La Bible en ses Traditions

Exode 28,17–30

M G
V
S Sam

17 Tu le garniras d'une garniture de pierres, quatre rangs de pierres

Gtisseras dessus un tissu garni de pierres sur quatre rangs.

Un rang Gde pierres sera de sarde, de topaze et d' émeraude — le premier rang. 

17 Tu poseras dessus quatre rangs de pierres.

Dans la première rangée, il y aura une pierre de sarde, une topaze et une émeraude.

17 ...

M G V
S Sam

18 VSur le

Vla deuxièmeM G rang, Vune escarboucle, Vun saphiret

V, un jaspe

18 ...

19 Vsur le

Vla troisième M Grang, opale

Gpierre de Ligurie

Vun ligurion, Vune agateet

V, une améthyste

19 ...

20 Vsur le

Vla quatrième M Grang, Vune chrysolithe, Vun onyx

Gbérylet

V, un jaspe

Gonyx

Vbéryl.

Elles

GRecouvertes d'or, qu'elles seront

Gsoient enchâssées dans de l'or dans leurs garnitures

G Vselon leurs rangs

20 ...

21 Les pierres seront aux

GQue les pierres soient aux

VElles auront les noms des fils

Venfants d’IsraëlM G

douze, selon

Velles contiendront leurs noms

gravés comme des sceaux, chacune à son nom, elles seront pour les

Ggravées de sceaux, chacune selon son nom, qu'elles soient pour les

Vchaque pierre au nom de chacune des douze tribus.

21 ...

22 Tu feras sur le pectoral

Vsur le rational des chaînettes

Vchaînes tressées, oeuvre de cordon

Vattachées entre elles, en

Vd'or pur

22 ...

M V
G
S Sam

23 et tu feras sur le pectoral

Vet deux anneaux d’or

et tu mettras les deux anneaux

Vque tu mettras aux deux extrémités du pectoral

Vrational

23  

23 ...

24 et tu mettras

Vjoindras les deux cordons

Vchaînes en

Vd’or aux Mdeux anneaux aux extrémités du pectoral

Vqui sont aux bouts

24 Ø

24 ...

25 et tu mettras

Vattacheras les deux extrémités des deux cordons aux deux montures

Vextrémités de ces chaînes aux deux crochets

et tu les mettras sur les épaulettes

Vde chaque côté de l’éphod, par devant

Vqui regarde le rational.

25 Ø

25 ...

26 Tu feras Vencore deux anneaux d’or

et tu les placeras

Vque tu mettras sur les

Vaux Mdeux extrémités du pectoral 

Vrational

sur le bord qui est vers l’éphod, en dedans

Vles bords qui sont du côté de l'éphod et qui y répondent par derrière

26 Ø

26 ...

27 et Mtu feras deux Vautres anneaux d’or

et tu les mettras

Vqui doivent être mis sur les deux épaulettes

Vde chaque côté de l’éphod, vers le bas, en avant

Ven-dessous

près de son attache, au-dessus de l'écharpe de

Vqui regarde le devant de l'attache inférieure de manière à pouvoir l'attacher à l’éphod.

27 Ø

27 ...

28 On attachera

VQu'on attache le pectoral

Vrational par ses anneaux aux anneaux de l’éphod avec un cordon

Vruban bleu

Vd'hyacinthe

afin qu'il soit sur l'écharpe de l’éphod 

Vque leur jonction reste solide

et que le pectoral ne se sépare pas de l'éphod.

Vrational et l'éphod ne se séparent pas l'un de l'autre.

28 Ø

28 ...

M V
G
Sam S

29 Aaron portera les noms des fils d’Israël

sur le pectoral

Vrational du jugement, sur son cœur,

Vsa poitrine, lorsqu’il entrera dans le saint

en mémorial devant YHWH

Vle Seigneur M Vpour toujours.

29 Et Aaron prendra les noms des fils d'Israël

sur le pectoral du jugement sur la poitrine ;

quand il entrera dans le sanctuaire, [ce sera] un mémorial devant Dieu.

Et tu mettras les cordons sur le pectoral du jugement, tu placeras les chaînettes sur les deux côtés du pectoral et tu placeras les deux montures sur les deux épaulettes de l'éphod vers le devant.

