La Bible en ses Traditions

2 Maccabées 7,1–8

G V
S

Or, sur ce, il se trouva que sept frères avec leur mère [furent] arrêtés

et pressés par le roi de [consommer] de la chair de porc contrairement à la Loi divine, tandis qu'on les torturait en même temps à coups de fouets et de nerfs de bœuf.

...

Alors l’un d’eux, prenant la parole au nom de tous,

V, qui était le premier, parla ainsi :

— Que demandes-tu et que veux-tu apprendre de nous ?

Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser les lois de Dieu et de nos pères !

...

G
V
S

Le roi, très en colère, commanda de mettre sur le feu des poêles et des chaudières. 

Très irrité, le roi ordonna donc de mettre sur le feu des poêles et des marmites d'airain

et dès qu'elles furent embrasées,

...

Ceux-ci ayant été chauffés à blanc, il commanda de couper la langue à celui qui avait parlé au nom de tous,

puis de lui enlever la peau de la tête et de lui trancher les extrémités,

sous les yeux de ses autres frères et de leur mère.

il ordonna pour celui qui avait parlé en premier qu'on l'amputât de la langue

qu'on lui arrachât la peau de la tête 

et qu'on l'amputât des mains et pieds

sous les yeux de tous ses frères et de la mère.

...

G S
V

l'ayant réduit à rien

 il ordonna qu’on l’approchât du feu,

respirant encore, et qu’on le fît rôtir dans la poêle.

Pendant que la vapeur de la poêle se répandait au loin,

les autres avec leur mère s’exhortaient mutuellement à mourir avec courage , disant:

Alors qu'il avait déjà été réduit à l'incapacité la plus totale,

il ordonna d'approcher le feu

et, comme il respirait encore, de le faire brûler dans la poêle.

Tandis qu'il y était longuement torturé,

tous les autres avec leur mère s’exhortaient mutuellement à mourir avec courage

G
V
S

— Le Seigneur Dieu voit, disaient-ils, et il a vraiment pitié de nous, selon que Moïse l’a annoncé, dans le cantique qui témoigne à la face de tous

et Il aura pitié de ses serviteurs.

se disant : — Que le Seigneur Dieu voie la vérité, et il trouvera en nous sa consolation

ainsi que l'attesta Moïse en déclamant son cantique :

« Et il trouvera consolation en ses serviteurs » !

...

G V
S

Comme donc le premier était mort de cette manière,

ils traînaient le deuxième

Vsuivant pour le supplicier

Vs'en amuser

et après lui avoir arraché la peau de la tête avec les cheveux,

ils le questionnaient : allait-il manger

ou devrait-on le châtier dans tout son corps membre par membre ?

...

Mais lui, répondant dans la langue de ses pères, dit : — Non, jamais !

À cause de quoi il subit à son tour les mêmes tourments que le premier

V supplices du premier

...

Réception

Tradition chrétienne

1–42 TYPOLOGIE Une mère courage, figure de l'Église Pour saint Isidore, la mère des sept frères Maccabées est la figure de l’Église. Douée de l’Esprit septiforme, elle compatit au martyre de ses enfants, tout en se réjouissant de la gloire éternelle qu’elle en reçoit :

  • Isidore, Allegoriæ, 129 (116B) « Les sept [frères] Maccabées, qui sous Antiochus, après avoir souffert de très cruels supplices, ont reçu unecouronne infiniment glorieuse (2M 7), sont la figure de l’Église [à l’Esprit] septiforme, elle qui a subi de par les ennemis du Christ un grand carnage de martyrs, et a reçu la couronne de la gloire céleste »
  • Isidore, Quæst. in V.T., De Machabæis, 1-2 (423D) « La mère sainte, pressée de toutes sortes de supplices, non seulement ne pleurait pas, mais elle exhortait avec joie [ses fils] en vue de la gloire de la passion. C’est ainsi que l’Église [notre] mère se réjouit, et se félicite en sesmartyrs ; car elle acquiert une plus grande gloire dans le martyre de ses fils, lorsqu’elle les complimente d’avoir vaincu le diable par l’Esprit septiforme. »

Bible de Manerius, (ca 1190), ms 10, f° 110

Paris, Bibl. Ste-Geneviève © CC BY-NC 3.0→

Ce F initial du IIe Livre des Maccabées illustre exactement l’interprétation de St Isidore. La mère, inspirée par le Saint-Esprit, porte six têtes dans le pli de son vêtement, le plus jeune frère étant encore vivant. L’édifice en direction duquel elle se dirige, et que désigne son fils cadet est la Jérusalem céleste. Au vu de leurs attitudes et de leurs expressions, il semble bien que les personnages à gauche représentent – plutôt que le roi Antiochus et ses ministres – les Juifs qui, envoyant la lettre à leurs frères d’Égypte, témoignent de cet évènement.