La Bible en ses Traditions

Jérémie 1,11–14

M V
G
S

11 Et la parole de YHWH

Vle verbe du Seigneur m'advint, disant :

— Qu'est ce que tu vois, Jérémie ?

Et je dis : — Une branche d’amandier

Vqui veille, voilà ce que je vois !

11 Et la parole du Seigneur m'advint, disant :

— Que vois-tu, Jérémie ?

Et je dis : — Un bâton de noisetier.

11 ...

12 Et YHWH

Vle Seigneur  me dit : — Tu as bien vu, car je veille

Vc'est moi qui veillerai  sur ma parole

Vmon verbe pour l'exécuter.

Vle produire.

12 Et le Seigneur me dit : — Tu as bien vu,

car moi, je veille sur mes paroles pour les exécuter.

12 ...

M G V
S

13 Et la parole de YHWH

Vle verbe du Seigneur m'advint pour la seconde fois en disant : — Toi, qu'est-ce que tu vois ?

Et je dis : — Une marmite attisée

G Vbouillante, voilà ce que je vois 

sa face venant de la face du Nord.

Gdu Septentrion.

Vde l'Aquilon.

13 ...

M V
G
S

14 Et YHWH

Vle Seigneur  me dit :

— C’est du Nord

Vde l'Aquilon que le malheur se répandra sur tous les habitants de la terre

14 Et le Seigneur me dit :

— C'est de la face du Septentrion que les maux bouillonneront sur tous les habitants de la terre

14 ...

Réception

Musique

1–19 Histoire et confessions de Jérémie dans la musique contemporaine

Oratorio du 21e s.

Olivier-Thomas Venard, Syllabes divines. Mystère sur la prophétie de Jérémie,O.-Th. Venard, L. Popko, Marie Montegani, Thierry Escaich (1965-), Michel Petrossian (1973-), Gad Barnéa (1968-), Clémentine Yelnik : Jérémie ; Geneviève Dang : Baruch ; Peter Nahon ; Académie musicale de Liesse ; Th. Escaich : orgue ; Eric Aubin : trompette ; Xavier Phillips : violoncelle, Marie-George Monet : mezzo ; Yu Shao : ténor ; Philippe Brocard : baryton

 Église Saint-Étienne du Mont (Paris), 5 décembre 2016

D.R. © BEST AISBL

Ce spectacle, conçu dans la tradition des mystères médiévaux, inclut trois œuvres lyriques en hébreu, grec et latin, en créations mondiales : il suit la mission, les souffrances et l'espérance du prophète Jérémie, ainsi que la destinée de sa prophétie, comme autant de figures du Christ en sa passion, sa résurrection et son Évangile.

Texte

Procédés littéraires

13d sa face venant de la face (V) Construction énigmatique

  • Littéralement, M semble signifier : « sa face, (à partir) du côté nord », mais on peut aussi comprendre « sa surface = son contenu » penche à partir du Nord ... 
  • V se contente de calquer la construction hébraïque sans chercher à la clarifier ; Fillion propose : cette marmite vient du Nord et est donc penchée dans la direction du Sud « de sorte que son contenu brûlant allait se répandre sur le royaume de Juda. »

Réception

Arts visuels

11ss le verbe du Seigneur (V) Déjà le Christ ! Les imagiers chrétiens représentent cette advenue du v/Verbe avec une certaine audace : 

Anonyme, Inspiration du prophète Jérémie, (gravure sur bois), illustration dans Martin Luther, Die Propheten alle deudsch, Leipzig, 1541

 © Domaine public, Digital image courtesy of Pitts Theology Library→ 

Jérémie reçoit les rayons de l'inspiration que lui envoie de son index une figure céleste qui pourrait être celle du Verbe-Christ; elle est flanquée des deux premières visions : la branche d'amandier et  la marmite bouillante

14s Lève-toi et dis-leur.   Jérémie annonce le malheur

Bible illustrée

Gustave Doré (1832-1883), Jérémie (gravure sur bois, 1866)

illustration de la → Bible de Tours

Wikimedia Commons→, © Domaine public

Contexte

Milieux de vie

11 Une branche qui veille  FLORE Amandier Certaines versions des textes bibliques précisent que l'abre que Dieu fait voir au prophète Jérémie est un amandier, symbole de la vigilance qu'il lui recommande. 

