La Bible en ses Traditions

Habaquq 3,1

M G
V
S

Prière d’Habaquq, le prophète, sur le mode des shigyonot. 

PRIÈRE D'HABAQUQ, LE PROPHÈTE, POUR LES IGNORANCES 

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Réception

Arts visuels

1s Seigneur, j'ai entendu ce que tu as dit et j'ai craint  Interprétation typologique et écho visuel du texte grec dans la Biblia Pauperum  Quoi qu'elle s'appuie sur le texte latin, la Biblia pauperum invite à relire le texte grec de notre verset, simplement en transmettant l'iconographie de la Nativité.

Citation

Dans la planche A de la →Biblia pauperum, consacrée à la Nativité, ce verset apparaît en latin sur le phylactère tenu par le prophète Habaquq, dans le registre inférieur gauche. 

Habaquq est représenté derrière une baie géminée séparée par un meneau en forme de pilier. Son œuvre éponyme est inscrite au début du phylactère, accompagnée du chapitre correspondant au verset. Un trait fin sépare ces inscriptions du verset en question, écrit dans une graphie gothique riche en abréviations et ligatures.

Anonyme (continuant Albrecht Pfister), Prophète inférieur gauche avec un phylactère, (impression xylographique, 1460s), 27,5 x 20,5 cm, détail,

Planche B, f.2r de la Biblia pauperum seu historiæ Veteris et Novi Testamenti, Bibliothèque nationale de France→,

© Domaine public→

Pour l’imagier médiéval, l’oracle d’Habacuc est lu comme une annonce de la Nativité. Pourtant, le lien entre les paroles du prophète : « Seigneur, j’ai entendu ce que tu as dit et j’ai craint » et la naissance du Christ semble obscur. Il s’éclaire si l’on revient au texte de la Septante, où ce verset appartient à une péricope à tonalité messianique :

  • « Seigneur, j’ai entendu ce que tu as dit et j’ai craint ; j’ai considéré tes œuvres et je me suis extasié. Entre deux animaux tu te manifestes ; quand les années approcheront, on te connaîtra ; quand les temps viendront, tu apparaîtras ; quand mon âme sera troublée par ta colère, souviens-toi de ta miséricorde. »

Ainsi, l’imagerie médiévale représente souvent la scène où deux animaux, évoqués par la Septante, contemplent l’Enfant dans la crèche.

Anonyme (continuant Albrecht Pfister), Scène centrale : La Nativité, (impression xylographique, 1460s), 27,5 x 20,5 cm, détail,

Planche B, f. 2r de la Biblia pauperum seu historiæ Veteris et Novi Testamenti,  Bibliothèque nationale de France→,

© Domaine public→

 À ses côtés se tient le prophète Michée avec l'inscription et le verset correspondant (Arts visuels Mi 5,1). Tous deux soutiennent le triptyque placé au centre de la planche.

Anonyme (continuant Albrecht Pfister), « Moïse et le buisson ardent, La Nativité, Le rameau d'Aaron », (impression xylographique, 1460s, Pays-Bas ou Rhin inférieur), 27,5 x 20,5 cm

Planche B, f.2r de Biblia pauperum seu historiæ Veteris et Novi Testamenti, Bibliothèque nationale de France→,

© Domaine public→

La prophétie d'Habaquq lue comme la préfiguration de la Nativité se reflète sur les autres phylactères de la planche.

Prophètes du registre supérieur
  • à g.  Daniel II : « La pierre d'angle, sans la main d'aucun homme, s'est détachée de la montagne. » (Dn 2,34-35)
  • à dr. Isaïe IX : « Un petit enfant nous est né, un fils nous a été donné. » (Is 9,5)
Prophètes du registre inférieur
  • à g. Habaquq III : « Seigneur, j'ai entendu ce que tu as dit et j'ai craint » (Ha 3,2)
  • à dr. Michée V : « Toi, Bethléem, terre de Juda, tu ne seras pas la moindre parmi les principales villes de Juda. » (Mi 5,1)

Pour une lecture complète de la planche, voir : Arts visuels Lc 2,1–7.