La Bible en ses Traditions

Psaumes 40,1–18

M V
G S

Du maître de chant. De David. Paume.

VVERS LA FIN DE DAVID PSAUME

...

M
G S
V

J’attendais, j'attendais YHWH 

il s’est penché vers moi, il a entendu mon cri.

...

Pour l'attendre, je l'ai attendu, le Seigneur ! Et il prit garde à moi 

Il m’a retiré de la fosse de perdition

de la fange du bourbier

il a dressé mes pieds sur le roc

il a affermi mes pas.

...

il exauça mes prières

et me retira d'un lac de misère et d'une fange de fèces

il établit mes pieds sur le roc

et dirigea mes pas

Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau

une louange à notre Dieu 

beaucoup verront et craindront  

ils se confieront en YHWH.

...

puis il mit en ma bouche un cantique nouveau

(charme pour notre Dieu ; 

beaucoup verront et craindront

ils espèreront dans le Seigneur ) : 

4 = Ps 52,8

Heureux l’homme qui a mis en YHWH sa confiance

et ne se tourne pas vers les orgueilleux

ni vers ceux que le mensonge égare 

...

Heureux l'homme dont l'espérance est le nom du Seigneur

et qui n'a regardé ni vanités ni insanités mensongères !

Tu as multiplié, YHWH, mon Dieu, tes merveilles et tes projets pour nous :

nul n’est comparable à toi.

Je voudrais les publier et les proclamer

ils surpassent tout récit.

...

Tu as accumulé tes merveilles, Seigneur mon Dieu,  

et pour les pensées que tu nourris, nul n'est semblable à toi : 

j'ai annoncé et j'ai parlé,

elles se sont multipliées au-delà de tout nombre !

Tu ne veux ni sacrifice ni oblation

tu m’as creusé les oreilles 

tu ne demandes ni holocauste ni victime expiatoire.

...

Sacrifice ni oblation tu ne voulus

mais tu m’as parfait les oreilles

holocauste ni sacrifice pour le péché tu ne réclamas

M V
G S

alors j'ai dit : — Voici, je viens.

Dans le rouleau du

VEn tête du livre, il est

Va été écrit de moi

Và mon sujet 

...

Je veux faire ta volonté

Vque je fasse ta volonté, mon Dieu, V(je l'ai voulu !)

et ta Loi au fond

Vmilieu de mon cœur. 

...

10 J’annoncerai

VJ’ai annoncé la justice dans la grande assemblée

Véglise 

(voici, je ne fermerai

Vn'empêcherai pas mes lèvres

YHWH

VSeigneur, tu le sais)

10 ...

M
G S
V

11 Je n'ai pas caché ta justice au fond de mon cœur 

j'ai dit ta fidélité et ton salut

je n'ai pas caché ta bonté et ta vérité à la grande assemblée.

11 ...

11 ta justice je ne l'ai pas cachée dans mon cœur,

j'ai dit ta vérité et ton salut

je n'ai caché ni ta miséricorde

ni ta vérité à l'assemblée nombreuse

M V
G S

12 Toi, YHWH

VQuant à toi, Seigneur, tu ne retiendras pas loin de moi tes miséricordes

Vcommisérations 

ta bonté

Vmiséricorde et ta vérité me garderont toujours

Vtoujours m'ont soutenu

12 ...

M
G S
V

13 Car des maux m’environnent

à ne plus [pouvoir] les compter

 mes péchés m’ont saisi

et je n'y peux plus voir 

ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête,

et mon cœur m’abandonne.

13 ...

13 Maintenant que m'ont encerclé des maux

dont il n'est pas de nombre,

que m'ont saisi mes iniquités

(et je n'ai même pas pu les voir : 

elles se sont multipliées plus que cheveux sur ma tête

et mon cœur m'a lâché !)

M V
G S

14 Qu’il

Vqu’il te plaise, YHWH,

VSeigneur, de me délivrer

Vm'y arracher  

YHWH

VSeigneur, hâte-toi de me secourir

Vveille à me secourir !

14 ...

15 Qu’ils soient confondus et honteux

Vcouverts de honte tous ensemble

ceux qui cherchent mon âme pour la perdre !

Vl'enlever !

Qu’ils reculent et rougissent

Vse convertissent au contraire et qu'ils soient couverts de honte

ceux qui désirent mon malheur

Vme veulent des malheurs  

15 ...

