La Bible en ses Traditions

Apocalypse 15,1–8

Byz V S TR Nes

Puis je vis dans le ciel un autre signe, grand et étonnant :

sept anges qui tenaient en main sept plaies, les dernières,

car c’est par elles que doit se consommer la colère de Dieu.

Et je vis comme une mer de verre mêlée de feu

et les vainqueurs de la bête, de son image

TRde son image, de sa marque  et du nombre de son nom

étaient debout au bord de cette mer

tenant les harpes sacrées.

Ils chantaient le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu

et le cantique de l’Agneau disant :

— Grandes et admirables sont tes œuvres Seigneur, Dieu tout-puissant !

Justes et véritables sont tes voies, ô Roi des siècles

Byzdes peuples !

Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom ? Car toi seul es saint.

Et toutes les nations viendront se prosterner devant toi

parce que tes jugements ont éclaté. 

Après cela, je vis

TRvis et j'aperçus s’ouvrant dans le ciel le sanctuaire du tabernacle du témoignage.

Et les sept anges qui ont en main les sept plaies sortirent du sanctuaire

ils étaient vêtus d’un lin pur et éclatant

Vde pierre précieuse pure et éclatante

et portaient des ceintures d’or autour de la poitrine.

Alors l’un des quatre animaux

donna aux sept anges sept coupes d’or pleines de la colère de Dieu qui vit aux siècles des siècles.

Et le sanctuaire fut rempli de fumée par la gloire de Dieu et par sa puissance

et personne ne pouvait entrer dans le sanctuaire jusqu’à ce que fussent consommées les sept plaies des sept anges.

Réception

Cinéma

1,1–22,21 Allusions à l'Apocalypse

  • Ingmar Bergman, Det sjunde inseglet [« le septième sceau »] (1957).
  • Vincente Minnelli, The Four Horsemen of the Apocalypse (1961).
  • Andrei Tarkovski, Offret [« le sacrifice »] (1985).
  • Peter Jackson, The Lord of the Rings (en particulier le 3e film, 2003).

Arts visuels

1,11 ; 12,1 ; 15,1 ; 19,13 — Ce que tu vois, écris-le dans un livre + je vis dans le ciel un autre signe + son nom est « Verbe de Dieu » ... Contempler et transmettre le contemplé

Voir les symboles

Hans Memling (ca. 1433-1494), Jean l’Évangéliste à Patmos et les visions de l’Apocalypse (huile sur panneau de bois, ca. 1479), 172 x 79 cm, volet droit d'un retable d’autel (Tryptique des noces mystiques de sainte Catherine d’Alexandrie)

Vieil hôpital Saint-Jean, Bruges, Memlingmuseum (Belgique) © Domaine public→

À Patmos, Jean compose un étourdissant concentré de symboles bibliques. Il tire sa scénographie de la littérature juive, depuis ses adaptations de cosmogonies archaïques jusqu'à l’épopée nationale reconstruite en temps d’Exil et aux attentes messianiques déçues au temps du retour…

Mais il la tire tout autant du lieu où il se trouve. Les scribes juifs, à partir du 5e s. av. J.-C., ont affirmé toujours plus fortement la souveraine domination de leur Dieu comme Dieu unique et transcendant et son ultraproximité comme créateur de tout à partir de rien. Au premier siècle de notre ère, le 1 Hén. (43,4) établit une correspondance entre les deux et dans l’énigmatique Asc. Is. (7,10) ce qui advient au firmament des cieux advient aussi sur la terre. Pour le juif qu’est Jean de Patmos, parce qu'elle est pensée et parlée par le Créateur avant même que l’homme ne lui prête ses mots, la nature est gorgée de signification qu’il appartient au poète et au prophète de découvrir.

Sur la formidable composition de Memling, on repère facilement la liturgie céleste (Ap 1,12-16 ) autour de l'Agneau (Ap 15,1-4) ; la vision de la Femme (Ap 12,1-17), les quatre cavaliers dans l'ordre...

Le Verbe à Patmos

Nicolas Poussin (1594-1665), Paysage avec saint Jean à Patmos (huile sur toile, Rome, 1640), 100,3 x 136,4 cm, en diptyque avec le Paysage avec saint Matthieu et l'ange

Art Institute, Chicago (États-Unis) © Domaine public→

Sur l’une des toiles de son célèbre diptyque de 1640, l’amoureux de l’art antique que fut Nicolas Poussin place avec raison saint Jean — écritoire en main — face à un piédestal de section cruciforme, au cœur d’un paysage avec mer, montagne et vestiges antiques intacts, en un contraste subtil avec le Paysage avec saint Matthieu et l'ange, où les eaux d'un Jourdain symbolique semblent aussi séparer l'évangéliste du Temple grandement ruiné à l'arrière-plan. 

Poussin a génialement compris le rapport intime qui lie les écrits de l’évangéliste du Logos incarné et l'inscription de ce même Logos dans le cosmos de Patmos où il séjournait...

1–4 sept anges qui tenaient en main sept plaies Chanter sous la plaie

Enluminure du 8e s. 

Beatus de Liébana (ca. 730-798), Commentaire sur l'Apocalypse (ca. 784), manuscrit, folio 177r

Bibliothèque Nationale de France, Paris (France) © Domaine Public→

Les « sept plaies » tenues en main par les sept anges sont déjà symbolisées par des coupes (alors que celles-ci n'apparaissent en tant que tel qu'au verset 7). Dans la symbolique apocalyptique, la vendange (et donc la coupe de vin) est du côté du châtiment et de la colère divine, tandis que la moisson est du côté du salut, du tri des sauvés, rassemblés comme autant de bons grains dans le grenier du Seigneur.

5–8 l'un des quatre animaux donna L'aigle ou la coupe ?

Enluminure du 8e s.

Beatus de Liébana (ca. 730-798), Commentaire sur l'Apocalypse ( (ca. 784), manuscrit, 178v, Latin 8878

Bibliothèque Nationale de France, Paris (France) © Domaine Public→

Des quatre animaux c'est évidemment l'aigle qui est choisi pour donner les coupes d'or car c'est lui qui est associé à saint Jean l'évangéliste, à qui on attribue par homonymie le livre apocalyptique.