La Bible en ses Traditions

Josué 1,1–5

M V G
S
JS

VICI COMMENCE LE LIVRE « JOSUÉ BENNUN»

VC'EST-À-DIRE : JÉSUS DE NAVÉ 

Et il arriva qu'après la mort de Moïse, le serviteur de YHWH, YHWH

Gle Seigneur

Vl'esclave du Seigneur, le Seigneur parla à Josué, fils de Nûn

VNun, l'auxiliaire de Moïse, en disant :

Vet lui dit :

Et après la mort de Moïse, le serviteur du Seigneur, le Seigneur dit à Josué, fils de Nûn, l'auxiliaire de Moïse :

En l’an 2794 de la création du monde au douzième mois le premier jour du mois mourut le seigneur des prophètes Moïse, fils d’Amram, que la paix soit avec lui. En ce temps-là YHWH parla à Josué, fils de Nûn, l'auxiliaire de Moïse :

1 la mort de Moïse Dt 34,5
M S G
V
JS

— Moïse mon serviteur est mort.

M SEt maintenant Gdonc lève-toi, traverse ce

Gle Jourdain, toi et tout ce peuple vers le pays que moi je leur donne M Saux fils d'Israël :

— Moïse mon esclave est mort.

Lève-toi et traverse ce Jourdain, toi et tout le peuple avec toi, vers la terre que moi, je donnerai aux fils d'Israël :

— Moïse mon serviteur est mort.

Et maintenant lève-toi, traverse ce Jourdain, toi et tous les fils d’Israël vers le pays que moi je leur donne.

M V S JS
G

tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné

V, je vous le livrerai

S sera à vous comme je l’ai dit à Moïse.

Tout lieu que vous foulerez avec la plante de vos pieds, je vous le donnerai comme je l’ai dit à Moïse.

3ss Promesse à Moïse Dt 11,24-25
M V JS
S
G

Depuis le désert et ce

Vle Liban M JSet jusqu’au grand fleuve, M JSle fleuve l'Euphrate

tout le pays

Vtoute la terre des Hittites et

VHéthéens jusqu’à la grande mer vers le couchant du soleil sera votre frontière.

Depuis le désert et la montagne de ce Liban jusqu'à l'Euphrate, le grand fleuve

tout le pays des Hittites jusqu'à la grande mer vers le couchant du soleil sera votre frontière.

Le désert et l'Anti-Liban jusqu'au grand fleuve, le fleuve l'Euphrate

et jusqu'à la mer ultime, depuis le couchant du soleil, seront vos frontières.

Nul ne tiendra devant toi

Vpourra vous résister pendant tous les jours de ta vie :

comme j’ai été avec Moïse, je serai Vaussi avec toi

je ne te délaisserai ni ne t'abandonnerai !

Et nul ne se dressera contre vous pendant tous les jours de vos vies

et comme j'ai été avec Moïse, je serai aussi avec toi

je ne te délaisserai ni ne t'abandonnerai.

Nul ne se dressera contre vous pendant tous les jours de ta vie

et comme j'ai été avec Moïse, je serai aussi avec toi

et je ne t'abandonnerai ni ne te délaisserai.

5c je ne te délaisserai ni ne t'abandonnerai He 13,5

Réception

Tradition juive

1 après la mort de Moïse Josué, reflet de Moïse

  • b. B. Bat. 75 : Josué reçoit de Moïse une partie de sa magnificence. Voilà pourquoi, le visage de ce dernier était comme le soleil et celui de Josué comme la lune. De même que celle-ci reflète seulement la lumière du soleil, Josué transmet uniquement la doctrine de Moïse.

Texte biblique

2a Moïse mon serviteur est mort lecture actualisante

  • Origène Hom. Jesu Nave 2,1 « Si tu vois Jérusalem détruite, l’autel abandonné de telle sorte que tu ne voie nulle part ni sacrifices, ni victimes, ni libations, ni prêtres, ni pontifes, ni liturgie des lévites ; quand tu verras la fin de tout cela, dis donc que Moïse, le serviteur de Dieu, est mort. » Cela signifie aussi la mort de la Loi (ibid. 1,3).
  • Procope de Gaza Com. Jos. : La mort de Moïse et le passage du Jourdain doivent se comprendre comme le dépassement du régime vétérotestamentaire.