Symbolique
Veilleur, porte parole
  •  Dieu qui a choisi Jérémie comme porte-parole Jr 1,9, lui montre une branche d’amandier comme signe qu’il doit rester vigilant Jr 1,11.
  • En hébreu shaked [šāqēd] signifie à la fois amande et « guetter », « être réveillé ». 
  • Parce qu’il fleurit en premier, l’amandier semble donner le signal à tous les autres arbres. Il est l’arbre « veilleur ».
  • La menorah qui doit rester allumée dans le Temple comme un veilleur, porte sur ses 6 branches des calices en forme de fleur d’amandier Ex 25,33-36.
  • Aaron, choisi par Dieu pour être la bouche de Moïse, est confirmé dans sa vocation par un rameau d’amandier qui fleurit et donne du fruit en une nuit.
Renouveau, éveil de la nature
  • L'amandier est le premier arbre fruitier à fleurir après l’hiver et marque donc l’arrivée du printemps. Dans le Judaïsme, la fête de Tou Bichvat , fin janvier, célèbre le nouvel an des arbres à la période où l’amandier est en fleur.
Virginité, pureté
  • Les fleurs blanches dont se revêt l’amandier dès le mois de janvier, évoquent la pureté à la ressemblance d’une robe de mariée.
Vierge Marie
  • Comme la fleur d’amandier, Marie est le signe d’un renouveau. Isaïe avait fait le parallèle entre le rameau qui fleurit et la vierge qui enfante Is 11,1. Comme la branche d’Aaron a fructifié sans racines, la Vierge a conçu sans procréation. 
  • La mandorle qui entoure le Christ dans les représentations du Moyen-Âge est comme une matrice glorieuse.
  • L’amande protégée par une coque dure et fermée, sans trace d’ouverture, tel « un jardin clos, une source scellée » Ct 4,12-14, symbolise Marie qui, tout en restant vierge, a porté en son sein le fruit de Vie.
L’amour de Dieu
  • Cet arbre est le symbole de la vigilance de Dieu, et donc de l’amour de Dieu pour son Peuple Jr 1,11-12.
  • L’amandier fleurit le premier tout comme Dieu a aimé l’homme le premier.
La résurrection, la Vie après la mort
  • L’amandier dénudé de l’hiver se met à fleurir avant même d’avoir des feuilles.
  • C’est un rameau coupé et dénudé qui se met à fleurir pour Aaron.
  • La verge d’Aaron était gardée dans le Tabernacle avec la manne et les tables de la Loi. Elle est donc la seule plante à habiter dans le Saint des Saints.

 Amandier au couvent Saint-Etienne, Jérusalem

avril 2022,  D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

Gn 30,37 ; 43,11 ; Ex 25,33-36 ; 37,19-20 ; Nb 17,16-26 ; Qo 12,5

Classification
  • Famille : rosaceae
  • Genre : prunus (ou amygdalus)
  • Espèce : dulcis (ou communis)
Localisation

Originaire de Perse, l’amandier a commencé à être cultivé au Proche-Orient durant le chalcolithique. Dans l’Antiquité il est diffusé en Europe.

Description
  • Arbre d’environ 10 m de haut pouvant vivre 100 ans.
  • Feuilles simples caduques lancéolées et dentées.
  • Fleurs blanches, teintées de rose à 5 pétales. Elles apparaissent dès la fin de l’hiver, avant les feuilles. Elles produisent un nectar précieux pour les abeilles.
  • La pollinisation est faite par le vent et les insectes.
  • Le fruit est une drupe composée d’un mésocarpe vert et d’un noyau contenant une ou deux amandes.
  • Les amandiers sauvages (amygdalus communis) produisent des amandes amères en raison d’une forte teneur en amygdaline. Les amandiers cultivés (prunus dulcis) ont été obtenus pas un processus de sélection et ont des fruits plus doux.

 Illustration botanique de prunus dulcis (amygdalus communis)

Amédée Masclef, Atlas des plantes de France 1831 © Domaine public

 Usage
Alimentaire
  • L’amande est très utilisée en pâtisserie. Elle est la base de la frangipane, de la pâte d’amande, des dragées. Dans l’Antiquité, elle était servie avec du miel.
  • En Orient, elle est depuis des siècles utilisée pour son huile.
Médical
  • L’amande a des propriétés anti-oxydantes, antiseptiques, adoucissantes. Elle était très utilisée dans l’Antiquité pour soigner oreilles, tête, yeux, foie, reins… Pline Histoire naturelle. 23, 42.75.
  • L’huile d’amande est utilisée dans la composition de produits cosmétiques en particulier en huile de massage.
  • Pline Nat. 23,42. « Elle efface les rides et donne plus d’éclat à la peau ».
  • Pline Nat. 23,75. La racine de l’amandier amer « adoucit la peau et embellit le teint ».
Culture matérielle
  • Son bois dur et coloré est utilisé en ébénisterie.
Ornemental
  • La beauté de ses fleurs blanches fait de lui un arbre d’ornement.
  • La forme de l’amande, la mandorle a été utilisée par les artistes en architecture ou iconographie pour représenter la gloire du Christ et parfois celle de la Vierge.

Des amandes, Réserve de Neot Kedumim (Israël)

Mai 2022, D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

Gn 30,37 ; 43,11 ; Ex 25,33-36 ; 37,19-20 ; Nb 17,16-26 ; Qo 12,5