Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
Pour nous apporter votre aide, cliquer ici
19 Nous la gardons comme une ancre de l’âme, sûre et ferme
et qui pénètre jusqu'au-delà
Vjusqu’à l'intérieur du voile
19 ...
20 là où Jésus est entré pour nous en précurseur
devenu grand prêtre
Vpontife pour l'éternité selon l’ordre de Melchisédech
VMelchisédec.
20 ...
19s ancre de l’âme CONTEMPLATION Espérance cruciforme
L’ancre, compas et poissons (gravure sur pierre, ca. 200), relevé de Wilpert
catacombe de Domitille, Rome (Italie) © Domaine public→ — Photo : Dr. Ralph F. Wilson
L’ancre est un symbole cher aux Grecs et aux Latins signifiant à la fois l’espoir et la stabilité. Le navire pris dans la tempête aspire à pouvoir jeter l'ancre en sécurité. Le christianisme primitif va reprendre ce thème iconographique et y inscrire la forme de la croix, cette ancre qui est plongée dans l’océan de la mort pour nous faire émerger à l'air libre du salut.
L’idée de dissimuler la croix sous la forme d’une ancre est apparue dès le 2e s. Pour les premiers chrétiens, tout repose sur l’espérance d’accéder à l’au-delà. La lettre aux Hébreux compare explicitement cette vertu théologale à une ancre : « En l’espérance, nous avons pour notre âme comme une ancre sûre et solide, qui pénètre au-delà du voile du Temple, là où Jésus est entré pour nous. » (He 6,19-20)
Cette ancre cruciforme est aussi un hameçon auquel viennent mordre deux poissons représentant les fidèles repêchés par la croix. Cela fait allusion aux paroles du Christ aux pêcheurs qui devinrent ses premiers disciples : « Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Mt 4,18-22). À nous de nous accrocher à l’ancre du salut qui vient nous retirer des profondeurs abyssales de nos peurs et de nos nuits. (Cf. P. J.-M. Nicolas)
, Croix de mariniers miniature, (18e s. (?)
salle 5 « Rhône et Mare Nostrum », Museon Arlaten , Arles (France) © CC-BY-SA-4.0→, He 6,19
Ce petit objet est sculpté sur le modèle des croix de la Passion, que l'on pouvait aussi trouver sur les embarcations fluviales entre Avignon et Arles. Dès le Moyen Âge, les confréries de mariniers ou de bateliers (sur la Seine, la Loire, le Rhône, etc.) adoptaient une croix spécifique comme emblème de métier et de piété. Ces croix étaient souvent dressées près des ports, ponts, écluses ou gués, ou fixées sur les bateaux eux-mêmes. Elle associe deux symbolismes, celui de la croix (foi et salut) et celui de l'ancre (espérance et stabilité sur les flots).
Depuis les Pères de l’Église, l’Église elle-même est figurée comme un navire (la navis Ecclesiae) : la nef qui sauve les hommes du naufrage du monde. Le marin chrétien voit dans la croix le mât du navire du salut.
Les →Arma Christi (instruments de la passion: les clous, la couronne d’épines, la lance et la canne à éponge, le fouet, les dés, la bourse de Judas, le coq du reniement, le manteau rouge, les instruments de la flagellation, etc.), disposées sur les bras et le mât de la croix, deviennent les outils de navigation spirituelle : ce par quoi le Christ a franchi la tempête de la mort. D’où son apparence hybride : croix-ancre, emblème des marins croyants.