La Bible en ses Traditions

Matthieu 13,1–9

Byz V S TR Nes

En ce jour-là, sortant de la maison, Jésus était assis au bord de la mer

1 assis pour enseigner Mt 5,1; 24,3 

et des foules nombreuses s’assemblèrent près de lui 

si bien que lui monta

V, montant dans une

Byz TRla barque de s’asseoir

V, s'assit 

et toute la foule se tenait debout sur le rivage.

Et il leur parla de beaucoup de choses en paraboles, disant :

— Voici, le semeur sortit pour semer.

3 Le royaume comme travail agricole Jr 31,27s ; Ez 36,9 ; Os 2,21ss Parler en paraboles ... comme les sages : Ps 78,2. ... comme les prophètes : Ez 17,2. Cf. 2S 12,1-7 (parabole de Natan) ; Is 5,1-7 (chant de la vigne) ... comme le fils de David, Salomon : G-3R = 1R 5,12. Mise en scène  Mc 4,1s; Lc 8,4 1–9 Semeur  Mc 4,3-9 ; Lc 8,5-8

Et pendant qu’il sème

il en tomba au bord du chemin  

et venus les oiseaux les dévorèrent

Svenu un oiseau les dévora

Vvinrent les oiseaux et ils les dévorèrent

4a Grain sur le chemin Jb 8,19  4b Dévastateurs des récoltes Jg 6,3

d’autres tombèrent sur la pierraille où ils n’avaient pas de terre abondante  

et aussitôt ils levèrent parce qu’ils n’avaient guère de profondeur de terre 

le soleil une fois levé, ils furent brûlés  

et pour n’avoir pas de racine furent desséchés.

6b Desséchés Jc 1,11 ; Jn 15,6 ; Is 40,24

D’autres encore tombèrent sur les épines  

et elles montèrent, ces épines, à les étouffer.

D’autres enfin tombèrent sur la terre, la bonne,  

et ils donnaient du fruit  

celui-ci cent  

celui-là soixante

celui-là trente.

Que celui qui a des oreilles Byz V S TRpour entendre entende !

Réception

Tradition juive

4 Et comme il semait.. La parole est un grain qui pousse. La même image est utilisée dans la tradition :

  • b. Ta'a 4a "Un jeune étudiant est comparable à une graine sous une écorce dure. Une fois qu'il a germé, il portera bientôt des rameaux."
  • 4 Esd. 9,31 "Voici, je sème ma loi en vous, elle portera du fruit en vous et vous en tirerez gloire à jamais." (p. 1440).
  • 2 Ba. 32,1 "Mais vous, si vous préparez vos coeurs pour y semer les fruits de la loi, elle vous protègera en ce temps-là, lorsqu'il adviendra que le Puissant ébranle toute la création." (p. 1507).

Contexte

Littérature péritestamentaire

3 Le semeur. Au service du royaume.  L'image du semeur, comme celle du moissonneur, évoque le travail au service du royaume :

  • 4 Es 9,31 "Voici, je sème ma loi en vous, elle portera du fruit en vous et vous en tirerez gloire à jamais".
  • 2 Bar 32,1 "Mais vous, si vous préparez vos coeurs pour y sermer les fruits de la loi, elle vous protègera en ce temps-là, lorqu'il adviendra que le Puissant ébranle toute la création".

Texte

Grammaire

5b de profondeur de terre Génitif hébraïque pour « terre profonde ».

8b ils donnaient du fruit Sémitisme Calque une expression sémitique.

Procédés littéraires

3a paraboles La parabole est un lieu rhétorique constitué par deux ou plusieurs figures élémentaires, dont l’allégorie. On peut en rapprocher l’apologue, l’anecdote, ou l’exemple (en principe pas imaginaire, lui) récits illustrant quelque vérité, ainsi que le mythe (récit symbolique instituant un équilibre de valeurs spirituelles ou sociales encadrant l’existence). Il s’agit donc de symboles appelant une interprétation globale, plus qu’une correspondance terme à terme entre comparé et comparant.

