La Bible en ses Traditions

Judith 7,11–32

G
V
S

11 Maintenant, maître, ne pars pas en guerre contre eux comme se fait une guerre en ordre de bataille

et aucun homme de ta troupe ne tombera.

11 Cette garde ayant été faite pendant vingt jours

toutes les citernes et les réservoirs d’eau furent à sec pour tous les habitants de Béthulie

de sorte qu’il ne restait pas dans la ville de quoi rassasier leur soif même un seul jour

car on distribuait chaque jour au peuple l’eau par mesure.

11 ...

12 Reste dans ton poste, protégeant tous les hommes de ton armée

et que tes petits esclaves restent maîtres de la source d'eau qui jaillit au pied de la montagne.

12 Alors tous les hommes et les femmes, les jeunes gens et les enfants se rassemblèrent auprès d’Ozias

et d’une commune voix

12 ...

13 Car c'est là que viennent puiser tous ceux qui habitent Béthulie, la soif les affaiblir et ils livreront la ville.

Et nous et notre troupe, nous monterons sur les sommets des montagnes voisines

et nous y installerons des postes afin qu'aucun homme ne sorte de la ville.

13 dirent :

— Que Dieu soit juge entre toi et nous

car tu as agi pour notre malheur en refusant de faire des propositions de paix aux Assyriens 

et c’est pour cela que Dieu nous a livrés entre leurs mains.

13 ...

14 Ils seront consumés par la faim, eux, leurs femmes et leurs enfants

et avant de dégainer l'épée, ils s'effondreront sur les places, là où ils habitent.

14 C’est pourquoi il n’y a personne qui nous aide, alors que nous sommes anéantis dans la soif et dans une grande misère sous leurs regards.

14 ...

15 Tu leur infligeras en retour une punition sévère pour leur sécession et leur refus d'une rencontre protocolaire, pacifiquement.

15 Et maintenant, assemblez tous ceux qui sont dans la ville

afin que nous nous rendions tous volontairement aux gens d’Holopherne.

15 ...

16 Ces paroles plurent à Holopherne et à tout son état-major et il ordonna de faire comme ils avaient dit.

16 Car il vaut mieux que, captifs, nous bénissions Dieu, en vie, plutôt que de mourir et d’être en opprobre à toute chair

après avoir vu nos femmes et nos enfants périr sous nos yeux.

16 ...

17 Le poste des fils d'Ammôn se leva et avec eux cinq mille des fils d'Assour

et ils prirent position dans le val et s'emparèrent des points d'eau et des sources d'eau des enfants d'Israël.

17 Nous prenons aujourd’hui à témoin le ciel et la terre, et le Dieu de nos pères, qui nous châtie selon nos péchés

pour que tu livres incessamment la ville entre les mains des soldats d’Holopherne

et que notre fin soit brève par le glaive dévorant

alors qu'elle s'accomplit plus lentement dans la sécheresse de la soif.

17 ...

18 Les fils d'Esau montèrent avec les fils d'Ammôn et prirent position dans la montagne en face de Dôthaim.

Ils envoyèrent de leurs hommes vers le sud et vers l'est, en face d'Egrebêl qui est près de Chous, au-dessus du torrent de Mochmour.

Le reste de l'armée des Assyriens prit position dans la plaine et recouvrit toute la surface de la terre

et leurs tentes et leurs bagages furent installés en un immense camp militaire, et ils étaient une multitude considérable.

18 Lorsqu’ils eurent ainsi parlé

il se fit des lamentations et de grands cris dans toute l’assemblée ;

et tous, d’une voix, pendant de nombreuses heures, crièrent vers Dieu, en disant :

18 ...

19 Alors les enfants d'Israël crièrent vers le Seigneur leur Dieu car leur coeur perdait courage

et que tous leurs ennemis les encerclaient sans pouvoir fuir du milieu d'eux.

19 — Nous avons péché avec nos pères, nous avons agi injustement, nous avons commis l’iniquité.

19 ...

20 Tout le poste d'Assour, les fantassins, les chars et les cavaliers, demeurèrent autour d'eux pendant trente-quatre jours

et toutes les réserves d'eaux pour tous ceux qui habitaient Béthulie vinrent à manquer

20 Toi qui es miséricordieux, aie pitié de nous,

ou bien tire vengeance de nos crimes par ton châtiment

et ne livre pas ceux qui te reconnaissent à un peuple qui ne te connaît point

20 ...

21 les citernes se vidèrent

et ils ne pouvaient boire un seul jour à leur soif

car on leur donnait à boire en rations.

21 afin qu’on ne dise pas parmi les nations : — Où est leur Dieu ?

21 ...

22 Leurs enfants étaient découragés et femmes et jeunes gens mouraient de soif :

ils tombaient sur les places de la ville, dans les passages des portes, et ils n'avaient plus de force.