29 ...

M G V
S Sam

30 Tu joindras au

M Gplaceras sur le  pectoral

Vrational du jugement l’Urim et le Tummim

Gla manifestation et la vérité

V« doctrine » et « vérité »

et ils

Get ce

Vqui seront

Gsera sur le cœur

G Vla poitrine d’Aaron lorsqu’il entrera Gdans le saint devant YHWH

G Vle Seigneur

et Aaron

Vil portera le jugement

Gles jugements des fils

Venfants d’Israël sur son cœur,

Gla poitrine,

Vsa poitrine, devant G Vle Seigneur, M Gpour toujours.

30 ...

Réception

Musique

1,11 ; 3,18 ; 4,1–33 ; 5,1–23 ; 7,1–25 ; 8,1–32 ; 9,1–17 ; 10,1–29,13 Let my people go

20e s.

Louis Armstrong (1901-1971), Go Down Moses, 1958

 © Licence YouTube standard→, Ex 3,18.4,1-33.5,1-23.8,1-32.7,1-25.9,1,13.17.1,11.10,1-29.13,15.17,1-16.11,1-10

Composition

Go Down Moses est un negro-spiritual, inspiré par l'Ancien Testament de la Bible, (Exode 5:1 et 8:1). Israël représente les esclaves africains d'Amérique alors que l'Égypte et le Pharaon représentent les maîtres esclavagistes. Cette chanson a été popularisée par Paul Robeson. Le 7 février 1958, elle est enregistrée à New York par Louis Armstrong avec Sy Oliver's Orchestra.

Paroles

Go down, Moses, way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. Now when Israel was in Egypt land (Let my people go) oppressed so hard they could not stand (Let my people go), so the Lord said : go down, Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. So Moses went to Egypt land (Let my people go), he made old Pharaoh understand (Let my people go), yes the Lord said : go down, Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. Thus spoke the Lord, bold Moses said, (Let my people go), if not I'll smite your firstborn dead (Let my people go), 'cause the Lord said : go down Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go, tell old Pharaoh to let my people go.

Contexte

Repères historiques et géographiques

19,1–34,35 Emplacement du mont Sinaï

Le mont Sinaï, (numérique, 2022)

M.R. Fournier © BEST AISBL, Lv 1-27 ; Nb 9 ; Ex 3 ; Ex 19-34 

Le mont Sinaï sur cette carte est associé au djebel Musa au sud de la péninsule du Sinaï, où se trouve le monastère Sainte-Catherine. D'autres localisations ont été proposées au nord de la pénisule ou encore au Negeb par ceux qui adoptent un autre itinéraire pour les Hébreux. Toponymie Sinaï, Horeb.

Mohammed Moussa, Vue du sommet du Mont Sinaï (Jabal Musa , جَبَل مُوسَىٰ), (photographie, 2013)

© CC-BY-SA-3.0→,

Milieux de vie

2–39 LITURGIE Ornements du grand prêtre La tenue liturgique du grand prêtre, telle qu'elle est connue par des sources bibliques : Ex 28,4-40 ; 29,8-9 ; 39,27-30 et extrabibliques : par exemple, Josèphe A.J. 3,172-178 ; Let. Aris. 96-99) semble correspondre à une époque où le culte fut pleinement établi et développé, pas avant l'époque post-exilique, plus qu'aux temps de l'errance au désert. 

En voici une reconstitution contemporaine. 

Théo Truschel, Les vêtements du grand prêtre, (image numérique, 2020)

D.R. Théo Truschel © BEST aisbl

Ex 28,4-40 ; 29,8-9 ; 39,27-30 ; Lv 21,10

En une seule image, voici un essai de visualisation de l'ensemble des ornements décrits en Ex 28,2-39 ; voir aussi les descriptions plus détaillées de l'éphod (Milieux de vie Ex 28,6–14), du pectoral (Milieux de vie Ex 28,15–30), et du (ou des ?) mystérieux Umim et Thummim (Milieux de vie Ex 28,29s). 