M
G S
V

16 Qu’ils soient dans la stupeur à cause de leur honte

ceux qui me disent : — Ah ! ah !

16 ...

16 Qu'étalent sans délai leur trouble

ceux qui me disent : — Bravo ! Bravo !

17 Qu’ils jubilent et se réjouissent en toi tous ceux qui te cherchent 

Qu’ils disent sans cesse : — Grand est YHWH

ceux qui aiment ton salut !

17 ...

17 Qu'à ton sujet exultent et se réjouissent tous ceux qui te cherchent 

et que disent toujours : — Qu'il soit magnifié, le Seigneur !

ceux qui aiment ton salut ...

18 Mais moi, je suis indigent et pauvre

le Seigneur prendra soin de moi

Tu es mon secours et mon libérateur :

mon Dieu, ne tarde pas 

18 ...

18 Quant à moi je suis mendiant et pauvre

(le Seigneur a le souci de moi !) :

c'est toi qui es mon aide et mon protecteur,

mon Dieu, ne tarde plus !

Réception

Liturgie

2ss J'attendais Offertoire

« Expectans »

Traditionnel, Offertoire - Expectans

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 40,2ss

7ss Ni sacrifice ni oblation Offertoire

« Holocaustum »

Traditionnel, Offertoire - Holocaustum

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 40,7ss

Musique

1–4 Symphonie des Psaumes

20e s.

Igor Stravinsky (1882-1971), Symphony of Psalms (2/3): II. Expectans expectavi Dominum, 1930

Toshiyuki Shimada, Yale Symphony Orchestra and Yale Glee Club

© License YouTube Standard→, Ps 40,1-4

Composition

Igor Fiodorovitch Stravinsky est un compositeur, chef d'orchestre et pianiste russe (naturalisé français en 1934, puis américain en 1945) de musique moderne, considéré comme l'un des compositeurs les plus influents du XXe siècle. L'œuvre de Stravinsky se caractérise par sa grande diversité de styles. Pour lui, la musique est destinée à « instituer un ordre dans les choses, y compris et surtout un ordre entre l'homme et le temps [...]. La construction faite, l'ordre atteint, tout est dit. »

La Symphonie de Psaumes est commandée en 1929 par Serge Koussevitzky pour le 50e anniversaire de l'Orchestre symphonique de Boston. Gabriel Paichadze, son éditeur, souhaite une pièce “populaire” mais Stravinsky donne à ce terme le sens “d’universellement admiré” et non la signification de “s’adapter à la compréhension populaire”. La particularité de cette pièce est le jeu que fait Stravinsky envers les traditions. En effet, une symphonie est de nature profane (sans lien avec la religion) et le psaume appartient au domaine du sacré. Cette pièce est une nouveauté car elle brise les coutumes.

Liturgie

10s J'annoncerai la justice Graduel

« Annuntiavi justitiam »

Traditionnel, Graduel - Annuntiavi justitiam

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 40,10s

Comparaison des versions

1 V — IUXTA HEBR.

  • POUR LA VICTOIRE DE DAVID CANTIQUE

2 V—IUXTA HEBR.

  • Attendant, j'ai attendu le Seigneur et il s’est penché vers moi

8 V—IUXTA HEBR.

  • Alors j’ai dit : — Voici, je viens | dans le rouleau du livre il est écrit de moi 

11 V— IUXTA HEBR.

  • Je n'ai pas caché ta justice au fond de mon cœur | j'ai dit ta fidélité et ton salut | je n'ai pas caché ta miséricorde ni ta vérité dans la grande assemblée.

10 V—IUXTA HEBR.

  • J’ai annoncé [ce qui est] juste dans la grande assemblée | voici, je n'empêcherai pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais.

15 V— IUXTA HEBR.

  • Qu’ils soient confondus et honteux tous ensemble | ceux qui cherchent mon âme pour la perdre | Qu’ils reculent et rougissent | ceux qui veulent mon malheur 

14 V—IUXTA HEBR.

  • Qu’il te plaise, Seigneur, de me délivrer | Seigneur, hâte-toi de me secourir

16 V—IUXTA HEBR.

  • Qu’ils périssent après leur confusion | ceux qui me disent : — Ah ! oh !