Texte

Critique textuelle

1 le serviteur de YHWH Absence en G. En M : glose harmonisante avec Dt 34,5 ?

Grammaire

3a je vous l’ai donné Passé à réaliser M : lākem mᵉtattîw est un qatal. La conquête sera l’accomplissement d’un dessein divin établi par avance.

Procédés littéraires

5–9 Binômes pour Josué Les emplois de deux verbes synonymes — « je ne te délaisserai ni ne t'abandonnerai » (v.5b) et « Sois fort et prends courage » (v.6a.7a.9a) — sont tous en relation avec Josué. Dans cette partie du discours, aucune allusion au peuple, principal bénéficiaire du don de la terre.

Contexte

Repères historiques et géographiques

2b Jourdain Potamologie Le fleuve surgit de trois sources au pied de l’Hermon. Dans la Bible, il est toujours précédé de l’article (hayyardēn) sauf en Jb 40,23 et Ps 42,7. En raison du dénivelé abrupt parcouru par ce fleuve, certains ont voulu rattacher son nom au verbe yrd « couler (descendre) torrentiellement » (Jos 3,13.16). L’expression hayyardēn hazzê (Jos 1,2.11 ; 4,22) doit se comprendre comme « le Jourdain que vous voyez là » ; cf. Nb 26,3.63 « le Jourdain de Jéricho ».

4 Extension du pays Ce territoire étonnamment étendu (Références en marge Jos 1,4) comprend l’ancienne Syrie et la Transjordanie. Ce n’est que dans les textes qui portent sur la période de David et Salomon que l’on étendra jusqu’à l’Euphrate les frontières d’Israël (2S 8,3 ; 1Ch 18,3). Les frontières décrites au v.4 dépassent de beaucoup celles du territoire partagé aux ch.13-19.

4a Euphrate M : Pᵉrāt équivaut à G : Euphratês. En général, il s’agit du fleuve Euphrate (2R 23,29 ; 24,7 ; 1Ch 5,9 ; 18,3 ; 2Ch 35,20 ; Jr 46,2.10 ; 51,63 ; Intertextualité biblique Jos 1,4a). Cependant, dans Jr 13,4-7 et dans quelques commentaires rabbiniques sur Gn 15,18 et Dt 1,7, on fait probablement référence au wadi Fara, situé au sud des ruines de Tell Fara à dix kilomètres au nord-est de Jérusalem. Dans la plaine de Jéricho, ce ruisseau est nommé wadi Qilt. Littérature péritestamentaire Jos 1,4a

4b la grande mer La mer Méditerranée Dans les chroniques assyriennes, c’est « la grande mer qui se trouve à l’ouest », par opposition à celle de l’est, l’océan Indien. On trouve de même les expressions « mer ultime » ou « mer extrême » (Dt 11,24 ; 34,2 ; Jl 2,20 ; Za 14,8), « mer des Philistins » (Ex 23,31), « mer de Jaffa » (2Ch 2,15 ; Esd 3,7). Références en marge Jos 1,4b

Réception

Littérature péritestamentaire

1 YHWH parla à Josué Contenu amplifié

  • Pseudo-Philon Ant. bib. 20,2 : Dieu reprocha à Josué de pleurer et de s’imaginer que Moïse était toujours en vie. Ensuite, il se référa à sa mission en lui indiquant qu’il devait revêtir les « vêtements de la sagesse » de Moïse et ceindre ses flancs « avec la ceinture de sa connaissance ».

Comparaison des versions

2b.3.11b donnerai + livrerai + donnera — (V) Temps futurs Les futurs en V accentuent davantage la promesse.

Littérature péritestamentaire

1 En l’an 2794 de la création du monde (JS) Chronographie Date importante pour la tradition samaritaine. Dans JS la chronologie se fonde sur un concept théologique selon lequel l’existence du monde, en son état actuel, a été établie pour une durée de 6000 ans : trois millénaires de faveur divine seront suivis de trois millénaires de désaveu. Le messie (ta’eb) n’apparaîtra qu’au terme de cette période.