1.3 au bord de (para) la mer, au bord du (para) chemin parabole : isolexisme, polypton Une →Parabole est une parole placée le long d’une réalité pour la faire comprendre, comme une partie du grain jeté tombe à côté de la bonne terre, ou Jésus, du bord de la mer, passe ensuite sur la mer. D’abord le long d’une réalité qu’elle tente de formuler, la parabole finit par le rejoindre par ses effets performatifs: elle passe dans la réalité même qu’elle désigne et finalement instaure. Le discours parabolique n’appartient pas à un univers qui oppose les mots et les choses; la parabole ne suit pas un chemin allégorique où tout aurait une contrepartie claire: ce qui est semé (v.20) est aussi ce qui reçoit la semence (v.19). 

9 oreilles... entendre Tautologie suggérant le double-sens d’écoute (au subjonctif d’ordre, en grec).

Contexte

Milieux de vie

6b desséchés La Palestine possède beaucoup de terrains avec un sol peu profond au-dessus de rochers. Le grain germe vite dans ce sol, car il garde la chaleur, mais les plantes meurent peu après parce qu’elles ne peuvent pas enfoncer leurs racines.

Intertextualité biblique

9 entende Dans le contexte symbolique de l’entrée en Terre promise, allusion probable au →Šema‘ Yiśrā’ēl.

Texte

Vocabulaire

3a communiquer... disant En grec laléô, articuler des sons, s’exprimer par la parole, parler. Même si ses usages transitifs se multiplient dans le grec tardif, en particulier celui de LXX, laléô met l’accent sur le fait de parler plus que sur le contenu de la parole (par contraste avec légô, dire), contenu parfois introduit comme ici par légôn, disant. La moitié des 26 occurrences de laléô en Mt est concentrée aux c.12-13.

Propositions de lecture

1–58 Sujet Troisième des cinq grands discours de Jésus en Mt, cette série parfaitement construite de sept paraboles constitue le cœur du premier évangile. Après les c.11 et 12 pleins de réactions hostiles à Jésus (Mt 11,16-19.20-24; Mt 12,7.14.24-32.34.39.45), Mt 13 cherche à expliquer pourquoi beaucoup refusent de croire en sa prédication. Il s’interroge moins sur son contenu que sur sa forme Vocabulaire Mt 13,3: pourquoi Jésus parle-t-il de la manière dont il parle? Comment doit-on recevoir son étonnante parole?

Procédés littéraires

2 sur le rivage Inclusion Le terme grec (aigialon) n’apparaît que deux fois dans les synoptiques: ici et au v. 48 du même chapitre, formant une inclusion: la parole de Jésus fait passer ses auditeurs du rivage concret de ce monde-ci, où ils se tiennent, au rivage de ce monde-là, qu’elle leur révèleProcédés littéraires Mt 13,47.

Contexte

Intertextualité biblique

2b assis sur les eaux « Le Seigneur était assis au déluge » (Ps 29,10): le Créateur va parler de la création et révéler l’invisible par le visible. Milieux de vie

Réception

Tradition chrétienne

1 maison = La synagogue (Raban Maur Comm. Matt.).

2b barque

  • = l’Église; Hilaire In Matt. 13,1: « À l’intérieur de laquelle se trouve et s’enseigne le Verbe de vie incompréhensible pour ceux qui, placés au dehors, s’étendent à côté, inutiles et stériles comme du sable ».
  • les âmes (Raban Maur Comm. Matt.).

2c rivage

  • Jésus est au milieu des flots = danger, tandis que la foule écoute sur la terre ferme du rivage où elle est à l’abri des dangers, car elle ne pourrait faire face aux tentations de la mer (Jérôme Comm. Matt.).
  • Pour Raban Maur Comm. Matt. la nacelle est l’Église et Jésus prend parmi ceux qui sont sur le rivage pour constituer l’Église.

3b–9 texte Év. Thom. 9 contient la parabole entière p.ê. avec des allusions aux rites gnostiques d’élévation de blé vers le ciel; cf. Corp. herm. 14,10; Hippolyte Haer. 5,3.

Propositions de lecture

1–58 Structure De semailles inaugurales à un coup de filet final, le discours de Jésus fait passer d’une image du royaume comme dispersion à une image du royaume comme rassemblement.

  • 1-23 raconte des semailles et décrit la responsabilité de l’homme dans la plus ou moins grande fécondité de la Parole; 
  • Au centre, 24-43 souligne la puissance propre à la Parole en elle-même, dont les effets grandissent inéluctablement jusqu’à la moisson-jugement eschatologique. 
  • en parallèle antithétique 44-53 décrit l’accueil réussi de la Parole, en contexte de récolte, de pêche et de trouvailles. Ce cadre met donc l’accent sur la responsabilité humaine face au don de Dieu.

