Sinon, que sorte un feu du buisson d’épines et qu'il dévore les cèdres du Liban !
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Contexte
Repères historiques et géographiques
1–57Sichem Aussi Sechem, Sychem ou Sychar, aujourd'hui Tel el-Balata. Une ville cananéenne importante située entre le mont Garizim et le mont Ébal. Selon la Bible, après le schisme entre les tribus israélites, Sichem devint une ville royale du royaume israélite du nord. À partir de la période hellénistique, la ville fut habitée par des Samaritains.
Récit biblique
Dès son arrivée au pays de Canaan, Abraham y planta sa tente, reçut la promesse de la terre et construisit un autel (Gn 12,6-7).
Son petit-fils Jacob acheta le terrain et s'installa à Sichem où il bâtit un autel (Gn 33,18-20). Il fit abandonner le culte de leurs dieux aux membres de sa famille et enterra leurs idoles « sous le térébinthe qui est à Sichem » (Gn 35,4).
Joseph alla chercher ses frères près de Sichem (Gn 37,12-17), et reçut la ville offerte par son père Jacob, qui l'avait prise des Amorites (Gn 48,22). Ses os y furent finalement enterrés (Jos 24,32 ;Ac 7,16).
Après l'arrivée des Israélites, Sichem fut attribuée à la tribu d'Ephraïm (Jos 17,7). Elle figurait parmi les villes d'exil où une personne accusée de meutre pouvait attendre son procès sans être menacée (Jos 20,7), et fut donc remise aux Lévites (Jos 21,21). Avant sa mort, Josué tint une grande assemblée de toutes les tribus à Sichem dans le but de prêter serment d'allégeance à YHWH (Jos 24,1-34). Un « sanctuaire du Seigneur » y fut dressé (Jos 24,26).
Abimélec, fils de Gédéon, parvint à y régner comme roi pour trois ans avant d'être renversé (Jg 9,1-57).
Roboam se rendit à Sichem pour y être nommé roi (1R 12,1), mais quand il refusa d'accorder des allègements fiscaux, les tribus qui y étaient assemblées ne voulurent pas reconnaître son droit de succéder à son père Salomon (1R 12,16-19). Jéroboam fut reconnu comme roi par les dix tribus du nord, qui formèrent le royaume dissident du nord d'Israël (1R 12,20). Le premier roi d'Israël fortifia Sichem (1R 12,25).
Sirach conclut son livre en affirmant qu'il « abhorre ce peuple stupide qui habite dans Sichem » (Si 50,26).
Selon Ac 7,16, les douze patriarches d'Israël ont été enterrés à Sichem.
Sur cette photo, prise du mont Ebal, le site archéologique de Tell Balatah est visible à droite et le tombeau de Joseph à gauche.
Autres sources écrites
La ville est mentionnée dans les textes d'exécration égyptiens (voir →Ahituv 1984, 173-174), et sur la stèle de Sebek-Khu (19e s. av. J.-C.).
Elle devint une cité-État puissante qui se soumit au pharaon d'Égypte à la fin du 14e s. av. J.-C. alors qu'elle était gouvernée par le roi Lab'ayu (→Lettres d'Amarna 254).
Selon les ostraca de Samarie, la région de Sichem approvisionnait la Samarie au 8e s. av. J.-C.
Selon Josèphe, la ville de Sichem était connue sous le nom de « Mabartha » par ses propres habitants (→Josèphe B.J. 4,449).
Selon la monnaie impériale romaine en circulation sous le règne de l'empereur Domitien, Titus fonda une ville du nom de Flavia Neapolis sur le site de Sichem ou dans les environs en 72-73 ap. J.-C.
Selon les monnaies du 2e s. ap. J.-C., un temple romain aurait été érigé sur le mont Garizim, considéré comme faisant partie de Néapolis (Repères historiques et géographiques Dt 27,12).
Une inscription sur une plaque de marbre trouvée dans la ville atteste que le temple romain au sommet du mont Garizim était dédié à Zeus.
Le philosophe chrétien Justin le Martyr (→1 Apol. 1,1) était originaire de Flavia Neapolis.
En 244 ap. J.-C., une monnaie émise par l'empereur Philippe l'Arabe commémora la transformation de la ville en une colonie romaine nommée Julia Neapolis, ainsi que son nouveau statut (néocore).
Au 4e s. ap. J.-C., selon →Ammien Marcellin 14,8,11, Neapolis figure parmi les principales villes de la Palestine.
Neapolis était le centre du soulèvement samaritain de 529 ap. J.-C. À la suite d'un décret impérial organisant la confiscation des propriétés samaritaines, les insurgés ont conquis la région de Néapolis et élu un roi, Julien, fils de Sabar, pour diriger la ville. L'évêque de la ville, Mamonas, fut exécuté avec d'autres prêtres (→Cyrille de Scythopolis Vita Sabae 70). Selon le récit de →Jean Malalas Chron. 18,446 la réaction de Justinien fut la conséquence de l'exécution d'un cocher samaritain ; il envoya les comtes Théodore et Jean pour réprimer le soulèvement.
Neapolis est représentée sur la carte de Madaba (6e s. ap. J.-C.).
La mosaïque ayant été en partie détruite, Neapolis (Naplouse) , représentée sur la gauche, n'apparait pas entièrement mais il est encore possible, malgré la noirceur dû à un incendie, d'identifier le puit de Jacob dans la partie droite de la ville, et le temple romain au centre. A droite de Naplouse, sous le dessin d'une fortification est indiqué le tombeau de Joseph et à côté, sous la représentation d'une église au toit rouge, le nom de Sichem est inscrit.
