La Bible en ses Traditions

Matthieu 26,26

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26 ...

 

26 Pendant qu’ils mangeaient, Jésus, ayant pris du pain et dit une bénédiction, le rompit

et il le donna à ses disciples et dit :

— Prenez et mangez, ceci est mon corps.

 

26–29 Jn 6,51-58 Eucharistie  Mc 14,22-25 ; Lc 22,19-20 ; 1Co 11,23-25

Texte

Genres littéraires

26–29 L'eucharistie dans la mythologie comparée L’eucharistie chrétienne pourrait évoquer des parallèles avec la théophagie dans les cultes à mystères : Mithra, Dionysos. v. →Mythe et évangiles

Réception

Tradition chrétienne

Islam

26ss Les nourritures descendues du ciel

  • Coran 5,112-115 : Les Apôtres dirent : 'Ô Jésus, fils de Maris ! ton Seigneur peut-il, du ciel, faire descendre sur nous une Table servie ?' Il dit : 'Craignez Dieu, si vous êtes croyants !' Ils dirent : 'Nous voulons en manger et que nos coeurs soient rassurés ; nous voulons être sûrs que tu nous as dit la vérité, et nous trouver parmi les témoins'. Jésus, fils de Marie dit : 'Ô Dieu, notre Seigneur ! Du ciel, fais descendre sur nous une Table servie ! Ce sera pour nous une fête, –pour le premier et pour le dernier d’entre nous– et un signe venu de toi. Pourvois-nous des choses nécessaires à la vie ; tu es le meilleur des dispensateurs de tous les biens'. Dieu dit : "Moi, en vérité, je la fais descendre sur vous, et moi, en vérité, je châtierai d'un châtiment dont je n'ai encore châtié personne dans l'univers celui d'entre vous qui restera incrédule après cela'."

Le miracle de la Table servie, qui donne son nom à la sourate 5 a posé beaucoup de problèmes d'interprétation. Tout d'abord, il est difficile de dire si le miracle doit être rapproché de la Cène ou des épisodes de multiplication des pains (Mt 14,17-22 ; Lc 9,12-17 ; Mc 6,38-44). Une troisième possibilité évoquée par l'exégèse musulmane est de considérer que le miracle de la Table est un miracle de Jésus qui n'est rapporté que par le Coran.

Les commentateurs se sont aussi interrogés sur la question de savoir si la Table est effectivement descendue ou si Jésus a sursis à sa demande ; une telle hésitation provient des versets suivants où Jésus affirme qu'il n'est qu'un homme.

Tradition chrétienne

26 Jésus rompt le pain. Hoc est corpus : inscriptions médiévales.

12e siècle :

26ss La « dernière cène »

CITATION

  • Origène  Hom. Jr.  12,2  « ... néanmoins vois aussi le Sauveur monter pour la Pâque dans une grande salle à l'étage, garnie de coussins (Mc 14,15) et ornée, célébrer la fête avec ses disciples [...] et leur dit : Prenez (cf. Mt 26,26), buvez (cf. Mt 26,27). Ceci est mon sang (Mt 26,28) qui est répandu pour vous (Lc 22,20) en rémission des péchés (Mt 26,28). Faites cela, chaque fois que vous boirez, en mémoire de moi (1Co 11,25), et : en vérité je vous le dis, je ne boirai plus de cette coupe jusqu'à ce que je la boive avec vous de nouveau dans le royaume de Dieu (Mt 26,29). »

INTERPRÉTATION

Anamnèse  

L'accomplissement du précepte concerne l'ordre de réitération par lequel la communauté chrétienne célèbre l'eucharistie en mémoire de la Cène. Dans ce passage, le compilateur des CA souligne la distance entre les bienfaits de Dieu et l'action de grâce dont l'homme est capable :

  • Const. ap. 8,12, 35-37 « Nous souvenant donc de ce qu'il a souffert pour nous, nous te rendons grâces, Dieu tout-puissant (Ap 11,17), pas autant que nous le devrions, mais autant que nous le pouvons, et nous accomplissons son précepte. Car la nuit où il fut livré, il prit du pain (1Co 11,23 ; Mt 26,26) dans ses mains saintes et sans tache, il leva les yeux (cf. Mt 14,19) vers toi, son Dieu et Père, il rompit le pain et le donna à ses disciples en disant (Mt 26,26) : Ceci est le mystère de la nouvelle alliance (cf. 1Co 11,25), prenez-en, mangez, ceci est mon corps brisé pour la multitude en rémission des péchés (Mt 26,26.28 : 1Co11,24). De même il remplit la coupe (1Co 11,25) de vin et d'eau, la sanctifia et la leur donna en disant : Buvez-en tous, ceci est mon sang, versé pour la multitude en rémission des péchés (Mt 26,27s) ; faites ceci en mémoire de moi, car chaque fois que vous mangez de ce pain et que vous buvez de ce calice vous annoncez ma mort jusqu'à ce que je vienne (1Co 11,24-26). »