1–58 Espaces  Jésus embarqué sur mer parle de réalités terriennes (semailles) puis maritimes (pêche). Outre la terre et la mer, le ciel (oiseaux, soleil, monter en parlant des plantes) et le séjour souterrain (racines, profondeur de la terre) sont touchés par son enseignement. Il semblerait qu’il faille être en mer pour parler de la terre, tomber (en terre) pour ensuite monter (vers le soleil); on parle du royaume d’en haut (des cieux) au moyen d’images d’en bas (la terre)! Les divers ordres du réel entrent ainsi en interaction dans la parole de Jésus, qui ne se situe nullement dans un cosmos fixe. 

1–9 Allusions au TaNaKh et un enseignement universel Dans une parabole pleine d’allusions multiples au TaNaKh Références en marge, Jésus redit à ses coreligionnaires à quelle condition la semence/ descendance peut porter du fruit dans la bonne terre/ terre promise Intertextualité biblique Tradition juive. Mais le symbolisme cosmique de cette parabole la rend disponible pour un enseignement religieux universel.

Contexte

Intertextualité biblique

1s Jésus était assis Gloire L’Arche représente le trône où Dieu est assis (Is 6,1ss; Ap 4,2ss; Ap 5,1ss; Ap 6,16; Ap 7,10ss; Ap 19,4; Ap 20,11; Ap 21,5 – quand il ne siège pas… sur un nuage (Is 19,1). Jésus sera également assis dans la gloire (Mt 19,28; Mt 20,21.23; Mt 25,31).

Milieux de vie

1s Jésus était assis Enseignement, jugement Au moment de donner ses plus grands enseignements (Mt 5,1; Mt 23,2; Mt 24,3; Mt 26,55; Mc 4,1; Mc 9,35; Mc 13,3; Lc 2,46; Lc 5,3; Jn 6,3; Jn 8,2 – en Mt 15,29 Jésus s’assoit pour une guérison, en Jn 4,6, simplement pour se reposer), conformément à l’habitude rabbinique (Mt 23,2; Lc 5,17; cf. déjà Ez 8,1; le mot hébreu yešiba, centre d’étude, est construit sur la racine « s’asseoir » Si 51,23).

Le matériel archéologique de l’Orient ancien et du monde greco-helléniste représente souvent les gouvernants assis (cf. Ex 11,5; 1R 1,17ss; Ex 12,29; Ac 12,21; juges et grands prêtres le sont également Mt 27,19; Jn 19,13; Ac 23,3; Ac 25,6.17), ainsi que les dieux, souvent avec des gens priant debout devant eux.

1 de la maison Sans doute celle de Pierre, où Jésus entre à nouveau au v.36. Cependant, il n’a été question de maison qu’en Mt 9,10 et depuis, Jésus s’est beaucoup déplacé: l’accent est donc plus sur le symbolisme du dedans et du dehors que sur la localisation exacte. (cf. →Maison en Mt

Réception

Lecture synoptique

1–9 Outre son style, habituellement plus élégant, Mt soigne plus que Mc (Mc 4,1-20) l’intégration de la parabole et de son « interprétation » en ciselant les parallélismes et en harmonisant systématiquement les nombres et les genres des différents actants (les grains, la pierraille…) dans les deux parties.

Mt et Lc sont d’accord contre Mc sur plusieurs points (construction grammaticale v.4; usage de xêrainô exclusivement pour les végétaux – cf. v.6 –; forme du dit v.9).

Mt et Mc présentent les fructifications dans des ordres inverses.

Tradition chrétienne

1 sorti de la maison Un dedans et un dehors Presque tous les Pères distinguent un dedans et un dehors, mais les interprétations divergent sur ce que sont l’un et l’autre.

  • Hilaire In Matth 13,1, sous l’influence de l’ecclésiologie de Cyprien, pense que tous ceux qui sont en dehors de la barque-Eglise ne peuvent être atteints par la Parole.
  • Origène Comm. Matt. 10,1: « Les foules se trouvent hors de cette maison; et l’œuvre de son amour pour les hommes consiste à abandonner la maison et à se rendre auprès de ceux qui ne peuvent venir à lui ». Jérôme Com in Matth: le Christ et ceux qui l’écoutent sont dehors, au milieu des tentations, mais tous n’en sentent pas l’atteinte de la même façon ; Dieu ménage les faibles. 