5c je ne te délaisserai ni ne t'abandonnerai Éthique

  • Philon d’Alexandrie Conf. 166 : Il s’agit d’un oracle plein de miséricorde et de douceur, qui annonce une précieuse espérance pour celui qui aime l’instruction morale.

Texte

Critique textuelle

4a et ce Liban Glose ? Glose manifestant l’intérêt de revendiquer le Liban comme partie intégrante de la Terre promise ? Cf. Dt 3,25 ; Jos 9,1 ; 11,17 ; 12,7 ; 13,5.

Réception

Tradition chrétienne

3 Tout lieu que foulera la plante de votre pied Triomphe sur les passions

  • Origène Hom. Jesu Nave 1,6 « Si dans ton cœur tu ne triomphes pas de ces passions et ne les extermines pas de ta terre, déjà sanctifiée par la grâce du baptême, tu ne recevras jamais la plénitude de l’héritage promis. »

Littérature péritestamentaire

1 Moïse, le serviteur de YHWH + l'auxiliaire de Moïse — Titres à Qumrân

  • 4Q378 frg. 22 1,2 nomme « Josué, l’auxiliaire de ton serviteur Moïse ».

Tradition chrétienne

1 auxiliaire Typologie : titre de Jésus

Tradition juive

4a au grand fleuve Grandeur à cause d'Israël

  • Gen. Rab. 16,2 (sur Gn 15,18) « [Le fleuve] s’appelle grand plutôt parce qu’il pénètre dans le pays d’Israël que parce qu’il représente le dernier des quatre fleuves du jardin d’Éden. »
  • Sifre Deut. 6 (sur Dt 1,7) : La grandeur du fleuve et sa force proviennent de sa proximité avec le pays d’Israël.

Repères historiques et géographiques Jos 1,4a

Comparaison des versions

4a ce : M SJ S | G V : le L'expression « ce Liban » ne semble pas avoir de sens dans le contexte du récit puisque cela ferait référence à un territoire visible pour celui qui parle et pour ceux qui écoutent. Selon le récit, les deux interlocuteurs se trouvent à l’est du Jourdain. Critique textuelle Jos 1,4a

Texte

Critique textuelle

1 Josué Orthographe M : Yᵉhôšūa est la désignation la plus fréquente de Josué (Ex 33,11 ; Nb 11,28 ; 13,16 ; 27,18 ; 32,28 ; Dt 1,38 ; 31,23 ; Jos 2,1.23 ; 6,6 ; 14,1 ; 17,4 ; 19,49.51 ; 21,1 ; 24,29 ; Jg 2,8 ; 1R 16,34). On trouve cependant Hôšēa en Nb 13,8.16 ; Dt 32,44 ; Yēšûa‘ en Ne 8,17.

Réception

Intertextualité biblique

1.2a serviteur de Dieu Dans le NT, les termes « serviteur » et « esclave » s’appliquent autant à Jésus (Mt 12,18 ; Mc 10,43-45 ; Ac 3,13.26 ; 4,27.30) qu’à ses disciples (Jn 12,26 ; Ac 26,16 ; Ga 1,10 ; Col 4,12 ; 2P 1,1 ; Ap 1,1). →Serviteurs et esclaves chez Paul

Texte

Procédés littéraires

2a serviteur (G) Analogie entre Moïse et Josué G : ho therapôn indique un service libre et honorable tant pour Moïse (Nb 12,7 ; Jos 1,2 ; 8,31.33) que pour Josué (Ex 33,11). Intertextualité biblique Jos 1,1.2a

Réception

Intertextualité biblique

4a le Liban Métaphore Dans l’AT, le Liban est surtout associé à la nature : il fait l’objet de métaphores (Littérature péritestamentaire Jos 1,4a) qui expriment des motifs mythologiques (Jg 9,15 ; Ez 31,3.15-16) ou des contenus théologiques (Ps 104,16 ; Is 2,13 ; 10,34 ; 60,13 ; Za 10,10). Repères historiques et géographiques Jos 1,4a

Texte

Vocabulaire

1 auxiliaire Registres du service M : mᵉšārēt est tiré de la racine šrt « exercer un rôle ou un ministère », « servir » (Gn 39,4 ; Is 60,10). Le terme désigne ainsi les fonctionnaires du roi (1Ch 27,1 ; 28,1 ; Est 1,10) et les fonctionnaires du culte (Ne 10,36.39).