22 Et lorsque, fatigués par ces cris et épuisés par ces pleurs, ils se turent

22 ...

23 Le peuple tout entier s'ameutèrent contre Ozias et les magistrats de la ville, jeunes gens, femmes et enfants

et ils crièrent d'une voix forte et dirent devant tous les Anciens :

23 alors Ozias se leva, baigné de larmes, et dit :

— Ayez bon courage, mes frères, et attendons pendant ces cinq jours la miséricorde du Seigneur.

23 ...

24 — Que Dieu juge entre vous et nous car vous avez commis contre nous une grande iniquité en n'engageant pas de pourparlers de paix avec les fils d'Assour.

24 Car peut-être mettra-t-il fin à sa colère

et donnera-t-il gloire à son nom.

24 ...

25 Et maintenant il n'y a pas pour nous de secours et Dieu nous a vendus à leurs mains

pour être anéantis par la soif devant eux, et par de grandes pertes.

[26] Appelez-les donc et livrez leur la ville entière pour être pillée par la troupe d'Holopherne et par toute son armée.

[27] Car il vaut mieux pour nous être pris dans le pillage : en effet nous serons réduits en esclavage et notre âme vivra, nous ne verrons pas la mort de nos nourrissons sous nos yeux, ni nos femmes et nos enfants rendre l'âme.

[28] Nous prenons à témoin contre vous le ciel et la terre, notre Dieu et Seigneur de nos pères

qui nous châtie selon nos fautes et selon les péchés de nos pères, pour qu'il n'en soit pas fait selon ces paroles en ce jour même.

[29] Et il y eut une grande plainte au milieu de l'assemblée, unanime, et ils crièrent d'une voix forte vers le Seigneur Dieu.

[30] Ozias leur dit : Courage, frères, tenons encore cinq jours, pendant lesquels le Seigneur notre Dieu fera revenir sur nous sa pitié, car il ne nous abandonnera pas jusqu'à la fin.

[31] Si, quand ces jours s'achèveront, aucun secours n'est venu pour nous, je ferai selon ce que vous avez dit.

[32] Il dispersa le peuple chacun à son poste : ils partirent sur les remparts et les tours fortifiées de leur ville et ils renvoyèrent femmes et enfants dans leurs maisons. 

La ville se trouvait dans une profonde humiliation. 

25 Ces cinq jours passés, si le secours n’est pas venu,

nous ferons ce que vous avez dit.

25 ...

Réception

Arts visuels

1,1–11,23 Épisodes du livre de Judith : représentations iconographiques

Gravure allemande du 18e s.

Joseph Sebastian Klauber (ca. 1700-1768), Judith avant Holopherne (gravure sur bois, 1757)

in Historiæ Biblicæ Veteris et Novi Testamenti : junioribus ad faciliorem eruditionem, senioribus ad vivaciorem memoriam, divini verbi præconibus ad celeriorem reminiscentiam, omnibus ad utilem sanctámque in curiositatem in centum frugiferis foliis exhibitæ

© Public Domain — Digital image provided courtesy of Pitts Theology Library→, Candler School of Theology, Emory University, Jdt 1-11

Au cœur de l'image, Judith rencontre Holopherne. Sous cette scène, comme pour la soutenir, le peuple crie vers Dieu selon les instructions du prêtre Éliachim (Jdt 4,5). Tout autour, plusieurs épisodes sont à noter : en haut à gauche, le roi des Mèdes Arphaxad (Jdt 1), construit la ville d'Ecbatane ; au centre, Nabuchodonosor ordonne à Holopherne (Jdt 2,5) de conquérir les royaumes occidentaux qui lui ont résisté ; à droite, Judith implore le Seigneur (Jdt 9), ce qui augmente sa beauté ; dans le coin inférieur gauche, les troupes d'Holopherne ont coupé l'aqueduc en Béthulie (Jdt 7,11), mais les habitants tirent leur eau d'un ruisseau jusqu'à ce qu'il soit tari.

Texte

Procédés littéraires

17 glaive dévorant  FRANÇAIS BIBLIQUE L’expression latine « in ore gladii », traduit l’expression hébraïque lepî-hereb.

  • En hébreu, le est lexicalisé en préposition, signifiant selon, par. lepî-hereb signifie donc au moyen de l'épée, ou au fil de l'épée.
  • V, à l'instar d'Aquila, transpose littéralement, réactivant ainsi l'étymologie de la préposition. En effet, pe désigne la bouche, orifice qui donne accès à l’intérieur du corps ; par métaphore toute ouverture : le monde souterrain, une grotte, un puits ;  et par métonymie, une rive, ou un bord.
  • Si cette locution est complètement lexicalisée en hébreu, elle ne l’est pas en latin, où elle demeure inusitée et marginale, exception faite de saint Jérôme. Pour conserver quelque chose de la bouche à laquelle semble tenir le traducteur latin, nous rendons l'expression par « glaive dévorant ».

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