La Bible en ses Traditions

Psaumes 19,8–11

M
G S
V

La loi de YHWH est parfaite :

elle restaure l’âme

Le témoignagede YHWH est sûr :

il donne la sagesse aux simples

 ... 

La Loi du Seigneur est immaculée, convertissant les âmes

le témoignage du Seigneur fidèle, accordant sagesse aux petits

Les préceptes de YHWH sont droits

réjouissant le cœur

Le commandement de YHWH est pur :

éclairant les yeux

... 

les justices du Seigneur sont droites, réjouissant les cœurs

le précepte du Seigneur est lumineux, illuminant les yeux

10 La crainte de YHWH est pure :

subsistant à jamais

Les décrets de YHWH sont vrais :

ils sont tous justes.

10  ... 

10 la crainte du Seigneur est sainte, elle demeure dans les siècles des siècles

les jugements du Seigneur sont vrais, justifiés en eux-mêmes,

11 plus désirables que l’or et que beaucoup d’or fin 

plus doux que le miel et que celui qui coule des rayons.

11  ... 

11 désirables par dessus l'or et la pierre précieuse en abondance,

plus doux que le miel, même dans son rayon !

Réception

Liturgie

9–12 La justice du Seigneur Offertoire

«Justitiae Domini»

Traditionnel, Offertoire — Justitiae Domini

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 19,9-12

8.2 La loi du Seigneur

« Lex Domini »

Introït - Lex Domini

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 19,8.2

Comparaison des versions

8 V—IUXTA HEBR.

  • La loi du Seigneur est sans tache : | elle convertit l'âme | Le témoignage du Seigneur est fidèle : | il donne la sagesse aux petits.

9 V—IUXTA HEBR.

  • Les préceptes du Seigneur sont droits | réjouissant le cœur | Le commandement du Seigneur est lumineux : | éclairant les yeux.

11 V—IUXTA HEBR.

  • plus désirables que l'or et que beaucoup de pierres précieuses | plus doux que le miel et que celui qui coule des rayons.

10 V—IUXTA HEBR.

  • La crainte du Seigneur est pure : | subsistant à jamais | Les jugements du Seigneur sont vrais : | se justifiant par eux-mêmes

Arts visuels

3–15 verbe + verbes + dires (V) Du Verbe divin aux mots du psalmiste en passant par la Loi  Les artistes visuels peuvent aider à se représenter les diverses participations au v/Verbe évoquées dans ce psaume.

Le psalmiste est saisi par la présence océanique d'un « Verbe » transcendant tout mot au cœur d'un cosmos qui semble « empli par la sonorité d'une phrase non prononcée » (Paul Claudel, L'œil écoute) (Ps 19,3).

Il discerne dans les signes naturels autant de « verbes » (Ps 19,4) qui proclament la gloire du Créateur comparé au soleil source de toute lumière, avant d'en rapprocher la Loi elle-même (Ps 19,8), éblouissante et fécondante comme l'astre du jour : en la gardant, le poète peut à son tour prononcer des mots pleins de grâce (Ps 19,15).

Le Verbe qui transcende toute sa création

est représenté dans nombre de cycles anciens sur récits de création, sous les traits du Verbe créateur (incarné en Jésus) dominant l'univers qu'il a créé et qu'il maintient dans l'existence en le bénissant.

Giusto de' Menabuoi (1330-1390), La création, (fresque, ca. 1376-1378)

Baptistère du Duomo de Padoue, Italie © Domaine public→ 

Le Verbe qui « prononce » ses verbes dans toute la création

Son « langage » est ici symbolisé dans le compas d'architecte : Dieu a créé l'univers selon des principes géométriques et harmoniques ; découvrir a posteriori ces principes, par la contemplation artistique autant que par la science, c'est se réjouir d'entendre Dieu.

Anonyme, Dieu l'architecte de l'univers, (détrempe sur parchemin, 1220-1230), 34.4 x 26 cm, enluminure en frontispice d'une bible moralisée

Codex Vindobonensis 2554, f.1v., Bibliothèque nationale Vienne, Autriche © Domaine public→ 

Inscription en ancien français : « Ici crie Dex ciel et terre, soleil et lune et toz elemenz ». 

