Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 VICI COMMENCE L'ÉPÎTRE DE JEAN · I ·
Ce qui était
Vfut dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos propres yeux
ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie
1 ...
2 (car
V(et la vie a été manifestée
et nous avons vu et nous témoignons
et nous vous annonçons la vie éternelle qui était tournée vers le
Vauprès du Père
et nous a été manifestée)
Vest apparue)
2 ...
3 ce que nous avons vu et entendu nous vous l’annonçons V Nesà vous aussi
afin que vous aussi soyez en communion avec nous
et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ
3 ...
4 (et ces choses, nous-mêmes les
Byz V TRnous vous les écrivons pour que notre
TRvotre joie soit complète)
4 ...
5 et telle est l'annonce que nous avons entendue de lui et que nous vous annonçons :
Dieu est lumière et de ténèbres, en lui, il n’y a aucunes.
5 ...
6 Si nous disons que nous sommes en communion avec lui et marchons dans les ténèbres
nous mentons et ne faisons pas la vérité ;
6 ...
7 mais si c'est dans la lumière que nous marchons comme lui-même est dans la lumière
nous sommes en communion les uns avec les autres
et le sang de Jésus-Christ
V NesJésus son Fils nous purifie de tout péché.
7 ...
8 Si nous disons que nous n'avons pas de péché
nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous ;
8 ...
9 si nous confessons nos péchés
il est fidèle et juste pour nous remettre nos péchés
et nous purifier de toute iniquité ;
9 ...
10 si nous disons que nous n'avons pas péché
nous en faisons un menteur et son verbe n’est pas en nous.
10 ...
2,1 Mes petits enfants je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas
et
Vet même si quelqu’un a péché
nous avons pour avocat auprès du Père Jésus-Christ le juste :
1 ...
2,2 il est lui-même propitiation pour nos péchés
et pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier !
2 ...
2,3 Et en ceci nous savons que nous le connaissons :
si nous gardons ses commandements.
3 ...
2,4 Celui qui dit : — Je l'ai connu,
Vqu'il l'a connu et qui ne garde pas ses commandements
est un menteur : en lui n’est pas la vérité ;
4 ...
2,5 mais celui qui garde sa parole
Vson verbe
en lui l’amour
Vla charité de Dieu est vraiment parfait
Vparfaite ;
en ceci nous connaissons que nous sommes en lui :
5 ...
2,6 qui dit demeurer en lui
doit, lui-même aussi, marcher comme celui-là a marché.
6 ...
2,7 Très chers
NesBien-aimés
Byz TRFrères ce n’est pas un commandement nouveau que je vous écris
c’est un commandement ancien que vous avez reçu dès le commencement
ce commandement ancien c’est le verbe que vous avez entendu
Byz TRavez entendu depuis le début.
7 ...
2,8 D’un autre côté c’est un commandement nouveau que je vous écris
lequel s’est vérifié en lui et en vous
car les ténèbres se dissipent et déjà brille la véritable lumière.
8 ...
2,9 Celui qui dit être dans la lumière et qui hait son frère
est encore dans les ténèbres.
9 ...
2,10 Celui qui aime son frère
demeure dans la lumière et il n’y a en lui aucun sujet de chute.
10 ...
2,11 Mais celui qui hait son frère
est dans les ténèbres ; il marche dans les ténèbres sans savoir où il va
parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux.
11 ...
2,12 Je vous écris petits enfants parce que vos péchés vous sont remis à cause de son nom.
12 ...
2,13 Je vous écris, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement.
Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le malin.
Je vous écris
Sai écrit, petits enfants, parce que vous avez connu le Père.
13 Je vous écris, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement.
Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le malin.
2,14 Je vous ai écrit, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement.
Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts et que la parole de Dieu demeure en vous et que vous avez vaincu le malin.
14 Je vous ai écrit, petits enfants, parce que vous avez connu le Père.
Je vous ai écrit, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement.
Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts et que le verbe
Nesla parole de Dieu demeure en vous et que vous avez vaincu le malin.
2,15 N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde :
si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui
2,16 car tout ce qui est dans le monde
la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux et l’orgueil de la vie
ne vient pas du Père mais du monde.
2,17 Le monde passe et sa concupiscence aussi
mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.
2,18 Mes petits enfants, c’est la dernière heure.
Comme vous avez appris que l’antéchrist
Nesqu'un antéchrist doit venir
aussi y a-t-il maintenant plusieurs antéchrists :
par là nous connaissons que c’est la dernière heure.
2,19 Ils sont sortis du milieu de nous mais ils n’étaient pas des nôtres
car s’ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous
mais ils en sont sortis afin qu’il soit manifeste que tous ne sont pas des nôtres.
2,20 Pour vous, c’est du Saint que vous avez reçu l’onction
et tous, vous avez connu.
Byz V TRet vous avez connu toute chose.
20 ...
2,21 Je vous ai écrit, non que vous ne connaissiez pas la vérité
mais parce que vous la connaissez
et qu’aucun mensonge ne vient de la vérité.
2,22 Qui est le menteur
sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ?
Celui-là est l’antéchrist qui nie le Père et le Fils.
2,23 Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père
celui qui confesse le Fils a aussi le Père.
Byz∅
2,24 Pour vous
Byz TRPour vous donc, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous.
Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous
vous demeurez aussi dans le Fils et dans le Père.
2,25 Et la promesse que lui-même nous a faite est celle-ci : la vie éternelle !
2,26 Ces choses, je vous les ai écrites à propos de ceux qui vous séduisent ;
2,27 pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous
et vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne
mais ainsi que la même
V Nesson onction vous enseigne en toutes choses
(cet enseignement est véritable et
V(et c'est vrai et ce n’est pas un mensonge)
ainsi qu’elle vous a enseignés, demeurez en lui.
27 ...
2,28 Et maintenant, mes petits enfants, demeurez en lui
afin que, lorsqu’il paraîtra
Vsera apparu, nous ayons de l’assurance
Vconfiance
et que nous ne soyons pas à son avènement rejetés loin de lui avec confusion
Vne soyons pas confondus, loin de lui, à son avènement.
2,29 Si vous savez qu’il est juste
reconnaissez que quiconque pratique V Nesaussi la justice est né de lui.
29 ...
3,1 Voyez quel amour le Père nous a témoigné
Vdonné :
que nous soyons appelés « enfants de Dieu » V Neset nous le sommes !
Si le monde ne nous connaît pas, c’est qu’il ne l’a pas connu.
1 ...
3,2 Mes bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu
et ce que nous serons un jour n’a pas encore été manifesté
Byz TRmais nous savons qu’au temps de cette manifestation, nous lui serons semblables
parce que nous le verrons tel qu’il est.
2 ...
3,3 Et tout homme qui a cette espérance en lui se rend pur
Vsanctifie comme celui-là Vaussi est pur
Vsaint.
3,4 Quiconque commet le péché transgresse la loi
et le péché est la transgression de la loi.
3,5 Or vous savez que celui-là a paru pour ôter les
Byz S TRnos péchés
et que le péché n’est pas en lui.
3,6 Quiconque demeure en lui ne pèche pas
quiconque pèche ne l’a pas vu et ne l’a pas connu.
3,7 Petits enfants, que personne ne vous séduise !
Celui qui pratique la justice est juste comme lui-même est juste.
3,8 Celui qui commet le péché est du diable
car le diable pèche dès le commencement.
C’est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu a paru.
3,9 Quiconque est né de Dieu ne commet point le péché
parce que la semence de Dieu demeure en lui
et il ne peut pécher parce qu’il est né de Dieu.
3,10 C’est à cela que l’on reconnaît les enfants de Dieu et les enfants du diable.
Quiconque ne pratique pas la justice n’est pas de Dieu
non plus que celui qui n’aime pas son frère.
