La Bible en ses Traditions

Psaumes 139,1–6

M
G S
V

Au maître de chant. Psaume de David

YHWH, tu me scrutes et tu me connais

...

VERS LA FIN DE DAVID PSAUME

tu sais quand je m'assieds et quand je me lève

tu discernes de loin ma pensée.

...

Seigneur tu m'as éprouvé et tu m'as  connu : 

tu connus mon coucher et mon lever,

que je marche ou me couche, tu m’observes 

et tous mes chemins te sont familiers.

...

compris de loin mes pensées,

inspectas mon sentier et le fil de ma vie 

Car la parole n’est pas sur ma langue

que déjà, YHWH, tu la connais entièrement.

...

et toutes mes voies, tu les prévis !

Parce que la parole n'est pas sur ma langue

4 Dieu connaît nos demandes Mt 6,8

Derrière et devant tu m'enserres 

et sur moi tu poses ta main.

...

que voici, toi Seigneur, tu sais déjà toutes choses, les plus nouvelles comme les anciennes : 

c'est vraiment toi qui m'as formé et as posé la main sur moi !

Prodige de science qui me dépasse

trop élevée : je n'y puis atteindre !

...

Stupéfiante est devenue ta science, pour moi :

elle est bien établie, je ne pourrai l'atteindre !

6 qui me dépasse Jb 42,3 ; Ps 131,1

Réception

Histoire des traductions

3 et tous mes chemins te sont familiers Connaissance parfaite des actes de l'homme

4 Parole dévoilée à Dieu avant de l'être à l'homme

  • Lévinas Sacré "La parole n'est pas encore sur ma langue que déjà elle t'est dévoilée tout entière" (131).

1b Seigneur, tu me scrutes et tu me connais Connaissance parfaite du coeur de l'homme

Philosophie

1–14 Investi par Dieu et responsable de l'autre 

  • Lévinas Sacré "[...] l'humanité de l'homme serait la fin de l'intériorité, la fin du sujet. Tout est ouvert. Je suis partout traversé par le regard, touché par la main. On comprend dès lors que Jonas n'ait pas pu échapper à sa mission. Voilà ce qui signifie le fait d'avoir deux visages. Avec un seul visage, j'ai un occiput où s'accumulent mes arrière-pensées et mes réserves mentales. Refuge où toute ma pensée peut tenir. Et voici, à la place de l'occiput, un deuxième visage ! Tout est exposé, tout en moi fait face et doit répondre. Je ne peux même pas, par le péché, me séparer de ce Dieu qui me regarde et me touche. Le Mal, ultime recours de la rupture, ultime repli de l'athéisme, n'est pas une rupture : le psaume 139 nous dit que ce repli est sans défense. Dieu traverse les ténèbres du péché. Il ne vous lâche pas ou vous rattrape. Vous êtes toujours à découvert ! Mais vous êtes dans ce psaume d'allégresse découvert dans la joie ; c'est l'exaltation de la proximité divine que chante ce psaume : une exposition sans coin d'ombre. [...] Que signifie cette façon d'être investi par Dieu, sinon l'image même qui lui sert d'allégorie ? Être sous le regard sans sommeil de Dieu, c'est précisément, dans son unité, être porteur d'un autre sujet — porteur et supporteur —, être responsable de cet autre, comme si le visage, pourtant invisible, de l'autre prolongeait le mien et me tenait en éveil de par son invisibilité même, de par l'imprévisible dont il menace. Unité du sujet un et irremplaçable dans l'assignation irrécusable à la responsabilité pour cet autre — plus proche que toute proximité et pourtant inconnu. Manière essentielle pour l'être humain d'être exposé jusqu'à y perdre la peau qui le protège, peau devenue tout entière visage, comme si, noyauté autour de soi, un être subissait une dénucléation et, se dénoyautant, était 'pour l'autre' avant tout dialogue ! Ce n'est pas dans un dialogue qu'à tel point l'humain s'exposerait. Il faut cette tête à deux visages. Tête humaine, singulière dans son unité sans synthèse et sans synchronie, où s'inscrit ma responsabilité pour l'autre, sans que moi et l'autre nous formions — en nous reconnaissant mutuellement l'un dans les yeux de l'autre — une corrélation des termes, d'emblée réciproquables" (132-133).

1–10 Élection de celui qui vit en présence de Dieu

  • Lévinas Sacré "Toujours la main de Dieu me saisit et me guide. Il est impossible d'échapper à Dieu, ne pas être présent sous son regard sans sommeil. Regard, qui n'est pas ressenti comme un malheur, contrairement à l'effroi qu'en éprouve la Phèdre de Racine : [...]. Ici, certes, la présence de Dieu signifie : être assiégé par Dieu ou obsédé par Dieu. Obsession ressentie comme une élection" (Philosophie Ps 139,1–14) (131).

Histoire des traductions

5 Dieu toujours présent

  • Lévinas Sacré "Tu me serres de près (tzartani) derrière et devant et tu passes sur moi ta main" (122, d'après b. Ber. 61a).

Liturgie

17.2 Et à mes yeux, vos amis sont en honneur Introït

Introït « Mihi autem »

Traditionnel, Introït - Mihi autem nimis

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 139,17.2

Offertoire « Mihi autem nimis »

Traditionnel, Offertoire - Mihi autem nimis

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 139,17

18.5s.2 Je suis ressuscité Introït

« Resurrexi »

Traditionnel, Introït - Resurrexi

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 139,18.5-6.2

Arts visuels

1–10.24 L'homme guidé par Dieu

Renaissance italienne, 15e s.

Filippino Lippi (1457-1504), Tobie et l'ange, (huile et tempera sur panneau, ca. 1475-1480), 32,7 × 23,5 cm

National Gallery of Art, Washington, domaine public © Wikimedia commons→, Tb 6

Tradition juive

1–24 Toi

  • Buber Récits « L'hymne que le Rabbi de Berditshev aimait particulièrement à chanter le voici : "Où que j'aille : c'est Toi ! / Où que je sois : c'est Toi ! / Seulement Toi, rien que Toi, toujours Toi / Toi ! Toi ! -- Tout va-t-il bien ? C'est Toi ! / Suis-je en douleur ? C'est Toi ! / Seulement Toi, rien que Toi, toujours Toi / Toi ! Toi ! -- Le ciel : c'est Toi ; la terre : Toi ! / En-haut, c'est Toi ! En-bas, c'est Toi, / Où que ce soit que je me tourne, / Au bout de tout, c'est Toi / Seulement Toi, rien que Toi, toujours Toi / Toi ! Toi ! » (300).

Liturgie

1 Seigneur tu m'as scruté

« Domine probasti me »

Traditionnel, Antienne - Domine probasti me

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 139,1

Antienne chantée aux Vêpres du jeudi.

Comparaison des versions

3 V—IUXTA HEBR.

  • tu as compris de loin mon mal | mon sentier et mon coucher tu les as vannés

4 V—IUXTA HEBR.

  • Tu as compris toutes mes voies | car la parole n’est pas sur ma langue

5 V—IUXTA HEBR.

  • Voilà, Seigneur, que tu connais tout | Par derrière et par devant tu m'as formé | et sur moi tu as posé ta main  :

6 V—IUXTA HEBR.

  • Science qui me dépasse | et elle est trop élevée : | je ne pourrai pas l'atteindre !

1 V—IUXTA HEBR.

  • POUR LA VICTOIRE CANTIQUE DE DAVID | Seigneur, tu m'as scruté et tu m'as connu