la maison de notre sanctification et de notre splendeur

Vgloire

où nos pères te louaient

est devenue un embrasement de feu

tout ce qui nous était cher est devenu une ruine.

Vtous nos biens les plus désirables sont devenus des ruines.

10 la maison, notre sanctuaire, et la gloire que nos pères ont honorés

Ils ont été brûlés par le feu,

et tout ce qui faisait notre renommée est tombé.

10 ...

64,11  Face à tout cela, te contiendras-tu YHWH ?

VSeigneur ? Te tairas-tu et nous affligeras-tu à l’excès ?

Vsans relâche ?

11 Et pour toutes ces raisons, tu t'es retenu, Seigneur,

et tu t'es tu : tu nous as fortement humiliés.

11 ...

Réception

Liturgie

63,19 LITURGIE JUIVE (rite séphardi) Verset lu dans les récitatifs d'introduction à la prière journalière du matin.

64,7 LITURGIE JUIVE (rite séphardi) Ce verset est cité dans les rogations des prières journalières du matin.

Philosophie

63,19 si vous déchiriez les cieux, si vous descendiez L'icône comme intention de l'invisible : le regard de l'icône déchire les cieux

  • Marion Dieu « L'invisible de l'icône consiste en l'intention du visage. Plus le visage devient visible, plus devient visible l'intention invisible dont nous envisage son regard. Mieux : la visibilité du visage fait croître l'invisibilité qui envisage. [...] Mais l'intention ici provient de l'infini ; donc elle implique que l'icône se laisse traverser d'une profondeur infinie. [...] [L]'icône se définit par une origine sans original : une origine elle-même infinie, qui se déverse ou se donne au long de l'infinie profondeur de l'icône. C'est pourquoi la profondeur de l'icône la soustrait à toute esthétique : seule l'idole peut et doit s'appréhender, puisqu'elle seule résulte du regard humain, et donc suppose une aisthesis qui précisément lui impose sa mesure. L'icône ne se mesure qu'à partir de la profondeur infinie du visage ; l'intention qui ainsi envisage ne dépend que d'elle-même – à l'aisthesis se substitue une apocalypse : l'invisible ne se déprend dans le visible, au long d'une intention, que par la pure grâce d'une advenue ; les cieux ne peuvent se déchirer que d'eux-mêmes, pour qu'en descende le visage. [...] C'est d'ailleurs en ce sens que l'icône nous vient d'ailleurs : [...] l'ackeiropoiêsis résulte en quelque manière nécessairement de l'infinie profondeur qui renvoie l'icône à son origine, ou plutôt qui qualifie l'icône comme ce renvoi infini à l'origine. Ce qui qualifie l'idole matérielle,, c'est justement que l'artiste puisse y consigner l'éclat subjuguant d'un premier visible ; au contraire, ce qui qualifie l'icône peinte sur le bois ne vient pas de la main d'un homme, mais de la profondeur infinie qui la traverse, mieux : l'oriente suivant l'intention d'un regard. L'essentiel en elle – l'intention qui envisage – lui provient d'ailleurs [...]. En retour, voir, ou plutôt contempler l'icône ne consiste qu'à parcourir la profondeur qui affleure dans la visibilité du visage, pour répondre à l'apocalypse où l'invisible se fait visible, par une herméneutique qui saura lire dans le visible l'intention de l'invisible. Contempler l'icône revient à voir le visible à la manière même dont l'envisage l'invisible qui s'y departit – proprement à échanger notre regard pour le regard qui icôniquement nous envisage. » (32-34)

Arts visuels

64,1–12 La prière d'Isaïe

Enluminure byzantine du 10e s.

Anonyme, Entre la nuit et l'aurore (enluminure, 10e s.)

in Psautier de Paris, ms. gr.139, f.435v, Constantinople

Bibliothèque Nationale de France→, Paris, © Domaine public

Alors qu'Isaïe prie Dieu de déchirer les cieux, la main divine apparaît, exauçant la prière du prophète.

Tradition juive

64,3 Promesses des temps messianiques

le monde futur, réservé aux pénitents ou aux justes?