3,11 Car tel est le message
Scommandement que vous avez entendu dès le commencement : que nous nous aimions
Svous vous aimiez les uns les autres ;
3,12 non point comme Caïn, qui était du malin et qui tua son frère.
Et pourquoi le tua-t-il ?
Parce que ses œuvres étaient mauvaises tandis que celles de son frère étaient justes.
3,13 Ne
S NesEt ne vous étonnez pas, Byz S TRmes frères, si le monde vous hait.
3,14 Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie
parce que nous aimons nos frères.
Celui qui n’aime pas
Byz S TRn’aime pas son frère demeure dans la mort.
3,15 Quiconque hait son frère est un meurtrier
et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui-même
V S TR Neslui.
3,16 A ceci nous avons connu l’amour TRde Dieu
c’est que Lui a donné sa vie pour nous.
Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères.
3,17 Si quelqu’un possède les biens de ce monde et que, voyant son frère dans la nécessité
il leur ferme ses entrailles
comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ?
3,18 Mes petits enfants
NesPetits enfants, n’aimons pas de parole et de langue mais par
Byz S Nesen action et par
Byz S Nesen vérité.
3,19 Et par
VPar là nous connaîtrons
Byz V S TRconnaissons que nous sommes de la vérité et nous pouvons rassurer notre cœur
Byz V S TRnos cœurs devant Dieu
3,20 car si notre cœur nous condamne
Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses.
3,21 Bien-aimés, si notre
Nes[notre] cœur ne nous condamne pas
nous avons de l'assurance
Vavons confiance
Sdévoilons nos visages devant Dieu.
3,22 Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui
parce que nous gardons ses commandements
et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux.
3,23 Et son commandement est que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ
et que nous nous aimions les uns les autres comme il V S TR Nesnous en a donné le commandement.
3,24 Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu et Dieu en lui
et nous connaissons qu’il demeure en nous par l’Esprit qu’il nous a donné.
4,1 Mes bien-aimés, ne croyez pas à tout esprit
mais voyez par l’épreuve si les esprits sont de Dieu
car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde.
4,2 Vous reconnaîtrez à ceci l’esprit de Dieu
tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu
4,3 et tout esprit qui ne confesse pas ce
Byz∅ Jésus
Byz TRJésus-Christ n’est pas de Dieu
c’est celui de l’antéchrist dont on vous a annoncé la venue
et qui maintenant est déjà dans le monde.
4,4 Vous, mes petits enfants, vous êtes de Dieu et vous les avez vaincus
parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde.
4,5 Eux, ils sont du monde, c’est pourquoi ils parlent le langage du monde et le monde les écoute.
4,6 Mais
Byz V TR Nes∅ nous, nous sommes de Dieu
celui qui connaît Dieu nous écoute
celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute point
c’est par là que nous connaissons l’esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur.
4,7 Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres car l’amour vient de Dieu
et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu.
4,8 Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu car Dieu est amour.
8 car Dieu est amour ; celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu car Dieu est amour.
4,9 Il a manifesté son amour pour nous
en envoyant son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui.
4,10 Et cet amour consiste
en ce que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu
mais lui qui nous a aimés
et qui a envoyé son Fils comme victime de propitiation pour nos péchés.
4,11 Mes bien-aimés si Dieu nous a ainsi aimés nous devons aussi nous aimer les uns les autres.
4,12 Personne n’a jamais vu Dieu
mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous
et son amour est parfait en nous.
4,13 Nous connaissons que nous demeurons en lui et qu’il demeure en nous
en ce qu’il nous donne de son Esprit.
4,14 Et nous, nous avons contemplé et nous attestons
que le Père nous a envoyé le Fils comme Sauveur du monde.
4,15 Celui qui confessera que Jésus
NesJésus [Christ] est le Fils de Dieu
Dieu demeure en lui et lui en Dieu.
4,16 Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru.
Dieu est amour et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui.
4,17 La perfection de l’amour en nous
c’est que nous ayons une confiance assurée au jour du jugement
car tel est celui-là, tels nous sommes aussi dans ce monde.