Procédés littéraires

2b peuple Répétition M : ‘ām est le mot le plus utilisé dans Josué pour identifier les destinataires des promesses de Dieu.

Genres littéraires

1,1–24,33 Épopée sacrée Josué se présente comme une 'épopée sacrée', forme classique de narration des événements dans l’Antiquité. Leur déroulement y est guidé par une série d’interventions directes de Dieu, qui conduit le héros et son peuple (Procédés littéraires Jos 1,1–9), plus ou moins obéissants (Procédés littéraires Jos 1,10–18) et fixe son destin. La présence divine occupe une place toute spéciale dans la narration des hauts faits de la campagne militaire.

Réception

Comparaison des versions

2b Jourdain M : Yardēn | JS : Yrdn | G : Iordanês | V : Iordanes | S : Ywrdnn

4a Liban M : Lᵉbānôn | JS : Lbnwn | G : Antilibanon | V : Libanus | S : Lbnn

4a l'Euphrate M : Pᵉrāt | JS : Prt | G : Euphratês | V : Eufraten | S : Prt

Texte

Procédés littéraires

1–9 Motif narratif de l'ordre divin Ce discours de Dieu constitue le texte liminaire de toute l'épopée qui va suivre : Genres littéraires Jos 1,1–24,33.

2b fils d’Israël Expression figée Désignation tribale à l’origine (Gn 32,33 ; 42,5 ; Ex 3,15 ; Nb 32,17 ; Jg 6,2 ; 1S 7,6 ; Mi 5,2).

Contexte

Repères historiques et géographiques

4a Liban Orographie L’étymologie la plus citée pour le Liban s’appuie sur la racine lbn « blanc », d’où la signification possible de « montagnes blanches » (Jr 18,14). Le nom apparaît très souvent dans l’AT (p. ex. Dt 11,24 ; Jos 1,4 ; 12,7 ; Jg 9,15 ; 1R 5,13.20 ; Ps 72,16 ; 104,16 ; Ct 3,9 ; Is 10,34 ; Jr 18,14) et désigne généralement la montagne occidentale qui marque la limite du nord d’Israël. Peu de textes la considèrent comme faisant partie du pays (Critique textuelle Jos 1,4a). Certains textes ougaritiques, ainsi que le Ps 29,6, distinguent le Liban du Siryôn (śiryōn), qui est probablement l’Anti-Liban de G-v.4a (Jdt 1,7). Ce dernier comprendrait vers l’est la vallée de la Beqa‘ jusqu’à l’Hermon. Le Liban est tenu pour une source importante d’approvisionnement en bois (Ez 27,5) et en minéraux, et comme un pays planté de vignes (Os 14,8), aussi dans les sources assyriennes et babyloniennes.

Réception

Littérature

1–18

  • Rainer Maria Rilke (1875-1926) a composé en 1906 le poème Josuas Landtag.

Arts visuels

1–18

  • Des mosaïques de la basilique de Sainte-Marie-Majeure à Rome du 4e s. représentent un cycle d’épisodes empruntés au livre de Josué.
  • Donatello (1386-1466) a sculpté dans le campanile de Florence une statue de Josué et des scènes de sa vie.

Propositions de lecture

1–18 Ouverture d'une épopée sacrée

Thèmes

Dieu promet à Israël des frontières qui surprennent par leur étendue (v.4 ; Repères historiques et géographiques Jos 1,4). L’évocation des limites de ce territoire à l’orée d’une étape historique nouvelle crée un effet narratif puissant : le lecteur est invité à découvrir la surabondance du don de Dieu à son peuple. Le don de la terre semble incommensurable, une sorte de jardin d’Éden qu’on ne parviendra jamais à posséder complètement et qui gardera toujours la dimension d’une promesse.

Structure

Le ch. est composé de deux sections.