Littérature

3 fèces (V) FRANÇAIS BIBLIQUE Le latin emploie ici le terme assez rade faex, cis, d'où dérive directement le terme rare français fèces qui désigne le sédiment au fond d'un liquide trouble qui a reposé : CNRTL→

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

4 charme  (V) FRANÇAIS BIBLIQUE Il s'agit de beaucoup plus qu'un poème. V—iuxta LXX emploie ici le terme carmen,inis, qui désigne une forme particulière de poésie religieuse incantatoire (cf. V—Iuxta Heb. se contente de laus,dis louange). On le rend par « charme » qui peut avoir également le sens de « formule incantatoire » en français. 

Dans l'usage magico-religieux de la vieille religion romaine, un carmen (énoncé verbal chanté à des fins rituelles) est un chant, un hymne, ou un sort . Il se se caractérise par l'expression de formules, la redondance et le rythme.

  • Les fragments de deux hymnes sacerdotaux archaïques sont conservés, le Carmen Arvale des Frères Arvales et les Carmina Saliaria des Saliiens.
  • Le Carmen Saeculare d'Horace, bien qu'il soit consciemment littéraire dans sa technique, était également un hymne, interprété par un chœur lors des Jeux séculaires de 17 av. J.-C. et exprimant l'idéologie apollinienne d'Auguste.
  • il existe aussi des  charmes sombres : carmen malum ou maleficum (sort potentiellement nuisible), carmen sepulchrale (invocation des morts sur leurs tombes) ; un carmen veneficum (charme empoisonné).

Dès la toute première législation écrite, œuvre des mythiques décemviri (Duodecim Tabulæ, ca 451-449 av. J.-C.), il est question de ces derniers :  la justice romaine ne cessa de lutter contre la magie noire. 

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

Arts visuels

2s il me retira d'un lac de misères Le Seigneur retire du puits infernal L'icône traditionnelle de la résurrection représente le Christ descendu aux Enfers et en faisant remonter les justes des temps anciens.

15e s.

Andrea Mantegna (1431-1506), La Descente du Christ aux Enfers, (1470-1475), 38,8 x 42,3 cm

Collection Barbara Piasecka Johnson (collection privée), prêté au Frick Museum, New York, Domaine public © Wikimedia commons→

7ss en tête du livre il est écrit de moi (V) ...  à la voix du Verbe, dès « avant » son incarnation ... Dans les mots de David, depuis He 10,5-7, se fait entendre la voix de Jésus lui-même, c'est-à-dire celle du Verbe, peut-être même dès avant son incarnation, au conseil divin où le Père, le Fils et l'Esprit saint projettent le salut de l'humanité — conseil reflété dans le Livre des Écritures.  

Dialogue intratrinitaire du Fils avec le Père

Anonyme, « Trinité du Psautier », (tempéra sur parchemin, ca 1210), enluminure du Psautier de Canterbury,

ms 157, British Library, Arundel © Domaine public

On appelle ce type d'images « Trinité du Psautier »  car elle illustre le premier verset Ps 109 : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : siège à ma droite »… Elle place les Personnes sur deux trônes identiques et proches l’un de l’autre, pour le Père et le Fils, ou sur le même trône. complète similitude entre le Père et le Fils : Mêmes visages, mêmes vêtements, mêmes gestes. La personne du Dieu Père est invisible : elle n'a pour visibilité que les traits de la nature humaine de son Verbe incarné.

  • Sur un fond d’or, symbole de lumière divine, Père et Fils siègent tournés l'un vers l'autre sur des assises orange. Ils tiennent à la main une mandorle ovale à bordure bleue, à l’intérieur de laquelle se tient à la verticale une colombe blanche aux ailes striées de traits rouges : l’Esprit Saint.

Dans sa célébrissime icône, Roublev  

Andreï Roublev (1410-1427), Philoxénie ou Hospitalité d'Abraham, dite « Trinité de l'Ancien Testament », (icône, tempera sur panneau de bois, ca.1410-1427), 150 × 100 cm

Galerie Tretiakov,  Moscou, Russie © Domaine public→  Gn 18,1-8

Le jeu des regards, des mains et des postures des trois Anges aux lèvres pourtant closes disent quelque chose de l'ineffable langage dans lequel chacune communique aux autres sa substance toute entière. 