29s « doctrine » et « vérité » RELIGION Le Urim et le Thummim Cet objet (ou ces objets) constituent une des énigmes les plus populaires de la Bible, au point d'avoir été repris dans les légendes fondatrices des Rosicruciens, des Mormons, ou dans des romans d'initiation comme L'alchimiste de Paulo Coelho, et peut-être même dans la devise de l'Université de Yale (« Light and Truth », cf. infra). 

Les mots

Étymologie et sens
  • Les formes singulières ur et tumm ont parfois été rapprochés des termes babyloniens urtu et tamitu qui signifieraient oracle et instruction. On les a aussi rapprochés des mythologiques « Tablettes de la destinée » placées sur la poitrine de dieux ou de rois Adssyro-babyloniens ; cependant, ces tablettes conféraient puissance et primauté, elles n'avaient pas de fonction illuminatrice ni médiatrice entre les dieux et les hommes. 
  • On a rapproché Thummim de l'égyptien Thmei, représentant Thémis qui défend à la fois la justice et la vérité, dont les prêtres-juges égyptiens portaient l'effigie ; cependant ces pendantifs n'avaient pas de fonction divinatoire. 
  • On a proposé que אוּרִים (Urim) dérive de אּרּרִים (Arrim), qui signifie condamné : ainsi, Urim ou Thummim signifieraient coupable ou non coupable, en référence au jugement divin concernant un accusé. 
  • L'un commence  par la première, l'autre par la dernier lettre de l'alphabet 'alef et taw. Dans leur vocalisation traditionnelle, תּוּמִים (Thummim) semble dérivé de la racine consonantique תּמִם (tmm), signifiant perfection ; אוּרִים (Urim) dérive du mot signifiant lumière ou évidence. Urim et Thummim ont traditionnellement été traduits par lumières et perfections (cf. Théodotion), ou, en prenant l'expression allégoriquement, par révélation et vérité, ou doctrine et vérité (cf. Symmaque1 Esd.5,40 ; Vulgate de Jérôme et Hexapla d'Origène).
  • →b. Yoma 73b explique le mot Ourim par lumière.
Nombre

Les mots sont au pluriel, mais le contexte suggère qu'il s'agit d'un pluriel intensif, visant à rehausser la majesté des référents qu'ils visent (un peu comme le voussoiement pour s'adresser à une seule personne).

La fonction, l'usage et l'histoire

Le Urim et le Thummim servent (sert ?) à déterminer la volonté divine dans des domaines qui dépassaient la connaissance humaine, en une divination qui peut être espèce de loterie ou de tirage au sort sacrée, ou la lecture d'un signe (lumineux) sur ou dans l'objet ou les objets en question.

  • Le Urim et le Thummim donnaient une réponse par oui ou par non (cf. Jos 7,13-14 ; Jg 18,5-6 ; 20,26-28 ; 1S 10,20-21 ; 14,41-42 ; 1S 23,1-2 ; 30,8 ; 2S 5,19), ou bien un refus de réponse (sans doute en faisant sortir les deux ensemble ? : cf. 1S 28,6), si bien que consultation était parfois longue (cf. 1S 14,36-42).  
  • Autant Moïse s'adresse directement à Dieu, autant ses successeurs doivent passer par le Urim et le Thummim (cf. Nb 27,21) ; seuls les prêtres (Lv 8,8) ou les chefs du peuple pouvaient y avoir recours ; chaque fois que Moïse évoque les différentes tribus, il loue en particulier Lévi pour avoir reçu le Urim et le Thummim (cf. Dt 33,8). 
  • Le plus long récit biblique d'une de leurs utilisations semble être donné, de façon assez cryptique et critique, en 1S 14,24-48 (cf. 1S 14,36-42 : Comparaison des versions 1S 14,41).
  • Dans l'histoire sainte racontée par la Bible, l'usage tombe en désuétude après le règne de David et n'est pas rétabli (cf. Esd 2,63 = Ne 7,65) : les oracles prophétiques semblent se substituer à cette ancienne manière d'apprendre la volonté de Dieu. 
  • D'après →m. Soṭa 9,14 l'oracle du Urim et du Thummim cessa « depuis la mort des premiers prophètes » c'est-à-dire (cf. →m. Soṭa 9,48b), depuis l'époque dite du Second temple, Aggée, Zacharie et Malachie étant considérés comme « derniers prophètes. »