  • b. Sanh. 99a « Rabbi Chiya ben Abba a dit au nom de Rabbi Yochanan : "Tous les prophètes n'ont prophétisé que pour les repentis. Mais en ce qui concerne les justes sans défaillance, aucun œil n'a vu en dehors de Toi, Seigneur, qui agiras pour celui qui t'attend. [...] Rabbi Abhou dit : "À l'endroit où se tiennent les repentis, les justes ne peuvent se tenir" » (Levinas Liberté 101, 105).
  • Levinas Liberté « Rabbi Yochanan nous apprend une chose nouvelle : [...] les prophètes [...] ont prophétisé d'abord pour les repentis. Aux justes sans défaillance, est réservé le monde futur. [...] Les justes sans défaillance, qui est-ce ? — Les justes sans drame — les justes arrachés aux contradictions du monde. [...] Les temps messianiques leur feraient donc gravir un degré de plus : ils entreront dans la vie de l'esprit désintéressé et gracieux des étudiants de la Loi, lesquels sont appelés à atteindre le degré ultime, celui du monde futur [...]. La discussion entre Rabbi Chiya ben Abba et Rabbi Abhou montre que l'opinion de celui-ci n'est qu'une option : l'essentiel de l'effort moral est pour Rabbi Abhou dans le retour au Bien après l'aventure du mal ; le vrai effort serait révolutionnaire et dramatique. L'autre opinion subsiste. Celle qui choisit la pureté sans tache et une perfection sans histoires, protégée absolument contre la faute, arrachée au déterminisme naturel. Elle exige aussi effort et virilité. Le Talmud se complaît à souligner l'ambiguïté du problème. Le dialogue entre Rabbi Chiya ben Abba et Rabbi Abhou est un dialogue éternel de la conscience humaine. L'un et l'autre appuient leur thèse sur le même verset : "Paix, paix au lointain et au proche" (Is 57,19) » (102, 105).

La nature de la récompense 

  • b. Sanh. 99a « Rabbi Yochanan a dit : "C'est le vin conservé dans les grappes depuis les six jours de la création." [...] Rabbi Lévy a dit : "Ce qu'aucun œil n'a jamais vu, c'est l'Éden." Et s'il l'on objecte : Et Adam ? Où vécut donc Adam ? Nous dirons qu'Adam a vécu dans un jardin. Et si l'on prétend que Éden et jardin désignent la même réalité, on citera le verset de la Genèse : "Et un fleuve sortait d'Éden pour irriguer le jardin" » (Levinas Liberté 106-107).
  • Levinas Liberté « Qu'est-ce qui est promis aux sages et non pas seulement à ceux qui participent à la sagesse et à la perfection indirectement, en donnant aux étudiants de la Loi leur filles en mariage et la subsistance ? Quelle est la récompense qui par-delà les temps messianiques fait le prix du monde futur ? [...] Un vin ancien qui n'avait pas été mis en bouteilles ; qui n'avait pas été récolté. On lui a évité toute occasion de se frelater. Vin absolument inaltéré, absolument pur. Le monde futur, c'est ce vin-là. [...] La magnifique image du vin qui se conserve inaltéré dans son raisin depuis les six jours de la création promet le sens originel de l'Écriture par-delà tous les commentaires et toute l'histoire qui l'altéra. Mais elle promet aussi la compréhension de tout langage humain, elle annonce un nouveau Logos, donc une autre humanité. L'image dénoue le nœud tragique de l'histoire du monde. [...] Mais il existe une deuxième opinion sur les merveilles du monde futur promises aux justes sans défaillance, selon les uns, aux repentis, selon les autres. [...] la version de Rabbi Lévy nous apprend que le monde futur n'équivaut pas simplement à un retour au paradis perdu. Le paradis perdu lui-même était irrigué par ce que "ne vit aucun œil" et qu'on trouvera vers la fin. Il n'en était pas la source. L'histoire n'est pas une éternité simplement diminuée et corrompue ni l'image mobile d'une éternité immobile ; l'histoire et le devenir ont un sens positif, une fécondité imprévisible ; l'instant futur est absolument neuf, mais il faut pour son surgissement l'histoire et le temps. Adam, même dans son innocence, ne l'a pas connu. On retrouve l'idée de la felix culpa : l'expulsion du paradis et la traversée du temps promettent une perfection plus grande que celle du bonheur goûté dans le jardin du paradis. C'est cette fécondité du temps, la valeur positive de l'histoire, que la thèse de Rabbi Lévy ajoute à l'opinion de Rabbi Yochanan » (105-108).