Contexte

Milieux de vie

3 le semeur Agriculture Quatre-vingt dix pour cent de la population de l’empire romain était rurale. Avec seulement deux grandes villes, la population galiléenne habitait surtout des villages agricoles (Josèphe C. Ap. 1,60). La plupart des Juifs palestiniens travaillaient dans l’agriculture. Bien que la Palestine fût fertile (Josèphe B.J. 3,42ss), la récolte demeurait un grand souci des agriculteurs (y. Ma‘aś. 2,1). Semer et labourer se faisaient normalement vers novembre, la moisson vers mai (Hésiode Op. 383s; 448ss).

3b pour semer Semailles et labours Dans la Palestine antique on pouvait soit semer avant de labourer (Jub. 11,11), soit labourer avant de semer. Dans le premier cas, le semeur sème intentionnellement sur divers sols; dans le second, c’est par accident que le grain tombe sur de mauvais terrains. La reformulation de la parabole aux vv.18-23 envisage plutôt le premier: la Parole est intentionnellement proclamée à tous. Pseudo-Clément Recogn. 3,14 opte pour semer avant de labourer.

Réception

Tradition chrétienne

3 Il leur parla de beaucoup de choses en paraboles. Parallèles dans les apocryphes.  L'évangile de Thomas utilise les mêmes images à propos du royaume des Cieux :

  • Év. Thom. 8 "Et il a dit : l'homme est semblable à un pêcheur avisé qui jeta son filet à la mer et l'en retira plein de petits poissons ; parmi eux, le pêcheur avisé trouva un gros et beau poisson ; il rejeta tous les petits à la mer, et choisit le gros sans difficulté. Celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende !" (p. 35)

  • Id. 20 "Les disciples dirent à Jésus : Dis-nous à quoi est semblable le Royaume des cieux. Il leur répondit : il est semblable à un grain de sénevé, la plus petite de toutes les semences. Mais lorsqu'il tombe sur une terre travaillée, il produit une grande branche et devient un abri pour les oiseaux du ciel". (p. 37)
  • Id. 76 "Jésus a dit : Le royaume du Père est semblable à un marchand qui avait un ballot et qui trouva une perle. Ce marchand était avisé. Il vendit le ballot et s'acheta la perle seule. Vous aussi cherchez le trésor incorruptible et durable, où la mite ne vient pas manger et où le ver ne détruit pas." (p. 48)
  • Id. 96 "Jésus a dit : le Royaume du Père est semblable à une femme. Elle prit un peu de levain, le cacha dans de la pâte et en fit de grands pains. Celui qui a des oreilles, qu'il entende !" (p. 51)
  • Id. 109 "Jésus a dit : le Royaume est semblable à un homme qui avait un trésor caché dans son champ, mais ne le savait pas. Après sa mort, il le laissa à son fils. Le fils ne savait rien du trésor ; il hérita le champ et le vendit. Celui qui l'avait acheté vint labourer et trouva le trésor. Il se mit à prêter de l'argent à intérêt à qui il voulut". (p. 53)

Contexte

Intertextualité biblique

3b semeur Dieu comme un agriculteur Jésus continue la tradition vétérotestamentaire représentant Dieu comme un agriculteur (outre les célèbres allégories de plantation de vignes décevantes, cf. Jr 2,21) voire comme un semeur (Jr 31,27; Os 2,23ss) attestée aussi dans les targums (p.e. Tg. Ps.-J. Ex 15,17) et la littérature péri-testamentaire (4 Esd. 8,42-45). 

Littérature péritestamentaire

3b semer La Parole de Dieu Métaphore usuelle dans le judaïsme péri-testamentaire pour désigner le don créateur et salutaire de la Parole de Dieu (1 Hén. 62,8; 4 Esd. 4,31; 8,6.41; 9,31). 

Intertextualité biblique

3b–9 L’obéissance à la Parole Dans cette parabole, Jésus multiplie les allusions aux passages AT faisant de l’obéissance à la Parole la condition d’entrée et de prospérité dans la véritable →Terre promise qu’est le royaume de Dieu Références en marge: dans la ligne du sermon sur la montagne (il a été dit; moi je vous dis), il invite à entendre, comprendre et pratiquer sa parole comme la Torah.  