4,18 Il n’y a point de crainte dans l’amour
mais l’amour parfait bannit la crainte
car la crainte suppose un châtiment
celui qui craint n’est pas parfait dans l’amour.
4,19 Nous donc, aimons
Byz S TRaimons-le
puisque Dieu
Byz S TR Neslui nous a aimés le premier.
4,20 Si quelqu’un dit : — J’aime Dieu
et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur
comment celui qui n’aime pas son frère qu’il voit
peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ?
4,21 Et nous avons reçu de lui ce commandement :
Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère.
2,16s Les trois concupiscences En peignant cette scène d'entremise, pensait-il aux trois concupiscences évoquées par saint Jean dans sa première épître ?
À gauche, les deux mains de l'homme, l'une posée presque comme des griffes sur l'épaule de la jeune femme, l'autre, largement ouverte pour se saisir du verre posé devant lui, semblent exprimer la puissance du désir. Au centre, la jeune femme à la large gorge blanche pose sur l'homme derrière elle un regard significatif. À droite, la bourse, les bijoux et pièces de monnaie de la vieille entremetteuse, qui laisse apparaitre sa poitrine, peuvent illustrer ce « désir de la vie », amour des richesses et de la sensualité.
La nature morte (des abricots ou des pêches évoquant la sensualité ?), les cartes à jouer, la montre rappelant la fuite du temps, les bijoux ou encore les pièces de monnaie sont autant de symboles de la vanité du monde : « le monde passe et sa concupiscence aussi » (1Jn 2,17) ...
3,10 celui qui n'aime pas son frère Primat de la charité
En collant le panneau « Entrée » sur un cœur travaillé au couteau et plein de grumeaux dédicacé « pour Joël » (au verso), l'œuvre invite celui qui la regarde à prendre conscience simplement qu'« on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux » (Antoine de
, Le petit prince, 1943). En faisant ainsi du cœur « L'» entrée par excellence, le peintre ne rejoint-il pas le primat de la charité ?3,16 a donné sa vie pour nous Contemplation
Avant de mourir à 31 ans du SIDA,
fait don à l'église Saint Eustache à Paris d'un exemplaire de son triptyque, La Vie du Christ. Émule d' , se rattache à l'école américaine de la « bad painting », qui refuse l'art conceptuel, privilégie la figuration et s'expose dans la rue par des graffitis, des affiches, des pochoirs, usant de motifs simples. La Vie du Christ, également appelé L'Enfant rayonnant, est la dernière œuvre de l'artiste. Il s'agit d'un retable de bronze couvert d'une patine d'or blanc. Sur le panneau central, le Christ, représenté comme un enfant, surmonté d'un cœur et d'une croix, s'élève vers les cieux accompagné sur les volets latéraux par des anges survolant des foules. Fidèle au style sommaire et répétitif de ses dessins, célèbre le message du Christ et le don de sa vie en associant art populaire et métaux précieux, humilité du Sauveur et splendeur du Salut qu'il annonce. (Th. J.)4,7–21 aimons-nous les uns les autres La charité : théorie et pratique
La charité revêt ici les traits d'une figure féminine : couronnée de fleurs en signe de son bonheur terrestre, elle reçoit une bourse des mains de Dieu, symbole de la Providence. La corbeille débordante de fruits et de fleurs qu'elle tient dans sa main gauche, ainsi qu'à ses pieds les bourses destinées aux pauvres, montrent sa prodigalité.
Le pélican, dont on pense qu'il nourrit ses petits de sa propre chair, est vite considéré par les Pères de l'Église comme un symbole christique, puisqu'à l'image du pain eucharistique, son corps est donné en nourriture. →101 établit ainsi un parallèle entre le pélican et le Christ dont le sang vivifie les croyants. Dans son hymne « Adoro te devote », Enarr. Ps. désigne le Christ adoré en la sainte hostie comme le « pie pellicane », le pieux pélican. L'iconographie médiévale reprend à son compte l'oiseau comme allégorie de la charité.
