Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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5 Il y eut aux jours d’Hérode roi
Byz TRle roi de Judée, un prêtre nommé Zacharie, de la classe d’Abia
et sa femme qui était des filles d’Aaron, dont le nom était : « Élisabeth ».
6 Tous deux étaient justes devant Dieu
marchant dans tous les commandements et ordonnances
Sdroiture du Seigneur d’une manière irréprochable.
7 Et ils n’avaient pas d'enfant parce qu’Élisabeth était stérile
et ils étaient tous deux avancés en âge.
8 Or il arriva, comme Zacharie remplissait devant Dieu les fonctions du sacerdoce, au tour de sa classe,
9 selon la coutume du sacerdoce
il lui échut Byz V TR Nespar le sort d’offrir l’encens
une fois entré dans le sanctuaire
Vtemple du Seigneur.
10 Et toute la multitude du peuple était dehors en prière
Vpriant, à l’heure
Sau moment de l’encens.
11 Alors lui apparut
Sapparut à Zacharie un ange du Seigneur
debout à droite de l’autel de l’encens.
12 Et Zacharie fut troublé en le voyant et la crainte fondit sur lui.
12 Zacharie fut troublé en le voyant et la crainte le saisit.
13 Mais l’ange lui dit :
— Ne crains pas, Zacharie, car ta prière a été exaucée
et ta femme Élisabeth t’enfantera un fils
et tu l'appelleras du nom de Jean.
14 Et ce sera pour toi joie et allégresse
et beaucoup se réjouiront de sa naissance.
15 Car il sera grand devant le Seigneur et il ne boira ni vin ni boisson enivrante
et il sera rempli de l’Esprit Saint dès
Sdans le sein de sa mère
16 et il convertira de nombreux fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu ;
17 et lui-même marchera devant lui, dans l’esprit et la puissance d’Élie Sle prophète
pour ramener les cœurs des pères vers les enfants
et les rebelles
Vincrédules à la prudence des justes
pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé
V Sparfait.
18 Zacharie dit à l’ange :
— Comment connaîtrai-je cela ?
Car moi je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge.
13ss Ne crains pas
1–38 Visualisations artistiques du mouvement du Verbe divin aux verbes humains : le modèle de l'Annonciation Cf. Littérature Lc 1,4.20.37s. Luc met fortement en scène l'ordre du langage et de la parole au début de son évangile.
Les artistes sont parvenus à visualiser ces différents états du Verbe et de ses participations dans les verba humains.
Ce Verbe s'incarne, il est acte. Le texte ne le dit, mais la Tradition l'affirme : le Verbe féconde miraculeusement le ventre de la Vierge. Il se fait chair. L'énonciation est genèse réelle. Le corps du Christ se forme et s'anime, déjà sanctifié. Il y a là un mystère, analogue à celui de la création : les lois naturelles sont bouleversées.
Certaines représentations byzantines ou russes, par exemple l'Annonciation d'Oustioug→, montrent, dans le corps même de Marie, un Christ enfant déjà tout formé. À partir du 15e s. en Occident, les artistes représentent parfois, dans les rayons divins (ou non), l'Enfant Jésus en homoncule portant la croix (ou non), descendant vers la Vierge à la suite de l'Esprit-Saint.
La doctrine représentée, à savoir que le Christ n'aurait pas été conçu in utero, mais serait entré tout formé dans le sein de Marie, dépendante d'une savante négociation entre motifs antiques, médecine et théologie médiévales, fut plus tard condamnée par le concile de Trente, qui interdit en conséquence les représentations du Christ en homoncule.
Les artistes étaient donc invités à privilégier des représentations plus subtiles, plus fidèles à l'apophatisme que l'Écriture parvient à maintenir au moment même de la cataphase divine. Mystérieux, silencieux mais secrètement résonnant-raisonnant dans l'échange entre l'ange et la femme, il n'est pas thématisé d'emblée, sinon comme l'ensemble de l'annonce et de ce qui est annoncé (Lc 1,34 istud) finalement récapitulé en verbum (Lc 1,37 : non erit impossibile apud Deum omne verbum).
La où le Titien insistait sur le miracle en montrant Marie se couvrir le ventre de son voile bleu, Nicolas Poussin suggère le mystère en obscurcissant jusqu'au noir le sein de Marie, visuellement obombrée par l'Esprit symbolisé en colombe :
Le verbe angélique (Lc 1,28-29 : dicere, sermo, salutatio) fait de mots porteurs de véritables verba Lc 1,20.37-38), prend l'aspect corporel de l'humain ailé, pour marquer sa médiation entre terre où l'on marche et ciel où l'on vole. La voix de l'ange est médiation, à la fois annonce et demande, entre l'Énonciateur divin et l'énonciataire humaine.
(Marie, assise en train de filer le fil pourpre pour le voile du Temple, selon les écrits apocryphes, est entourée d'anges. L'ange Gabriel est représenté plusieurs fois pour indiquer ses actions successives: il arrive en volant dans le ciel puis, se tenant debout à gauche de la Vierge, il lève la main, signe qu'il prend la parole. Le Saint Esprit sous la forme d'une colombe descend sur Marie. Saint Joseph à droite devant une maison distincte de celle de Marie puisqu'ils n'ont pas encore mené vie commune, tient un bâton à la main. L'ange Gabriel, se tourne vers lui et lui parle.)
Le verbe de Marie est une simple parole de femme, qui raisonne et demande Quomodo (« Comment cela ? ») puis acquiesce Ecce... (« Voici ! ») et finit par s'ouvrir à la réalisation effective du ... verbe : Fiat mihi secundum verbum tuum (« Qu'il m'advienne selon ton verbe »). Son fiat fait aussi allusion au fiat du Verbe divin créateur de la Genèse (Gn 1,3.6, etc.) : ses verbes humains sont déjà efficaces, de par son accueil actif du Verbe divin.