  • Les v.1-9 présentent le discours de Dieu à Josué. Ils introduisent les trois thèmes fondamentaux de tout le livre : l’occupation du territoire (ch.1-12), sa distribution entre les tribus (ch.13-22) et l’obéissance à la Loi (ch.23-24).
  • Les v.10-18 relatent les premiers pas des Israélites aux ordres de Josué, manifestant ainsi la réalisation immédiate des plans divins. Cette seconde section comprend un ordre de Josué aux officiers (v.10-11) et un discours aux tribus transjordaniennes que vient compléter leur réponse (v.12-18).

Narration

Cinq actants interviennent à tour de rôle dans cette péricope.

  • Les quatre premiers sont des êtres concrets : le Seigneur, Moïse, Josué et les tribus de la Transjordanie.
  • L’homme rebelle, en revanche, est un actant virtuel.

Une bonne partie du ch. reprend ce qui a été dit dans Dt 1,38 ; 3,21-28 ; 31,1-8.14.23 ; 34,9. Moïse constitue la référence et la garantie qui vient du passé. À présent, les tribus vont obéir à Josué (v.17a). Pour l’avenir, les enfants d’Israël, qui se disent prêts à punir le rebelle (v.18a), attendent de Josué qu’il leur montre la présence du Seigneur avec lui (v.17b). Les v.7-8 introduisent deux thèmes principaux :

  • l’observance de la Loi (seulement au v.8), en tant que condition du succès de la campagne ;
  • l’unité d’Israël, qui ne dépend pas de la géographie mais de la fidélité puisque tous partagent le même destin. Tant que les habitants de la Cisjordanie ne jouiront pas du repos sur leur terre, ceux de la Transjordanie ne pourront pas non plus en profiter ni posséder définitivement leur territoire.

Réception néotestamentaire

Mt 5,5 reprend ce motif dans la béatitude que Jésus — dont Josué est le type (Tradition chrétienne Jos 1,1) — annonce aux doux, dans la ligne du Ps 37,11 (Tradition chrétienne Jos 1,3). Au-delà de son emplacement exact, c’est la sainteté qui devient ici la qualité essentielle de la terre : le royaume de Dieu. Dans la vie des  disciples, l’héritage ou la possession du royaume constitue l’une des aspirations les plus importantes, selon la prédication chrétienne primitive (cf. Mt 25,34 ; 1Co 6,9 ; 15,50 ; Ga 5,21 ; Ep 5,5). →Terre promise 

Texte

Procédés littéraires

1 le serviteur de YHWH + l'auxiliaire de Moïse — Caractérisations hiérarchisées des personnages : de Dieu, à Moïse, à Josué

  • Dans le livre de Josué, l’identité de Moïse se définit par sa relation à Dieu (Jos 1,2.7.13.15 ; 8,31.33 ; 9,24 ; 11,12.15 ; 12,6 ; 13,8 ; 14,7 ; 18,7 ; 22,2.4-5).
  • Dans les Écritures, Josué apparaît généralement en relation avec Moïse (Références en marge Jos 1,1), sauf en Jos 24,29 où le fils de Nûn reçoit lui aussi le titre de « serviteur de YHWH », ce qui a pour effet de l’associer plus étroitement au personnage de Moïse. En Dt 1,38, Josué est celui qui « se tient debout devant » Moïse.

1 YHWH parla à Josué Caractérisation du personnage de Josué comme prophète Bien que Josué ne soit jamais expressément appelé prophète (mais voir Si 46,1), l'expression « Dieu parla à Josué » revient souvent dans le livre de Josué pour indiquer que le fils de Nûn transmet bien la parole divine (Jos 3,7 ; 4,1.15 ; 5,9 ; 6,2 ; 7,10 ; 10,8 ; 11,6). En Nb 27,18, il reçoit un esprit par l’imposition des mains de Moïse (cf. Dt 34,9).

Réception

Comparaison des versions

1 Moïse M : Mōšê | JS : Mšh | G : Môusês | V : Moses | S : Mwš’

1 Josué M : Yᵉhôšūa | JS : Yhwš‘ | G : Jêsous | V : Josue | S : Yšw‘

1 Nûn M : Nûn | JS : Nwn | V : Nun | G : Nauê | S : Nwn La forme de G α' σ' : Nauê dérive probablement d'une altération de NAYN en NAYH. G-1Ch 7,27 lit exceptionnellement Noum ; Josèphe A.J. 3,49 Nauêkos.

