La Bible en ses Traditions

Jude 1,6–16

Byz V TR Nes
S

et Byz TR Nesque les anges qui n’avaient pas conservé leur principauté

mais avaient abandonné leur propre demeure

pour le jugement du grand jour, enchaînés pour l'éternité dans les ténèbres, il les a conservés.

Vretenus.

...

 De même Sodome et Gomorrhe et les villes voisines

[qui se livrèrent] à la même sorte de fornication qu'eux

Và la même sorte de fornication

et s'égarèrent pour une chair autre

gisent

V sont données en exemple et subissent le châtiment du feu éternel. 

...

Mais de même ces hommes aussi en rêvant

VDe même ceux qui souillent leur chair

méprisent la Seigneurie

et blasphèment [les anges] de gloire.

...

Or l’archange

VL'archange Michel lors d'une altercation avec le diable pour le corps de Moïse

n’osa pas le condamner pour blasphème

mais il lui dit : — Que le Seigneur te fasse obéir !

           ...

10  Mais eux blasphèment tout ce qu’ils ignorent

tout ce dont

Vque comme les animaux sans raison

Vmuets ils ont une connaissance naturelle

Vnaturellement connu

en cela ils se sont corrompus.

10 ...

11  Malheur à eux ! car ils sont allés sur

Végarés dans la voie de Caïn,

ils se sont jetés contre salaire dans l’errance de Balaam

et ont péri dans la révolte de Core.

11 ...

12 Ils sont des écueils

Vfont tache dans vos

Vleurs agapes, banquetant sans crainte

se repaissant pour eux seuls

nuages sans pluie portés

V TRpoussés par les vents

arbres sans fruits à l'automne doublement morts, déracinés

12 ...

13 vagues sauvages de la mer écumant leurs confusions,

astres errants auxquels l'épaisseur des ténèbres pour l’éternité a été conservée.

13 ...

14 Et c’est sur eux aussi qu’Énoch

VHénoch le septième depuis Adam a prophétisé en disant :

— Voici que vient le Seigneur en ses foules saintes

Byz V Nesen ses saintes foules

14 ...

15 pour exercer son jugement sur tous et faire rendre compte à

Byz V Nesconvaincre toute âme

Byz V TRtous les impies

de toutes les œuvres d'impiété qu'elle a

Byz V TRqu'ils ont commises de façon impie

et de toutes les paroles rudes qu'ont proférées contre lui des pécheurs impies ! 

15 ...

16 Ils grondent et se plaignent sans cesse

ils vont en suivant leurs

V Nesleurs propres désirs

et leur bouche a des paroles d'orgueil

admirant les personnes par motif d'intérêt.

16 ...

Réception

Arts visuels

6 enchaînés pour l'éternité Comme une moule à son rocher Cet ange aux formes féminines a beau être dans les ténèbres, il est éclairé par une lumière venue d'en haut qui accuse encore un peu plus sa condition de prisonnier de l'abîme obscur replié sur lui-même.

Odilon Redon (1840-1916), Ange enchaîné  (huile sur toile, ca. 1875)

Collection privée © Domaine public→

9 une altercation avec le diable pour le corps de Moïse Butin de prix L'allusion à cette scène qui se déroule aux enfers est intéressante pour caractériser l'économie du salut dans ce shéol où le Christ n'est pas seul à agir, mais où les médiations ont leur place.

Julius Schnorr von Carolsfeld (1794-1872), L'enterrement de Moïse (gravure sur bois, ca. 1860), in Die Bibel in Bildern 

© Domaine Public→

Bible hiéroglyphique

Thomas Bewick (1753-1828) et RowlandHill (1744-1833), New Hieroglyphical Bible (impression au plomb et gravure sur bois, 1794), 14 cm x 9 cm

Thomas Fisher Rare Book Library, Toronto (Canada) © Domaine public - Photo : Dr. Ralph F. Wilson

14 PERSONNAGE Adam

Une représentation antique d'Adam

Adam et Eve (fresque, 300-337), Catacombes de Marcellin et Pierre (Rome)

© Domaine public→, Gn 2,16

Cette représentation d’Adam et Ève compte parmi les premières représentations d’Adam et Ève. Placés de chaque côté de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, Adam et Ève cachent leur nudité et se tiennent tête inclinée, yeux baissés, honteux de la faute qu’ils viennent de commettre.

1. Attributs iconographiques

  • Jeune adulte séduisant et le plus souvent nu.
  • Dans les représentations après le péché, Adam tient une feuille de vigne ou de figuier pour cacher sa nudité. Il peut être habillé d’une peau de bête. 
  • Dans certaines iconographies paléochrétiennes un agneau et une gerbe de blé, fruits du labeur de l’homme, accompagnent Adam pour représenter les conséquences du péché (Gn 3,19).
  • Adam est parfois représenté avec sa pelle ou sa houe.

 Statue d'Adam (1260), Notre-Dame de Paris, Musée national du Moyen Âge

Photo : Thesupermat © CC-BY-SA-3.0→

Cette statue d'Adam nu est la preuve que les médiévaux connaissaient bien l'anatomie humaine : les muscles, les côtes, correspondent à la réalité.