La nature généreuse et verdoyante de ce tableau délicat évoque l'Âge d'or et le jardin d'Eden : la forêt, loin d'être hostile, offre à la tendresse maternelle un écrin protecteur. Alors qu'elle présente son sein au nourrisson, la Charité, en tenue d'Ève, reçoit des fruits de ses trois autres enfants, illustrant ainsi le cercle vertueux de l'amour, qui ne s'épuise jamais.
Sur fond d'architecture classique, une jeune femme imposante et majestueuse, auréolée du feu de l'amour divin, est accaparée par trois enfants dodus. L'un s'agrippe au sein qu'il tète, un deuxième plonge son regard dans celui de sa mère, tandis que le troisième tend ses bras potelés vers la grenade écorcée qui occupe le centre de la composition. Cette dernière, aux grains rouges et juteux, symbolise le corps et le sang du Christ qui vivifient les croyants. Les grains sont inépuisables, comme l'amour divin. Une symbolique associe leur nombre à celui des commandements du Pentateuque, et ainsi à la perfection de la Loi donnée à Moïse.
Nombre de peintres ont quant à eux fait droit à une charité à pied d'œuvre, par la représentation des sept œuvres de miséricorde, que sont
Le Caravage, connu pour ses compositions fortes et ses jeux de lumière spectaculaires, parvient ici à illustrer en une seule scène les sept œuvres de miséricorde.
Dans la moitié supérieure de la composition, la Vierge tient l'enfant Jésus dans ses bras : il regarde la terre tendrement, mi-interrogateur, mi-compatissant. Dans un grand froufrou d'ailes et de drapés, deux anges enlacés semblent dégringoler du ciel, comme pour montrer que par les actes de miséricorde des croyants, Dieu se penche sur la terre.
À gauche de la composition, un vieillard passe sa tête à travers les barreaux d'une geôle pour téter le sein tendu d'une jeune femme qui détourne le regard. C'est la scène dite de la « charité romaine », racontée par des auteurs de l'Antiquité classique comme
ou . Une jeune fille du nom de Péro aurait nourri de cette façon son père, Mycon, condamné à mourir de faim en prison. Caravage fait d'une pierre deux coups : cette histoire illustre à la fois le don de nourriture aux affamés et la visite aux prisonniers.Derrière, ces deux personnages, un homme en surplis — sans doute un prêtre — tient une torche d'une main, un linceul de l'autre. Aidé d'un autre homme, il semble faire entrer chez lui un cadavre dont on ne voit que les pieds (chose inhabituelle chez Caravage, ils sont propres !), mis en valeur par les jeux de lumière. C'est au commandement « enterrer les morts » qu'obéissent ainsi les deux hommes.
Au centre du tableau, un jeune homme bien mis regarde avec sollicitude un personnage à demi-nu qui semble mal en point ; il esquisse le geste de déchirer son manteau, faisant écho à un épisode de la vie de saint Martin de Tours. Le Caravage illustre ainsi deux œuvres de miséricorde : visiter les malades et vêtir ceux qui sont nus.
À droite, au second plan, un homme guide un pèlerin, reconnaissable à son chapeau orné d'une coquille de Compostelle ; on reconnaît ici l'hospitalité due à l'étranger.
Enfin, le dernier personnage buvant dans une mâchoire d'âne évoque un épisode de la vie de Samson (Jg 15), rappelant une dernière œuvre de miséricorde : donner à boire aux assoiffés.
4,12b si nous nous aimons La porte étroite ?
En collant le panneau « Entrée » sur un cœur travaillé au couteau et plein de grumeaux dédicacé « pour Joël » (au verso), l'œuvre invite celui qui la regarde à prendre conscience simplement qu'« on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux » (Antoine de
, Le petit prince, 1943). En faisant ainsi du cœur « L'» entrée par excellence, le peintre ne rejoint-il pas le primat de la charité ?