Liturgie

1–9 Liturgie juive : sabbat 54, entre le début de l’année et la fête des Tentes on lit :

  • Dt 33,1-34,12, ultime pārāšâ (« section ») de la Tora, qui commence par les mots « Et voici la bénédiction » (Dt 33,1, Vèzot HaBerakha, qui donne ce nom au sabbat 54). 
  • Jos 1,1-17 est la hafṭārâ (« conclusion ») de ce sabbat.

Tradition chrétienne

1 Josué

Typologie : figure du Fils par excellence

  • Origène Hom. Jesu Nave 1,3 « L’intention du livre de Josué n’est pas tant de nous faire connaître les actions de Jésus fils de Navê, mais de nous décrire le mystère de Jésus notre Seigneur. Ce fut Lui, en effet, qui assuma le commandement, après la mort de Moïse. »
  • Théodoret de Cyr Quaest. Jos. question 2 : Josué est la préfiguration de Jésus et le passage du Jourdain est le type du baptême qui, en Lui, nous permet d’avoir accès à Dieu, « Terre promise » pour les chrétiens (PG 80,464).

La typologie que les auteurs chrétiens établissent entre Jésus et Josué se fonde sur l’homonymie (Barn. 12,8 ; Justin le Martyr Dial. 75,1-3 ; 89,1 ; 113,1-7 ; Tertullien Marc. 3,16,3-7 ; Lactance Div. inst. 4,17,12 ; Hilaire de Poitiers Tract. myst. 2,5 ; Grégoire d’Elvire Tract. Orig. 12 ; Augustin d’Hippone Civ. 16,43,2 ; Augustin d’Hippone Faust. 12,31 ; Jérôme Ep. 53,8).

À la question de savoir pourquoi on changea le nom de Hôšēa en Yᵉhôšūa (Nb 13,16), Tertullien répond comme suit :

Durée de la mission de Josué

Islam

1 Josué Dans l'Islam ?

Le Coran

Même si le Coran ne nomme pas explicitement Josué, il semble faire allusion à Josué au moment où Moïse veut introduire le peuple en Terre promise. Face à la peur, on dit qu’ils furent encouragés par deux hommes qui craignaient Dieu (Coran sura 5,20-26). Les commentateurs expliquent que c’étaient Yūša‘ ibn Nūn et Kālāb ibn Yūfannā. Al-Ţabarī connaît et reproduit les caractéristiques bibliques concernant Josué.

La tradition

La tradition islamique traite ces épisodes d’une façon comparable aux éléments qui se trouvent dans la haggada juive. On y fait remarquer, par exemple, que Josué eut la mission de conduire les enfants d’Israël à la véritable foi et qu’il reçut de Moïse l’esprit de prophétie. Josué assista à la mort de son prédécesseur et conserva ses habits. Il vainquit les habitants de Canaan, mais certains d’entre eux purent émigrer en Afrique. Leurs descendants sont les Berbères du nord de l’Afrique. La tombe de Yūša‘ à Ma‘arrat al-Un‘mān constitue un lieu de pèlerinage très ancien.

Musique

1–18

  • Sur un livret de Thomas Morell (Joshua: A Sacred Drama, 1748), Georg Friedrich Händel (1685-1759) a produit en Angleterre un oratorio sur Josué.

Contexte

Repères historiques et géographiques

4b tout le pays des Hittites Chorographie Au second millénaire, l’expression semble désigner la zone nord de l’intérieur de la Syrie mais, à l’époque des derniers rois assyriens et dans les inscriptions néo-babyloniennes (8e-6e s. av. J.-C.), Hatti finit par renvoyer à l’ensemble de la Syrie : tout le territoire depuis l’Euphrate jusqu’à la frontière égyptienne. Dans la chronique du roi chaldéen Nabuchodonosor II (ca. 598 av. J.-C.), Hatti est la Syrie-Palestine, depuis Karkemish jusqu’à la frontière égyptienne, comprenant Hama, Ashkelon et Jérusalem (cf. Jos 3,10). Textes anciens Jos 1,4b