2. Iconographie narrative

  • La création d’Adam (Gn 1,26-31 ; 2,7,21-22 ; Arts visuels Gn 2,7s).
  • Adam nomme les animaux (Gn 2,20 ; Arts visuels Gn 2,20).
  • La création d’Ève tirée d’Adam (Gn 2,21-22) : Adam est représenté endormi et la femme émerge de sa cage thoracique. Parce que Dieu crée par sa Parole, dans les représentations médiévales, c’est le Verbe, sous les traits de Jésus, qui préside à la création d’Adam et Ève. Dans les représentations modernes, c'est Dieu le père, sous les traits d’un vieillard à barbe qui crée (Arts visuels Gn 1,26–31).
  • Adam et Ève au paradis terrestre avant le péché (Gn 1,26-30 ; Arts visuels Gn 2,15).
  • La chute (Gn 3,1-24) : dans l’art paléochrétien, Adam et Ève sont d’abord représentés uniquement avec l’arbre puis avec le serpent qui s’entortille sur l’arbre. À l’époque médiévale, Adam est placé à gauche de l’arbre et Ève est représentée à droite en train de prendre le fruit ou de le passer à Adam. À partir du 13e s., le serpent est représenté avec un visage de femme (la représentation la plus illustre est celle du panneau de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine : Arts visuels Gn 2,1–6).
  • Confrontation entre Dieu et Adam et Ève, après le péché (Gn 3,7-10) : face à Dieu le Père qui apparaît dans le ciel, Adam et Ève, vêtus d’une ou plusieurs feuilles de figuier (ou feuille de vigne), pleurent. Parfois ils montrent de leurs mains celui qu’ils accusent. Dans certains cas, leurs vêtements sont fait de peau : Arts visuels Gn 3,8.
  • Adam et Ève chassés du paradis terrestre (Gn 3,24) : Adam et Ève, le visage accablé, sont chassés par un ange portant une épée à la main (Arts visuels Gn 3,24).
  • Le travail pénible d’Adam et Ève (Gn 3,17-18) : Adam est représenté avec une pelle ou une houe en train de travailler la terre ; Ève, assise, file le lin ou la laine puisqu'elle porte une quenouille (Arts visuels Gn 3,17–23).
  • Adam et Ève et leurs enfants (Arts visuels Gn 4,1s).
  • Adam et Ève découvrant Abel mort (Gn 4,8.10.25 ; Arts visuels Gn 4,8).
  • La mort d’Adam (Gn 5,5 ; Arts visuels Gn 5,5).
  • Le Christ descend chercher Adam et Ève aux enfers : le Christ ressuscité descend chercher ceux qui l’ont précédé dans la mort. Adam et Ève sont les premiers qu’il fait sortir. Adam porte souvent une barbe et des cheveux longs blancs. En Orient, le couple est vêtu, tandis qu’en Occident il est parfois représenté nu (Arts visuels Ps 130,1–8 ; Arts visuels Mt 28,1–20 ; →Descente aux enfers).

Caravage, La Madone au serpent (ou La Madone des palefreniers), Galerie Borghèse (Rome)

© Domaine public→, Gn 2,16 ; 3,15

3. Iconographie typologique

Adam/L’homme pécheur 

Parce qu'Adam a fait entrer le péché dans le monde, l'homme pécheur est assimilé à Adam. 

  • Dans La vocation de saint Matthieu de Caravage (Arts visuels Mt 9,9), le doigt de Jésus, prolongé par le doigt de Pierre, chef de l’Église, rappelle le doigt du Créateur qui donne la vie à Adam dans le tableau de Michel-Ange (Arts visuels Gn 2,7). Matthieu, considéré comme un pêcheur public, est appelé à renaître à la vie en suivant le Christ, qui l'appelle. 
  • Osée et sa femme infidèle Gomer (Os 1-2) sont mis en relation avec Adam et Ève, premier couple humain (Gn 2 ; Arts visuels Gn 1,26–31).
Adam/L’humanité entière
  • Le crâne d’Adam est souvent représenté au pied de la Croix dans l'iconographie chrétienne (Arts visuels Mt 27,35–56), en référence au lieu de la crucifixion de Jésus, le Golgotha, qui signifie « lieu du crâne » (sans doute en raison de la forme  du rocher : Vocabulaire Mt 27,33b). Les chrétiens ont vu dans ce nom, une image d'Adam par qui l'humanité est devenue pêcheresse et a connu la mort. En mourant sur la Croix, Jésus répand son sang sur l'humanité entière, symbolisée par le crâne d'Adam, afin de lui rendre la vie. 
Adam/Le Christ, nouvel Adam

Rapprochement entre Adam et Jésus Christ:

  • Les artistes médiévaux représentent  souvent le créateur avec le visage de Jésus Christ, Verbe de Dieu.   Adam, créé à l’image de Dieu, apparaît sous les même traits (Arts visuels Gn 2,18–25).
  • L’Annonciation : les peintres mettent en parallèle sur un même tableau Adam et Ève chassés du paradis terrestre et l’annonce faite à Marie, pour montrer qu’à l’Incarnation, c’est la rédemption de l’homme qui commence (Arts visuels Lc 1,38).
  • La Vierge à l’enfant : il n’est pas rare de voir représenté dans les bras de Marie un enfant Jésus tenant dans ses mains un fruit en référence au fruit de l’arbre du bien et du mal (Gn 3). Sur l’œuvre de Lucas Cranach l'Ancien, l’enfant et sa mère sont même placés sous un pommier, comme l’étaient Adam et Ève lors de la chute (Arts visuels Gn 3,15).
  • La crucifixion et la déposition de la Croix: pour symboliser l’humanité unie par Dieu à son amour trinitaire, Georges Desvallières, dans son tableau Nouvelle Alliance, représente Dieu le Père devant la croix glorieuse de son Fils, unissant Adam et Ève en joignant leurs mains. C'est une nouvelle naissance (Arts visuels Gn 1,26–31). Dans le diptyque de Vienne, Adam et Ève mangeant le fruit défendu et la déposition de Jésus de la croix sont mis en parallèle (Arts visuels Gn 3,23s).