Flavius Josèphe transmet la croyance antique selon laquelle des phénomènes lumineux dans le Urim et le Thummim signalaient la présence de Dieu : 

  • Josèphe A.J. 3.214-18 « Toutefois je veux rappeler d'abord un détail que j'avais laissé de côté touchant les vêtements du grand-prêtre. Moïse ne laissait aux coupables manœuvres des imposteurs aucune occasion de s'exercer, au cas où il y aurait eu des gens capables d'abuser de l'autorité divine, car il laissait Dieu absolument maître de présider aux sacrifices, quand il lui plaisait, ou de n'y pas assister. Et ce point, il a voulu qu'il apparût clairement non seulement aux Israélites, mais encore à tous les étrangers qui pourraient se trouver parmi eux. De ces pierres, en effet, que j'ai dit précédemment que le grand-prêtre portait sur ses épaules, — c'étaient des sardoines, et je crois superflu d'en indiquer les propriétés, qui sont parvenues à la connaissance de tout le monde —, il arrivait, lorsque Dieu assistait aux cérémonies sacrées, que celle qui servait d'agrafe sur l'épaule droite se mettait à briller, car une lumière en jaillissait, visible aux plus éloignés, et qui auparavant n'appartenait nullement à la pierre. Ce seul fait doit sembler merveilleux à ceux qui ne font pas les sages en décriant les choses divines » (trad. Reinach). 

Les choses

Même si Josèphe les assimile aux deux pierres des épaulettes du pectoral (Ex 28,9-12), en contradiction avec Ex 28,30, on n'a aucune documentation sur leur taille, leur forme ni le matériau dont ils étaient faits, bien qu'ils soient décrits comme des objets familiers pour Moïse.

  • Le Urim et le Thummim, distincts des 12 pierres du pectoral (Milieux de vie Ex 28,15–30) et des 2 pierres des épaulettes de l'éphod (Milieux de vie Ex 28,5–14) semblent avoir été conservés dans une poche intérieure carrée ou une pochette de l'éphod, de sorte que le grand prêtre pouvait le porter contre sa poitrine lorsqu'il entrait dans le Temple.
  • La désignation de du pectoral comme « pectoral du jugement » (Ex 28,15) au moment où l'on doit y placer leUrim et le Thummim (Ex 28,29-30), indique peut-être que ceux-ci ou celui-ci étai(en)t utilisé(s) pour prendre des décisions.

Galet de sélénite, fragment de tourmaline noire (photographie) ©D.R→

Ces cristaux ne sont ici rien d'autre qu'une évocation de l'énigmatique « Urim et Tummim » biblique, qui pourraient avoir relevé de la pséphomancie, ou divination par les pierres.

  • On a proposé, d'après les étymologies, qu'il se fût agi d'un objet clair et d'un objet sombre (caillou, bout de bois, dés, images allégoriques de Vérité et de Justice comme on en trouve au cou de momies de prêtres-juges égyptiennes ? Les traducteurs alexandrins auraient ainsi rendu Urim et Thummim en Justice et Vérité). 
  • Des parallèles ont également été établis avec la pratique de la pséphomancie (divination par des pierres marquées ou des cailloux tirés d'un récipient) en Mésopotamie : cf. Victor Hurowitz, "Urim and Thummim in light of a psephomancy ritual from Assur," (LKA 137),  Journal of the Ancient Near Eastern Society 21 (1992) 95-115).

olise peut-être l'autorité divine qui inspire la procédure. 

  • Il pourrait s'être agi d'un seul cristal précieux dont l'éclat ou le reflet particuliers aurait signalé un message de YHWH. Cf. Cornelis Van DamThe Urim and Thummim: A Means of Revelation in Ancient Israel (Winona Lake, Indiana: Eisenbrauns, 1997, p.224). Le grand prêtre sortait l'objet du pectoral, et la lumière qui y brillait éventuellement signalait que YHWH lui transmettait une révélation : l'Urim et le Thummim impliquait ainsi une lumière physique permettant au grand prêtre de voir de ses yeux.