Le Verbe qui reste présent à toutes ses créatures

Pietro di Pucci da Orvieto (?, floruit 1357-1391), Cosmographie : l'univers soutenu par Dieu avec les signes des planètes, (fresque, 1389-1391)

galerie nord, Camposanto Monumentale, Pise (Italie) © Domaine public→, Col 1,15-20

La composition de Pietro di Pucci da Orvieto représente la « création continuée » : à la fois l'origine de l'univers et sa dépendance constante à l'égard du Verbe créateur tout-puissant. Une figure colossale de la Divinité avec traits du Christ, Verbe incarné, tient un cosmos circulaire, le tout inscrit dans un cadre carré.

Les deux penseurs qui se tiennent sous l'univers, Augustin à g. et Thomas d'Aquin à dr. représentent, d'une certaine façon, tous ceux qui ont prolongé à travers les âges l'admiration du psalmiste pour l'œuvre du Verbe. Avant même Col 1,17, Philon d’Alexandrie Quis rerum divinarum heres sit 188 enseignait que « Le Logos du Dieu vivant est le lien de toute chose, qui maintient toutes choses ensemble et lie toutes les parties, et les empêche de se dissoudre et de se séparer… le Logos, qui relie et attache chaque chose, est particulièrement particulier. se remplit de lui-même, n’ayant besoin d’aucune chose au-delà. »

La Loi comme incorporation du Verbe

Retrouvant l'inspiration du psalmiste qui rapproche la Loi écrite et le Verbe manifesté dans le cosmos, des imagiers contemporain (chrétiens littéralistes ?), se plaisent à représenter le Livre lui-même

  • comme un précipité de toute l'intelligibilité répandue dans le cosmos (ici symbolisée par des chiffres et des lettres) 

Anonyme, Book Opened with Blue Light, (photographie numérique) © Domaine public→ 

  • ou encore comme un élément cosmique, tel le soleil levant dardant ses rayons :

Jeff Jacobs, Bible Light Jesus, (photographie numérique, 2019) © Content Licence→ Pixabay→ 

Tradition chrétienne

2–15 Les cieux racontent la gloire de Dieu Quand science, art et théologie dialoguent ... Jean Kepler, astronome du début du 17e s., est souvent associé au Psaume 19 en raison de ses profondes croyances religieuses et de sa passion pour l'astronomie. Le Psaume 19, qui commence par « Les cieux racontent la gloire de Dieu; et l'étendue manifeste l'œuvre de ses mains », a une résonance particulière dans le travail de Kepler, qui voyait dans l'ordre et la beauté de l'univers une expression de la divine providence.

Johannes Kepler (1571–1630), Page de titre de Mysterium Cosmographicum (éd. 1600) © Domaine public→ 

Dans son œuvre Le Mystère du Monde (Mysterium Cosmographicum en latin), publiée en 1596, Kepler tente d'expliquer la structure harmonieuse de l'univers à travers des principes géométriques et mathématiques. Il y expose sa célèbre théorie des polyèdres, selon laquelle les orbites des planètes connues à son époque pourraient être inscrites et circonscrites par des solides géométriques réguliers. Kepler voyait cette harmonie comme une preuve de la conception divine, reflétant les idées exprimées dans le Psaume 19 sur la manifestation de la gloire de Dieu dans l'ordre naturel de l'univers.

Johannes Kepler (1571–1630), Planche des solides platoniques (gravure, 1597), illustration, dans Prodromus dissertationvm cosmographicarvm→, continens mysterivm cosmographicvm de admirabili proportione orbium coelestium Deque causis coelorum numeri, magnitudinis, motuumque periodicorum genuinis & propiis, demonstratum per quinque regularia corpora geometrica (1Tübingen, 1596), Francfort : Erasme Kempfer - Godefroid Tampach, 1621 © Domaine public→ 

Bien que les idées de Kepler dans le Mysterium Cosmographicum aient été ultérieurement remplacées par ses lois du mouvement planétaire, l'ouvrage reste significatif pour son mélange de rigueur scientifique et de contemplation théologique, incarnant la conviction de Kepler que la science était un moyen de comprendre et d'apprécier l'œuvre de Dieu. Pour Kepler, l'étude de l'astronomie n'était pas seulement une enquête scientifique, mais aussi une forme de vénération religieuse.