La Bible en ses Traditions

Isaïe 21,13–17

M G V S

13 Oracle en Arabie. Vous passerez la nuit dans les steppes en Arabie, caravanes de Dédan

Vdes Dodanites. —

M V
G
S

14 Venant au-devant de celui qui a soif, apportez de l’eau

vous qui habitez la terre du midi,

Mhabitants du pays de Téma, Vavec des pains, allez au-devant de celui qui fuitM avec son pain

14 Que ceux qui habitent le pays de Thaiman rencontrent ceux qui fuient avec des pains.

14 ...

15 Car à la face des glaives ils ont fui

à la face du glaive tendu, à la face de l’arc bandé, à la face de la terrible bataille.

15 Car innombrables sont les fuyards, innombrables les égarés,

innombrables les glaives, innombrables les arcs bandés, innombrables les hommes tombés au combat.

15 ...

M G V
S

16 Car ainsi m’a parlé mon Seigneur :

G Vdit le Seigneur :

— Encore une année, comme une année de mercenaire

et M Vtoute la gloire Gdes fils de Cédar

VQuédar s'achèvera

Vsera enlevée

16 ...

17 et le reste du nombre des arcs, 

Gle reste des flèches

Vles restes du nombre des archers, des hommes forts des fils de Cédar

VQuédar, sera diminué

Vseront diminués

car YHWH,

G Vle Seigneur, le Dieu d’Israël a parlé.

17 ...

Texte

Vocabulaire

13,1 ; 15,1 ; 17,1 ; 19,1 ; 21,1.13 ; 22,1 ; 23,1 ; 30,6 Charge Polysemie: Une parole avec du poids qui peut lever

Lexicologie

Très souvent traduit par « oracle », le substantif massā’ vient de la racine ns’ « porter » ou « lever ».

Lexicographie et sémantique

Comme l'indiquent ses usages en Jr 23,33-34.36.38 ; 2R 9,25, le substantif retient l’ambiguïté du verbe : seul le contexte d'une occurrence donnée de massā’ permet de comprendre s'il réfère quelque chose qui (se) lève ou, au contraire, qui pèse.

Hors du contexte prophétique 

Le terme massā’ dénote 

  • une action :  « levée du visage » = favoritisme (2Ch 19,7) ; « levée de l’âme » = joie (Ez 24,25) ;

plus souvent : une chose à porter

En contexte prophétique : usage technique 

Le terme apparaît dans un usage singulier, comme une espèce de titre ou de rubrique, dans la littérature prophétique. 

  • Une fois, en Ez 12,10, massā’ se réfère à un acte prophétique, il ne signifie donc pas seulement une générique « énonciation » (de la phrase « lever la voix »).
  • 24 fois le nom introduit un ensemble de paroles prophétiques (le plus souvent en Is; Na 1,1; Ha 1,1; Za 9,1 ; 12,1 ; Ml 1,1). 
  • Le terme hébreu massā’ n'est généralement pas à l'état construit, et les massorètes le séparent nettement du terme qui le suit par un accent disjonctif : aussi est-il abusif de traduire ce dernier comme un complément déterminatifs du premier (par exemple : « oracle contre x », ou « oracle sur y »).

Le symbole linguistique massā’ semble réactiver alors ses connotations étymologiques : les thèmes les plus fréquents des paroles qu'il introduit sont la violence et le jugement. Le terme semble ainsi signaler que  le message qui le suit a de l'importance et de la gravité : du poids. Peut-être aussi, inversement,  que l'écoute qui en sera faite, la mise en pratique de ses injonctions a la capacité de (re)lever ceux à qui il s'adresse.

Choix des traductions compréhension des versions traditionnelles

  • M :  La Bible en ses traditions traduit ces occurrences de massā’s avec un léger étoffement par : « [Paroles à] charge ». Charge évoquant en français aussi bien un registre de violence (une charge de cavalerie) qu'un registre judiciaire (un dossier à charge). 
  • G traduit par horasis (« vision, apparence »).
  • V traduit par onus (« poids, fardeau ; peine, entrave ; obligation, lien ; taxe, tribut ; embryon ; selles, excréments »). Le littéralisme produit un effet saisissant, car le terme n'a jamais eu un tel emploi avant le latin biblique, aussi La Bible en ses traditions le traduit-elle par : « fardeau ».