La Bible en ses Traditions

Jacques 3,2–3

Byz V TR Nes
S

En beaucoup de points en effet nous trébuchons tous.

Si quelqu’un ne trébuche pas en parole, c’est un homme accompli

capable de tenir aussi tout le corps en bride.

...

2 Mort et vie au pouvoir de la langue Pr 10,19 ; 18,21 ; Si 5,9-15 ;14,1 ; 28,13-26

Regardez !

V NesOr si nous mettons un mors dans la bouche des chevaux pour qu'ils nous obéissent

Vnous en faire obéir

c'est aussi tout leur corps que nous conduisons.

Vfaisons tourner.

...

Réception

Philosophie

2 langue garder sa langue en bride La convergence entre l’éthique du comportement et l’éthique de l’expression transparait dans plusieurs maximes des sages comme chez Chilon, l’inventeur du célèbre apophtegme « rien de trop » (μηδὲν ἄγαν). 

  • DIOGENE LAËRCE, Vies et Doctrines des philosophes illustres, 1,3 (68-70) « Chilon de Lacédémone, fils de Damagète, a laissé deux cents vers élégiaques. Il disait que la prévoyance de l’avenir, appuyée sur le raisonnement, est pour l’homme la vertu par excellence. On rapporte aussi qu’ayant demandé à Ésope ce que faisait Jupiter, il en reçut cette réponse : « Il abaisse les grands et élève les petits ». On lui demandait à lui-même ce qui distingue l’homme instruit de l’ignorant : « Les bonnes espérances, » dit-il. À cette question : Quelles sont les choses les plus difficiles ? il répondit : « Taire un secret, bien employer son temps, supporter une injustice ». On lui doit encore ces préceptes : « Retenez votre langue […]— Ne parlez mal de personne […]— Ne dites pas de mal des morts […]— Ne riez pas des malheureux — Êtes- vous puissant? soyez bienveillant, afin qu’on ait pour vous plus de respect que de crainte […] — Que la langue chez vous ne devance pas la pensée — Domptez la colère […] — Ne désirez pas l’impossible […]— Ne gesticulez pas en parlant : c’est le propre d’un insensé. — Obéissez aux lois. — Menez une vie paisible ».
  • EURIPIDE « Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence ».

  • Zénon de Cittium « La nature nous a donné deux oreilles et une langue afin que nous écoutions le double de ce que nous disons ».

 

2 Langue L’ontologie du silence Pour Simone Weil, l’herméneutique réceptive et contemplative du silence de l’Être dévoile le silence comme un mode authentique de la parole.

 S. WEIL. Poèmes, 

« La porte est devant nous ; que nous sert-il de vouloir ?

Il vaut mieux aller abandonnant l’espérance.

Nous n’entrerons jamais. Nous sommes las de la voir.

La porte en s’ouvrant laissa passer tant de silence

Que ni les vergers ne sont parus ni nulle fleur ;

Seul l’espace immense où sont le vide et la lumière

Fut soudain présent de part en part, combla le cœur

Et lava les yeux presque aveugles sous la poussière. », p. 36

Arts visuels

1–12 Si quelqu'un ne trébuche pas en parole La langue, « fléau sans repos » Giotto et Bellini offrent une illustration saisissante des ravages d'une langue indomptée que saint Jacques détaille dans sa lettre.

Fresque du 14e s.

Giotto di Bondone (1267-1337), Invidia (ca. 1305-1306)

chapelle des Scrovegni, mur sud, tiers inférieur, Padoue (Italie) © Domaine public→

L'envie est représentée sous les traits d'une vieille femme laide marchant à tâtons dans un berceau de flammes. Cherchant une proie de sa main droite crispée, elle tient fermement une bourse à sa main gauche. De sa bouche jaillit un serpent tordu en arrière, comme pour lui crever les yeux : la médisance se retourne toujours contre son auteur ... La queue du serpent entoure les grandes oreilles de la figure. Ouvertes aux vilenies de tout poil, elles rappellent celles des diablotins. L'envie et la médisance sont intimement liées.

Peinture du 15e s.

Bernard l'ermite

Giovanni Bellini (ca. 1425/1433-1516), Le Mensonge (huile sur panneau de bois, 1490), 32 x 22 cm 

Gallerie dell'Accademia, Venise (Italie) © Domaine public→

Un homme — le menteur ? — tient dans ses bras un immense coquillage dont jaillit un homme nu. À la fois coupable et victime, ce dernier est aux prises avec un serpent qui l'enlace. Le mensonge échappe à son auteur, impossible à contrôler et à rattraper, et frappe ici un innocent pèlerin. Le piédestal sur lequel il se tient porte le nom du peintre. 

Pour une fois, le mensonge n'est pas représenté sous les traits d'une femme !