Textes anciens

4b tout le pays des Hittites Exemples de mentions des Hittites dans les sources assyriennes

  • Campagne de Téglath-phalasar I (1114-1076 av. J.-C.) « Téglath-phalasar, le roi légitime, roi du monde, roi d’Assyrie, roi des quatre limites (de la terre) […]. Sous le commandement de mon seigneur Assur je fus constitué conquérant par-delà le fleuve Zab jusqu’à la mer supérieure qui (se trouve vers) l’ouest. […] Et (ensuite) sur le chemin du retour (vers Assur) j’ai soumis tout le pays de Grand-Hatti à un tribut de […] talents [de…] et de poutres de cèdre » (trad. à partir de ANET 274-275).
  • Campagne de Assurnasirpal II (883-859 av. J.-C.) « Je suis parti du pays de Bit-Adini et j’ai traversé l’Euphrate au plus haut de la crue avec des (radeaux de) peaux de chèvre. Je suis avancé vers Karkemish. (Là) j’ai reçu de lui-(même) le tribut de Sangara, le roi des Hittites » (trad. à partir de ANET 275).

Repères historiques et géographiques Jos 1,4b

Réception

Intertextualité biblique

3s Dt rappelé et amplifié En Dt 11,24,

  • Moïse dit aux Israélites que la terre leur appartiendra ; en Jos 1,3, Dieu dit qu'il l'a donnée, en rappelant ce qu’il a promis à Moïse ;
  • Dt parle seulement de « le Liban » ; Jos 1,4a de « ce Liban » ;
  • Dt dit « depuis le fleuve l'Euphrate » ; Jos 1,4a lit « jusqu’au grand fleuve, le fleuve l'Euphrate » et ajoute « tout le pays des Hittites » ;
  • Dt étend les limites « jusqu’à la mer postérieure/extrême » ; Jos 1,4b « jusqu’à la grande mer vers le couchant du soleil ».

Littérature péritestamentaire

4a Liban L'emploi métaphorique du nom Liban n’apparaît pas seulement dans la Bible (Intertextualité biblique Jos 1,4a) :

  • pour 1QpHab 12,3 « le Liban est le Conseil de la communauté » ;
  • pour 4QpNah 1-2,7 « le Liban et la fleur du Liban (Na 1,4) sont [la congrégation de ceux qui cherchent des choses vaines] ».
  • Cf. 4Q163 (4QpIsac) 23,10 et 1QHa 2,15.32, qui font probablement allusion aux pharisiens.

Tradition juive Jos 1,4a

Tradition juive

4a Liban Emplois métaphoriques du toponyme

= le Temple

Les targums traduisent « le Liban » en Dt 3,25 par :

  • « le sanctuaire » (Tg. Onq.) et « ce beau lieu sacré » (Tg. Neof.) ;
  • « Là où maintenant vous construisez la ville de Jérusalem ainsi que la montagne du Liban où habitera la Présence Divine » (Tg. Ps.-J.).

= le mont Sion

  • Tg. Ct. 7,5 associe « la tour du Liban » à la citadelle de Sion.

= les nations païennes

  • Tg. Is. 2,13 traduit « les cèdres du Liban » par « les rois des gentils ».

Littérature péritestamentaire Jos 1,4a

5b j’ai été + je serai — Suppression d'anthropomorphisme Tg. Jon. a deux fois la mémrâ comme l’actant de la phrase :

  • « Comme ma parole a été avec Moïse, ma parole sera avec toi ».

Ce mot araméen désigne bien plus que la parole divine, car la mémrâ intervient dans chaque relation de Dieu avec Israël. Ce terme permet d’éviter les anthropomorphismes dans le discours sur Dieu. Tradition juive Jos 1,9c.17b

Tradition chrétienne

3 comme je l'ai dit à Moïse Y compris les commandements

  • Théodoret de Cyr Quaest. Jos. : Pour comprendre pourquoi Dieu ne leur donna pas tout le territoire qu’il leur avait offert, il faut chercher la réponse dans Jos 1,3 « comme je l'ai dit à Moïse ». Cette promesse avait une condition : « Si en vérité vous gardez tous ces commandements » (Dt 11,22). Les Israélites, à cause de leurs transgressions, ne reçurent pas pleinement ce qui avait été promis. Les apôtres de Dieu, propagateurs de la vérité, obtinrent non seulement les lieux qu’ils foulèrent mais ils obtinrent aussi ceux qu’ils vivifièrent par leur sagesse, transformant des déserts en paradis.