12–18 (V)... en passant par la voix de Jésus-Christ lui-même. Dans les mots de David, depuis He 10,5-7, se fait entendre la voix de Jésus lui-même. Les imagiers chrétiens ont illustré les nombreux moments où le Christ s'adresse à son Père, tant dans le temps de l'Évangile que dans l'éternité que celui-ci présuppose.

Au jour de sa chair

durant son ministère

Anonyme, Le Christ prie son Père en présence des apôtres (miniature en détrempe sur parchemin, Constantinople ca 1059), 

 codex 87, Monastère de Dionysiou (Mont Athos, Grèce) © Domaine public, Lc 11,1

Jésus en prière, au pied de la Montagne sainte est tourné vers le Père, représenté en Vieillard chenu. Pierre le montre aux autres apôtres comme le maître de la prière chrétienne (cf. Lc 11,1). 

James Tissot (1836-1902), Jésus monte seul sur une montagne pour prier, (aquarelle gouachée sur mine de plomb sur papier vélin gris, 1886-1894) 29 x 16 cm, 

00.159.137, Brooklyn Museum→, New York © Domaine public

Tissot remarque dans ses notes la préférence de Jésus pour les lieux élevés qui le rapprochent symboliquement de son Père, lors des moments de répit qu'il se donne au milieu de son ministère.

en sa passion

Accompagnant ses souffrances d'une prière constante à son Père, Jésus assume et repromulgue dans le paradoxe de son agonie de nombreuses plaintes exhalées par le psalmiste. Par exemple, la triple supplication à Gethsémani n'a cessé d'inspirer les peintres. Ici Le Gréco figure bien le dialogue de Jésus et de son Père, qui l'invite à accepter son calice :

Le Greco (Doménikos Theotokópoulos) (1541-1614), L'Agonie dans le jardin des oliviers, (huile sur toile, ca. 1590), 102 x 131 cm

National Gallery, Londres © Domaine public→  Lc 22

James Tissot (1836-1902), Le matin du Vendredi Saint : Jésus en prison, (aquarelle gouachée sur mine de plomb sur papier vélin gris,1886-1894) 44.5 x 12.1 cm

00.159.253, Brooklyn Museum→, New York © Domaine public

Comparaison des versions

3 V—IUXTA HEBR.

  • et il a entendu mon cri | et il m’a retiré de la fosse de perdition | de la fange du bourbier | il a dressé mes pieds sur le roc, il a affermi mes pas.

4 V—IUXTA HEBR.

  • Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, une louange à notre Dieu | beaucoup verront et craindront et espéreront dans le Seigneur.

5 V — IUXTA HEBR.

  • Heureux l’homme qui a mis dans le Seigneur sa confiance | et ne s'est pas tourné vers les hauteurs orgueilleuses et les pompes du mensonge

6 V—IUXTA HEBR.

  • Tu as multiplié, Seigneur, mon Dieu, tes merveilles | et tes pensées pour nous : | je n'ai pas trouvé [leur] agencement devant toi. Je voudrais les raconter et les énumérer | ils surpassent tout ce qu'on peut raconter.

7 V—IUXTA HEBR.

  • Tu n'as pas besoin de victime et d'oblation | tu m’as creusé les oreilles et tu n'as pas demandé d'holocauste pour le péché.

9 V—IUXTA HEBR.

  • Faire ce qui te plaît, mon Dieu, je l'ai voulu | et ta Loi au milieu de mon ventre

10 V—IUXTA HEBR.

  • J’ai annoncé le juste dans la grande assemblée | voici, je n'empêcherai pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais.

12 V— IUXTA HEBR.

  • Toi, Seigneur, tu n'empêcheras pas tes miséricordes en ma faveur | ta miséricorde et ta vérité me garderont toujours

13 V—IUXTA HEBR.

  • Car des maux m’ont environné à ne plus [pouvoir] les compter | mes péchés m’ont saisi et je n'y peux plus voir | ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête, | et mon cœur m’a abandonné.

17 V— IUXTA HEBR.

  • Qu’ils éprouvent une joie profonde et se réjouissent en toi tous ceux qui te cherchent | Qu’ils disent sans cesse : — Grand est le Seigneur | ceux qui aiment ton salut !

18 V— IUXTA HEBR.

  • Mais moi, je suis indigent et pauvre | le Seigneur prendra soin de moi | Tu es mon secours et mon salut : | mon Dieu, ne tarde pas !