La Bible en ses Traditions

Isaïe 51,15–16

M V
G S

15 Moi, je suis YHWH

Vle Seigneur ton Dieu

qui soulève la mer et ses flots mugissent

YHWH des armées

VDieu des armées est mon nom.

15 ...

M G V
S

16 J’ai mis mes paroles

Vmots dans ta bouche et je t’ai couvert de l’ombre de ma main

quand je plantais les cieux et fondais la terre

Gpar laquelle j'ai étendu le ciel et fondé la terre

V pour que tu plantes des cieux et que tu fondes une terre

quand je disais

Get il dira

Vpour que tu dises à Sion : — Tu es mon peuple.

16 ...

Réception

Liturgie

51,12–52,12 LITURGIE JUIVE (rite séphardi) Haftara du sabbat Choffetim (48)

Histoire des traductions

16

  • Levinas Nations « J'ai mis Ma parole dans ta bouche et Je t'ai abrité dans l'ombre de Ma main pour étendre le ciel et pour fonder la terre [...] Et pour dire à Sion tu es Mon peuple » (144-145).

Propositions de lecture

40,1–55,13 Le « livre de la consolation d’Israël » L'incipit de ce chapitre et le thème des premiers versets inspire le titre souvent donné à cette deuxième partie du livre d'Isaïe : Is 40-55. En contraste avec les oracles pleins de menace d'Is 1-39, c'est la consolation qui est ici annoncée, par le  prophète anonyme de la fin de l'Exil qu'on appelle le « Deuxième Isaïe ».

Tradition juive

16 Avec Dieu dans l'acte de la création

  • Levinas Nations « Dieu aurait mis dans la bouche de l'homme sa parole créatrice ! [...] Tu es Mon peuple, "ami ata", ce que l'exégèse rabbinique, "insensible" aux voyelles, transforme sans difficulté en "Imi ata", tu es avec Moi : tu es avec Moi dans l'acte de la création ; les actes, les paroles et les pensées de l'homme ont pouvoir sur le monde créé et sur les forces de la création ! » (144-145).

Histoire des traductions

16

  • Levinas Nations « J'ai mis Ma parole dans ta bouche et Je t'ai abrité dans l'ombre de Ma main pour étendre le ciel et pour fonder la terre [...] Et pour dire à Sion tu es Mon peuple » (144-145).

Philosophie

16 Subordination de la toute-puissance de Dieu à l'être-pour-l'autre humain

  • Levinas Nations « Signification éthique de l'activité humaine : sa conformité à l'ordre de Dieu dans la Thora où la transgression de cet ordre a une portée dépassant, bien entendu, les effets naturels de l'acte et tout ce qu'il peut signifier moralement pour un moi. Il compte avant tout pour les autres. C'est là sa gravité. Il fait "vivre ou mourir" non seulement moi-même, mais d'autres que moi : dans ses actes, l'homme est responsable pour tous les autres mondes et hommes. L'association de Dieu aux mondes ou son éloignement — l'être ou le ne-pas-être de la créature — dépend de moi. [...] la connaturalité de l'homme et des mondes [...] est pensée à travers l'image kabbaliste des mondes constituant, dans leur ensemble, une stature humaine articulée de manière à correspondre aux organes du corps ; lesquels, à leur tour, correspondent aux lois positives et aux interdits de la Thora, de sorte que la vie, selon la Thora, de l'individu humain soutient et fait vivre le cosmos ; et que, d'autre part, la Thora donnée aux hommes est donnée à l'univers ! L'être est, à travers l'éthique et l'homme. L'homme répond ainsi de l'univers. Il fait et défait les mondes, les élève et les abaisse. Le règne de Dieu dépend de moi. Dieu a subordonné son efficacité — son association au réel et la présence même du réel — à mon mérite et démérite ; mais ainsi précisément Dieu ne règne que par l'entremise d'un ordre éthique, là où un être répond d'un autre. Le monde est, non pas parce qu'il persévère dans l'être, non pas parce qu'être serait sa propre raison d'être, mais parce que, par l'entreprise de l'humain, il peut être justifié dans son être. L'humain, c'est la possibilité d'un être-pour-l'autre. Elle est la justification de tout exister. Le monde est justifié dans son être par le dés-intéressement humain qui concrètement signifie consentement à la Thora, et dès lors certainement déjà étude de la Thora. Plus importante que la toute-puissance de Dieu est la subordination de cette puissance au consentement éthique de l'homme. Et c'est là aussi l'une des significations primordiales de la Kénose [Tradition juive Ph 2,6ss] » (145).