4a l'Anti-Liban (G)

= l'Église

= le territoire de Manassé

5b comme j’ai été avec Moïse, je serai avec toi Dieu avec Josué

Intertextualité biblique

2a mon serviteur Titulature biblique M : ‘ebed : titre de personnes auxquelles on reconnaît une relation spéciale avec Dieu, qui sont élues pour mener à bien ses desseins et qui y restent fidèles (Nb 14,24 ; 2S 3,18 ; 1R 11,13 ; 14,8 ; Is 42,1 ; 44,1-2 ; 49,3 ; Jb 1,8 ; 2,3).

Tradition chrétienne

2a Moïse mon serviteur est mort La fin de l'époque AT

  • Origène Hom. Jesu Nave 2,1 « Si tu vois Jérusalem détruite, l’autel abandonné de telle sorte que tu ne voies nulle part ni sacrifices, ni victimes, ni libations, ni prêtres, ni pontifes, ni liturgie des lévites ; quand tu verras la fin de tout cela, dis donc que Moïse, le serviteur de Dieu, est mort. » Cela signifie aussi la mort de la Loi (ibid. 1,3).
  • Procope de Gaza Comm. Jos. : La mort de Moïse et le passage du Jourdain doivent se comprendre comme le dépassement du régime vétérotestamentaire.

2b lève-toi traverse ce Jourdain Entrée en Terre promise grâce à Josué-Jésus

  • Augustin d’Hippone Civ. 16,43,2 : Les promesses faites à Abraham ne devaient pas s’accomplir sous la Loi, mais au moment de l’incarnation du Christ. Tout cela est préfiguré dans le fait que ce n’est pas Moïse qui introduisit le peuple dans la Terre promise mais Jésus, fils de Navê.
  • Ambroise de Milan Exp. Luc. 5,94-95 « Dans l’Exode, la Loi a prophétisé la grâce du baptême par la nuée et la mer ; elle a annoncé par l’agneau le repas spirituel ; elle a montré dans la roche la source éternelle ; dans le Lévitique, elle a révélé la rémission des péchés ; dans les Psaumes, elle a annoncé le royaume des cieux ; dans Josué, fils de Nûn, elle a déclaré manifestement la Terre promise. Tout cela est cohérent avec le témoignage de Jean ».
  • Procope de Gaza Comm. Jos. : Les païens atteignent les réalités spirituelles parce que c’est Jésus qui les conduit à la paix.

Intertextualité biblique

4a au grand fleuve, le fleuve l'Euphrate Frontière promise Même formule en Gn 15,19 et Dt 1,7. Dans les trois cas, l’expression apparaît dans le cadre de la promesse divine du don de la terre. En Dn 10,4, le « grand fleuve » est le Tigre. En Is 7,20 et Is 8,7, « le fleuve » pourrait être le Tigre, puisqu’il se rapporte aux Assyriens et à leur invasion. Repères historiques et géographiques Jos 1,4a

Tradition chrétienne

1 le seigneur des prophètes (JS) Titulature de Moïse et de Jésus

  • Augustin d’Hippone Tract. ev. Jo. 24,7 (sur Jn 6,14) : Jésus-Christ est prophète et le Seigneur des prophètes, de la même façon qu’il est ange et le Seigneur des anges. Il est ange (ou envoyé) parce qu’il est venu annoncer les choses présentes ; il est prophète parce qu’il a prédit le futur et, en tant que Parole faite chair, il est le Seigneur des anges et des prophètes, parce qu’on ne peut pas concevoir un prophète sans la Parole de Dieu.
  • Rupert de Deutz Trin. In Deut. 1,4 « Ce grand prophète (qui viendra) est certainement le Christ, le Fils de Dieu, prophète et Seigneur des prophètes. »