La Bible en ses Traditions

Philémon 1,23–24

Byz V S TR Nes

23  Te  saluent

Nessalue Épaphras mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus

Sen Jésus Christ

24 Marc, Aristarque, Démas, Luc, mes collaborateurs.

Seux qui m'aident.

Texte

Procédés littéraires

23 compagnon de captivité Inclusion antithétique Au « compagnon d’armes » (v.2b) qu’est Archippe, mentionné aux côtés de Philémon, en début de lettre, répond ici Épaphras, le « compagnon de captivité » de Paul, ce qui souligne la disparité des situations entre celui qui écrit la lettre et ceux qui la reçoivent.

24 collaborateurs Inclusion finale qui opère la synthèse de tous les thèmes abordés dans la lettre. Tout comme les fidèles collaborateurs (sunergoi) de Paul, Philémon est convié à tenir la promesse du titre reçu en début de lettre (v.1b sunergôᵢ « collaborateur »). Ce n’est qu’à cette condition que Paul sera vraiment son koinônos (v.17a), et que la koinônia de sa foi pourra devenir energês (« efficace », v.6) entre adelphoi (cf. v.1a.2a.7b.16b.20a) liés par l’agapê (v.1b.5.7a.9a.16b).

Genres littéraires

20–25 Conclusion La lettre se termine par une conclusion en trois parties :

  • v.20-21 : péroraison rhétorique (et vaguement ironique) qui reprend les principaux arguments : la formule feint de nier le projet épistolaire puisqu’elle affirme la conviction de Paul que Philémon se rendra à ses arguments. Pourquoi écrire dans ce cas ? Bien entendu, c’est une sorte de prédiction qui se veut autoréalisatrice pour manifester encore un peu plus les obligations de Philémon envers Paul.
  • v.22: une nouvelle occurrence des projets de voyage de Paul, qui renforce le poids de la présence de l’Apôtre : d’ici peu, c’est en chair et en os qu’il pourra formuler sa demande.
  • v.23-25 : conclusion commune à toutes les lettres de la main de l’Apôtre : envoi de salutations de la part des personnes qui entourent l’Apôtre et brève formule de conclusion, en fait une bénédiction. L’ « Amen » final induit un usage liturgique.

Propositions de lecture

1–25 Supplique d'un apôtre devenu pater familias

Structure

Adresse (v.1-3)

À son accoutumée, Paul profite de l’adresse pour transmettre une bénédiction aux destinataires de l’épître : Genres littéraires Phm 1,1ss.

Action de grâces (v.4-7)

L’épître est l’occasion de féliciter Philémon de sa foi et de sa charité, qui provoquent joie et consolation à l’Apôtre : Genres littéraires Phm 1,4–7. Elle est mobilisée au service de l'argumentation de Paul : il rappelle que la communion dans la foi ne peut rester une simple adhésion intellectuelle mais doit s’épanouir dans une réflexion éthique (la connaissance du bien qui est en nous pour le Christ) et de véritables actions (la charité qui produit le réconfort).

Demande (v.8-19)

L’essentiel du corps de l’épître est consacré à la requête de Paul. Tout en affirmant laisser Philémon libre de son choix (v.8), l’Apôtre présente divers arguments pour le convaincre de recevoir Onésime sans le punir. Paul présente ainsi sa demande : que Philémon ne tienne pas rigueur à Onésime de s’être enfui de chez lui pour se réfugier chez Paul. En effet, converti par Paul et devenu chrétien, il est bien plus que le simple esclave de son maître : il est comme son propre frère.

Conclusion (v.20-22) et salutations (v.23-25)

L’épître se clôt par l’assurance d’être entendu de Philémon (v.20-21), une promesse de voyage (v.22), un échange de salutations de la part des collaborateurs de Paul (v.23-24) et une bénédiction finale (v.25) : Genres littéraires Phm 1,20–25.

Caractérisation de Paul : apôtre, père, commerçant, ironiste ?

On peut se lancer dans des considérations de morale sociale (Théologie Phm 1,12), peut-être anachroniques (Milieux de vie Phm 1,16a) ; on peut aussi être sensible à la subtilité des relations humaines tissées par Paul.

Père et victime

Deux thèmes sont à l’œuvre : la prison et les entrailles (le cœur : Milieux de vie Phm 1,7b.12b.20b). Ils construisent une figure subtile d’autorité de l’Apôtre, qui apparaît à la fois comme un modèle de souffrance pour la foi et comme un modèle de paternité. Paul devient pater familias de Philémon et d’Onésime, qui sont maintenant frères (c.-à-d. la paternité de Philémon est relativisée). Plutôt que de faire appel à son autorité apostolique (v.8), Paul préfère se présenter comme un père et comme une victime (v.9).

Négociateur madré

Il le fait avec une tendre ironie (Procédés littéraires Phm 1,8s), feignant la négociation commerciale (Milieux de vie Phm 1,19ab), multipliant les arguments jusqu’aux limites de la préciosité (comme le jeu de mots sur le nom de l'esclave : Procédés littéraires Phm 1,10b.11b ; Procédés littéraires Phm 1,20a), comme s'il ne voulait pas imposer sa volonté, malgré son insistance (Phm 20-21) et alors qu'il rappelle à Philémon qu'il ne lui doit rien moins que... lui-même : Procédés littéraires Phm 1,19c !