Le pain et le vin, prémices des dons de Dieu sous la nouvelle alliance 

  • Irénée de Lyon Haer. 4,17,5 « À ses disciples aussi, il conseilla d'offrir à Dieu les prémices de ses propres créatures [...] Le pain, qui provient de la création, il le prit, et il rendit grâces, disant : 'Ceci est mon corps'. Et la coupe pareillement, qui provient de la création dont nous sommes, il la déclara son sang et il enseigna qu'elle était l'oblation nouvelle de la nouvelle alliance. C'est cette oblation même que l'Église a reçue des apôtres et que, dans le monde entier, elle offre au Dieu qui nous donne la nourriture, comme prémices des propres dons de Dieu, sous la nouvelle alliance. »

Arts visuels

26ss Institution de l'Eucharistie

  •  Anonyme, Patène avec la Communion des Apôtres, (argent, dorure et nielle, ca. 565 - 578), 35 x 35 x 3,18 cm, Dumbarton Oaks Museum→, Washington, États-Unis

17e s.

Cène en U

Nicolas Poussin (1594-1665), Les Sept Sacrements I : L' Eucharistie, (huile sur toile, ca. 1636-1640), Collection du duc de Rutland

Fitzwilliam Museum, Cambridge, domaine public © Wikicommons→

En rectangle

Nicolas Poussin (1594-1665), Les Sept Sacrements II : L'Eucharistie, (huile sur toile, 1647), 117 × 178 cm, Collection du duc de Sutherland

National Gallery of Scotland (mise en dépôt), Édimbourg, domaine public © Wikicommons→

Envol 

Nicolas Poussin (1594-1665), Institution de l'Eucharistie, (huile sur toile, 1641), sainte Cène, 325 × 250 cm

Paris, musée du Louvre, salle 19, domaine public © Wikicommons→

18e s.

Art populaire

Art populaire, La Cène (18e s.), cire de Nancy, 44,5 x 57 x 15,5 cm

© Photo : Trésors de ferveur→

Musique

26 Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), Niets dan liefde (Oratorio du printemps op.23), 2011

Marie de Roy (sopr), Aldo Platteau (bar), Ensemble Sturm und Klang (dir. Thomas van Haeperen)

© Kris Oelbrandt→, Ct 1,4.7.15.2,8.16.4,1-7.10.5,8.8,6 Mc 14,22 Mt 26,26 Lc 22,19 1Co 13,7s

Composition

Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.

Contexte

Repères historiques et géographiques

26,1–27,66 Les lieux de la Passion

Parcours de Jésus durant sa Passion, (numérique, Jérusalem : 2022)

M.R. Fournier © BEST AISBL, Mt 26-27 ; Mc 14-15 ; Lc 22-23 ; Jn 18-19

Le lieu du →prétoire, tribunal de Ponce Pilate, est incertain. Deux sites sont possibles : la forteresse Antonia et le Palais d'Hérode le Grand. La tradition situe le prétoire à l'Antonia mais les archéologues, aujourd'hui, le placent plutôt dans le palais d'Hérode le Grand.

Bibliographie
  • Dominique-Marie Cabaret, La topographie de la Jérusalem antique (Cahiers de la Revue Biblique 98), Peeters : 2020.
Toponymie

Esplanade du Temple, Ophel, ville haute, ville basse, palais d’Hérode le Grand, mont Sion, Cénacle, palais hasmonéen, palais de Caïphe, Golgotha, forteresse Antonia, porte dorée, jardin de Gethsémani, mont des Oliviers, colline de Bézétha, théâtre, vallée du Cédron, vallée du Tyropéon, vallée de la Géhenne, via Dolorosa.

Réception

Arts visuels

26ss Méditation moderne et contemporaine sur l'Eucharistie 

Peinture du 20e s. 

Au comble de la charité... 

George Desvallières (1861-1950), La messe de St Vincent de Paul, « acte capital, flamboyant », (Aquarelle, gouache, crayon et encre, ca. 1929 - 1934), 20,5 x 15 cm

Collection particulière, Paris © Succession Desvallières→

Original de l’illustration page 289 (CR 2271) du livre d’art Monsieur Vincent montrant le saint prêtre au moment de l’élévation de l’hostie pendant sa messe, l’aquarelle est placée, avec neuf autres, dans un passe-partout au début de l’exemplaire no 71 imprimé pour Monsieur Albert Malle.

... un baiser d'amour ...

George Desvallières (1861-1950), Première communion de sainte Thérèse, (Huile sur toile, 1938), 195 x 143 cm