Liturgie

45,8 ; 64,5–11 ; 16,1 ; 40,1 ; 35,4 ; 41,13s Rorate cæli - Cieux répandez la rosée

Répons de l'Avent: « Rorate cæli desuper »

Traditionnel, Répons - Rorate cæli desuper

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Is 45,8.64,5-11.16,1.40,1.35,4.41,13s Lm 1,9 Ex 4,13 Jr 30,10 Mi 4,9

L'hymne du « Rorate Cæli desuper » est par excellence le chant grégorien du Temps de l'Avent. Son refrain est tiré du Livre d'Isaïe (Is 45,8) : « Cieux, épanchez-vous là-haut, et que les nuages déversent la justice, que la terre s’ouvre et produise le salut ». Cette rosée qui tombe du ciel pour féconder la terre et faire descendre le Juste, c'est-à-dire Dieu Lui-même, c'est le Saint-Esprit, et la terre qui s'ouvre sous cette influence céleste et fait germer le Sauveur, c'est le sein très pur de la Vierge Marie.

Paroles

R. Roráte caeli désuper, et nubes pluant iustum.

R. Cieux, répandez d'en haut votre rosée et que les nuées fassent descendre le Juste.

1. Ne irascáris, Dómine, ne ultra memíneris iniquitátis:

1. Ne te mets pas en colère, Seigneur, ne garde plus souvenir de l’injustice.

ecce cívitas Sancti tui facta est desérta:

Voici, la cité sainte est devenue déserte,

Sion desérta facta est : Ierúsalem desoláta est:

Sion a été désertée, Jérusalem est en désolation,

domus sanctificatiónis tuae et glóriae tuae, ubi laudáverunt te patres nostri

la maison de ta sanctification et de ta gloire, où nos pères avaient dit tes louanges.

2. Peccávimus, et facti sumus tamquam immúndus omnes nos,

2. Nous avons péché et sommes devenus impurs. et cecídimus quasi fólium univérsi

Nous sommes tombés comme des feuilles mortes

et iniquitátes nostrae quasi ventus abstúlerunt nos :

et nos iniquités nous ont balayés comme le vent.

abscondísti fáciem tuam a nobis, et allilísti nos in manu iniquitátis nostrae.

Tu as détourné de nous ta face, et nous as brisés sous le poids de nos fautes.

3. Vide Dómine, afflictiónem pópuli tui

3. Vois, Seigneur, l’affliction de ton peuple,

et mitte quem missúrus es :

et envoie celui que tu dois envoyer :

emítte agnum dominatórem terrae, de petra desérti, ad montem fíliae Sion :

envoie l’Agneau, le maître de la terre, de Pétra dans le désert jusqu’à la montagne de ta fille Sion,

ut áuferat ipse jugum captivitátis nostrae

afin qu’il ôte le joug de notre captivité.

4. Consolámini, consolámini, pópule meus, cito véniet salus tua.

4. Consolez-vous, consolez-vous, mon peuple : votre salut viendra vite,

Quare mærore consúmeris, quare innovávit te dolor ?

Pourquoi es-tu consumé dans l’affliction, pourquoi la douleur se renouvelle-t-elle en toi ?

Salvábo te, noli timore; Ego enim sum Dóminus Deus tuus,

Je te sauverai, n’aie pas peur, moi, je suis le Seigneur Dieu,

Sanctus Israël Redémptor tuus.

Le Saint d’Israël, ton Rédempteur.

Musique

64,8 Ne t'irrite pas trop, Seigneur Ne irascaris Domine

16e s.

William Byrd (ca. 1540/1543-1623), Ne irascaris Domine, 1589

Choir of Durham Cathedral

© Licence YouTube standard→, Is 64,9s

Paroles

Ne irascaris Domine satis, et ne ultra memineris iniquitatis nostrae. Ecce respice populus tuus omnes nos. Civitas sancti tui facta est deserta. Sion deserta facta est, Jerusalem desolata est. (Is 64,9s)

Compositeur

William Byrd est un compositeur et organiste anglais de la Renaissance. Son importance pour la musique anglaise est aussi grande que la musique d'orgue de Frescobaldi pour la musique italienne.