Histoire du site selon les historiens anciens
Sichem était la principale ville des Samaritains lorsqu'elle se soumit à Alexandre le Grand. (→Josèphe A.J. 11,340-345).
Le roi des Hasmonéens Jean Hyrcan détruisit la ville en 128 av. J.-C. (→A.J. 13,275-281).
→Pline Nat. 5,14 écrit que Néapolis s'appelait autrefois Mamortha.
→Eusèbe de Césarée Onom. sv. 'Sychem', 45r-45v écrit que le site de la Sichem biblique, déserté de son vivant, était situé dans la banlieue de la ville romaine de Neapolis au 3e s. ap. J.-C.
Sur les événements qui se sont déroulés à Neapolis pendant le règne de l'empereur Zénon (464-491 après JC), les sources ne concordent pas.Procope de césarée écrit que les Samaritains ont attaqué l'église de la ville le jour de la Pentecôte avant de mutiler l'évêque Terebinthius qui célébrait (→Aed. 5,7). Toutefois, selon une chronique samaritaine du 14e s. (→Abū al-Fatḥ Kitāb 53), les autorités avaient mis en œuvre une politique de christianisation forcée ; l'empereur Zénon lui-même serait venu à Neapolis avant de confisquer les synagogues samaritaines.
Durant la vie de Jérôme et conformément à Ac 7,16, des pèlerins chrétiens localisèrent les tombeaux des douze patriarches à Sichem (→Jérôme Ep. 108) ; Cette tradition suit le récit de Jules l'Africain (→Chron. F30, apud→Georges le Syncelle Ecl. chron. 202) selon lequel les gens apportaient des offrandes à un autel près du tronc du térébinthe, à proximité de la tombe d'Abraham et d'Isaac à Sichem, bien que la tradition judéo-chrétienne situât les tombeaux à Hébron (Repères historiques et géographiques Gn 23,1–20).
Sources archéologiques
Le site a été habité à partir du 4e millénaire av. J.-C., mais fut abandonné jusqu'au 19e s. av. J.-C. A cette période, deux plates-formes ont été construites et des maisons bâties au sommet.
Au cours du 18e s. av. J.-C., l'acropole a été construite et la colonie fortifiée. Le système de fortification a été étendu au cours du 17e s. av. J.-C. Un complexe de cour de cette époque a été fouillé sur l'acropole, tandis que des maisons ont été identifiées sur la ville basse.
À partir du milieu du 17e s. av. J.-C., la ville s’est considérablement développée. De cette époque, il reste un complexe de portes avec murs et une caserne équipée de judas, ainsi qu’un bâtiment avec trois salles différentes. Un temple-forteresse (migdal) a été construit sur une nouvelle plate-forme au-dessus de l'acropole ; un autel a été retrouvé dans sa cour. Au cours du 16e s. av. J.-C., la migdal a été modifiée et deux matseboth ont été soulevés, tandis qu'un autre sanctuaire, équipé de colonnes intérieures et d'un autel, a été construit. Une autre porte avec des tours a été érigée et un riche quartier résidentiel s'est développé au nord de l'acropole.
Vers 1540 av. J.-C., le site fut abandonné puis réoccupé cent ans plus tard, lorsque les portes et le migdal furent reconstruits et que de nouvelles tours furent érigées. Un sanctuaire a été construit dans la ville basse et des maisons ont été construites selon un plan précis. Cette colonie fut détruite à la fin du 14e s. av. J.-C.
La ville a ensuite été reconstruite à une plus petite échelle. Une nouvelle porte a été érigée et le sanctuaire situé dans la ville basse a été rénové même si ses éléments cultuels (masseba et autel) ont été enterrés et recouverts de plâtre. La ville a été détruite à nouveau ca. 1100 av. J.-C.
Le site a été peu peuplé au cours du 10e s. av. J.-C., et a subi une autre destruction à la fin du siècle. Il connaît cependant une nouvelle expansion et fini par atteindre les limites de la ville de l'âge du bronze moyen, avec un nouveau mur et des maisons à deux étages constituées de pierres de qualité.
Datant du 8e s. av. J.-C., une maison de deux étages composée de pièces aménagées autour d’une pièce centrale a été mise au jour ; la pièce centrale était équipée d'un foyer massif et le bâtiment fut vraisemblablement agrandi au fil du temps. Ses propriétaires étaient probablement impliqués dans une activité de transformation alimentaire. Cette colonie disparaît à la fin du 8e s. av. J.-C.
Peu de vestiges de la période assyrienne ont été identifiés.
Le site a fourni beaucoup de matière archéologique de la période perse.
Durant la période hellénistique, le site a été complètement reconstruit et de nouvelles fortifications ont été érigées. La qualité des logements s'est considérablement améliorée avec le temps. La ville hellénistique a été détruite à la fin du 2e s. av. J.-C.
La ville romaine et byzantine a été construite sur le versant nord du mont Garizim. Un théâtre, un système d'approvisionnement en eau, un hippodrome (2e s. ap. J.-C.) et un amphithéâtre (3e s. ap. J.-C.) ont été mis au jour, ainsi qu'une mosaïque élaborée représentant le visage d'hommes de différents âges et d'animaux.
Trente tombes datant de l'époque romaine ont été découvertes dans un cimetière situé au nord de la ville.
Le site fut largement occupé au cours de la période hellénistique.
Au premier plan de la ville, à droite, se trouve le site du théâtre romain découvert à Naplouse. Le chemin à gauche conduit à Sichem à quelques pas de là.