Collection particulière, Paris © Succession Desvallières→

En 1938, alors âgé de 77 ans, Desvallières a commencé ce travail sur sainte Thérèse de Lisieux pour l’illustration du livre d’Henri Ghéon, projet qui n’aboutit pas (CR 2403). Quelques-unes de ses aquarelles furent alors exposées chez Druet en 1938. Le peintre, admiratif de l’humble carmélite de Lisieux, présenta deux grands panneaux au Salon d’automne 1938, qui illustrent les deux rencontres de la sainte avec le Christ, lors de sa première communion représentée sur cette toile, et le jour de sa mort dans Ascension de Sainte Thérèse CR 2418. Avant le salon, Marguerite Desvallières écrivit à sa fille France, l’impression que produisit sur elle cette première communion, « Quant à papa il a fait quelques illustrations mais surtout une assez grande Ste Thérèse de Lisieux au pied d’un Christ que je trouve superbe sous une voûte de roses éclairées par des cierges. » Les deux compositions provoquèreent l’enthousiasme de la critique : « Le grand peintre chrétien Georges [sic] Desvallières s’est consacré cette année à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Une toile infiniment touchante nous montre sa première communion, où le Christ couronné d’épines, à l’expression douloureuse, se penche paternellement sur la petite Sainte ployée à genoux, entourée de roses et d’un buisson de cierges » (Charnage). Goulinat parle de trois panneaux de « la vie ardente de Ste Thérèse » mais remarque surtout que l’artiste « met au service de sa foi toutes les ressources d’idées créatrices dont nous avons souvent vanté la richesse ».

Cette première communion reste l’une des œuvres les plus importantes d’une longue série de méditations de Desvallières sur la carmélite de Lisieux qui l’inspirera jusqu’au seuil de sa vie avec les illustrations du livre Thérèse Martin de Louis Chaigne (1948). Dans ce dernier ouvrage d’art, il reproduira ce « premier baiser d’amour » dont parle Thérèse dans ses écrits, sur l’aquarelle CR 2630 et l’illustration CR 2647.

... jusqu'au cœur de la violence

George Desvallières (1861-1950), Triptyque de la Rédemption, La messe dans la tranchée, détail, (vitrail, 1927), 230 x 140 cm

Panneau de droite du Triptyque de la Rédemption situé sur le mur gauche de la nef, chapelle de l’Ossuaire, Douaumont

© Ponton→

C'est une image de la vie quotidienne du commandant Desvallières sur le front, à la première heure : un prêtre célèbre la messe au milieu des tranchées. C’est le moment central de la cérémonie, celui de la Consécration du pain et du vin. Les fusils sont déposés, les casques retirés et les visages recueillis. Sur la droite, une sentinelle casquée veille.

Pour cette composition, Desvallières reprend un croquis de guerre réalisé sur le front d’Alsace en 1916 (CR 1576) où il a souvent organisé la célébration de l’office.

  • « C’est la messe aux premières lignes ; un prêtre, l’aube et la chasuble jetées sur l’uniforme, élève le calice au-dessus des créneaux ; la pierre de l’autel est posée à même les sacs de terre du parapet ; la tranchée dessine l’amorce d’un boyau où des hommes à l’entrée des sapes suivent l’office. » (Vallery-Radot)

Son élève, Jean Hébert-Stevens, trouve avec son maître les harmonies voulues pour rendre éclatante cette cérémonie au creux d’un boyau. La famille Guéneau de Mussy, amie des Desvallières, a offert ce vitrail et celui du Poilu emmené par deux anges (CR 1860), « In memoriam », « En souvenir » de leur fils François, lieutenant mort lors de l’attaque du Fort de Douaumont le 22 mai 1916.

Le triomphe de l'eucharistie O Salutaris Hostia

George Desvallières (1861-1950), Le triomphe de l'Eucharistie O Salutaris Hostia, (1926)

Église Saint-Jean-Baptiste, Pawtucket (Rhode Island, É.-U.) © Succession Desvallières→

Le programme iconographique déployé par Desvallières occupe quatre grands caissons au plafond de l’église. « Desvallières a représenté le Triomphe de l’Eucharistie - l’Hostie, dans un ostensoir rayonnant, adorée par les anges. - Puis, dans les trois compositions qui se succèdent en descendant la nef : Dieu le Père et le Saint- Esprit, dans leur gloire ; le Christ médiateur, “ inclinant les cieux ” pour venir bénir l’humanité ; les Apôtres, qui symbolisent toute l’Église militante, élevant leurs aspirations vers le Seigneur. »

21e s. 

Art contemporain

François-Xavier de Boissoudy (1966-...), Le Père et le Fils I, (lavis d'encre, 2017), 125 x 142 cm

Coll. part., © Fr-X. de Boissoudy→, Mt 26,26 ; Mc 14,22 ; Lc 22,19 ; Jn 17,1-26 ; Jn 5,19-20 ; Jn 4,34 ; Jn 5,30.36-37 ; Jn 14,6-7 

La composition met en parallèle le Père qui se donne en sa Création, symbolisée ici par la lune ronde qui rappelle l’hostie et le Fils qui se donne en son corps dans le pain consacré. Le Christ est tout entier image du Père, et son pain, c’est de faire la volonté de celui qui l’a envoyé (Jn 4,34).

Cet œil me regarde toujours

François-Xavier de Boissoudy (1966-...), Le Père et le Fils II, (lavis d'encre, 2017), 125 x 142 cm

Coll. part., © Fr-X. de Boissoudy→, Mt 26,26 ; Mc 14,22 ; Lc 22,19 

Comme un œil grand ouvert dans le ciel, le Père préside au sacrifice du Fils. Déjà en bas à droite, la troupe envoyée par les grands prêtres s’avance par les portes de la ville pour venir arrêter Jésus.