Milieux de vie

3a paraboles Jésus recourt à un procédé d’enseignement connu dans la tradition juive, mais auquel il donne une coloration très personnelle, en les employant moins comme illustration de principes donnés ailleurs que comme base de son enseignement →Paraboles juives.

3b–9 exégèse juive traditonnelle Fidèlement à une technique d’enseignement oral traditionnel (plus tard codifiée dans →le PaRDeS), Jésus multiplie les allusions à des textes importants concernant les origines et l’histoire d’Israël, ainsi que ses relations avec Dieu. Références en marge Intertextualité biblique 

Réception

Tradition chrétienne

3a beaucoup en paraboles mélange de la clarté et de l'obscurité Jérôme Comm. Matt. : 

  • « Il n’a pas tout dit en paraboles, mais beaucoup. Eût-il tout dit en paraboles, les peuples se seraient retirés sans profit. Il mêle la clarté à l’obscurité pour que ce qu’ils comprennent les incite à vouloir connaître ce qu’ils ne comprennent pas ».

3b–9 natures humaines Jérôme Comm. Matt.:

  • « Valentin s’appuie sur cette parabole pour justifier son hérésie. Il introduit l’existence de trois natures: la spirituelle, l’animale et la terrestre. Mais ici, il y en a quatre: une le long du chemin, une autre pierreuse, la troisième pleine d’épines, la quatrième étant la bonne terre ».

3b sorti

  • par l’incarnation; cf. Jean Chrysostome Hom. Matt. 44,3: « Mais d’où a pu sortir celui qui est présent en tous lieux, et comment est-il sorti? Il n’est pas sorti comme on sort d’un endroit qu l’on quitte, mais il s’est rapproché de nous par son incarnation et par la nature humaine dont il s’était revêtu. Nous ne pouvions arriver jusqu’à lui, nos péchés étaient pour nous un obstacle insurmontable; il est venu jusqu’à nous » ; Jean Chrysostome Hom. Heb. 3,1: « Il appelle une sortie son avènement dans la chair, car nous étions en dehors de Dieu ».
  • par la prédication des apôtres; Raban Maur Comm. Matt.: « Il est sorti lorsque dans la personne de ses apôtres, il a abandonné la Judée pour aller évangéliser les gentils ».
  • du Père; Thomas d’Aquin comprend ceci de façon trinitaire Thomas Lect. Matt. 1085, 

3b sorti le semeur pour semer Jean Chrysostome Hom. Matt. 44,3:

  • « Ces paroles [3b] ne doivent pas être regardées comme une redite. Car un laboureur sort souvent pour d’autres choses que pour semer. Il sort pour labourer et pour cultiver la terre. Il sort pour en arracher les épines et toutes les mauvaises herbes ou pour d’autres sujets semblables; mais Jésus-Christ n’est sorti que pour semer ».

3b semeur Jérôme Comm. Matt. = le Fils de Dieu. 

Texte

Critique textuelle

4c venus : Nes V | Byz TR S : venu Le singulier correspond au sing. coll. en grec : ta peteina, comme pour dire « la gent ailée »). La lecture syriaque au singulier reflète p.ê. une interprétation de l’oiseau comme le malin dont il sera question dans la parabole de la zizane. Références en marge Mt 13,4 Tradition juivef19a.

Grammaire

4a il en tomba Singulier collectif Litt. "les uns" : les grains, jamais nommés, sont exprimés dans toute la parabole par des neutres pluriels: ha, auta.

4b au bord Préposition: sur / le long du para tèn hodon traduit p.ê. approximativement l’araméen ‘al « sur », et pourrait aussi se traduire « le long du chemin ». 

Procédés littéraires

4–8 Énumération et ellipse Des catégories de grains sont par ordre croissant d’espérance de vie. Mais les mots "grain" ou "semence" n’apparaissent nulle part!

Contexte

Milieux de vie

4b chemin À l’intérieur des champs Outre ceux qui délimitaient les propriétés (m. Pe’ah 2,2), des sentiers permettaient probablement aussi de circuler à l’intérieur des champs (Mt 12,1 ; Virgile Priap. 3,21).

