La Bible en ses Traditions

Psaumes 139,14–16

M
G S
V

14 Je te louerai d’avoir fait de moi une créature si merveilleuse 

admirables sont tes œuvres et mon âme le sait bien.

14 ...

14 je te confesserai ! Parce que ta magnificence force le respect,

stupéfiantes sont tes œuvres, et mon âme se rend à l'évidence :

15 Mes os n'étaient pas cachés devant toi

lorsque je fus fait dans le secret

brodé dans les profondeurs de la terre.

15 ...

15 il ne fut pas un secret pour toi, le fond que tu me fis dans le secret

et ma substance, aux profondeurs de la terre,

16 Je n’étais qu’un germe informe et tes yeux me voyaient

et sur ton livre étaient tous écrits les jours qui m’étaient destinés

quand aucun d’eux n'existait encore.

16 ...

16  mon embryon, tes yeux le virent

(d'aillleurs dans ton livre tous seront inscrits :

un jour ils seront formés mais personne parmi eux n'existe encore ;

16 Le livre de vie Ml 3,16 ; Dn 7,10 ; Ps 69,29 Les jours sont dans la main de Dieu Jb 14,5 ; Ps 31,16

Propositions de lecture

16 il n'y a pas un seul en eux V = quand aucun d'eux n'existait encore

Réception

Philosophie

1–14 Investi par Dieu et responsable de l'autre 

  • Lévinas Sacré "[...] l'humanité de l'homme serait la fin de l'intériorité, la fin du sujet. Tout est ouvert. Je suis partout traversé par le regard, touché par la main. On comprend dès lors que Jonas n'ait pas pu échapper à sa mission. Voilà ce qui signifie le fait d'avoir deux visages. Avec un seul visage, j'ai un occiput où s'accumulent mes arrière-pensées et mes réserves mentales. Refuge où toute ma pensée peut tenir. Et voici, à la place de l'occiput, un deuxième visage ! Tout est exposé, tout en moi fait face et doit répondre. Je ne peux même pas, par le péché, me séparer de ce Dieu qui me regarde et me touche. Le Mal, ultime recours de la rupture, ultime repli de l'athéisme, n'est pas une rupture : le psaume 139 nous dit que ce repli est sans défense. Dieu traverse les ténèbres du péché. Il ne vous lâche pas ou vous rattrape. Vous êtes toujours à découvert ! Mais vous êtes dans ce psaume d'allégresse découvert dans la joie ; c'est l'exaltation de la proximité divine que chante ce psaume : une exposition sans coin d'ombre. [...] Que signifie cette façon d'être investi par Dieu, sinon l'image même qui lui sert d'allégorie ? Être sous le regard sans sommeil de Dieu, c'est précisément, dans son unité, être porteur d'un autre sujet — porteur et supporteur —, être responsable de cet autre, comme si le visage, pourtant invisible, de l'autre prolongeait le mien et me tenait en éveil de par son invisibilité même, de par l'imprévisible dont il menace. Unité du sujet un et irremplaçable dans l'assignation irrécusable à la responsabilité pour cet autre — plus proche que toute proximité et pourtant inconnu. Manière essentielle pour l'être humain d'être exposé jusqu'à y perdre la peau qui le protège, peau devenue tout entière visage, comme si, noyauté autour de soi, un être subissait une dénucléation et, se dénoyautant, était 'pour l'autre' avant tout dialogue ! Ce n'est pas dans un dialogue qu'à tel point l'humain s'exposerait. Il faut cette tête à deux visages. Tête humaine, singulière dans son unité sans synthèse et sans synchronie, où s'inscrit ma responsabilité pour l'autre, sans que moi et l'autre nous formions — en nous reconnaissant mutuellement l'un dans les yeux de l'autre — une corrélation des termes, d'emblée réciproquables" (132-133).

Histoire des traductions

14a Je te louerai d'avoir fait de moi une créature si merveilleuse Homme distingué par l'amour de Dieu

Tradition juive

1–24 Toi

  • Buber Récits « L'hymne que le Rabbi de Berditshev aimait particulièrement à chanter le voici : "Où que j'aille : c'est Toi ! / Où que je sois : c'est Toi ! / Seulement Toi, rien que Toi, toujours Toi / Toi ! Toi ! -- Tout va-t-il bien ? C'est Toi ! / Suis-je en douleur ? C'est Toi ! / Seulement Toi, rien que Toi, toujours Toi / Toi ! Toi ! -- Le ciel : c'est Toi ; la terre : Toi ! / En-haut, c'est Toi ! En-bas, c'est Toi, / Où que ce soit que je me tourne, / Au bout de tout, c'est Toi / Seulement Toi, rien que Toi, toujours Toi / Toi ! Toi ! » (300).

Comparaison des versions

14 V—IUXTA HEBR.

  • Je te louerai car tu m'as exalté merveilleusement |  admirables sont tes oeuvres | et mon âme en est toute pénétrée.

15 V—IUXTA HEBR.

  • Mes os n'étaient pas cachés devant toi avec lesquels  je fus fait dans le secret | façonné dans les profondeurs de la terre.

16 V—IUXTA HEBR.

  • Encore informe, tes yeux m'ont vu | et sur ton livre tous [les hommes] seront écrits | leurs jours ont été déterminés | et il n'y a pas un seul en eux.

Texte

Vocabulaire

14a Je te louerai (V) Confitebor tibi Ou : je te confesserai. Pour les sens de confiteor voir Vocabulaire Ps 118,1.19.21.28.29.