Intertextualité biblique

4b il en tomba La descendance Supposée ici et nommée seulement au v.24, la semence (sperma) associée à la terre () évoque constamment la descendance élue à partir des récits sur Abraham, en particulier sous forme de promesse: « Je donnerai cette terre à ta semence » (Gn 12,7 ; 13,15 ; 15,18 ; 17,8 ; 24,7 ; 26,3s ; 28,4 ; 35,12 ; 48,4; Ex 32,13 ; 33,1; Dt 1,8 ; 11,9 ; 2Ch 20,7; Jr 23,8; cf. Ac 7,5). 

Réception

Tradition chrétienne

4–8 Collaboration de l'homme Jean Chrysostome est toujours attentif à ce qui souligne la part de collaboration à l’action de Dieu qui revient à l’homme, il se demande ce que devient la semence; 

  • Hom. Matt. 44,3: « Il s’en perd trois parties et il ne s’en sauve qu’une. Mais comment concevoir, me dites-vous, qu’on sème sur des épines, sur des pierres et dans des chemins? Je vous réponds que cela serait ridicule à l’égard d’une semence matérielle qu’on jette sur la terre; mais à l’égard de nos âmes et de la parole de Dieu, c’est une chose qui ne peut être que très louable. On blâmerait très justement un laboureur s’il perdait ainsi sa semence, parce que les pierres ne peuvent devenir de la terre et que les chemins ne peuvent cesser d’être des chemins, ni les épines d’être des épines. Mais il n’en est pas ainsi de nos âmes. Les pierres les plus dures peuvent se changer en une terre très fertile. Les chemins les plus battus peuvent n’être plus foulés aux pieds, ni exposés à tous les passants, mais devenir un champ bien préparé et bien cultivé. Les épines peuvent disparaître pour faire place à la semence, afin que le grain croisse et pousse en haut, sans qu’il trouvé rien qui l’empêche de monter. Si ces changements étaient impossibles, le semeur divin et adorable n’aurait jamais rien semé dans le monde. Et s’ils ne sont pas arrivés dans toutes les âmes, ce n’est point la faute du laboureur, mais de ceux qui n’ont pas voulu se changer. Il a accompli avec un soin entier ce qui dépendait de lui. Si les hommes, au lieu de correspondre à son ouvrage, l’ont au contraire détruit en eux-mêmes, il n’est point responsable de leur perfidie, après qu’il a témoigné tant de bonté et tant d’affection envers les hommes ».

Texte

Grammaire

5b.6b pour n’avoir point Sémitisme Litt. "à cause de son ne-pas-avoir" : imite la construction sémitique de l’infinitif complément.

Contexte

Milieux de vie

5a pieraille Exploitation y. Kil. 1,27b,47 fait référence à l’exploitation agricole de mauvais terrains littoraux: aux temps anciens même des endroits rocheux pouvaient être cultivés. La qualité différente entre les sols, était bien connue (Xénophon Oec. 16,3; Caton Agr. 6,1).

Textes anciens

5b aussitôt ils levèrent La déception provoquée par des grains qui poussent vite mais ne portent pas de fruits, était bien connue (Quintilien Inst. 1,3,5).

6a soleil menace à la récolte Le soleil et la sécheresse menacent la récolte (Jc 1,11 ; Théophraste Hist. plant. 1,4,1; Josèphe B.J. 4,471).

Réception

Tradition chrétienne

4–8 Don offert indifféremment

  • Jean Chrysostome Hom. Matt. 44,3: « Il n’y a que la quatrième partie de toute la semence qui se sauve, et encore même avec beaucoup d’inégalité et de différence. Jésus-Christ voulait dire par là qu’il offrait indifféremment à toutes les instructions de sa parole. Car comme un laboureur ne choisit point en semant, et ne fait aucun discernement d’une terre d’avec une autre, mais répand sa semence également partout, Jésus-Christ de même, en prêchant, ne faisait point de distinction entre le riche et le pauvre, entre le savant et l’ignorant, entre l’âme ardente et celle qui était lâche et paresseuse. Il semait de même sur tous les cœurs, et il faisait de son côté tout ce qu’il devait faire, quoiqu’il n’ignorât pas quel devait être le succès de son travail ».

6b racine Cause invisible La racine est la charité comme la cupidité est la racine de tous les maux (Augustin Enarrat. Ps. 90,8). La racine est dans un lieu caché, les fruits – les œuvres – par contre sont visibles (ibid. 51,12). 

Contexte

Textes anciens

7a épines Les épines étouffent les plantes (Virgile Georg. 1,150-159).

8c cent, soixante, trente Rapport de la moisson Selon Varron Rust. 1,44,2, les semailles en Syrie pouvait produire jusqu’au centuple, et d’autres textes l’indiquent aussi: Théophraste Hist. plant. 8,7,4; Strabon Geogr. 15,3,11; Pline Nat. 18,21,94s; Or. sib. 3,263s. Josèphe C. Ap. 1,95 loue la fertilité du sol palestinien. La récolte était d’habitude entre 7,5 et 10 fois le nombre du grain semé. Pour certaines parties de la Palestine, une récolte au centuple n’était même pas une exception.

Intertextualité biblique

8a la terre, la bonne La Terre promise Pour un Juif palestinien du 1er s., la « bonne terre » évoque invinciblement la Terre promise: sur près de 2000 emplois de « terre », on trouve 14 fois seulement l’expression « bonne terre » (h’rç htvh), dont 10 dans Dt, dont 8 dans le testament que Moïse laisse au Peuple dans l’Araba en face de la Terre promise Dt 1-12 (Dt 1,25.35 ; 3,25 ; 4,21s ; 6,18 ; 8,7.10 ; 9,6 ; 11,17). Certes, LXX dit gê agathê et non gê kalê comme Mt et Mc, mais Mt cite souvent un texte mixte. Le parallèle de Lc, évangile très enraciné dans la tradition grecque des Écritures porte bien, lui, agathê.

Réception

Tradition juive

8c cent, soixante, trente récoltes du temps messianique Des passages juifs réfèrent aux très grandes récoltes dans le temps messianique, p.e. b. Ketub. 111b-112a: il faudra un bateau pour transporter une grappe! (cf. 2 Bar. 29,5).

Texte

Critique textuelle

8c cent  | Quatre-vingt-dix (Clément d’Alexandrie Strom. 14,3).

Procédés littéraires

8c cent, soixante, trente Enumération décroissante et chiasme quantitatif avec la précédente enumération des terres. Au centre se rencontrent donc: le meilleur du mauvais et le moins bon du meilleur.

Critique textuelle

9 pour entendre Rejeté dans Nes Procédés littéraires. Nes lit : qui a des oreilles, entende !, rejetant « pour entendre » comme une harmonisation.

Réception

Tradition juive

9 entende Pour apprendre Il s’agit non seulement d’entendre et de comprendre, mais encore d’apprendre. Les enseignants juifs (qui « sèment » la Torah: b. Ber. 63a), exhortaient leurs étudiants à écouter et mémoriser leurs enseignements (Mek. Exod. Piša 1,135s; Sipre Dt. 306,9,1ss); ils méprisaient les auditeurs négligents (’Abot R. Nat. 36a; m. ’Abot 2,8).

Contexte

Textes anciens

9 Même formule en Pap. Oxyrh. 1081 Ia,13s; Ib,8ss.

Réception

Tradition chrétienne

9 entende = obéir

  • Augustin Serm. 17,1: « Il faut écouter avec ces oreilles que demandait le divin Maître, lorsqu’il disait: Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende (Mt 13,9). Assurément, aucun de ceux à qui il adressait ces paroles n’était sourd. Ils avaient tous des oreilles, et très peu avaient des oreilles, parce que tous n’avaient pas les oreilles pour écouter, c’est-à-dire pour obéir ».

Ce sont les oreilles du cœur et non seulement celles du corps qui sont ici concernées. -> sens spirituels 

Contexte

Milieux de vie

7a épines Espèces Il y a plusieurs types d’épines (par exemples: Silybum marianum, Cyrana Syriaca, Onopordum, Notobasis syriaca, Cirsium phyllocephalum) prolifèrent auprès des chemins et atteint une hauteur de plus de deux mètres en avril.

Réception

Comparaison des versions

3 paraboles S et M : mots correspondants dans les diverses versions

  • Ici, S: pl’t’, ou « symbole ». D'après l'hébreu pl’ (Ex 15,11) : « merveille ».
  • Habituellement dans les évangiles, S emploie le mot mtl’ (Mt 13,18), qui correspond à l'hébreu mšl.